Restauration de la Cathédrale St Castor
de 1876 à 1882
par Adolphe Pieyre, 1887.
 
  
Consécration Cathédrale du 26 octobre 1882.
 
L'Assemblée communale aborda la question de la restauration de la cathédrale lors de la séance du 30 mai 1876.
 
De l'aveu de tous, la basilique cathédrale n'était pas digne d'une ville comme la nôtre, surtout depuis que des monuments somptueux avaient remplacé les modestes églises de paroisses. Déjà, aux premiers temps de son épiscopat, Mgr Plantier avait songé à en édifier une autre, mais ce projet n'avait pu être suivi d'effet pour diverses causes.
 
Mgr Besson (1) devait être, comme son prédécesseur, frappé de l'état de dénuement, de vétusté de la métropole, et sa première préoccupation fut sinon do reconstruire, du moins de restaurer le monument et de la restituer son ancien caractère roman. Dans la pensée du prélat, ce n'était pas seulement l'intérieur mais l'extérieur aussi qui devait être rétabli. Un tel travail confié à l'architecte diocésain, M. Révoil, devait naturellement être très habilement conduit, non plus seulement au point de vue technique, mais aussi au point de vue de l'art. D'ailleurs l'Evêque lui-même devait être un conseiller précieux.
 
(1) Mgr François-Nicolas Besson, évêque de Nîmes de 1875 à 1888.
 
Profondément pénétré des choses de l'art chrétien, il avait dès sa première tournée pastorale remarqué le peu de soins que les architectes avaient pris, dans les travaux religieux dont ils avaient été chargés, de se conformer à la pureté du style et de l'art ; et au moment où il s'occupait de la restauration de la cathédrale de Nimes, il publiait une ordonnance relative à la conservation des monuments religieux, dite commission de l'art chrétien.
 
Cette commission se composait de : MM. Gareiso, chanoine ; Veissière, chanoine ; l’abbé Boissin, curé d'Alais ; l'abbé Delacroix, curé de Bagnols ; l'abbé Azaïs, aumônier du Lycée ; l'abbé Carrière, curé de Saint-André-de-Valborgne ; l'abbé Blanc, curé de Domazan ; l'abbé Goiffon, archiviste de l'Evêché ; l'abbé Carie, aumônier de l'école normale ; l'abbé Jules Martin, professeur à Sommières ; Révoil, architecte diocésain ; Germer-Durand, bibliothécaire de la ville ; de Lamothe, archiviste départemental ; Lenthéric, ingénieur des ponts et chaussées Melchior Doze, directeur de l'école de dessin ; de Cray ; le comte Armand de Pontmartin ; Domergue, à Beaucaire ; Charvet, à Alais ; Lionel d'Albiousse ; Bruguier-Roure fils, à Pont-Saint-Esprit.
 
Dans sa séance du 30 mai, le Conseil municipal, secondant les vues du prélat, adopta le projet, qui lui était présenté de restauration de la cathédrale et dont le devis s'élevait à 400,000 francs. La ville consentait à inscrire à son budget, à cet effet, une somme annuelle de 50,000 francs pendant six années. Le Conseil municipal était tout disposé du reste à aider à la restauration de tous les édifices consacrés au culte. A la fin de l'administration de M. Blanchard (2), il était question d'élever une belle église au chemin de Montpellier et de refaire la façade de l'église Saint-Charles. Justement en 1876, le 24 novembre, se célébrait le centième anniversaire de la fondation de la paroisse Saint-Charles.
 
(2) Adolphe Blanchard, maire de Nîmes de 1871 à 1880.
 
Suite aux travaux de restauration, la Cathédrale sera consacrée par Mgr Besson, le 26 octobre 1882.
 
Notes de Adolphe Pieyre : Je n'ai pas la prétention ici de faire l'historique de la cathédrale de Nimes que l'on a appelée à juste raison «  la vénérable aïeule de notre cité. » D'autres que moi l'ont fait et les noms des Ménard, des Lamothe, des Tastevin (maître des cérémonies de la Cathédrale), des Germer-Durand, des Germain, pour ne citer que ceux-là, viennent naturellement sous la plume lorsqu'on parle de notre basilique.
 
On sait que la Cathédrale de Nimes s'élève sur les ruines d'un temple païen, probablement dédié à Jupiter. Construite par le comte de Saint-Gilles, elle fut consacrée par le pape Urbain II au XIe siècle. L'évêque alors assis sur le siège du diocèse s'appelait Ermengaud. Il ne reste plus de ce premier édifice qu'une des tours et quelques pans des murailles sur la façade et du côté de la cure. Le marteau et le pic des protestants ont en 1567, à la suite de l'épouvantable massacre de la Michelade, jeté bas la cathédrale. Ils avaient même attaqué, dans le même but, la base de la tour qui demeure encore debout quand ils se ravisèrent, en pensant que la chute de cette masse énorme écraserait les maisons avoisinantes dont quelques-unes appartenaient à des religionnaires.
 
En 1609, c'est-à-dire après quarante-deux ans, un arrêt du Conseil ordonna que la cathédrale serait reconstruite aux frais de l'Evêque, du Chapitre et des habitants catholiques. Les premiers firent bâtir le chœur et la sacristie, la communauté de Nimes fut chargée du chœur. Mais à peine était-elle édifiée que les protestants se ruèrent une deuxième fois sur le temple catholique. Insurgés contre l'autorité royale, ils avaient jeté hors la ville tous les catholiques « à la condition de n'emporter que leurs habits et le linge à leur usage. »
 
En 1636 un arrêt du Conseil ordonna une imposition de 100.000 livres sur les diocésains, tant catholiques que protestants; sur cette somme 80.000 livres furent attribuées à la reconstruction de la cathédrale et 20.000 à celle de l'évêché. Le texte original de cet arrêt, signé de la main de Louis XIV, est conservé dans un des salons de l'Evêché.
 
La chapelle de la Vierge fut bâtie après la reconstruction du temple catholique par Anthime Denis Cohon, évêque de Nimes sous Louis XIII et sous Louis XIV. L'architecte de cette chapelle s'appelait Paulet, ainsi qu'en témoigne une inscription contenue dans un des médaillons qui en forment l'ornementation :
 
PAVLET — STATVABIVS—ARCHITECTVS —1662
 
La chapelle du Saint-Sacrement est due à Fléchier qui en posa solennellement la première pierre le lundi 11 mai 1705. Elle fut construite avec les matériaux épars et abandonnés qui gisaient sur l'emplacement de ce que nous appelons aujourd'hui la place du Chapitre, et provenant de l'église démolie en 1622 par les huguenots. Sous la révolution, la cathédrale fut transformée en « Temple de la Raison.» Les révolutionnaires avaient enlevé tous les attributs religieux et les avaient remplacés par de larges bandes tricolores peintes sur les murs. Ils avaient décroché le magnifique tableau de Nicolas Mignard (1), retiré des greniers de l'évêché par Mgr Plantier et s'en servaient comme tapis de pied.
Mais le temple demeura debout.
 
(1) Nicolas Mignard : dit Mignard d'Avignon, Troyes 1606-Paris 1668. Peintre français, il travailla surtout à Avignon, mais fut appelé, après 1660, à décorer un appartement du Roi Louis XIV aux tuileries. Il fut le peintre favori de la famille royale, de Richelieu puis de Mazarin.
 
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