EMMANUEL Ier DE CRUSSOL
(1581-1657)

Premier Duc et Pair de France - Troisième Duc d'Uzès
extrait de l'histoire des Duc d'Uzès, par Lionel d'Albiousse, 1887.


Emmanuel Ier succéda à son père le duc d'Uzès, au moment ou de graves événements se passaient à la cour de France et amenaient la fin de la dynastie des Valois dans la personne du roi Henri III. Celui-ci, malgré les sages avis de la reine sa mère, de la duchesse douairière d'Uzès, de Chiverni, chancelier de France, et de Villequier (1), faisait assassiner par ses gardes dans son palais, à Blois, le duc de Guise qui aspirait au trône, et à quelque temps de lá, le roi à son tour tombait à Saint-Cloud, en 1589, sous les coups d'un fanatique assassin Jacques Clément.
Le duc d'Uzès fut des premiers à se rallier à Henri IV et à l'aider à conquérir son royaume.
Après avoir bien embattu il songea à se marier, et le 2 septembre 1601, il épousait Claudine d'Ebrard, dame de Saint-Sulpice, qui avait beaucoup d'esprit. Elle était fille de Bertrand d'Ebrard, marquis de Saint-Sulpice, et de Marguerite, dame de Montsalés (2)

(1) Lacretelle. Histoire de France, tome III, page 276.
(2) Le contrat fut passé dans !e monastère de saint-Sernin-les-Rodez, le 2 septembre 1601. (Archives ducales. - Extrait sommaire des titres de la maison de Crussol, Dictionnaire de Moreri, page 303.

Les jeunes époux ne tardèrent pas à venir à Uzès, où eut lieu à cette occasion une très belle fête. Revue, musique, arc de triomphe, devise, salves, feux de joie, harangues, rien ne fut oublié.
Le corps des marchands, fort nombreux à cette époque, et composé de gens riches (1), monta à cheval et alla au-devant d'eux jusqu'au Pin, où passait alors la grand' route.
Les corps des métiers, et surtout celui des cardeurs, des peigneurs de laine, des tisserands, formant à lui seul plus que la moitié de la population, s'étaient rangés en bataille au-devant de la porte Saint-Julien.
À l'arrivée du duc, et de la duchesse ils prirent les portières de leur coche, la cavalerie précédant et fermant la marche.
Le duc et la duchesse firent leur entrée par la porte Saint-Étienne, La même par laquelle entraient les évêques ou les consuls lors de la prise de possession de leur charge. Ils y furent harangués par le premier consul et ensuite escortés jusque dans leur château ducal par la cavalerie et l'infanterie au bruit des salves de mousqueterie.
Le duc et la duchesse remercièrent bien vivement les habitants de leur bon accueil et peu après les consuls leur firent apporter par leurs valets, au nom de la ville, en présent, un barral de vin et deux salmées d'avoine (2).

(1) Le commerce des étoffes de laine fabriquées dans la ville était fort renommé en France et même à l'étranger.
(2) Registre des délibérations de la ville d'Uzès.

Pendant son séjour à Uzès le duc eut à intenter un procès à l'évêque de cette ville, qui prenait depuis l'an 1600, pour lui et ses successeurs, le titre de comte d'Uzès. L'évêque prétendait posséder ce titre depuis l'excommunication du comte de Toulouse et avoir aussi un droit de suzeraineté sur les vicomtes, et par suite, sur les ducs d'Uzès. Ce procès fut porté au parlement de Paris. Le duc et sa femme retournèrent bientôt dans la capitale, soit pour en suivre les phases, soit pour occuper leurs charges à la cour. Ce procès fut fort long, mais le parlement finit par donner gain de cause au duc d'Uzès et défendre à l'évêque de prendre le titre de comte (1).
Dans le courant de l'année 1610, le duc revint à Uzès, et c'est là qu'il apprit l'assassinat par Ravaillac du roi Henri IV, le 14 mai de cette même année.
Il en ressentit un très vif chagrin, car il lui était très dévoué, mais faisant taire sa douleur, il ne songea qu'au bien du pays et il contribua, avec le duc de Ventadour, gouverneur du Languedoc, à faire prêter serment de fidélité par les habitants d'Uzès à son successeur.
Ce serment eut lieu en effet, devant le duc d'Uzès, à son château, en présence de l'évêque et de son chapitre. Le duc partit bientôt après et le 21 juillet suivant à prêtait lui-même aussi serment de fidélité à la reine régente Marie de Médicis et au roi, devant le parlement de Paris (2).
La mort du roi Henri IV amena bien des changements dans l'administration du royaume. Les ministres furent congédiés. Sully lui-même, malgré les services qu'il avait rendus, fut obligé de donner sa démission de la surintendance des finances et du gouvernement de la Bastille.

(1) Il existait pour les parlements une très ancienne coutume ; c'est qu'au printemps les princes et les ducs et pairs envoyaient aux présidents et aux conseillers des bouquets et chapeaux (ou couronnes de roses), et le parlement décidait dans quel ordre ce don était fait. C'est ainsi qu'en 1599 le parlement de Toulouse ordonna que Madame, sœur du roi, le cardinal de Joyeuse comme duc et pair de France, les archevêques de Narbonne et d'Auch, etc., étant dans le ressort ainsi que le duc d'Uzès, duc et pair de France, présenteront à la cour les roses et les chapeaux le mois de mai prochain, suivant la coutume ancienne.
(2) Archives ducales. Inventaire page 4.

Les princes et la plupart des seigneurs relevèrent la tête « Le temps des rois est passé, celui des grands et des princes est venu, se disaient-ils, il faut nous faire bien valoir. »
La régente, étrangère, livrée à des favoris étrangers aussi ignorants qu'elle des intérêts du royaume, luttait avec beaucoup de difficultés contre les princes du sang soutenus par les grands coalisés. Le duc d'Uzès, lui, resta toujours fidèle à la royauté. Aussi la régente et le roi lui en expriment toute leur reconnaissance dans les lettres suivantes qu'ils lui écrivent pour lui annoncer sa prochaine promotion à la dignité de chevalier du Saint-Esprit :
:
8 février 1611.
Mon cousin, pour vos vertus et mérites et pour la fidélité et affection que je scay qu'à l'imitation de vos ancêtres vous avés au bien de cet état et à ma personne et service. vous avez esté nommé par moy pour entrer et être associé en mon ordre du Saint-Esprit. Et désirant que vous soyez prest pour recevoir cet honneur au premier chapitre et cérémonie du dit ordre, je vous envoye une commission adressée à votre évêque diocésain, pour faire vos preuves de vie, rnoeurs, âge et religion, qui sont les seules que vous avés à faire; ayant esté satisfait aux autres par feu mon cousin le duc d'Uzès, votre père, chevalier dudit ordre, suivant les statuts d'y celui, qui vous dispensent d'en l'aire de nouvelles. Je scay que votre affection est telle que ce bienfait ni peut rien ajouter qu'une plus grande obligation à me rendre les effets que j'en attends en toutes occasions comme je vous les ferai recevoir de ma bonne volonté. Et je prierai Dieu qu'il vous ait, mon cousin, en sa sainte garde. Ecrit à Paris. Signé Louis, et plus bas. Poitiers.
- A mon cousin le duc d'Uzès, pair de France (1).

(1) Archives ducales. Inventaire, page 41.

