FRANÇOIS Ier DE CRUSSOL
(1604-1680)
Premier Duc et Pair de France - Quatrième Duc d'Uzès

extrait de l'histoire des Duc d'Uzès, par Lionel d'Albiousse, 1887.

François de Crussol, né à Uzès le 24 avril 1604, et baptisé le même jour dans le château ducal (1), succéda à son père en 1657, au moment où Louis XIV à peine adolescent, se préparait à prendre les rênes du gouvernement et à donner à sa cour une splendeur inusitée. Le roi en effet, attira à lui toute la haute noblesse pour lui servir de cortège permanent. La France parut s'absorber dans la cour et la cour dans le roi.

(1) Archives ducales. Inventaire, page 9.

Dans nos annales, la cour a été comme le v8ternent de la royauté, changeant suivant les époques et les transformations sociales.
Au moyen âge, alors que la France était-divisée en grands fiefs, la vie eu commun était tort rare, et il fallait que le roi tint une cour plénière pour que les grands se réunissent autour de lui.
Les Valois parvinrent à attirer à eux la haute noblesse durant des saisons entières, et à réaliser l'idéal de la vie de cour selon les mœurs chevaleresques, surtout à l'époque brillante de François Ier. La royauté du XVIe siècle était entourée de hautes personnalités qui, tout en procédant d'elle, finirent sous les faibles successeurs de François Ier, par engendrer de grandes factions. La cour avait à peu près disparu durant les guerres de religion. La haute noblesse était presque toujours en révolte contre la royauté et Richelieu chercha par tous les moyens à l'abattre ou au moins a la terrifier.
Sous Louis XIV elle perdit de son importance féodale, mais elle brilla plus que jamais par son luxe, sa courtoisie, et le reflet qu'elle recevait d'une royauté plus puissante que jamais. A aucune époque la cour n'avait offert plus d'attraits. Le roi y avait réuni non seulement tous les privilégiés de la naissance, mais tout ce qui se distinguait par l'esprit, le talent ou la science. On y menait une vie éclatante, variée, qui permettait de goûter tous les plaisirs du corps et de l'intelligence.
C'est au milieu de cette cour brillante que François de Crussol, à la mort de son père, vint occuper le rang que lui donnait sa naissance, au milieu de la noblesse de France. Il s'y trouvait d'autant plus à l'aise qu'il y avait presque toujours vécu. Nous avons déjà vu qu'à la prière de la reine régente, Marie de Médicis, le duc d'Uzès, son père, l'avait envoyé à la cour dés son enfance, et qu'il y avait été élevé sous la protection de la reine (1).

(1) Archives ducales, Inventaire, page 43, verso.

Dés qu'il fut en âge de porter les armes on le mit à la tête d'un régiment de cavalerie qui portait son nom de Crussol, et on ne tarda pas à le marier avec Marie Henriette de la Châtre, fille de Louis de la Châtre, chevalier des ordres du roi, et de dame de Chabot d'Etampes.
Se rendant à paris pour contracter cette alliance, il passa par Saint-Péray, tout près de son château de Crussol, qui avait été en grande partie détruit par les protestants en 1623, aussi il logea chez son bailli, noble Claude Teste de La Mothe, pour attendre son frère cadet le marquis de Saint-Sulpice, qui arriva trois jours après et qui l'accompagna ensuite à Paris á ses noces. (1)
Ce mariage fut célébré en effet à Paris en 1625. La jeune mariée mourut quelque temps après et le comte de Crussol se consola de son veuvage dans le métier des armes.
L'occasion de combattre ne lui fit pas défaut.
Le 19 mai 1635 un héraut d'armes français se présentait à Bruxelles avec le cérémonial d'usage, tenant à la main une déclaration de guerre par terre et par mer contre le roi d'Espagne Philippe IV, souverain des Pays-Bas. Après l'avoir jetée aux pieds des hérauts d'armes belges, il en attacha une copie à un poteau dans te village le plus rapproché de la frontière française.
La famille royale d'Espagne était une des deux branches de cette puissante maison d'Autriche qui, depuis Charles-Quint, étendait son pouvoir sur la moitié de l'Europe. Appuyée sur de vastes possessions, elle ne prétendait à rien moins qu'à la domination universelle. Malheureusement pour elle la dispersion. de ses domaines faisait sa faiblesse. Les réunir par la conquête des pays enclavés était son rêve politique. Mais Richelieu l'empêcha de le réaliser.
La campagne de 1685 s'ouvrit heureusement par une victoire remportée le 20 mai à Avein, prés de Rochefort en Luxembourg, sur le prince Thomas de Savoie, au service de l'Espagne.
Le comte de Crussol y combattit vaillamment (2).

