LA PAROISSE SAINT-FRANÇOIS-DE-SALES
par l’Abbé goiffon, 1871
 
Eglise Saint-François - Dessin numérique Georges Mathon, juin 2006
 
Depuis son arrivée dans notre ville, Mgr Plantier s'était vivement préoccupé des besoins religieux du quartier relativement récent du chemin de Montpellier. Ce faubourg, plus riche en population que celui qui se groupe autour de l'église Sainte-Perpétue, se trouvait fort éloigné de tout centre paroissial et par cela même participait moins à la vie religieuse que les autres quartiers de la ville. Ce n'était pas que la foi catholique y fût moins profondément implantée dans les cœurs, mais les pratiques de la religion exigeant, dans ces conditions, des déplacements plus considérables, on conçoit aisément que la négligence vînt arrêter l'élan de la foi.
 
Il était à craindre en outre que le voisinage de nombreux protestants dans le faubourg (Oratoire, placette rue Porte de France) ne vînt amoindrir l'esprit catholique dans un peuple privé d'instruction religieuse. Mgr l'évêque résolut donc de procurer à cette partie du troupeau confié à son zèle la possibilité d'assister aisément aux offices, et de puiser dans la fréquentation de l'église l'abondance de la vie religieuse.
 
Dans ce but, un terrain fut acheté au centre même du faubourg et un traité fut passé, le 24 septembre 1864, avec des entrepreneurs qui se chargèrent d'y bâtir une chapelle des deniers mêmes de l'évêque ; lorsque les travaux furent suffisamment avancés pour qu'on pût en prévoir l'achèvement prochain, Mgr Plantier écrivit au préfet du département, le 2 mai 1865, pour lui faire part du projet d'érection de la nouvelle Chapelle de Secours, et lui en faire comprendre l'absolue nécessité; et trois jours après, le 5 mai, il rendit son ordonnance d'érection ainsi conçue :
« Nous, Claude-Henri-Augustin Plantier, évoque de Nîmes, prenant en considération la position des paroissiens de l'église Saint-Paul et de l'église Sainte-Perpétue, domiciliés dans le faubourg Ouest de la ville de Nimes.
Vu les canons des Conciles et en particulier le décret du Concile de Trente donnant la faculté aux évêques d'augmenter le nombre des prêtres dans les paroisses et même de diviser les paroisses pour les besoins des fidèles.
Vu l'augmentation des paroissiens de Sainte-Perpétue et de Saint-Paul, et pour un grand nombre leur éloignement de leur église placée à l'extrémité de leur paroisse ; Vu le plan de la ville de Nimes.
Vu le rapport de la commission que nous avions nommée pour indiquer les limites les plus naturelles de la nouvelle paroisse que nous nous proposons d'ériger.
Vu le plan d'une chapelle placée, rue Thierry, dans un local que nous avons acheté et construite avec les ressources que la charité chrétienne nous a ménagées.
Vu le décret impérial du 30 septembre 1807, donnant la faculté d'ériger des chapelles dans les paroisses trop étendues et la lettre ministérielle du 21 août 1833, indiquant les formalités pour ces érections.
Considérant que le devoir d'un évoque est de ménager aux fidèles la faculté et la facilité d'assister au service divin et de fréquenter les Sacrements. Par ces motifs, après avoir fait part de notre intention à MM. les curés de Saint-Paul et de Sainte-Perpétue, ainsi qu'à M. le maire de Nimes. Nous ordonnons ce qui suit :
Article 1er. - Nous érigeons, en ce qui nous concerne, une chapelle de secours qui sera formée par les quartiers éloignés des églises de Saint-Paul et de Sainte-Perpétue, et qui comprendra la partie droite du chemin de Générac, en s'étendant dans la campagne du même côté, et la partie gauche des rues de la Porte-de-France, de l'Hôtel-Dieu et, au-delà du Cours-Neuf, la partie gauche de la rue Sainte-Catherine, le chemin qui conduit à la campagne et l'annexe de Saint-Césaire (1).
Article 2. - Nous nommons pour chapelain, avec tous les pouvoirs de succursaliste, M. l'abbé Henri Barnouin, prêtre, vicaire de Saint-Charles.
Signé : Henri, évêque de Nimes, et plus bas : par mandement de Monseigneur, Thibon, secrétaire. »
 
(1) Cette annexe de Saint-Césaire a été détachée de Saint-François-de-Sales en 1869, et érigée elle-même en chapelle de secours.
 
Le service fut immédiatement assuré par un vote du Conseil municipal qui donna au desservant de la chapelle un traitement provisoire.
 
Mgr Plantier avait d'abord fixé la date du 1er juillet 1865 pour l'inauguration de la nouvelle chapelle ; mais les circonstances retardèrent l'ouverture de l'église; les entrepreneurs ne furent pas en mesure de livrer les travaux pour l'époque fixée et d'ailleurs l'ameublement et les dispositions intérieures de l'édifice n'étaient pas terminées. M. Barnouin put enfin assurer l'évêque de la prochaine perfection de l'oeuvre, et le 18 septembre, il reçut ses lettres de pouvoir et un titre de chanoine honoraire.
 