En même temps que cette lettre, le due d'Uzès en recevait une qui lui était adressée le même jour par la reine Marie. La voici :

Mon cousin, le Roy mon fils vous ayant nominé pour être associé à I'ordre du Saint-Esprit, au premier chapitre en cérémonie du dit ordre qui se fera, je vous ai voulu en donner avis par la présente, afin que vous Connaissiez combien j'ai agréable que cet honneur soit rendu à votre mérite et à la fidélité et affection que vous portez au bien de son service. Et tomme je suis très assurée que vous ne manquerez jamais à ce devoir, aussi pouvez vous faire estat qu'en toutes les occasions qui s'offriront je me rendrai toujours soigneuse de tenir la main à ce qui sera de votre contentement. Et pour ce que mon dit sieur et fils vous écrit bien particulièrement sur ce sujet, je ne vous ferai la présente plus longue que pour prier Dieu, mon cousin, qu'il vous ait en sa sainte garde. Écrit à Paris, votre bonne cousine, Marie, et plus bas, Poitiers. - A mon cousin le duc d'Uzès, pair de France.

Le duc d'Uzès fut en effet nommé chevalier du Saint-Esprit.
Par une autre lettre en date du 4 février 1613, on voit que la reine régente l'avait chargé de mettre la dernière main au différend entre les sieurs de Thémine et de Vaillac, et quelques autres gentilshommes. Elle lui témoigne sa satisfaction d'avoir réussi et elle, ajoute :

« Je vous dirais que mon intention est d'avoir désormais en particulier soin et considération ce qui est de vous et de vos enfants, et pour cet effet je désirerais que vous et eux fussiez de deçà, où vous les feriez élever près de nous et à la connaissance des uns et des autres.
Je désire particulièrement y voir votre aîné et vous prie instamment de l'y amener, afin qu'il commence à s'attacher près les personnes du roi mon dit sieur et fils, et que y prenant ci après sa nourriture, il s'en acquière la bienveillance et y puisse tenir le rang que sa naissance lui a acquise. » (1)

Il paraît, par une autre lettre de cette reine du 12 avril 1613, que le duc lui envoya deux de ses enfants (2).
La reine le chargea de réprimer à Nîmes une émeute à l'occasion de la nomination d'un sieur du Ferrier, ministre apostat, au poste de conseiller au présidial de cette ville. Ce du Ferrier s'était déclaré ouvertement pour le parti de la cour. Le synode général des églises réformées tenu à Privas en 1612 pour le punir d'avoir pris ce parti, le destitua. Le roi le dédommagea par un office de conseiller au présidial de Nîmes, et l'y fit installer par un maître des requêtes. C'est ce qui donna lieu à une émeute que le duc d'Uzès eut grand'peine à apaiser.
La régente l'en remercie et en reconnaissance le fait remettre en possession de son château d'Aimargues, forteresse fort importante durant les guerres de religion (3). Pendant ce temps d'autres troubles plus graves avaient lieu sur d'autres parties du royaume:

(1) Archives ducales. Inventaire, page 43.
(2) Archivas ducales. Inventaire, page 43, verso.
(3) Archives ducales. Inventaire, page 48.
Aimargues, aujourd'hui commune du canton de Vauvert (Gard), avait le titre de baronnie et députait aux états.
Comme armoiries, Aimargues porte : d'azur à une rivière d'argent, ombré d'azur sur laquelle est une croix flottante à destre de sable.

Condé et les princes, ainsi que beaucoup de gentils-hommes levaient l'étendard de la révolte. Après bien des pourparlers la paix fut signée entr'eux et la reine, le 15 mai 1614, à Sainte-Menehould ; paix qu'on appela malotrue. Par ce traité la reine augmentait les dignités et les pensions des seigneurs mécontents et promettait une prompte convocation des états généraux, mais le duc de Vendôme, fils de Henri IV et de Gabrielle d'Estrées, jeune homme turbulent, médiocre et vicieux, ne voulait pas reconnaître le traité de paix. La reine considérant le duc d'Uzès comme un de ses meilleurs amis, lui exprimait dans une lettre du 13 juillet 1614, toute la peine que lui causait la désobéissance de son neveu le duc de Vendôme (1), et le 7 août suivant elle lui écrivait de nouveau qu'elle était partie pour Poitiers et Nantes, pour réprimer l'insurrection. Les populations, irritées contre les fauteurs de désordres, saluèrent le jeune roi de leurs acclamations et le duc de Vendôme se soumit dés la fin du même mois.
Marie de Médicis et Louis XIII rentrèrent à Paris pour la majorité du roi, qui commença sa quatorzième année le 27 septembre 1614.
Devenu majeur, le roi Louis XIII annonce au duc d'Uzès qu'il a pris le gouvernement du royaume dans la lettre qui suit, datée du 8 octobre 1615 (2) :

« Mon cousin, Dieu m'ayant fait la grâce de me faire par venir à l'âge de ma majorité, et ayant selon les loys de cet état pris des mains de la reine madame ma mère le gouvernement et conduite de mon royaume, je vous ay bien voulu faire ce mot pour vous en avertir et vous dire aussi que madame et mère m'ayant fait scavoir le soin et affection que vous avés aporté par ce-devant et pendant ma minorité au bien de mes affaires et service, il m'en demeure tout contentement et vous en scay fort bon gré, vous priant de continuer en ce bon devoir en mon endroit, avec l'affection et fidélité que vous avez fait jusques icy, et vous asseurer que j'auroi de ma part bonne souvenance de reconnaître vos services et ne perdroi aucune occasion de vous faire paroître des effets de ma bienvaillance en votre endroit. Priant dieu mon cousin, vous avoir en sa sainte garde.
Écrit à Paris, signé Louis, etl plus bas Philipeaux.
A mon cousin le duc d'Uzès, pair de France (3). »

(1) Archives ducales, Inventaire, page 47.
(2) Archives ducales, Inventaire, page 50.
(3) Archives ducales, Inventaire, p, 49.

La reine-mère écrit en même temps au duc d'Uzès une lettre pour lui rendre compte de la cérémonie de déclaration de majorité qui eut lieu au Parlement (1).
Par une autre lettre, en date du 10 octobre 1615 (2), elle l'engage à venir pour accompagner en Espagne sa fille, Élisabeth, qu'elle se propose de marier à Philippe IV roi d'Espagne, en même temps que le roi son fils épouserait l'infante Anne d'Autriche.

(1) Archives ducales, Inventaire, page 49.
(2) Archives ducales, Inventaire, pages 50 et 51.

On sait que Marie de Médicis, malgré l'opposition du prince de Condé et de ses adhérents, réalisa ce que l'on appelait alors les mariages d'Espagne.
L'échange des deux princesses eut lieu le 8 novembre 1615 à Andaye, sur la Bidassoa, et le duc de Guise emmena Anne d'Autriche à Bordeaux, où Louis XIII et Marie de Médicis étaient venus l'attendre. L'union des deux époux fut célébrée dans la cathédrale de cette ville, le 26 du même mois.
La cour quitta Bordeaux le 17 décembre et reprit la route du Nord, escortée par le duc d'Epernon et protégée par les deux corps d'armée de Guise et de Bois-Dauphin, car les hostilités, n'avaient pas cessé. Les mécontents, obligés d'abandonner la campagne en Gascogne, étaient très forts en Languedoc, où Rohan avait décidé l'assemblée générale des réformés de Nîmes à s'unir au prince de Condé.
Le traité d'alliance entre Condé et l'assemblée de Nîmes fut signé le 27 novembre 1615 au camp de Sauzay. Le prince venait d'entrer en Poitou et d'y opérer sa jonction avec le duc de la Trémoïlle et le duc de Soubise, frère du duc de Rohan. Le contrecoup de ces événements se fit sentir à Uzès. Déjà au mois de mars 1615, cette ville avait eu la visite du duc de la Trémoïlle, peu après celle du duc Henri de Rohan (1), qui était le chef des révoltés. Ces derniers s'empressèrent de démolir la tour située au-dessus de la porte de la Condamine, dont la propriété était revendiquée par le duc d'Uzès. Celui-ci se plaignit au roi et, par une lettre du 10 octobre 1615. Sa Majesté lui promit de lui faire rendre justice quand le moment serait venu (2).