(1) Recherches sur Saint-Romain de Lerp par I'abbé Garnodies, page 31.
(2) voir les Mémorables journées des Français, tome II, page 250.

De retour de cette expédition il se remaria avec Marguerite d'Apchier, fille de Jean II, comte d'Apchier et de dame Margerite de Flageac. Le mariage fut célébré le 28 septembre 1636 au château ducal d'Uzès, en présence de Mgr Nicolas de Grillet, évêque d'Uzès, d'Henri d'Ancésime seigneur de Chusclan, de Jacques du Roure seigneur de Saint-André, vicaire général de Monseigneur, d'Adolphe Rey, chanoine et prévôt de l'église-cathédrale, de Jacques d'Audibert seigneur de Lussan, de Daniel de Roche, docteur ès-droit, juge-mage du sénéchal ducal, de Guillaume d'Ortemart, docteur ès-droit de la ville de Montpellier, de Jacques de Gasquet seigneur de Sanilhac, premier consul de la ville d'Uzès, du chevalier de Roche, du chevalier de Grammont de Caderousse (1), (Odinet, notaire à Uzès).
Mais la guerre contre l'Autriche n'était pas finie. Elle se poursuivit à la fois dans les Pays-Bas, en Allemagne et en Italie.
Le comte de Crussol reçut du roi l'ordre de se rendre avec son régiment à Verdun-sur-Meuse pour se mettre sous le commandement du maréchal de Brézé (2), ainsi que le constate la lettre suivante écrite l'année même de la naissance de Louis XIV :

24 avril 1638.
Monsieur le comte de Crussol, ayant destiné votre régiment de cavalerie, pour être du corps de mon armée que je fais assembler aux environs de Verdun-sur-Meuse, sous la charge de mon cousin le maréchal de Brézé, je vous fais cette lettre pour vous dire que vous ayez à le faire promptement acheminer dans ma dite armée suivant la route ci-jointe, voulant qu'à votre, arrivée vous envoyez vers mon dit cousin au le maréchal de Camp qui recevra les troupes au dit rendez-vous, savoir ce que vous aurez à faire ; vous asseurant que le soin et la diligence que vous apporterez pour le mettre en bon état me sera en particulière recommandation. Et la présente n'étant pour autre sujet, je prie Dieu vous avoir, Monsieur le comte de Crussol, en sa sainte grâce.
Ecrit a Saint-Germain-en-Laye, signé Louis, et plus bas Sublet.
A Monsieur le comte de Crussol, mestre de camp d'un régiment de cavalerie pour mon service (3).

(1) Archives ducales, livre 67. Crussol.
(2) Archives ducales. Inventaire, page 54.
(3) Archives ducales. Inventaire, page 54.

