Consécration de l’Église Cathédrale
en 1096
par Philippe Eyssette, 1853
 
tableau de Ferdinand Pertus, enlumineur nîmois.
 
Le mariage mystique de Ramoun de Saint-Gilles, comte de Toulouse, et de la cathédrale.
L'établissement de la vie commune et régulière du chapitre de Nimes, sous la règle de saint Augustin, avait nécessité l'agrandissement de l'Eglise. Le cloître et ses dépendances, y compris la demeure épiscopale, occupaient un vaste espace. Plusieurs oratoires ou petits sanctuaires particuliers furent confondus et réunis dans le vaisseau agrandi de l'Eglise nouvelle, qui conserva encore, ainsi qu'il fuit constaté au XVIe siècle, plusieurs arceaux de construction romaine el, des mosaïques décorées de feuillages et d'oiseau.
 
La nouvelle église était à peine achevée que le pape Urbain II, venu en France pour y prêcher la croisade au concile de Clermont, s'arrêta dans l'ancienne cité romaine et dans notre église pour sacrer solennellement son évêque élu. Une gloire plus grande encore était réservée à notre église, au 5 juillet suivant.
 
Le Souverain Pontife vient y tenir un concile en 1096, et procéder à la majestueuse cérémonie de la consécration du temple nouveau.
 
Le concile, en présence duquel eut lieu cette fonction papale, comptait dans son sein sept cardinaux, douze archevêques, dont quatre primats, et quatre-vingts évêques ou abbés mitrés.
 
Dans le cours de cette imposante cérémonie et lorsque, selon l'usage, le pontife consécrateur, assis à la porte de la basilique, demanda quels étaient les biens et les revenus assignés à la nouvelle église pour y garantir la perpétuité du service divin, le comte de Toulouse, le fameux Raymond de St-Gilles, chef des croisés, se présenta et, entre les mains du pontife, investit l'Eglise de Nimes, comme sa fiancée, par le bail de l'anneau, des domaines qu'il lui concédait pour sa dot.
 
L'Eglise de Nîmes n'oublia jamais cette alliance contractée au pied des autels par le gage symbolique de l'anneau nuptial. Une inscription, dont nous parlerons plus tard, consacra son souvenir et sa reconnaissance.
 
L'Eglise de Nîmes, à dater de ce moment, prend dans ses actes extérieurs les armes de son époux. Son chapitre porte, comme les comtes de Toulouse, des gueules à la croix d'or vidée, cléchée, et pommetée; c'était l'insigne des croisades, l'étendard que Raymond de Saint-Gilles avait arboré de ses mains sur les murs d'Ascalon.
 
Nous ne parlerons pas des actes du concile de Nimes; il nous suffit de dire que l'on y termina plusieurs différends, qu'on y confirma les canons publiés dans le concile de Clermont, notamment en ce qui touchait l'excommunication encourue par ceux qui contractent mariage au mépris de liens antérieurs, allusion aux censures encourues par le roi Philippe, on y réfute l'opinion que les moines, réputés morts au monde, ne peuvent remplir le ministère sacerdotal.
 
Philippe Eyssette, 1853
 
Toulouse et les Etat méditerranéen au XIIe siècle - A. Dupont, 1949
Raymond IV de St Gilles
A partir de 1088, suit de très près les questions rhodaniennes, comme le prouve ses passages à Saint-Gilles (*), à Nîmes, à Avignon, ainsi que ses diplômes en faveur des abbayes de Psalmodi, de Saint André d'Avignon, de Saint Giles, de Saint Victor de Marseille, auprès desquelles il espère sans doute trouver d'utiles appuis.
 
Mais, pas plus que son fils aîné Bertrand, il n'arrive à fixer les grandes lignes d’une action continue, tous deux se laissent en effet entraîner successivement dans la croisade orientale à laquelle ils consacrent la plus grande partie de leurs forces et de leurs revenus, et ils meurent en Palestine à quelques années de distance, Raymond en 1105, Bertrand vers 1112
 
NOTA : En 1096, il est tenu un concile à Nîmes, le Pape Urbain II, retournant à Rome, après la célébration du Concile de Clermont, assembla un autre Concile à Nîmes, dont on nous a donné depuis vingt canons.
Le même Pontife y donna l'Archevêché de Narbonne à Bertrand Evêque de Nîmes.
 
Raymond IV de St Gilles et Nîmes
 
Vitrail de la Cathédrale de Nîmes - Agrandir l'image
 
L'établissement de la vie commune et régulière du chapitre de Nimes, sous la règle de saint Augustin, avait nécessité l'agrandissement de l'Eglise. Le cloître et ses dépendances, y compris la demeure épiscopale, occupaient un vaste espace. Plusieurs oratoires ou petits sanctuaires particuliers furent confondus et réunis dans le vaisseau agrandi de l'Eglise nouvelle, qui conserva encore, ainsi qu'il fut constaté au XVIe siècle, plusieurs arceaux de construction romaine et des mosaïques décorées de feuillages et d'oiseau.
 
