ENLUMINURE DE FERDINAND PERTUS

I

 

LA FONTAINE DE NÎMES.

Par M. Igolen,

Mémoires de l’Académie de Nîmes, 1945

 

Aménagement de la source à l'époque romaine.

 

Lorsque les Romains furent définitivement installés dans Nîmes, leur première préoccupation fut d'aménager la source de Némausus pour les besoins de l'alimentation et de l'hygiène de la ville.

 

Ce serait, dit-on, lors du passage de l'empereur Auguste, l’an XXVIII, avant notre ère, et à la suite des doléances, des quatuorvirs, que fut concédé, par l'empereur, le régime des eaux, élaboré sous la haute direction d'Agrippa, le grand maître des travaux de l'Empire et gendre d'Auguste.

 

L'ensemble des travaux exécutés alors, autant qu'on a pu s'en rendre compte au XVIIIe siècle au cours des travaux entrepris à la Fontaine, comprit dans ses grandes lignes :

 

1° un bassin de réception des eaux ;

 

2° une série de bassins servant à décanter et à distribuer les eaux ;

 

3° un réseau de canalisations pour la distribution des eaux dans les différents quartiers de la ville ;

 

4° un château d'eau ou Nymphée, ainsi que des portiques, des statues et autres constructions analogues destinées à embellir et à agrémenter le site environnant la source.

 

Le bassin de réception des eaux fut constitué par une muraille en pierre de taille, établie sur le mur primitif entourant la source, et une forte digue, du côté Est encore, existante sous le pont séparant le bassin du Nymphée, destinée à retenir les eaux dans le creux où elles sortent de terre.

 

Une prise d'eau fut installée dans ce bassin réservoir pour amener les eaux dans une série de bassins successifs, bassins de 'décantation et de distribution, par un canal souterrain. Du dernier de ces bassins des tuyaux de plomb conduisaient les eaux dans les différents quartiers de la ville.

 

Entre le bassin réservoir et les autres bassins précités, fut construit un Château d'eau ou Nymphée, que l'ingénieur Mareschal nous a conservé dans ses grandes lignes en 1753.

 

Ce Nymphée, que l'on a cru longtemps à l'usage de bains, appelé encore improprement de nos jours « bains romains », n'était qu'un lieu d'agrément, le principal ornement de l'ensemble des travaux exécutés tout autour de la source. Les premiers travaux d'aménagement de la source par lés Romains durent être terminés vers l'an XXV avant notre ère, si l'on en croit deux inscriptions antiques, identiques, trouvées dans les déblais, au XVIIIe siècle, sur les bords mêmes du bassin réservoir et encastrées aujourd'hui dans le mur entre le double escalier qui conduit sur la plate-forme des hémicycles de la source.

 

Ces inscriptions portent :

IMP. CAESARI. DI V l.

AUGUSTO. COS. NONUM

DESIGNATIO DECIMUM

IMP. OCTOVUM

ce qui peut se traduire par :

 

A L’EMPEREUR CESAR AUGUSTE, FILS DU DIVIN (Jules),

CONSUL POUR LA NEUVIEME FOIS

CONSUL DESIGNE POUR LA DIXIEME FOIS

IMPERATOR POUR. LA HUITIEME FOIS.

 

ce qui indique qu'elles furent gravées en l'an XXV avant notre ère.

 

Mais la ville s'agrandissant et devenant chaque jour plus nombreuse, les eaux de la source ne suffirent bientôt plus pour alimenter la ville. C'est alors que les Romains, les premières années de notre ère, amenèrent à Nîmes les eaux de la Fontaine d'Eure, près d'Uzès, pour lesquelles ils construisirent le Pont du Gard. La cité eut alors deux grands châteaux d'eau, celui. aménagé à la source de Nemausus et le « Castellum Divisorium », de la Rue de la Lampèze, où arrivaient, dans Nîmes, les eaux de la fontaine d'Eure.

 

Un service des eaux fut alors créé, à l'image de celui existant à Rome, toutes proportions gardées, et fut complété par un régime d'égouts pour l'évacuation des eaux usées, et de tous les produits urbains. De tous ces égouts le plus important, connu sous le nom de la cloaca maxima », fut construit sous la Voie Domitienne, du forum à la Porte d'Arles, il recevait le trop plein des eaux de la source qui allait se déverser dans les fossés des remparts tout à côté de la Porte d'Arles.

 

Ces égouts de l'époque romaine n'ont point encore complètement disparus, il n'est pas rare que le service de voirie n'en mette à jour de temps en temps, comme celui, par exemple, de la Rue de l'Aqueduc actuelle, qui a donné son nom à la dite rue.

 

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