Le comte de Crussol combattit sous les ordres du maréchal de Brézé et fut envoyé plus tard avec lui en Roussillon. Le duc d'Uzès, son père, y arriva aussi avec le roi. Le siège de Perpignan fut long, mais on finit par s'emparer de cette ville et le Roussillon fut annexé à la France en 1642.
Cette victoire couronna la politique de Richelieu qui tendait à l'abaissement de la maison d'Autriche. « Le grand arbre de cette maison, dit Malherbe, était ébranlé jusqu'aux racines, et il se trouvait quasi renversé ce tronc qui, de ses deux branches, couvrait le septentrion et le couchant et donnait de l'ombrage au reste de la terre. »
Depuis, un arbre d'une autre maison a poussé en Prusse, et il s'est tellement développé que ses branches dépassant le Rhin viennent jeter aujourd'hui une ombre perfide sur nos provinces de l'Est. Puisse, pour l'abattre, surgir de notre France malheureuse, mais toujours bien aimée, quelque nouveau Richelieu.
Ainsi que je l'ai déjà dit, le comte, de Crussol,, pas plus que son père le duc d'Uzès, ne prit part aux troubles qui suivirent la mort de Richelieu et de Louis XIII. Ils restèrent tous les deux fidèles à la royauté.
Le Ier juin juin 1658, le duc d'Uzès, affaibli par son grand âge, se démit en faveur de son fils de la charge de chevalier d'honneur de la reine-mère (1). Il mourut l'année suivante, et son fils ainé, la comte de Crussol, dont je raconte la vie, prêta serment de fidélité au roi devant le Parlement de Paris, en qualité de duc et pair de France, le 12 avril 1656 (2).
L'année suivante le nouveau duc d'Uzès, accompagné de sa femme, se dirigea vers la ville, berceau de sa famille. À peine arrivés à Remoulins, ils reçurent une députation des habitants d'Uzès qui leur offrit de respectueux hommages et les accompagna jusqu'à cette ville, où on leur fit une réception digne d'eux (3)

(1) Archives ducales, Inventaire, page 5.
(2) Archives ducales, page 5, verso.
(3) La duchesse d'Uzès reçut de la ville un cadeau de 100 pistoles d'or (Registre des Délibérations de la ville d'Uzès, B B 12, 1665-1672).

Pendant son séjour à Uzès,la nouvelle se répandit que le jeune roi Louis XIV était gravement malade. Il avait voulu en effet suivre l'expédition dirigée dans le Nord de la France par Turenne. Il montrait beaucoup d'ardeur guerrière et s'était fatigué à visiter les sièges de Dunkerque et de Bergues. Une fièvre maligne l'avait saisi. On fut obligé de le transporter de Bergues à Calais, où étaient sa mère et la cour, et en quelques jours il se trouva à toute extrémité.
L'anxiété était, grande. Les courtisans refluaient vers Monsieur duc d'Anjou, héritier présomptif de Louis XIV. On pressentait la chute de Mazarin, qui effrayé avait déjà expédié l'ordre de transporter ses trésors au château de Vincennes. Heureusement, par l'emploi d'un remède nouveau, l'Emétique, on parvint à sauver le roi qui, après une crise violente, entra en convalescence (1).

(1) Mémoires de Mme de Malleville, page 466, de Mlle de Montpensier, page 295, du maréchal du Plessis, page 442.

Le duc d'Uzès, dès la nouvelle de la maladie du roi, s'était empressé d'écrire à la reine-mère qui lui répondit de la manière suivante :
Calais, 18 juillet 1658
Mon cousin je ne doute point que la maladie du roy monsieur mon fils, ne vous ait donné toute la douleur due vous me témoignez par votre lettre; et quand vous ne m'en auriez rien fait dire ni écrire, je n'en aurai pas esté moins persuadée que je la suis. La voye publique vous aura fait scavoir que grâce à Dieu sa santé va toujours de bien en mieux et qu'il est à présent sans fièvre, il ne lui reste maintenant que de la faiblesse. Je vous avoue que cette convalescence ma tirée d'une grande peine, ce que j'eusse, eu de difficulté à surmonter si cette maladie eut duré plus longtemps ; c'est pourquoi je me sens doublement obligée à la divine bonté qui a voulu donne à nos prières une meilleure santé à une personne qui m'est si chère et si considérable que je supplie vouloir augmenter.
Je suis votre bonne cousine, Anne, à Calais.
A mon cousin le duc d'Uzès, mon chevalier d'honneur.

