Les Archives Départementales du Gard
Suite au déménagement des archives, que faut-il faire du bâtiment de la rue des Chassaintes ?  Un dossier très chaud pour nos Politiques décideurs. Pour en savoir plus sur sa valeur patrimoniale,  NEMAUSENSIS, se propose de vous conter son histoire par une série d'articles....
Au début il y avait les Chassaintes...

I
Les Chassaintes
Extrait de Histoire des paroisses du Diocèse de Nimes
par l'Abbé Goiffon, Nimes 1871



Les œuvres charitables - Les Chassaintes

Parmi les œuvres anciennes, il nous reste à en faire connaître deux qui furent chacune le moyen dont Dieu se servit pour ramener à l'Eglise catholique des âmes nombreuses que l'hérésie n'aurait pas manqué de perdre à jamais.

Antoine Chassaing, fils d'un marchand facturier en laines de la ville de Nimes, fut baptisé dans l'église cathédrale le 28 février 1711 ; il fit ses études ecclésiastiques à Avignon, où il conquit les titres de docteur en théologie et de licencié en droit ; ordonné prêtre par l'archevêque Maurice de Gontiers, le 4 juin 1735, il fut d'abord employé par l'évêque de Nimes en qualité de missionnaire diocésain, et fut, à ce titre, le compagnon du P. Brydayne pendant quelque temps ; il devint curé de Courbessac le 15 mars 1748 et curé de Bezouce au mois de novembre 1753 ; il resta peu dans cette cure ; la mort du second archidiacre de Nimes, Balthazard-Antoine Fléchier, neveu de l'ancien évêque de Nimes, ayant produit, le 9 novembre 1756, une vacance dans le chapitre cathédral, M. Chassaing fut installé comme chanoine le 17 du même mois.

Pendant ses courses apostoliques de missionnaire dans les territoires confiés au zèle des évêques de Nimes, d'Uzès, d'Alais, de Montpellier, etc., M. Chassaing fut souvent frappé des dangers que couraient grand nombre de jeunes filles que la mort ou l'abandon de leurs parents laissaient exposées à toutes les séductions du vice et aux périls du libertinage. Cette préoccupation le poursuivait partout ; et pendant une retraite qu'il prêchait aux paroissiens de la cathédrale de Nimes, il s'entretint de sa peine et de ses projets avec M. Thomas-Jean Pen, pour lors curé de la paroisse.

M. Pen, prêtre de la ville de Saint-Pol-de-Léon, docteur de la faculté de Paris, était un homme de grande vertu ; il ne gouverna guère que trois ans la paroisse de la cathédrale ; mais sa courte administration lui concilia l'amour et la vénération de ses ouailles, en même temps que la confiance de son évêque, qui le nomma son vicaire général.

Les pensées de M. Chassaing étaient trop conformes à celles du pieux curé pour que celui-ci pût les repousser, et, dès lors, ils travaillèrent de concert à la réussite de la fondation d'une maison que le peuple nîmois appela la maison des Chassaintes, du nom de celui qui, le premier, en avait conçu le projet, et qui en resta le seul soutien, lorsque la mort lui eut enlevé son collaborateur.

M. Pen se chargea de conférer du projet avec l'évêque de Nimes, Mgr de Becdelièvre. Le prélat examina soigneusement l'idée et lui donna son approbation ; aussitôt le curé loua une maison dans l'intérieur de la ville, et M. Chassaing se mit à recruter quelques filles d'une vertu éprouvée, exercées aux différents ouvrages manuels et propres à diriger l'entreprise ; il réussit promptement, et, dès le 8 octobre 1740, l’œuvre commença à fonctionner et plusieurs orphelines furent recueillies.

La mort frappa le curé Pen le 12 novembre 1741 ; il fut remplacé, dans le supériorat de la nouvelle maison, par le chanoine de Bousquet, vicaire général. M. de Bousquet appuya l'œuvre de tout son zèle et lui procura à ses frais la location d'un local plus commode que le premier. M. de Bousquet mourut, à son tour, en 1743, et M. Chassaing se trouva seul chargé de payer le loyer de la maison et de soutenir l’œuvre naissante avec les secours que lui fournissaient quelques familles charitables de la ville et du diocèse.

Mgr de Becdelièvre suivait avec intérêt les progrès d'une œuvre qui affermissait dans la foi catholique plusieurs nouvelles converties, et qui recueillait déjà de nombreuses orphelines ; aussi lui accorda-t-il sa haute protection et approuva-t-il le dessein que lui communiqua M. Chassaing de faire l'acquisition d'un terrain convenable pour y construire une maison propre à loger un certain nombre d'enfants et leurs maitresses. Le chois de M. Chassaing se porta sur un enclos situé dans le faubourg de la Fontaine ; cet enclos lui fut cédé à titre de locaterie perpétuelle et M. Arnaud baron de la Cassagne, eut la charité de dresser gratuitement le plan de la maison et d'en diriger la bâtisse.

Dans cet intervalle, l'évêque, assisté de son aumônier et de l'abbé Margan, curé de Saint-Césaire, reçut dans sa chapelle et bénit quatre ou cinq demoiselles de la ville qui lui furent présentées pour être les directrices de l’œuvre ; il leur fit une exhortation appropriée à la situation et leur nomma une supérieure.