(1) Henri de Rohan alla loger cher le sieur de Marceux, dans la maison appelée la Providence, (aujourd'hui école des frères).
(2) Archives ducales, Inventaire, pages 50 et 51.

Toujours dévoué à la cour, le duc d'Uzès fit fortifier le château d'Aimargues, qui lui appartenait, afin de le soustraire aux Calvinistes. Ceux-ci, en effet cherchèrent à s'en emparer, mais ils en levèrent le siège lors de la proclamation de l'Édit de Blois, le 14 mai 1616, qui mettait fin aux hostilités à la suite des conférences de Loudun.
Une des conséquences de l'Édit de Blois fut le renvoi du chancelier de Silleri, remplacé par du Vair, premier président du Parlement de Provence. Il arriva à ce dernier une affaire qu'il est bon de raconter puisque le due d'Uzès y prit part :
Au Conseil du roi, comme dans les autres assemblées, le nouveau chancelier prenait le pas sur les ducs et pairs. Ceux-ci souffraient avec peine des façons d'agir du magistrat, mais aucun d'eux n'osait s'y opposer ouvertement.
Les ducs de Montpensier, d'Uzès, de Montbason, de Retz et quelques autres s'adressèrent, à ce sujet, à d'Epernon comme au plus âgé de tous ceux du même rang, et, il faut bien le dire, comme au plus audacieux.
Pour faire un coup d'éclat il choisit le jour de Pâques et l'église de Saint-Germain- l'Auxerrois, où le roi, accompagné de toute sa cour, entendait une messe solennelle.
Du Vair n'avait pas manqué de se mettre au-dessus des ducs et pairs, mais il ne garda pas longtemps sa place. D'Epernon le prit par le bras et l'en fit sortir en lui parlant avec mépris.
Le magistrat s'en plaignit au roi et le duc d'Epernon fut vertement réprimandé.
Par l'Édit de Blois, le prince de Condé était devenu tout-puissant et faisait sentir son pouvoir à la reine, à ses favoris et surtout au maréchal d'Ancre. Les partisans du prince crurent que tout leur était permis, et ils avaient adopté pour mot de ralliement Barre-à-Bas, qui désignait le trône comme le but de l'ambition du prince (1). En face de toutes ces prétentions, la reine-mère prit un parti énergique. Le 1er septembre 1016, elle fit arrêter au milieu du Louvre et enfermer à la Bastille le prince de Condé.
Tandis qu'elle traitait ainsi ce prince; elle accordait à son fidèle ami, le duc d'Uzès, des lettres patentes du 4 août 1616 pour lever une compagnie de 200 hommes d'armes des ordonnances de S. M. qui devait porter le nom de la reine (2).

(1) Une barre dans les armes de Condé les distinguait seulement des armes royales. Demander que cette barre disparut c'était demander qu'il fut roi.
(2) Archives ducales. Inventaire, page 9, verso.

Et à quelque temps de là, le 31 décembre 1619, le duc d'Uzès était reçu chevalier et commandeur des ordres du roi, dans l'église des Grands-Augustins, à Paris (1).
Cependant la reine-mère et son confident Concini (maréchal d'Ancre) (2) devenaient aussi victimes des vicissitudes humaines.
Un simple gentilhomme, Charles Albert de Luynes, qui s'était emparé de l'esprit du roi, en dressant pour l'amuser, des oiseaux de proie, lui persuada de se défaire du ministre pour secouer le joug de sa mère qui voulait perpétuer la régence. Concini fut arrêté et assassiné à l'instant même parce qu'il paraissait vouloir se défendre et la reine fut exilée á Blois.
Quelque temps après ces événements importants, le duc d'Uzès quitte Paris et la cour pour se rendre dans le Midi et ne tarde pas d'arriver à son château de Charmes en Vivarais. Dès que les habitants d'Uzès en sont informés, les sieurs de Boileau (3), premier consul, et Barletier, deuxième consul, sont députés pour aller l'y complimenter. Le duc promet de venir bientôt à Uzès. II y arrive en effet le 27 avril 1620. On lui fait une entrée triomphale a la porte Saint Étienne. Les consuls le complimentent en avant de la dite porte, accompagnés des conseillers politiques et lui font un cortège jusqu'à son château ducal, au bruit des tambours et des salves de mousqueterie. Le duc, fit un long séjour à Uzès au grand contentement des habitants.

(1) Archives ducales, Layette, page 7.
(2) On raconte que !a reine-mère ayant demandé à une dame de la cour (probablement à la duchesse d'Uzès qui avait beaucoup d'esprit) de lui apporter son voile, cette dame répondit : « Un navire qui est à l'ancre (au maréchal d'Ancre) n'a pas besoin de voiles ».
(3) Cette famille existe encore sous le nom de Boileau de Castelnau et et habite Nîmes.

Il visitait souvent les capucins qu'il avait fait venir en 1617, et qu'il avait établis dans un monastère en face la tour du roi (1).
Il s'intéressait beaucoup aussi à l'Académie d'Uzès, qui probablement grâce a lui, fut maintenue dans le droit de délivrer des diplômes aux bacheliers (2).
Cependant le prince de Condé que le roi avait fait mettre en liberté, ne tarda pas a déployer encore l'étendard de la révolte. L'assemblée générale des religionnaires tenue à Nîmes, par Henri de Rohan, convint des articles de l'union avec le prince, et nomma pour général dans le bas Languedoc, le comte de Candale (3).

(1) Ce monastère est situé prés du marché aux cochons. Plus tard, le duc d'Uzès fit bâtir aux capucins une église et un couvent près de son château, et un caveau fut construit sous l'église pour la sépulture des ducs d'Uzès.
Aujourd'hui le couvent des capucins est occupé par la gendarmerie et l'église est transformée en remise et écuries. En 1842 on a transporté les ossements des ducs dans le caveau actuel du duché.
(2) Registre des délibérations de lit ville d'Uzès, 1605-1617. B. B. 6.
(3) Histoire abrégée de la ville de Nîmes, page 91.