Après un assez long séjour à Uzès, le duc et la duchesse s'en retournèrent à Paris, où ils se trouvèrent mêlés à toutes les fêtes de la cour.
On s'occupait depuis quelque temps du mariage du roi avec l'infante Marie Thérèse d'Autriche.
La reine qui désirait vivement cette alliance, fâchée des retards que le roi d'Espagne y apportait, imagina, d'après les conseils de Mazarin, d'engager la duchesse de Savoie à se rendre à Lyon, avec les princesses ses filles, sous prétexte de faire épouser l'alliée au roi. L'artifice réussit. À peine la cour d'Espagne en fut-elle avertie qu'elle envoya le comte Pimentelli à Lyon, pour proposer l'infante Marie-Thérèse, fille ainée de Philippe IV, roi d'Espagne. La duchesse retourna en Savoie fort mécontente.
Les deux cours de France et d'Espagne se rendirent à petites journées à l'ile des Faisans, placée au milieu de la rivière de la Bidassoa, qui sépare les deux royaumes, et où avaient eu lieu l'année précédente entre Mazarin et don Louis de Haro, de célèbres conférences qui amenèrent la paix dite faix des Pyrénées (1). Le roi de France et le roi d'Espagne arrivèrent à l'ile des Faisans le 6 juin 1660. Ils s'embrassèrent et jurèrent la paix sur l'Évangile. L'un et l'autre étaient accompagnés d'une suite nombreuse, et parmi les personnages Français figuraient le duc et la duchesse d'Uzès.
La cérémonie du mariage eut lieu le 9 juin à Saint-Jean-de-Luz, où le roi épousa l'infante en personne. Le duc d'Uzès y conduisit la reine mère en sa qualité de son chevalier d'honneur.
Le lendemain on alla complimenter la nouvelle reine et on lit dans les mémoires de Mme de Montpensier (2), que dans le carrosse de la reine mère se trouvait la duchesse d'Uzès avec les princesses de Carignan et de Bade, sa fille, la princesse Palatine et les duchesses de Gramont et de Noailles.

(1) Par cette paix Philippe IV céda Pignerol et l'Alzace à la France qui conserva, en outre le Roussillon et la Cerdagne jusqu'au pied des Pyrénées, et plusieurs villes en Artois, dans le Luxembourg et en Flandre.
Il fut aussi stipulé que Condé rentrerait en grâce et que Louis XIV épouserait Marie-Thérèse d'Autriche.
(2) Mémoires de Melle de Montpensier, tomme 8, page 9.

La cour ne tarda pas à retourner à Paris. En traversant le Languedoc, le roi grâce à la bienveillante intervention du duc d'Uzès, confirma l'édit de 1649, en faveur de cette province, qui fut rétablie dans tous ses privilèges.
Une période de prospérité et d'éclat ouvrit le règne de Louis XIV. Grâce au concours d'hommes éminents, le roi put fonder à l'extérieur la suprématie de la France sur les divers états de l'Europe, et à l'intérieur, la suprématie de la royauté sur tous les pouvoirs locaux et sur toutes les initiatives individuelles du clergé ou de la noblesse.
Les galanteries du roi ou les victoires qui suivaient notre drapeau sur tous les champs de bataille amenèrent de nombreuses et brillantes fêtes à la cour. (1)
Bien qu'élevés au sein des plaisirs, le duc et la duchesse finirent par préférer aux splendeurs de Versailles une vie calme et tranquille dans leur château ducal, où les habitants d'Uzès leur rendaient dés hommages dus à des souverains biens aimés.
Les traditions portent que le duc était passionné pour la chasse, qu'il avait beaucoup de chevaux et une nombreuse meute de chiens, qu'il tenait dans une tour qui lui appartenait, la tour Banastière, située prés du duché à l'entrée de la rue Condamine.
Il allait souvent chasser dans sa vaste forêt de Belvézet (2) ; quelquefois aussi avec toute sa maison dans son château de Broussan (3) et même dans ses terres de Querci, aux châteaux d'Acier et de Capdenac.

(1) Ce fut eu 1673 que Louis XIV étant à Nancy, prit la volumineuse perruque si célèbre dans l'histoire du costume français. Voir Perissac, Lettres historiques, tome 1, page 395.
(2) La maison d'Uzès possède la forêt de Belvezet depuis le XIIe siècle. (Voir Notice de Bermond I, troisième seigneur d'Uzès).
(3) Guiote de Posquières, femme de Robert, vicomte d'Uzès, apporta en dot entr'autres choses, le château de Broussan au XIVe siècle. Ce château, ainsi que le vaste domaine qui l'entoure, appartiennent encore à la maison d'Uzès (Voir Notice sur Robert I, vicomte d'Uzès).