La nouvelle église était à peine achevée que le pape Urbain II, venu en France pour y prêcher la croisade au concile de Clermont, s'arrêta dans l'ancienne cité romaine et dans cette église pour sacrer solennellement son évêque élu. Une gloire plus grande encore était réservée à ce lieu, il consacra très solennellement la cathédrale, le 6 juillet 1096, mais sans en changer la dédicace ; elle demeura toujours sous l'invocation de la sainte Vierge.
 
Le comte Raymond, de Saint Gilles, présent à la cérémonie, épousa cette église entre les mains du pape et la dota richement. C'est depuis cette époque que les armes du Chapitre sont celles des comtes de Toulouse (mais avec les émaux renversés): une croix vidée, cléchée et pommelée, c'est-à-dire une croix formée par une ligne dont les contours laissent l'intérieur vide, dessinent aux extrémités une sorte de patte rappelant l'anneau des anciennes clés, avec à chacun des trois angles une petite saillie à ligne brisée ronde comme une petite pomme ou pommette. Si les mesures du XIe siècle répondaient aux mesures du XVIIIe siècle, l'église de 1096 aurait atteint cinquante-cinq mètres de longueur sur onze mètres de largeur, ses trois nefs comprises (vingt-huit toises sur onze toises), ce qui est à peu près la longueur actuelle.
 
Le concile de Nimes tenu le même jour que celui de la consécration de l'église cathédrale de Notre-Dame fut imposant et par la dignité et par le nombre de ses membres. On y compta plus de cent dignitaires auprès du pape, sept cardinaux, dix archevêques et quatre-vingt-six évêques.
 
Dans le cours de cette imposante cérémonie et lorsque, selon l'usage, le pontife consécrateur, assis à la porte de la basilique, demanda quels étaient les biens et les revenus assignés à la nouvelle église pour y garantir la perpétuité du service divin, le comte de Toulouse, le fameux Raymond de St Gilles, chef des croisés, se présenta et, entre les mains du pontife, investit l'Eglise de Nimes, comme sa fiancée, par le bail de l'anneau, des domaines qu'il lui concédait pour sa dot et pour libérer sa conscience, Raymond de St Gilles céda publiquement en bonne et due forme, tous les droits et usages que lui ou ses prédécesseurs avaient possédés justement ou injustement, soit dans la ville de Saint-Gilles, soit dans la vallée flavienne (de St Gilles). Comme il n'était pas rare de voir les auteurs de ces restitutions revenir sur leur parole, le pape, avec l'acceptation du comte, prononça en plein concile de Nimes, l'excommunication contre lui et ses successeurs pour le cas où ils se ressaisiraient des biens en question. Le comte, en outre, jura entre les mains du pape et devant tous les pères du concile, qu'il demeurerait fidèle à ses promesses.
 
Raymond de St Gilles, subissant une forte pression du souverain pontife cèdera le comté de Toulouse à son fils Bertrand et partira, en 1096, dans cette croisade orientale, à laquelle il consacre la plus grande partie de ses forces ainsi que ses revenus, il moura en Palestine le 28 février 1105 dans une forteresse qui assurait le contrôle de l'entrée de la ville côtière de Tripoli.
 
Son fils Bertrand, sera aussi duc de Septimanie, marquis de Provence, comte de Rouergue, comte de Quercy et comte d’Albi, comte du Gévaudan, comte de Tripoli et comte de Nîmes.
 
Par la suite en 1109, Bertrand suivra les traces de son père, il laissera le comté de Toulouse à son frère Alphonse Jourdain, lors de son départ en croisade et il  mourra lui aussi en Palestine en 1112.
 
Alphonse Jourdain a succédé à Bertrand sur le comté de Toulouse, fut aussi comte de Saint-Gilles. Assassiné en avril 1148 à Césarée Palestine, il sera rapidement remplacé par Raymond V.
 
En 1194, Raymond V, décèdera à Nîmes, ville où il résidait et y sera enterré.
 
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La Cathédrale St Castor de Nîmes - En savoir plus sur NEMAUSENSIS
> La consécration de la Cathédrale de Nîmes par Eyssette, 1853
> Restauration de la Cathédrale de Nîmes par Adolphe Pieyre, 1887
> La Cathédrale par François Durand, 1912 avec tous les détails sur la frise
> La place aux herbes, par Félix Mazauric 1916
> La Cathédrale Romane de Nîmes par Gouron, 1930

> Article MIDI LIBRE du 16 octobre 2005.
 
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