On se pourvût d'armes et de munitions. Le duc Henri de Rohan et le duc de Montmorency se livrèrent des combats acharnés. Beaucoup d'églises furent détruites.
Rohan prit d'assaut le château de Saint-Siffret, qui appartenait au prévôt de la cathédrale d'Uzès. Une trentaine de catholiques et quelques ecclésiastiques qui s'y étaient réfugiés furent passés au fit de l'épée.
De plus braves évènements se passaient ailleurs. Une armée entière était dirigée contre les protestants qui s'assemblaient à la Rochelle, levaient des impôts, achetaient des armes et projetaient la division de la France en huit cercles fédératifs. Le roi s'empara du Béarn qu'il réunit au domaine de la couronne. Puis, Luynes qui avait pris le titre de connétable sans avoir jamais manié l'épée, conduisit le roi 'au siège de Montauban ; ils échouèrent devant cette ville ; Luynes y trouva la mort, et la roi fut contraint de confirmer l'édit de Nantes et de faire grâce aux rebelles.
La paix fut rédigée, sous forme de déclaration royale et signée le 19 octobre 1622, Par un article du traité de paix, toutes les nouvelles fortifications élevées par les réformés devaient être démolies. Le duc de Créqui, gendre du connétable de Lesdiguières, ne tarda pas a venir à Uzès, avec la mission de démolir les fortifications de la ville, conformément au traité de 1622. Il descendit au château ducal, où se trouvait en ce moment la duchesse d'Uzès, et celle-ci obtint la conservation du bastion de Soubise, construit non loin du duché. La ville s'empressa de l'en remercier (1).
Bientôt le duc d'Uzès vint la rejoindre après avoir séjourné quelque temps à son château d'Aimargues, où une députation alla lui offrir les hommages de sa bonne ville d'Uzès. (2).
Vers la fin de l'année 1624, le duc et la duchesse d'Uzès se rendirent à Paris pour assister au mariage de leur fils aîné avec Mlle de la Châtre (3), qui fut célébré au commencement de l'année 1625, et cette même année ils assistèrent, avec les jeunes époux, aux fiançailles de Charles Ier roi d'Angleterre avec Henriette Marie de France, à Paris, le 11 mai 1625. Le cérémonial fut calqué sur celui des funestes noces du roi de Navarre avec Marguerite de Valois. Le 24 du même mois, le duc de Buckingham vint à Paris pour chercher la jeune reine, et sa présence fut l'occasion de nombreuses et brillantes fêtes. Lui-même déploya dans son ambassade une magnificence inouïe et une galanterie audacieuse dont la reine elle-même était l'objet.

(1) Registre des délibérations de la ville d'Uzès.
(2) La seigneurie et le château d'Aimargues appartenaient à la maison d'Uzès depuis la donation qui eu fut faite en l'an 1186 par Raymond VI, comte de Toulouse, à Raymond Decan dit Rascas. Le château était vaste et bien fortifié encore au XVIIe siècle. Il fut maintes fois pris et repris par les divers partis durant les guerres religieuses.
L'amiral de Coligny, en traversant ce pays, en 1570, l'attaqua, mais ne put s'en emparer. Par ordre de Louis XIII il fut démantelé en 1630.
(3) À cette occasion, la ville d'Uzès offrit à la comtesse de Crusso une bague en diamant (Registre des Délibérations, 1625).

Pendant le séjour de Buckingham en France, la guerre civile s'était propagée dans le Midi, mais Richelieu, qui avait alors toute la confiance du roi (1) et qu'il conserva de longues années, avant de combattre les protestants, voulut relever le prestige du roi en Europe et terminer surtout l'affaire de la VaIteline, cette province que les Espagnols avaient enlevée aux grisons et qu'ils conservaient à l'aide des troupes papales.
Richelieu fit convoquer par le roi, à Fontainebleau, une assemblée de notables composée des princes, ducs, pairs et grands officiers de la couronne, des premiers présidents et procureurs généraux des cours souveraines, du prévôt des marchands de Paris et de quatre prélats délégués par l'assemblée du Clergé séant en ce moment à Paris (2). L'assemblée dont faisait partie le duc d'Uzès comme duc et pair de France approuva la conduite et les vues de Richelieu, et en peu de temps celui-ci, secouant toute considération de hiérarchie religieuse, envoya une armée contre le Pape, qui soutenait les Espagnols. Les troupes du Pape furent battues et la Valteline rendue aux Suisses.

(1) On raconte que le duc d'Epernon descendant l'escalier du Louvre rencontra le cardinal de Richelieu qui lui demanda s'il ne savait pas quelques nouvelles : « Oui, lui répondit-il, vous montez, je descends ». II venait en effet de s'apercevoir que son crédit s'affaiblissait devant celui de Richelieu.
(2) Histoire de France par H. Martin, tome II, page 224.

Sûr de garder désormais en Europe l'ascendant qu'il avait pris, Richelieu dirigea ses forces contre les protestants. Conformément au vote de l'assemblée des notables qui eut lieu le 2 décembre 1626, il s'occupa de faire démolir dans tout le royaume les principales places fortes où les rebelles trouvaient un asile. La plus importante de toutes, La Rochelle, était depuis les guerres de religion au pouvoir des Huguenots. Richelieu n'attendait qu'une occasion favorable pour tourner contre cette ville toutes ses forces, lorsque les protestants vinrent la lui fournir d'eux-mêmes.
Le 11 septembre l627 ils étaient réunis à Uzès en assemblée générale quand leur chef, le duc de Rohan, donna lecture d'une lettre de leurs coreligionnaires de La Rochelle, annonçant que le roi d'Angleterre leur accordait aide et protection jusqu'à ce qu'ils eussent un ferme repos et solide contentement.
L'assemblée accueillit avec enthousiasme l'intervention du roi d'Angleterre et la nouvelle que son premier ministre, le duc de Buckingham, venait d'aborder à lîle de Ré avec une flotte de quatre-vingt-dix vaisseaux montés par 16.000 hommes.
Richelieu apprit ces préparatifs avec un secret contentement. II entreprit lui-même le siège de La Rochelle, ce rempart du protestantisme qui paraissait imprenable et qui était défendu par un intrépide marin, Jean Guiton.
Richelieu enveloppa la ville, du côté de la terre, par une ligne de circonvallation de trois lieues; du côté de la mer, par une digue gigantesque de sept cents toises qui formait l'entrée de la rade. Trois fois la flotte anglaise, commandée par Buckingham, essaya de forcer la digue, trois fois elle fut repoussée. Richelieu, tour à tour général, ingénieur et administrateur, était présent sur tous les points menacés. Enfin, après quatorze mois de résistance héroïque la ville se rendit. Louis XIII, usant de sa clémence, accorda aux rochellois la vie, les biens et l'exercice de leur religion (28 octobre 1628).
Les fortifications furent rasées, et non-seulement le calvinisme fut abattu comme parti politique, mais aussi l'aristocratie qui souvent n'embrassait la réforme que comme moyen d'opposition.
Lé duc de Rohan, après avoir tenu quelque temps dans le midi, vit sa cause perdue et se soumît au roi.
Durant tous ces événements, le duc d'Uzès ne cessa d'être dévoué à la royauté. Il était très aimé à la cour et jouissait d'une grande influence qu'il mettait quelquefois à profit pour les habitants d'Uzès. C'est ainsi que quelque temps après le siège de LA Rochelle, en 1829, il leur rendit un grand service.
Le roi Louis XIII campait avec son armée à Saint Chaptes, revenant de soumettre Alais (Alès). La ville d'Uzès, qui sous le duc Henri de Rohan avait secoué l'autorité royale, était bien menacée. Elle envoya des députés auprès du roi pour faire sa soumission. Le duc d'Uzès voulut bien les accompagner et les présenter à S. M., et grâce à sa bienveillante intervention ils obtinrent le pardon de leur révolte. Les registres des délibérations de la ville constatent que des présents furent envoyés à cette occasion au roi, au cardinal de Richelieu et au duc d'Uzès.
Ce fut le Ier juillet 1629 que le roi reçut á St-Chaptes les députés d'Uzès à qui il promit de venir dans leur ville (1). Il se rendit à Collias le même jour, en partit le 3, fit passer son armée sur le pont du Gard (2) et arriva à Bezouce où il séjourna plusieurs jours. Enfin, le 10 du même mois il fit son entrée à Uzès, venant de Collias, par l'ancienne route allant à Beaucaire, aujourd'hui appelée le chemin de Carrière. Il avait envoyé en avant un détachement de ses gardes occuper le fort de Saint-Ferréol et ordonné qu'on abattit une partie des remparts près la porte dite du Portalet, pour de là se rendre à son château (aujourd'hui les prisons).