La duchesse Marguerite sa femme, se plaisait aussi beaucoup à Uzès, où elle aimait à recevoir et se faisait un plaisir d'assister avec son mari aux noces, festins et bals auxquels on les conviait. Aussi étaient-ils généralement aimés, surtout du peuple qui les trouvait affables, bienveillants et charitables.
Voici à ce sujet des vers patois composés sur le duc François :

Nost duc n'es ben bravas

Bon vivan et bon diablas.

N'en fai que de ben dinc Uzès

E pas jhen de tort au res,

Aoussi chacun dis en bon patois

Vivo lou duc François (1)

Notre duc est bien brave

Bon vivant et bon diable,

Il ne fait que du bien dans Uzès

Et aucun tort à personne,

Aussi chacun dit en bon patois;

Vive le duc François

Pendant son séjour à Uzès le duc permit aux Jésuites, le 1er mars 1663, de hausser d'un étage la maison par eux acquise, des sieurs Jacques et Salomon Licon (2). Il acheta en 1666 plusieurs jardins tout près du duché pour en faire don aux Capucins d'Uzès qui, grâce à ses libéralités, purent y bâtir un monastère. Aussi, par un acte du 28 janvier 1667, il fut permis au duc par le R. père . provincial des capucins, de faire bâtir un appartement dans le couvent pour qu'il put y faire plus facilement sa retraite (3).

(1) Manuscrit S. Abauzit.
(2) Ceux-ci la tenaient des hoirs d'Entraigues (Archives ducales. inventaire, page 180). C'est aujourd'hui l'établissement municipal des dames de Saint-Maur, sous lequel se trouve la crypte, monument chrétien des premiers siècles de I'église. (voir Guide archéologique dans la crypte d'Uzès, par L. d'Albiousse).
(3) Archives ducales, Layette 14.

De grandes fêtes avaient lieu de temps à autre à Uzès, au moindre événement concernant la famille ducale, soit pour des naissances, soit pour des mariages. Ces fêtes furent surtout superbes à l'occasion du mariage du comte de Crussol fils ainé, avec Melle de Montausier.
La ville ne manqua pas d'adresser aussi des félicitations au duc d'Uzès lorsqu'il fut nommé commandeur des ordres du roi (cordon bleu) (1) et de lui envoyer des députations lorsqu'il parcourut avec le prince de Conti, Pont-Saint-Esprit, Sernhac, Béziers, Florensac, etc. (2).
Le seul désagrément que rencontra le duc à Uzès fut la lutte qu'il eut à soutenir contre l'évêque au sujet de leurs droits de préséance (3).
A part ces tribulations, le duc et sa femme passèrent à Uzès une vie paisible et heureuse. Ils eurent beaucoup d'enfants dont la plupart naquirent à Uzès, et deux de leurs filles, Marguerite et Rose, y restèrent jusqu'à leur mariage. Elles occupaient des chambres au second étage du château ducal au midi, donnant sur le cul de sac. Elles étaient encore désignées par la tradition, au moment de la révolution, comme las cambras das doumisellas (4).
Enfin, le 7 mars 1674, le duc d'Uzès se démit du duché-pairie d'Uzès et de ses dépendances, en faveur de son fils ainé Emmanuel de Crussol (5).

(1) Le procureur du grand couvent de Paris fait une quittance de 60 livres par lui reçue de M. le duc d'Uzès, le 3 janvier 1662, pour l'aumône de MM. les chevaliers du Saint-Esprit ont coutume de donner au dit couvent après leur réception. (Archives ducales. Inventaire, page 60.
(2) Archives d'Uzès, série C. C. III.
(3) Archives ducales,série B. B. 13.
(4) Manuscrit S. Abauzit.
(5) Archives ducales. Inventaire, page 5, verso.

