SAINT CASTOR
Le sommeil de Noé, figure n°9 de la frise de la Cathédrale
 
LA CATHEDRALE DE NÎMES
par le Chanoine François Durand, 1912
 
La Cathédrale de Nîmes a été dédiée à la sainte Vierge dès le commencement. On l'a désignée, au moyen-âge, par le titre de Notre-Dame ou Sainte-Marie. La rue qui longe l'église au nord portait le nom de rue Notre-Dame, elle fut débaptisée quand la ville n'eut plus d'évêque, après la Révolution, et reçut le nom de Saint-Castor, patron de la paroisse. Celte église a subi le sort de la foi catholique dans nos murs : bâtie au onzième siècle sur remplacement d'une église mérovingienne et sur de nombreux débris et substructions romaines, même avec des assises romaines retaillées, elle fut démolie en 1567, reconstruite en 1610, redémolie en 1621 et enfin reconstruite en 1646. Nous ne nous occuperons que des parties remontant au moyen-âge.
 
La Cathédrale de Nimes est orientée, l'axe du chœur est dévié vers le sud par rapport à l'axe de la nef. On peut s'en rendre compte en se plaçant dans le milieu de la chapelle du chevet (Rosaire) et en prenant pour alignement la croix du maître-autel et les orgues.
 
La façade appartient à deux époques : au onzième siècle, dont les pierres froides en Barutel ont été noircies par le temps, et au dix-septième, dont les pierres crayeuses portent une teinte moins sombre. Les parties du moyen-âge n'ont été respectées par les démolisseurs que par la nécessité de contrebuter le clocher, nécessaire comme tour d'observation.
 
La tour rectangulaire date du onzième siècle jusqu au deuxième inclusivement. Un merlon des créneaux primitifs se voit encore a gauche et au-dessous du cadran de l'horloge; le troisième étage, à mâchicoulis, remonte au quatorzième siècle ; enfin la partie des cloches (étage supérieur) est du quinzième siècle.
 
La porte actuelle à fronton fut bâtie en 1822, dans le style grec Un claveau de l'ancien portail du onzième siècle, retrouve dans les fouilles de 1911. de côté de l'ancien évêché, permet d'affirmer qu'il était de la belle époque romane. Nous savons par tradition qu'un trumeau soutenait le linteau en son milieu.
 
A côté de la porte (à gauche) on voit encore les traces du piédestal de la grande croix de mission, abritée aujourd'hui dans la chapelle du Saint-Sacrement.
 
La partie delà façade comprise entre le fronton du couronnement et les assises à hauteur de la porte, était ornée d'une frise dans sa partie inférieure ; il n'en reste presque rien, le fronton du portail grec a complété sa ruine. Immédiatement au-dessus, des colonnes portaient des arcatures et divisaient harmonieusement l'espace compris entre les deux fenêtres latérales et la fenêtre du milieu. En partant du clocher, à la quatrième arcature, une modification du douzième siècle a laissé le départ d'un arc plus grand que les autres, et qui reçoit sur son intrados l'arcature voisine. Ce fut la transformation de la fenêtre du milieu en triplet qui motiva ce parti pris bizarre, nous pouvons même dire barbare. Immédiatement au-dessus de cet arc brisé se trouve la dernière scène de la frise médiévale: Caïn tue son frère Abel.
 
Le message caché de la Cathédrale St Castor de Nîmes
Sur le fronton de cette cathédrale St Castor, une frise représente 20 tableaux de l'histoire sainte, soyez curieux, vous découvrirez les textes sacrés attachés à ces tableaux.
Avant de visionner les tableaux, regarder la Photo de la frise dans son intégralité.
 
Les sujets de la frise de gauche à droite sont :
 
01 - La tentation d'Adam et d'Eve par le serpent
02 - Adam et Eve après la faute
03 - Dieu interroge Adam et Eve
04 - Un ange armé d'un glaive garde l'entrée du Paradis
05 - Dieu chasse Adam et Eve du Paradis
06 - Le sacrifice d'Abel et de Caïn
07 - Caïn tue son frère Abel (dernière de la scène médiévale)
 
Le reste de la frise est de 1646. L'artiste a oublie les lois de la perspective, si bien gardées par le onzième siècle, où deux ou trois personnages à grosse tète composent tout le sujet dès lors facile a voir et à saisir. La Renaissance a sculpté des tableaux complets, a personnages nombreux, proportionnés et par conséquent à peu près invisibles pour les yeux du visiteur privés du secours d'une jumelle. Les sujets sont la suite des six premiers :
 