(1) Mémoires de Bassompierre, tome IV, page 58.
(2) Le pont moderne adossé au pont du Gard pour l'usage du chemin n'existait pas encore, mais le duc de Rohan, pour la commodité du transport de son artillerie dans ses courses fréquentes, avait fait échancrer les piles du second rang, du côté du couchant, et y avait pratiqué un passage dont on aperçoit encore les traces et qui servit à l'armée de Louis XIII.(*)
(*) Nota nemausensis : Erreur d'Albiousse sur l'origine des échancrures du Pont-du-Gard, elles ne peuvent être dues au duc de Rohan (1579-1638) car elles figurent déjà sur un dessin de Poldo d'Albenas datant de 1560 !

Les consuls et les habitants, prévenus de ses intentions, firent travailler de suite et toute la nuit à démolir la muraille(1) et à préparer des meubles convenables pour les pièces de l'antique donjon qui lui appartenait et qu'un de ses ancêtres avait acheté à la maison d' Uzès.
Désireux de plaire au roi, les habitants construisirent à la brèche un arc-de-triomphe en verdure, décoré d'armoiries et de devises à la louange du roi et au-dessus duquel ce prince était représenté dans un tableau peint à l'huile, à cheval, armé de pied en cap, la lance sur la cuisse et couronné de lauriers.
Les quatre consuls en robe rouge, suivis du conseil de ville, haranguèrent le roi à genoux et lui présentèrent, dans cette posture les clefs de la ville dans un bassin d'étain fin. Le roi leur ordonna de se relever et de remettre les clefs au maréchal de Bassompierre, l'un des seigneurs de sa suite.
Le roi étant entré dans la ville descendit de cheval et se rendit à son château par la rue de la fontaine de Saint-Théodorit, appelée communément La fon de la villo.
Le cardinal de Richelieu arriva en litière peu à près le roi ; il passa également par la brèche et fut harangué par les consuls, mais non à genoux. Il se rendit au château du roi et de là au logis du Merle (2) où on lui avait préparé un logement. Le maréchal de Bassompierre, par ordre du roi, fit le tour et la visite des fortifications.

(1) Cette démolition eut lieu près de la porte dite du Portalet. Ce quartier s`appelle depuis lors la Brèche.
(2) Cette maison est située dans la grande bourgade.

Sur ces entrefaites une contestation s'éleva entre les consuls de la ville et les officiers du roi, au sujet des droits et gratifications dont ceux-ci se prévalaient, prétendant être entrés dans une ville conquise. Ici encore les consuls eurent recours á l'obligeance du duc d'Uzès, qui fit réduire considérablement le chiffre des gratifications.
Le 11 au matin, le roi donna un édit de pacification daté d'Uzès, appelé cependant paix de Nîmes, parce que ce fut dans cette ville qu'il fut publié solennellement pour la première fois. Le roi partit le lendemain à midi après son déjeuner, pour retourner coucher au château de ColIias. Il fut accompagné des acclamations de la population, lesquelles redoublèrent quand, à la porte de la Barrière, il ordonna au maréchal de Bassompierre de rendre aux consuls qui l'accompagnaient en robe, les clefs de la ville. Ceux-ci les reçurent à genoux avec de grands remerciements et de vives protestations de fidélité et d'obéissance.
Ce fut après son départ d'Uzès, que le roi étant à Nîmes, ordonna la démolition des fortifications de notre ville, par une lettre du 15 juillet 1629.
Le maréchal de Bassompierre revint plusieurs fois à Uzès pour faire opérer cette démolition, et il plut beaucoup aux habitants par son esprit et son air jovial.
Les frais de démolition furent répartis entre toutes les villes du diocèse, à l'exception du village de Collias et de tout ce qui appartenait aux enfants du marquis de Portes, tué l'année précédente, au siège de Privas, et dont la femme, Louise de Crussol, était sœur du duc d'Uzès.
Le roi repartit de Nîmes le 15 juillet pour Paris, laissant le cardinal en Languedoc avec plein pouvoir pour commander en son nom dans tout le Midi.
La puissance de Richelieu augmentait de plus en plus et avec elle aussi l'acharnement de ses ennemis. Il sembla un moment que les efforts de ces derniers allaient être couronnés de succès. Louis XIII tomba dangereusement malade, et les deux reines profitèrent de sa faiblesse pour lui arracher le renvoi de Richelieu ; mais celui-ci ne tarda pas à voir le roi et à reprendre sa puissance. Ses ennemis courbèrent la tête ; ce fut la journée des dupes. La reine mère elle-même fut sacrifiée. Elle se retira à Bruxelles, où elle mourût quelques années après de misère et d'ennui. Le duc d'Orléans se retira en Lorraine, où il rassembla quelques troupes pour attaquer ouvertement le ministre, qui régnait plus que le roi lui-même. II entraîna dans sa révolte, son beau-frère le maréchal de Montmorency, gouverneur du Languedoc. La jonction de leurs troupes eut lieu à Castelnaudary ; ils furent battus, et le maréchal de Montmorency, criblé de dix-sept blessures, après des prodiges de valeur, resta prisonnier.
Notre ville ne prit aucune part à cette révolte, grâce au duc d'Uzès. Aussi le roi lui écrivit le 28 août 1632, la lettre suivante :

« Mon cousin, j'ai reçu votre lettre du 17 de ce mois et veu par y celle ce que vous avés contribué par votre affection au bien de mon service pour fortifier les habitants de la ville d'Uzès dans les bonnes résolutions qu'ils ont prises de se maintenir soulz mon obéissance, dont je vous en scay trés bon gré. Ce que je vous ay bien voulu faire connaître par cette cy et vous exhorter de continuer les mêmes soins, assuré que je les scauray bien considérer selon leur mérite. Je me suis avancé jusqu'en ce lieu, d'où je pars demain pour continuer mon voyage, pendant lequel je ne ferai aucun séjour pour me rendre par delà le plus tôt que je pourroi ; scachant que je suis désiré avec impatience par mes bons serviteurs, qui attendent de ma main le remède aux maux qui ont été suscités dans la province par la rébellion du duc de Montmorency et de ses adhérans ; dont ils ne peuvent éviter la punition que mérite la faute qu'ils ont commise contre leur devoir.
Sur ce je prie Dieu, mon cousin, vous avoir en sa sainte garde.
Ecrit à Moulins. Signé Louis, et plus bas, Philipeaux. »

Le roi ne tarda pas de venir en Languedoc. Sa présence contribua puissamment à la pacification de cette province, et le duc d'Orléans, obligé de céder, fit la paix avec son frère.
Richelieu acheva de rétablir l'ordre dans la province par des mesures rigoureuses ; plusieurs citadelles et plus de cent châteaux féodaux furent non seulement démantelés, mais démolis (1). Beaucoup de seigneurs et d'officiers royaux perdirent, les uns leurs fiefs, les antres leurs charges, et le roi en disposa en faveur de ceux qui l'avaient servi (2).

(1) Histoire du Languedoc, tomme V, page 593.
(2) Vers cette époque, en 1631, Louis XIII fit une promotion de chevaliers du Saint-Esprit) dans une cérémonie à laquelle le due d'Uzès assista en qualité de chevalier de cet ordre, (Il avait été nommé à la précédente promotion de 1611).
On raconte que le comte de *** ayant sollicité pour être de cette promotion, le cardinal de Richelieu l'éconduisit en lui disant : « vraiment, Monsieur, je m'étonne que n'ayant jamais servi ni le père, ni le fils, vous prétendiez avoir le saint-Esprit. » Le comte, effectivement, n'avait ni embrassé le parti de Henri IV, ni jamais été à la guerre sous Louis XIII.

