La Place des Carmes 4/9

La Porte Auguste (1876)

Albin Michel, 1876. 

La Porte Auguste par Auguste Dauzats 1804-1868

L'étranger qui parcourt aujourd'hui nos splendides promenades et nos vastes boulevards asphaltés, le Nîmois lui-même qui les jours de fête, se prélasse dans les squares ou sur les places publiques, sont loin de se douter des nombreuses transformations qu'a dû subir notre antique cité pour devenir ce qu'elle est aujourd'hui, et la plupart ignorent non-seulement les anciennes dénominations de nos rues et carrefours, mais encore la signification actuelle de la plupart des noms de ces voies de communications.

 

Albin Michel, 1876. 

 

Extrait de "Nîmes et ses rues" par Albin Michel, 1876

 

Près du boulevard des Carmes se trouvait le moulin du Petit-Saint-Jean, qui a été démoli en 1834.

 

C'est sur ce boulevard qu'on remarque la Porte d'Auguste qui, grâce au prolongement de la rue de l'Agau, est aujourd'hui isolée et offre au curieux un sujet plus complet d'étude. Ce monument était autrefois plus élevé et, comme toutes les portes romaines, flanqué de deux grandes tours; il était pour ainsi dire noyé dans les constructions du Château-Royal, et ce n'est qu'en 1693. lorsqu'on démolit ce dernier, qu'on fit pour ainsi dire la découverte de l'ouvrage des Romains.

 

Je n'entreprendrai pas ici de faire une description détaillée de ce monument, et je me hâte de renvoyer le lecteur au remarquable travail de M. Germer-Durand fils, couronné en 1875, par l'Académie du Gard.

 

Je me bornerai donc A citer brièvement les points les plus saillants et ceux qui offrent plus d'intérêt.

 

Une inscription qui appartenait à la frise de cette porte et dont les fragments n'ont été qu'imparfaitement remis en place, donne la date certaine de la construction des fortifications romaines de Nîmes, la voici telle qu'elle a été rétablie

 

IMP. CAESAR DIVI F. AVGVSTVS COS XI.

 TRIBV.

POTEST. VIII PORTAS MVROS. COL. DAT.

 

Il est donc certain que nos murailles et nos portes s’élevèrent lorsque Auguste exerçait, pour la huitième fois, la puissance tribunitienne, l'an de Rome 786 et seize ans avant Jésus-Christ.

 

Une remarque dans cet édifice quatre portes, deux d'égale grandeur devaient servir an passage des chevaux et des chars, les deux autres, plus petites, étaient réservées pour les piétons. Les deux cintres du grand portique sont surmontés d'une tète de taureaux en relief ; au-dessus des deux autres est une niche qui recevait probablement une statue. Les quatre pilastres sont d'ordre corinthien, ceux du milieu sont séparés par une petite colonne ionique appuyée sur une console, mais dépourvue de piédestal.

 

M. Auguste Pellet croit que cette colonne était le milliare passum primum de Nîmes, c'est-à-dire la pierre de laquelle on partait pour compter les milles, qui s'appelait aussi lapis milliaris, et qui, dans ce cas, était le milliaire zéro et sans numéro ; on sait, en effet, qu'à l'exemple de Rome, les colonies avaient la droit d'établir des milliaires jusqu'à leur dépendance, et que les milles se comptaient â partir de leur capitale, le milliaire n° 1 se trouvant à un mille des murs de la ville. Ce fait est prouvé par a distance du milliaire carré de l'empereur Tibère portant le n° IIII, qui se trouve sur la route de Beaucaire au point appelé le Pont de Car, comme pour dire pont de quarto Lapide. Même origine pour le village d'Uchaud (8e milliaire sur la voie Domitienne).

 

Albin Michel, 1876

 

Images et histoire de la Place des Carmes.

>  I - Le Château de Nîmes, Léon Ménard, 1760
> II - La Porte Auguste, Adolphe Pieyre, 1886
> III - La Porte Auguste, Germer-Durand, 1874
> IV - La Porte Auguste, Albin Michel, 1876
> V - La Porte Auguste, Simon Durand, Henri Durand et Eugène Laval
> VI - La Porte Auguste, Adolphe Pieyre, 1887
> VII - L'église des Carmes en 1856, Adolphe Pieyre, 1887
> VIII - Saint Baudile en 1877, Adolphe Pieyre, 1887

> IX - Construction de la Caserne Montcalm 1695-1700

> X - Histoire de la Porte Auguste de la Révolution jusqu'à nos jours


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