08 - Noé fait entrer les animaux dans l'arche (première de la frise de 1646)
09 - Sommeil de Noé pendant son ivresse involontaire
10 - La tour de Babel
11 - Destruction de Sodome
12 - Melchisédech
13 - Le sacrifice d'Abraham
14 - Joseph accusé devant Pharaon
15 - Un Égyptien frappe un Israélite en présence de Moïse
16 - Moïse au buisson ardent
17 - Le passage de la mer Rouge
18- L'ange arrête l’âne de Balaam
19 - Le peuple d'Israël au désert, sous la tente
20 - Moïse reçoit les tables de la loi (sur lesquelles sont deux lettres D et N sans doute les initiales d'un nom, peut-être celui du sculpteur)
 
Au-dessus de la frise, on doit remarquer les liens romans de la corniche ; ils sont archaïques mais très expressifs, et ceux de la Renaissance aux mufles rebondis tous identiques
 
La tour mérite une étude particulière par sa construction. La partie du onzième siècle offre des murs égaux tant au nord qu'au midi ; ils ont 1,12m. La partie du quatorzième, à mâchicoulis présente au nord un mur épais de trois mètres trente centimètres Le mur du midi, au contraire, n'a que 1,20m, mais les contre-forts viennent l'appuyer au midi. Les cloches étaient alors dans le contrefort bâti en campanile à trois baies ogivales. La raison de ces épaisseurs chargeant la voûte du deuxième étage, c'est la crainte que les mâchicoulis surplombant n'entraînassent les murs.
 
La partie du quinzième siècle présente des caractères semblables. Le mur du nord atteint 2,45m, les trois cloches qui y étaient établies pouvaient être lancées à toute volée, sans crainte d ébranlement pour celte masse de maçonnerie. Le mur du midi n'atteint que 1,43m, mais les contreforts prolongés ont racheté l’épaisseur absente ; là aussi les trois cloches pouvaient obéir aux enthousiasmes méridionaux sans crainte d'ébranlement possible.
 
Les différences d'épaisseur de murs s'accusent par l'emplacement des fenêtres aux divers étages. Chacune occupe le milieu de la pièce qu'elle éclaire : les trois premières ouvertures en partant du sol, tiennent bien le milieu de la tour, mais les deux supérieures s'ouvrent notablement du côté du Midi, la raison en est l’épaisseur énorme des murs du Nord, aux deux étages supérieurs.
 
Le rez-de-chaussée du clocher forme une petite chapelle avec absidiole. Quatre colonnes cantonnées portent un arêtier en boudin. L'une de ces colonnes repose sur un dé, les autres descendent plus bas et portent sur des bandes identiques à leurs chapiteaux simplement épannelés.
 
La chapelle du premier étage est semblable à celle du rez-de-chaussée, mais les chapiteaux sont feuillages. On voit encore des traces de peintures dans l'absidiole.
 
L'escalier conduisant au deuxième étage a été aménagé dans l'épaisseur du mur, il est hélicoïdal, à voûte rampante supportant les marches, comme à la vis de Saint-Gilles, mais le travail en est grossier.
 
Dans l'intérieur de la cathédrale, il faut remarquer les deux piliers du onzième siècle, qui de chaque côté de la porte reçoivent l'arc des réduits des chaises, et les deux arcs de décharge plus voisins de la porte.
 
A la tribune des orgues on retrouve les mêmes dispositions du onzième siècle.
 
Enfin, dans la rue Saint-Castor un énorme massif de maçonnerie romane servait de contrefort ; il est intact.
 
Notons avant de terminer ce rapide aperçu, que l'ancien pavé du onzième siècle est à environ un mètre cinquante centimètres plus bas que l'actuel.
 
Toutes les autres parties de la cathédrale remontent :
 
1646 reconstruction générale.
 
1669, pour la chapelle du Rosaire, au chevet de l'église, elle fut élevée par Mgr Cohon :
 
1882, restauration de Mgr Besson sur les plans de Révoil, tout le chœur fut alors repris depuis ses fondations ;
 
1904 la chapelle du Saint-Sacrement fut alors réédifiée par Mgr Béguinot, sur les plans de M. Vinson.
 
Photo de la frise de la Cathédrale, ADSL recommandé
> Photo de la frise
La Cathédrale St Castor de Nîmes - En savoir plus sur NEMAUSENSIS
> La consécration de la Cathédrale de Nîmes par Eyssette, 1853
> Restauration de la Cathédrale de Nîmes par Adolphe Pieyre, 1887
> La Cathédrale par François Durand, 1912 avec tous les détails sur la frise
> La place aux herbes, par Félix Mazauric 1916
> La Cathédrale Romane de Nîmes par Gouron, 1930

> Article MIDI LIBRE du 16 octobre 2005.
 
 
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