C'est ainsi que par brevet en date du 28 décembre 1632, le roi étant à Montpellier, donna au duc d'Uzès, en reconnaissance de ses bons et agréables services, tous les biens appartenant au marquis de Pérault sénéchal qui s'était révolté contre Sa Majesté (1).

(1) Archives ducales. Inventaire, Page 6. verso.

De Montpellier, le roi et le cardinal se transportèrent le 2 octobre à Béziers, où le roi convoqua et ouvrit en personne les états du Languedoc.
L'assemblée se tint dans l'église des Augustins. On fit élever dans le fond de cette église, du côté du grand autel, une estrade recouverte de tapis, et au haut de laquelle s'élevait le trône, couvert de velours cramoisi, bordé de galons d'or avec un dais de la même étoffe. Le roi s'étant assis sur son trône, le marquis de Gordes, et le comte de Chaslus, capitaine des gardes, se placèrent debout et découverts aux deux côtés du fauteuil du roi, que les gardes entouraient.
La reine, suivie des duchesses d'Uzès, de Chevreuse, de Montbazon, et de plusieurs autres dames, se plaça dans une tribune élevée, où elles pouvaient voir la cérémonie sans être vues.
À côté droit du roi, au bas de l'estrade, s'assirent sur des pliants, les cardinaux de Richelieu et de La Valette ; les maréchaux de Vitri, de la Force, de Châtillon et de Schomberg; les ducs d'Uzès, de Retz, de Ventadour, s'assirent du côté gauche, et puis derrière, à droite et à gauche, un très grand nombre de personnes.
Tout le monde étant placé, le roi fit connaître ses intentions par l'intermédiaire de son garde des sceaux. Il rendit aux états la liberté de s'assembler chaque année, avec tous les droits et privilèges antérieurs, et fixa à 1 million 50.000 livres l'octroi annuel que devait faire la province à la couronne.
Après les états provinciaux, la cour se rendit de Béziers à Toulouse; le 27 octobre, Montmorency qui avait été conduit à Lectoure après le fatal combat, fut amené dans la capitale de son ancien gouvernement et livré au Parlement de Toulouse, chargé de son procès, par la déclaration royale du 23 août, qui avait dépouillé le duc des privilèges de la pairie.
L'arrêt fut rendu le 30 octobre 1632 au matin, et le même jour Henri de Montmorency fut décapité, non sur la place publique comme le portait l'arrêt, mais dans la cour de la maison de ville. (Ce fut la seule grâce que lui accorda Louis XIII). II n'avait que trente-huit ans. En lui finit la branche ainée de la maison de Montmorency., si féconde en héros. (1)
Par cette mort le duc d'Uzès devint le doyen des pairs et prit le titre de premier duc et pair de France (2). Cependant le roi se préparait à commencer, en Roussillon, les hostilités contre le roi d'Espagne; auquel il avait déclaré la guerre.

(1) L'intrigue du cabinet sous Louis Xlll, par Anquetil, tome I, page 385.
La pairie de Montmorency remontait à Henri II en 1553.
(2) Si le duc d'Uzès était le doyen des pairs, le duc de la Trémoïlle était le plus ancien duc, l'érection de son duché de Thouars remontant à l'année 1563, en juillet.
Au chapitre de l'ordre du Saint-Esprit le duc de la Trémoïlle passait le premier après les princes du sang, mais la pairie prévalait au couronnement des rois, au Parlement et aux États.
Comme héritier de Charlotte d'Aragon, princesse de Tarente, les la Trémoïlles avaient en France le rang de princes étrangers, ce qui les faisait jouir à la cour de certaines prérogatives. Aussi leurs filles avaient le tabouret à la cour à l'âge de 7 ans.
Le duché de Thouars avait le singulier privilège de passer aux femmes à défaut, de descendance masculine.
(Chartrier de Thouars. -Documents historiques et généalogiques, pages 4, 79, 136 et 287).

Le maréchal de Brézé avait été chargé de faire le blocus de Perpignan, mais il ne put empêcher 9,000 Espagnols, débarqués à Collioure, de venir renforcer les assiégés (fin janvier 1642), ce qui retarda le succès des armes du roi.

On forma une nouvelle armée à Narbonne sous le commandement du maréchal de la Mailleraie, favori du puissant ministre de Richelieu.
Le duc d' Uzès, par une lettre du roi en date, du 8 février 1642, reçut l'ordre de se rendre avec sa compagnie à Narbonne (1), où il ne tarda pas d'arriver et de se mettre sous les ordres du maréchal. Celui-ci entra bientôt en campagne avec 16,000 hommes d'élite et le vicomte de Turenne pour lieutenant-général.

(1) Archives ducales. lventaire, page 56.

À peine arrivé sous les murs de Perpignan il jugea nécessaire de commencer par fermer aux ennemis la voie de la mer et on commença le siège de Collioure, le seul part par lequel les Espagnols pouvaient secourir Perpignan.
Aidé de la flotte française du Levant aux ordres du bailli de Forbin, général des galères le maréchal de la Mailleraie s'empara de Collioure et commença bientôt après la circonvallation de Perpignan dont le siège ne fut guère qu'un blocus.
Le roi ne tarda pas d'arriver au camp de Perpignan, mais sa santé s'étant altérée, il fut obligé, dès le mois de juin, de se retirer et il se rendit aux eaux de Meynes, village faisant partie aujourd'hui du canton d'Aramon (Gard).
Cependant, le siège de Perpignan continua et le 29 août 1642, la garnison fut obligée de capituler. Cette prise fut bientôt suivie de celle de Salces, ce qui termina la conquête du Roussillon qui depuis a toujours fait partie de la France.
Un Te Deum fut chanté à cette occasion dans la cathédrale de Perpignan en présence des principaux officiers de l'armée.
Cette victoire de Perpignan, ajoutée à tant d'autres, assura le triomphe de la politique de Richelieu.
La France s'élevait de plus en plus, Henri IV lui avait assuré l'indépendance, Richelieu lui donnait la suprématie. Elle reprenait, à la tête des nations, la préséance qu'elle avait eue lorsqu'elle guidait aux croisades Europe du moyen-âge.
Après cette belle conquête du Roussillon, le duc d'Uzès, qui y avait pris part, se rendit à Paris.
Le 20 avril 1643 le roi le manda dans sa chambre avec les autres ducs et pairs, et là, en présence de la reine et de ses enfants, du duc d'Orléans, du prince de Condé, des maréchaux et des grands officiers de la couronne, il fit lire devant eux, par un secrétaire d'État, une déclaration par laquelle il donnait, après sa mort, la régence à la reine son épouse, et à son frère le duc d'Orléans la lieutenance générale du royaume sous la direction d'un conseil de régence.
Le lendemain cette déclaration fut enregistrée au Parlement en présence des princes et des pairs.
Enfin, le 14 mai 1843 le roi mourut à l'âge de quarante-deux ans, quelques jours seulement avant la bataille de Rocroi, qui inaugura glorieusement le règne de Louis XIV.

Le 22 juin de la même année, Louis XIII fut enterré à Saint-Denis, et voici le nom des principaux seigneurs qui déposèrent dans le caveau royal les honneurs qu'ils portaient :
- Le duc de Saint-Simon, I'épée royale ;
- Le duc de Chevreuse, la bannière de France;
- Le duc de Luynes, la main de Justice
- Le duc de Ventadour, le sceptre (1) ;
- Le duc d'Uzès, la couronne royale.