L'église et la cloche furent bénites, le 27 octobre 1865 suivant, par M. l'abbé de Cabrières, vicaire général, et la cérémonie d'installation du curé fut indiquée pour le dimanche 29 octobre. Un incident regrettable la fit renvoyer ; ce fut une dépêche du préfet du Gard à Mgr l'évêque, par laquelle ce magistrat semblait voir dans l'ouverture de la nouvelle chapelle une violation des articles 61 et 62 de la loi du 28 germinal, an X.
 
Le retard ne fut pas long; sur la demande de Mgr Plantier, le ministre des cultes expédia, dès le 29 au soir, une autorisation provisoire et l'installation de M. Barnouin put avoir lieu, le mercredi 1er novembre, jour de la fête de la Toussaint ; elle fut présidée par le R. P. d'AIzon, vicaire général, au milieu d'un nombreux concours de fidèles heureux de voir enfin la réalisation de leurs espérances.
 
M. le curé de Saint-Charles, voulant donner une marque d'estime à son ancien vicaire, était venu, avec son excellent chœur d'hommes, relever la cérémonie de sa présence. Le 18 octobre, le Conseil municipal allouait au chapelain un traitement définitif.
 
M. Barnouin se mit immédiatement à l'oeuvre et, dès les premiers jours, il eut le bonheur de voir se grouper autour de lui ses nouveaux paroissiens. Son église ne possédait |encore que le strict nécessaire, mais la générosité des fidèles sut bientôt, malgré la pauvreté du faubourg, fournir à tous les besoins du culte, et on peut le dire bien haut à. leur louange, l'église de Saint-François-de-Sales est aujourd'hui l'une de celles où les cérémonies se font avec le plus de décence et où les offices sont fréquentés avec le plus de ferveur.
 
Mgr Plantier ne voulait pas laisser son œuvre incomplète ; pour en assurer les résultats déjà si considérables, il commença les démarches nécessaires pour l'érection de la chapelle en succursale. Dès les premiers jours de janvier 1866, les conseils de fabrique de Saint-Paul et de Sainte-Perpétue furent appelés à délibérer sur la question, et tous les deux déclarèrent ne pas s'opposer au projet de l'Evêque, celui de Saint-Paul par délibération du 7 janvier, celui de Sainte-Perpétue par délibération du 14 du même mois.
 
Le 3 février suivant, une lettre de Mgr Plantier saisit le Conseil municipal d'une double question, celle de l'opportunité de l'érection en succursale et celle de l'acquisition par la ville de l'édifice religieux et de son mobilier, au prix de 30,000 fr.
 
Un rapport de la commission des finances fut lu dans la séance du 6 février et constata que l'établissement de la chapelle avait produit les plus salutaires effets et donné satisfaction aux intérêts religieux de la population catholique de ce quartier, que dès lors son érection en succursale serait désirable dans un avenir prochain, pour donner à cette œuvre les garanties de durée qui lui étaient nécessaires. Les commissaires déclaraient acceptables les conditions de vente fixées par l'Evêque et proposaient au Conseil défaire examiner l'édifice par des hommes de l'art, pour rapport être fait à la prochaine session, afin que le Conseil, parfaitement éclairé, pût prendre tel parti qu'il jugerait convenable sur la double question proposée.
 
Le Conseil adopta ces conclusions et délégua des hommes capables pour faire l'expertise proposée ; cette opération prouva que les conditions de l'Evêque étaient loin d'être exagérées, l'édifice seul valant au-delà de 29,000 fr. non compris un mobilier déjà considérable.
 
Aussi, dans sa séance du 16 mai 1866, le Conseil renouvela son vœu de voir bientôt s'effectuer l'érection de la chapelle en succursale,et sur la question d'achat, vu la solidité de l'édifice et sa valeur, il délibéra qu'il y avait lieu d'acquérir la chapelle de Saint-François de Sales et son mobilier au prix total de 30,000 fr., dont 12,000 fr. comptant et 18,000 en six annuités, de 3,000 fr. chacune, sans intérêts.
 
Le dossier ne fut complet que le 3 août 1866 ; il fut envoyé ce jour-là à la Préfecture avec une lettre de l'évêque insistant sur l'érection en succursale d'une église destinée à moraliser des quartiers qui, jusqu'à ce jour, sont demeurés presque entièrement inaccessibles au; ministère pastoral.
 
Le 7 du même mois, le préfet donnait un avis favorable au projet de succursale et subsidiairement à l'érection immédiate en chapelle de secours pour que la ville pût conclure la vente projetée.
 
Le dossier fut immédiatement transmis au ministre des cultes et, dès le 25, celui-ci fit signer le décret impérial qui érigeait en succursale l'église de Saint-François-de-Sales ; ce décret fut expédie au préfet du Gard. le 5 septembre et mis aussitôt a exécution. Le Conseil de fabrique fut institué dès la fin du mois et put fonctionner au mois de novembre suivant.
 
