LES SOUTERRAINS
DES ARÈNES DE NÎMES
 
PAR M. Félix MAZAURIC, 1910
 
 
 
I
INTRODUCTION
 
Le savant F. Artaud, grand admirateur de nos monuments antiques, eut l'occasion de visiter notre ville, au moment où l'on s'occupait de débarrasser définitivement l'Amphithéâtre des constructions parasites qui depuis des siècles en encombraient l'intérieur.
Vers 1818, le canal de l'Euripe étant complètement dégagé, il fit une observation qui, passée alors presque inaperçue, mérite cependant d'être signalée ici :
En visitant le canal de l'Arène, écrit-il à Millin, auteur du Voyage dans le Midi de la France, je rencontrai dans la maçonnerie sur une pierre blanche, l'inscription suivante :
 
T. C. R. F.
 
+
 
D'après lui, cette inscription devait être restituée de la manière suivante :
 
Titus Caesar Rudera Fecit.
 
Or, vers 1866, en opérant le déblaiement du sous-sol en forme de croix qui occupe le centre même du monument, l'architecte Révoil mettait à nu deux autres pierres engagées dans la construction et portant chacune la même inscription :
 
T. CRISPIVS
REBVRRVS
FECIT
 
Je n'insisterai pas sur cet important document, aujourd'hui connu de tout le monde. II me suffira de le rapprocher du précédent incontestablement les deux inscriptions se rapportent au même personnage, qui a fait ou donné les moyens de faire, sinon l'ensemble du monument, tout au moins ces deux parties souterraines.
Mais là n'est pas le seul intérêt de la découverte d'Artaud. Au-dessous de la première ligne, on remarque une petite croix grecque superposée à un oméga qui ne laisse pas de nous intriguer vivement. Faut-il considérer ces deux signes comme contemporains de l'inscription elle-même, ou bien devons-nous y voir une sorte de christianisation de la pierre, offrant quelques rapports avec les marques gravées sur certains mégalithes de notre région? C'est là ce qu'il serait intéressant de vérifier aujourd'hui.
L'authenticité de la pierre ne saurait être douteuse. Indépendamment de la notoriété d'Artaud, conservateur du Musée de Lyon et savant consciencieux, il est bien difficile d'admettre qu'on ait pu inventer de toutes pièces les initiales d'une inscription dont le sens complet ne devait être révélé que quarante ans plus tard. Cependant, on n'a jamais plus entendu parler de cette trou­vaille. Comme, à notre connaissance, elle ne figure dans aucune collection, on pouvait supposer qu'elle était encore enfouie dans l'Euripe. Pour en avoir le coeur net, il n'y avait donc qu'à pénétrer dans les souterrains et tâcher d'atteindre, par quelque ouverture, l'intérieur de ce canal recouvert depuis le commencement du XIXe siècle. C'est ce que nous fîmes pendant l'hiver de 1906. Ce ne fut point chose facile, car les souterrains sont encombrés de débris de toute sorte, et il faut plusieurs fois ramper sur le ven­tre ou marcher sur une boue gluante où l'on enfonce jusqu'à quinze centimètres…
Les recherches les plus minutieuses n'ayant pu nous faire découvrir la moindre trace de l'inscription, force nous est d'admettre qu'elle a été enlevée lors de sa découverte.
Toutefois, cette exploration souterraine fut loin d'être sans résultats. Nous pûmes constater combien vagues et imprécis étaient les tracés que nous possédions de cette partie du sous-sol. De là vint l'idée de reprendre en détail le plan des souterrains, et de roter toutes lés particularités qu'on y observe.
C'est le résultat de ce travail que nous présentons aujourd'hui.
Indépendamment des erreurs qu'il rectifie, il offre quelques observations nouvelles qui nous paraissent de nature à attirer l'attention de tous ceux qu'intéresse l'étude des Amphithéâtres en général, et en particulier celle de l'écoulement des eaux pluviales.
 
Félix Mazauric, 1910
 
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Les  Arènes de Nîmes avec NEMAUSENSIS
> L'amphithéâtre de Nîmes par Auguste Pellet, 1838
> Les Arènes, par Alexandre de Mège, 1840
> Les Arènes, rapport de fouilles de Henri Révoil, 1868
> Les Arènes, description de Eugène Germer-Durand, 1868
> Les Arènes, par Albin Michel, 1876
> Chateau des Arènes du Ve au XIIIe siècle Michel Jouve, 1901
> Quelques détails sur les Arènes, par le chanoine François Durand, 1907
> Les Arènes, L'Amphithéâtre par J. Charles Roux, 1908
> Les Arènes, Les souterrains des Arènes, Félix Mazauric, 1910
> Les Arènes, Le rempart et le Château des Arènes, Igolen 1934
> Diaporama des fouilles en 1987
Tour des Arènes à travers un siècle d'iconographies 
 
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