(1) Le duc de la Trémoïlle, le plus ancien duc de France, remplissait en ce moment les fonctions de grand maître de la maison royale.
(Chartres de Thouars, page 136).

Le duc d'Uzès était placé dans cette cérémonie comme doyen des pairs de France, immédiatement après le prince de Condé.
Au lendemain de la mort de Louis XIII, sa veuve, Anne d'Autriche, s'était rendue au Parlement avec le jeune Louis XIV pour y tenir un lit de justice. Le duc d'Uzès y assista et comme chevalier d'honneur de la reine Anne et comme duc et pair de France.
Les dernières dispositions de Louis XIII furent modifiées, en ce sens que l'un donna à la reine la régence absolue en supprimant le conseil de régence.
Le cardinal Mazarin dont l'habileté avait capté depuis quelques années la faveur de Richelieu, obtint la confiance de la reine et fut nommé premier ministre. Ce qui amena les troubles de la Fronde, et tandis que les princes et presque tous les personnages du royaume changèrent plusieurs fois de parti, suivant leurs passions ou leurs intérêts, ni le duc d'Uzès, ni son fils ne prirent part à ces troubles. Ils restèrent l'un et l'autre les défenseurs de la royauté.
Au début de ces événements le duc d'Uzès en qualité de premier duc et pair de France, eut à s'occuper d'une affaire concernant la maison de La Rochefoucauld, et qui passionna toute la noblesse du royaume.
Le prince de Marsillac, fils ainé du duc de La Rochefoucauld, demandait pour sa femme le tabouret chez la reine, et pour lui, les honneurs du Louvre. Cette prétention peut paraitre fort oiseuse aujourd'hui, mais elle avait alors une grande importance et cachait une sérieuse ambition.
Les honneurs du Louvre n'étaient accordés en France qu'aux pairs du royaume et aux princes des maisons souveraines. Or, le duc de La Rochefoucauld vivant, son fils ne pouvait prétendre à la pairie, et il n'exerçait d'ailleurs aucune souveraineté. C'était donc un rang à part qu'il demandait pour sa maison.
Le prince de Condé, ami des La Rochefoucauld, se chargea de présenter au conseil la demande du prince de Marsillac. L'opposition fut fort vive. Les ducs et pairs se réunirent chez le duc d`Uzès, et on résolut de ne point souffrir qu'on accordât ce privilège à la maison de La Rochefoucauld. Toute la noblesse de France s'en mêla.
En vain le prince de Condé menaça-t-il publiquement de son inimitié tous ceux qui se rendraient chez le duc d'Uzès. Les assemblées n'en devinrent pas moins fréquentes et nombreuses et un acte d'union, signé par 800 gentilshommes, déclara « sans honneur et sans foi quiconque se séparerait de la cause commune. Si l'un des signataires était troublé ou attaqué en quelque chose que ce fut, tous s'engageaient à prendre ses intérêts, sans pouvoir s'en séparer, à peine d'être déclarés indignes du titre de gentilhomme. »
Consterné de la tournure inattendue de cette affaire, Mazarin n'épargna rien pour la terminer. Enfin le prince de Condé, étonné lui-même d'un déchainement, si furieux, abandonna le prince de Marsillac, et quatre maréchaux de France portèrent à la noblesse, au nom de la reine, les assurances qu'il ne serait rien innové à leurs honneurs, droits et prérogatives (1).

(1) Histoire de la Fronde, par le comte de Saint-Aulaire, tome 1, page 316 et suivantes.

Tandis que le duc d'Uzès avait à s'occuper au nom de la noblesse française, de l'affaire concernant la maison de La Rochefoucauld, il avait à lutter lui-même contre les prétentions de l'évêque d'Uzès. Ses ancêtres avaient eu à soutenir bien des procès contre les évêques, tantôt au sujet de la juridiction, tantôt au sujet des portes et murailles de la ville, tantôt au sujet du consulat, du port d'armes, des questions de préséance, etc. Lui-même avait en à prendre des mesures pour empêcher l'évêque d'Uzès de prendre le titre de comte.
Il semblait que plus la maison d'Uzès s'élevait en honneurs et en dignités, plus augmentait le nombre des contestations soulevées par les évêques.
Une des plus intéressantes est celle relative à la mouvance (1), que les évêques prétendaient avoir sur tout ce que les ducs d'Uzès possédaient dans leur duché, et même sur le château ducal.
Après bien des pourparlers et des lettres échangées, l'instance commença sur cet objet en 1656.
Mgr de Grillet, alors évêque d'Uzès, fit assigner au parlement de Paris, Emmanuel Ier de Crussol, duc d'Uzès, pour se voir condamner à lui rendre foi et hommage, lui réclamant en outre une reconnaissance constatant que les ducs d'Uzès étaient obligés aux entrées des évêques dans la ville, de tenir l'étrier lorsqu'ils descendaient de cheval,
L'évêque prétendait que par suite de l'excommunication du comte de Toulouse, prononcée par le Pape en 1207 et 1208, et des bulles par lesquelles il était dépossédé de ses terres et seigneuries, un de ses prédécesseurs, évêque d'Uzès en même temps que légat du Pape, s'était fait faire, en 1214, une donation des terres d'Uzès par le comte de Montfort, préposé par le Pape à la garde des pays conquis sur le comte de Toulouse par les croisés (2).

(1) Prédominance d'un fief sur un autre.
(2) Denisart Verbo, seigneur, n° 13.

Le duc d'Uzès établissait, au contraire, pour sa défense, que les terres du duché ont relevé des comtes de Toulouse, puis des rois de France depuis la réunion du comté de Toulouse à la couronne; que les prétendus titres de l'évêque prenant leur origine dans les guerres des Albigeois et l'excommunication du comte de Toulouse ne pouvaient constituer des droits sérieux ; qu'ils avaient d'ailleurs été abandonnés par les évêques au profit de nos rois, à qui seuls les ducs d'Uzès et leurs ancêtres durant plusieurs siècles avaient rendu foi et hommage (1).
Le procès dura fort longtemps et fut soutenu successivement par Mgr de Grillet, de Grignan, de la Vrillère et Poncet de la Rivière, mais enfin la maison d'Uzès finit par triompher et l'évêché fut débouté de presque toutes ses prétentions.
Ainsi que je l'ai déjà dit, le duc d'Uzès, durant tous les troubles de la Fronde, resta le défenseur de la royauté. Aussi jouissait-il à la cour d'une grande influence qu'il mettait volontiers à profit pour les habitants de son duché. C'est ainsi que nos archives municipales portent deux exemptions pour Uzès et le pays d'Usège du passage des troupes de guerres tant à pied qu'à cheval. La première exemption est accordée le 25 avril 1649 par Mgr fils de France, oncle du roi, Gaston duc d'Orléans, à son très cher cousin le duc d'Uzès, et à l'estime particulière qu'il fait de sa personne (2) la seconde, le 21 mai de la même année par la reine régente mère du roi, « désirant, (porte l'exemption), gratifier notre très cher et bien-aimé cousin, le duc d'Uzès, notre chevalier d'honneur » signé Anne (3).

(1) Archives ducales, layette 41. Mémoire du duc d'Uzès contre l'évêque Bouyn, pages 7 et 8.
(2) Archives municipales, série A A, layette 5, liasse 40, n° 1.
(3) Archives municipales, liasse 40, n° 2.
La ville d'Uzès fut très reconnaissante au duc des avantages de ces exemptions. Aussi ayant appris qu'il était tombé malade, ses consuls lui envoyèrent une députation pour lui témoigner toute la part que la ville prenait à son état et l'assurer du dévouement pour sa personne de tous les habitants d'Uzès. (Registre des Délibérations de la commune d'Uzès, année 1649).
Et l'année suivante .ses malles étant arrivées à Uzès pour lui être expédiées à paris, la ville profita de cette occasion pour lui envoyer quelque huile, anchois, sucre et autres provisions de carême, afin de reconnaitre les obligations de la ville envers Sa Grandeur.