L'affaire de la vente marcha moins rapidement ; ce ne fut que le 15 février 1867 que le conseil de préfecture autorisa la ville a acquérir l'église.
 
Pendant ce temps, la vie paroissiale s'affirmait de plus en plus, et deux congrégations en étaient la manifestation extérieure, l’une, sous le patronage de Sainte Anne, pour les mères de famille, l'autre, sous celui de la Sainte-Vierge, pour les jeunes personnes.
 
De son côté, le Conseil municipal, toujours bienveillant pour la nouvelle création, établissait et dotait les écoles paroissiales, celle des Frères, en octobre 1866, celle des Sœurs, en mai 1867.
 
Nous ne terminerons pas cette notice sans mentionner au moins une œuvre qui se trouve dans la paroisse, c'est l'orphelinat dit de Saint-François-de-Sales. Cet établissement, véritable continuation de l’œuvre fondée en 1747 par le chanoine Chassaing, est destiné à recueillir plus particulièrement les jeunes orphelines exposées à tomber entre les mains de l'hérésie. Cet orphelinat fut fonde en 1854 par le R. P. d'AIzon, rue de la Servie ; deux ans plus tard, la direction en fut confiée à M. l'abbé Barnouin, qui le transporta dans sa nouvelle paroisse dès qu'il en fut nommé curé. Les orphelines régies par des Sœurs de Besançon, acquièrent dans cette maison une solide instruction religieuse et une profession, deux choses qui leur permettent plus tard de résister aux séductions auxquelles l’œuvre les a arrachées.

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L’Église Saint-François-de-Sales
Extrait de "Nîmes Autrefois Aujourd'hui de Théodore Picard, 1901

La paroisse de Saint-François-de-Sales, érigée en succursale par décret du 25 août 1866, était d'abord une chapelle de secours, créée par ordonnance épiscopale du 5 mai 1865, et destinée à desservir le quartier populeux du chemin de Montpellier. L'église, dont le caractère est essentiellement provisoire, a été construite à l'angle des rues Thierry et Pépin-le-Bref, au centre du faubourg, sur l'initiative de l'évêque, Mgr Plantier. Son acquisition, par la ville, en 1867, n'a coûté que 30000 fr.
- Une décision du Conseil municipal du 7 mai 1878, invitait le Maire à faire préparer les plans d'une nouvelle église, dont le prix ne devait pas dépasser 300000 francs. Ces plans furent dressés, en style très sobre ; néanmoins, ils n'ont pas encore été exécutés. (1901)
-La façade actuelle, avec ses ouvertures à plein cintre, est fort modeste. L'intérieur est une salle carrée de 200 mètres environ de surface, prenant jour d'un côté seulement, avec plafond divisé par des caissons simulant six courtes travées, plus le sanctuaire terminé carrément.
La paroisse Saint-François-de-Sales, dont la population dépasse 4.000 catholiques, a été formée, primitivement, des quartiers éloignés des églises de Sainte-Perpétue et de Saint-Paul, auquel on avait ajouté l'annexe de Saint-Césaire. En 1869, cette annexe a été détachée pour être érigée en chapelle de secours.

L’orphelinat de Saint-François-de-Sales. - Cet établissement, véritable continuation de l’œuvre du chanoine Chassaing, la « Maison de Travail », créée en 1747, fut fondée, en 1854, par le R. P. d'Alzon, dans la rue de la Servie, puis transférée à l'ancienne route d'Arles. Le titulaire était autrefois le curé de Saint-François-de-Sales. II est dirigé, actuellement (1901), par les sœurs de Besançon. Ces religieuses donnent aux jeunes orphelines une solide instruction chrétienne et, aussi, une profession. La chapelle actuelle, élevée d'après les dessins de M. Allard, en style roman, est décorée d'un clocher surmonté d'une flèche en ardoises.
- On a eu l'excellente pensée de réunir, dans le parvis qui la précède, les débris antiques trouvés au cours des fouilles pratiquées dans ce quartier, qui n'était autre qu'une ancienne nécropole gallo-romaine, et au milieu de laquelle l'ancienne chapelle Sainte-Perpétue avait été construite.
Il faut rattacher à la paroisse Saint-François-de-Sales l'ancien prieuré rural de Saint-André-de-Codols, marqué par un petit édicule, entre Font-Margouline et Font-Dame, près le chemin de Générac.

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montage numérique
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L'église St François de Salle
> Le 25 août 1866, érection en succursale l'église de Saint-François-de-Sales
L'église Saint-Luc au quartier de la Croix de Fer
> Origine et évolution de l'édifice de 1894 à 1934
La Chapelle Sainte Eugénie
> Une des plus anciennes Chapelle Nîmoise   (De Sainte Eugénie à Noël)
L'église Saint-Paul
> Eglise et paroisse Saint-Paul
L'église Saint-Charles
> Eglise et paroisse Saint-Charles
L'église Saint-Baudile
> Eglise et paroisse Saint-Baudile
L'église Sainte-Perpétue
> Construction de l'église Ste Perpétue de 1852 à 1862

 

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