Néanmoins, le roi, par un brevet en date du 20 mars 1674, permit au duc et à la duchesse d'Uzès d'entrer au Louvre dans leurs carrosses, et à la duchesse de s'asseoir sur un tabouret devant la reine (1). C'est ce qu'on appelait les honneurs du Louvre (2). Par un autre brevet en date du 29 mars 1674, il fut permis au duc d'Uzès de porter un justaucorps de couleur bleue, garni de galons avec dentelles et broderie d'or et d'argent (3). C'était le justaucorps à brevet, inventé par Louis XIV et fort recherché par les courtisans comme signe distinctif (4). Ceux qui le portaient avaient le droit de suivre le roi à la chasse et à ses promenades.
À quelque temps de là, le duc François et sa femme étant à Uzès, furent obligés de faire un voyage à Paris, dans le but de traiter d'un mariage pour l'un de leurs enfants. Le duc était alors âgé et infirme. Le séjour de Paris, si contraire à ses goûts et à sa manière de vivre, le conduisit promptement au tombeau.
Il mourut à Paris, le 4 juillet 1680, et fut déposé dans l'église du couvent des Carmélites, où l'une de ses filles, Marguerite, était religieuse. II fut très regretté des Uzétiens. Sa veuve mourut bien longtemps après lui, le 17 avril 1708, âgée de quatre-vingt-onze ans. Elle lui avait donné huit enfants :

1° Emmanuel II, sont successeur, cinquième duc d'Uzès.
2° Armand, marié le 7 janvier 1655 à Isabeau de Paulian, fille du baron de Paulian et d'Isabeau de Saint-Gilles (5) ;
3° Louis, marié à Marie-Thérèse de Lestrange, et mort en 1716. Louis XIV le nomma pour être assidu auprès de MM. les Dauphins. Louis de Crussol fut l'auteur de la branche des marquis de FIorensac, éteinte en I814 ;
4° Galliot dit l'abbé d'Uzès ;
5° Marguerite, carmélite à Paris au couvent du faubourg Saint-Jacques ;
6° Anne-Louise, religieuse à La Ville-l'Evêque ;
7° Marie -Rose. mariée :
- 1° le 10 janvier 1668 à François-Joseph de Porcellet, comte de Laudun, marquis de Serviers, fils de Henri de Porcellet et de Louise d'Albenas (6), et
- 2° avec Charles, marquis de Murviel, baron des états et lieutenant du roi dans la province du Languedoc. Elle devint veuve en 1713 et mourut à Béziers, en août 1723.
8° Suzanne, ancienne abbesse d'Hyères (Var).

(1) Archives ducales. Inventaire, page 6.
(2) Anecdotes de la cour de France, page 83.
(3) Archives ducales. Inventaire, page 6.
(4) Mémoires de Saint-Simon, tomes XIII, page 71.
(5) Archives ducales. Inventaire, page 79.
(6) Archives ducales. Inventaire, page 80.


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Biographie des 9 ducs d'Uzès, sous l'ancien régime
>
Antoine de Crussol, premier Duc d’Uzès (1528-1573)
Madame de Clermont Tonnerre, épouse d'Antoine de Crussol - Premiere Duchesse d’Uzès
> Jacques de Crussol, deuxième Duc d'uzès (1540-1584)
> Emmanuel Ier de Crussol, troisième Duc d’Uzès (1570-1657)
> François Ier de Crussol, quatrième Duc d’Uzès (1604-1680)
> Emmanuel II de Crussol, cinquième Duc d’Uzès (1642-1692)
> Louis de Crussol, sixième Duc d'Uzès (1673-1693)
> Jean-Charles de Crussol, septième Duc d'Uzès (1675-1739)
> Charles-Emmanuel de Crussol, huitième duc d'Uzès   (1707-1762)
>
Les Aventures du Duc d’Uzès « dit le Bossu »
> François-Emmanuel de Crussol, neuvième Duc d’Uzès (1728-1802)
> Biographie parlementaire des Ducs d’Uzès
Le duché d'uzès
> Le château et les Ducs d'Uzès
> L’origine du Duché-Pairie d’Uzès
> De Crussol, Duc d’Uzès sur internet
> Biographie de la Duchesse d’Uzès sur internet (1847-1933)

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