A quelque temps de là la régence prit fin, Louis XIV ayant terminé sa treizième année le 5 septembre 1651. Le duc d'Uzès assista à la célèbre cavalcade qui fut faite le 7 septembre suivant pour la majorité du roi.
Partis du palais, le cardinal, le roi et toute sa cour se rendirent à la sainte chapelle où siégeait le Parlement. Le duc d'Uzès avait pris place au cortège en qualité de chevalier d'honneur de la reine, et dans la grand'chambre du Parlement il se plaça comme premier duc et pair de France à la droite du roi, immédiatement après Monsieur, duc d'Anjou, frère du roi (1).

(1) C'était le seul prince du sang présent à cette cérémonie.
Les branches collatérales de la maison de Bourbon étaient alors réduites à quatre princes : le duc d'Orléans en disgrâce à Blois ; le prince de Condé rebelle et proscrit ; son fils, le duc dEnghien, en exil à Bruxelles, et son frère, le prince de Conti, seul rentré en faveur, mais parti pour commander l'armée de Catalogne. C'était du reste la royauté à la Richelieu, la royauté sans princes, l'État fait homme.

Louis XIV annonça de sa propre bouche au Parlement que suivant les lois de son état il en voulait prendre lui-même le gouvernement; espérant de la bonté de Dieu que ce serait avec piété et justice.
Après avoir entendu plusieurs discours, le cortège retourna dans le même, ordre au palais cardinal, aux cris mille fois répétés de : Vive le roi !
On remarqua dans le cortège l'absence du prince de Condé. Il était toujours en état de révolte. II s'allia aux Espagnols et prit une part très active aux derniers troubles de la Fronde, notamment au combat de St Antoine, à Paris, en 1652. Heureusement, la cour put opposer au vainqueur de Rocroi un général fort habile, Turenne, qui finit par paralyser ses efforts. Mais les démarches qu'on tenta pour le ramener à son devoir ne purent aboutir. Le roi ordonna à son chancelier, au premier président et à deux conseillers de la grand'chambre d'instruire son affaire (22 décembre 1652) et de faire leur rapport en lit de justice au Parlement garni de pairs et présidé par le roi en personne, comme il était d'usage dans les causes des princes du sang.
Le parlement devait se réunir le 18 janvier suivant, mais la réunion fut retardée par un incident qui offrit un étrange contraste aux réflexions du public. Tandis qu'on ajournait Condé à son de trompe par devant le parlement, son jeune frère qui avait aidé sa sœur à l'entraîner dans la guerre civile et la trahison, arrivait à Paris pour épouser la nièce du cardinal Mazarin, Marie Martinozzi. C'était le gage de la réconciliation du prince de Conti avec la cour. Le procès du prince de Condé fut donc renvoyé au mois de mars, et voici la lettre que Louis XIV écrivit à ce sujet au duc d'Uzès :

9 mars 1654.
Mon cousin, je vous avais écrit le 12 janvier dernier de vous rendre en ma bonne ville de Paris dans la fin du mois pour entrer en ma cour de parlement et assister au ,jugement du procès criminel du prince de Condé ; mais comme pour quelques considérations la chose a été, remise et que j'ai résolu de faire juger ledit procès dans le 28 du présent mois pour tout délay, je vous ay voulu de rechef faire cette lettre pour vous en donner avis, et vous dire que vous avez à vous y trouver en ce temps là, et en cas que par indisposition ou autre cause Iégitime, vous ne vous puissiez rendre eu ma dite ville de Paris, dans le dit jour 28 de ce mois, vous ayez à me le faire sçavoir par la réponse que vous me ferez à la présente, laquelle je ne vous ferai pas plus longue que pour prier Dieu qu'il vous ait, mon cousin, en sainte garde. Écrit à Paris le 9 jour de mars 1654. Signé Louis, et plus bas Phelyppeaux. A la suscription. A mon cousin, le duc d'Uzès, pair de France.

A cette lettre est attachée une autre lettre du sieur Lavillière pour le même sujet, signée Lavillière.

Le 27 mars, dans un nouveau lit de justice, le prince fut déclaré « convaincu de lèse-majesté et félonie, déchu du nom de Bourbon et condamné à recevoir la mort en la forme qu'il plairait au roi. »
On sait que plus tard, à la paix des Pyrénées, en 1658, il fut stipulé que Condé se soumettrait au roi sans condition, et il rentra en grâce à l'époque du mariage du roi avec Marie-Thérèse d'Autriche, fille de Philippe IV d'Espagne.
Le duc d'Uzès ne put assister à ces derniers événements. Il mourut en effet le 19 juillet 1651 à Florensac, au couvent de cette ville, où il s'était retiré, après s'être, démis en faveur de son fils ainé, François de Crussol, de la charge de chevalier d'honneur de la reine mère (1).
Il laissa plusieurs enfants, savoir :
1° François, son successeur, quatrième duc d'Uzès.
2° Jacques Christophe, qui a fait la branche des marquis de Saint-Sulpice;
3° Louis, abbé de Figeac, surnommé le marquis de Crussol, décédé le 8 octobre 1704, laissant de Charlotte, veuve de la Rivière Bonneuil, décédée le 28 janvier 1669, Charles-Emmanuel, dit le marquis de Crussol, tué au siège de Keiserwet en Allemagne, le 20 octobre 1674, âgé de 22 ans ;
4° Alexandre Galiot, marquis de Montsalez, décédé en 1680, qui a fait la branche des marquis de Montsalez ;
5° Anne Gaston, seigneur de Florensac, tué au siège de Turin, en 1640 ;
6° Louise de Crussol, mariée à Hercule de Budos, marquis de Portes; chevalier des ordres du roi, vice amiral, morte en avril 1695 (2).

(1) Archives ducales. Inventaire, page 5.
(2) Dictionnaire de Moréri, tome IV, page 302.


-oOo-

Biographie des 9 ducs d'Uzès, sous l'ancien régime
>
Antoine de Crussol, premier Duc d’Uzès (1528-1573)
Madame de Clermont Tonnerre, épouse d'Antoine de Crussol - Premiere Duchesse d’Uzès
> Jacques de Crussol, deuxième Duc d'uzès (1540-1584)
> Emmanuel Ier de Crussol, troisième Duc d’Uzès (1570-1657)
> François Ier de Crussol, quatrième Duc d’Uzès (1604-1680)
> Emmanuel II de Crussol, cinquième Duc d’Uzès (1642-1692)
> Louis de Crussol, sixième Duc d'Uzès (1673-1693)
> Jean-Charles de Crussol, septième Duc d'Uzès (1675-1739)
> Charles-Emmanuel de Crussol, huitième duc d'Uzès   (1707-1762)
>
Les Aventures du Duc d’Uzès « dit le Bossu »
> François-Emmanuel de Crussol, neuvième Duc d’Uzès (1728-1802)
> Biographie parlementaire des Ducs d’Uzès
Le duché d'uzès
> Le château et les Ducs d'Uzès
> L’origine du Duché-Pairie d’Uzès
> De Crussol, Duc d’Uzès sur internet
> Biographie de la Duchesse d’Uzès sur internet (1847-1933)

> Contact Webmaster