La maison était en grande partie construite, en 1745 ; la communauté y fut transférée le 8 octobre 1746, et, par permission spéciale de Mgr de Becdelièvre, une chapelle y fut bénite dans laquelle on célébra dès lors le service divin. En même temps, l'enseignement professionnel prit tout son développement ; il comprenait, outre les fonctions du ménage, tous les travaux qui pouvaient faire des élèves d'habiles couturières, de bonnes ouvrières, de sages domestiques et des mères de famille chrétiennes les occupations ordinaires étaient la broderie en fil, en soie, en laine, en or et en argent, la couture, le filage, le dévidage, la confection des habits de femme, la lingerie et les ornements d'église ; comme on le voit, l’œuvre de M. Chassaing préparait aux jeunes filles qu'elle recueillait, le moyen de jouir plus tard de l'honnête indépendance que créent le travail et les habitudes d'une vie toujours et sérieusement occupée.

Le règlement de la maison était sagement établi et tenait compte du milieu dans lequel les jeunes orphelines devaient vivre plus tard. La nourriture des élèves était saine et abondante, mais ne différait pas de celle de la classe ouvrière ; les légumes y entraient pour la plus large part ; de temps en temps les viandes salées venaient en relever le goût, et deux fois la semaine seulement la viande fraiche paraissait sur la table. C'est encore le régime des ouvriers nîmois. Il était sage de ne pas donner aux enfants des habitudes qui auraient pu plus tard leur inspirer le dégout de leur position, les déclasser et les précipiter dans le vice.

Au commencement de l'année 1747, l’œuvre avait à sa charge vingt jeunes filles converties, tant de la ville que du diocèse et des environs, et plusieurs orphelines catholiques, sous la conduite de quelques directrices. En outre, la maison recevait des filles externes de la ville qui venaient tous les Jours en grand nombre apprendre à travailler et recevoir les leçons tout à fait gratuites des maitresses préposées à l’œuvre. C'est dés ce moment que, du nom du fondateur, naquit l'appellation des Chassaintes, quoique le nom officiel des directrices fut celui de sœurs du Sacré-Cœur de Jésus.

L'expérience avait prouvé que l’œuvre pouvait se soutenir ; il restait à lui donner une existence canonique au point de vue religieux et d'assurer son avenir au point de vue civil. C'est dans ce but que les directrices adressèrent une supplique motivée à Mgr de Becdelièvre. Cette pièce nous donne d'abord les noms de toutes celles qui étaient pour lors à la tête de la maison des Chassaintes ; c'étaient Anne-Françoise Roudil, Marie-Rose Auzéby, Suzanne Daradille , Marguerite-Madeleine Rédarès, Jeanne-Charles Guibal, Marie-Antoinette Bénier, Catherine-Françoise Légal et Marguerite-Agnès Chambon. Elles exposaient le bien que l’œuvre était appelée à faire pour la vertu des filles orphelines ou abandonnées, et rappelaient au prélat la bienveillance et la protection dont il avait toujours favorisé leur maison, et les bénédictions que la divine Providence ne cessait de répandre sur une fondation qui avait pu déjà former aux pratiques religieuses plusieurs jeunes personnes, tout en les préparant à des travaux utiles, au moyen desquels elles pourraient subsister sans être à charge ni à leur famille ni au public. L’œuvre, continuaient-elles, et approuvée de toutes les personnes de considération et de piété de cette ville ; aussi, pour rendre fixe et permanente une œuvre si nécessaire, elles s'adressent à l'évêque, qui petit leur fournir le moyen de l'asseoir définitivement. En conséquence, elles sollicitent l'érection de leur maison en communauté séculière soumise à l'autorité épiscopale, sous le titre de Maison de travail pour les pauvres filles nouvelles converties et autres orphelines ; cette érection devant permettre à l’œuvre de se pourvoir devant l'autorité royale et en obtenir les lettres patentes nécessaires à la communauté pour qu'elle pût recevoir des biens et des fondations. Les sœurs directrices offraient de plus de recevoir de l'évêque tels supérieurs qu'il lui plairait de nommer et d'obéir à tels règlements qu'il aurait approuvés ; en outre d'offrir à Dieu leurs prières pour la santé et la prospérité de Sa Grandeur.

Mgr de Becdelièvre répondit à cette supplique par l'ordonnance suivante :

« Nous, Charles Prudent de Becdelièvre, par la grâce de Dieu et du Saint-Siège apostolique, évêque de Nismes, conseiller du roi en tous ses conseils, etc. Vu la présente requête et voulant favoriser un si pieux établissement, avons érigé et érigeons ladite communauté des pauvres filles en communauté séculière, sous le titre de Maison de travail, laquelle communauté sera conduite et gouvernée sous notre autorité et juridiction et de nos successeurs, par tels supérieurs qu'il nous plaira de nommer, sous tels règlements qui seront par nous approuvés, soit pour le spirituel, soit pour le temporel, soit pour l'habillement. Déclarons très expressément par ces présentes que nous n'érigeons cette communauté qu'à condition, et non autrement, que nous et nos successeurs en serons à perpétuité les seuls supérieurs, pour y faire à tous égards tous les changements qu'on trouvera bons ; y établir des nouveaux règlements, y changer les anciens, sans qu'on puisse opposer l'usage contraire, même immémorial, pour refuser de se soumettre aux changements qu'il plaira à nos successeurs de faire dans cette maison ; consentons que les suppliantes sollicitent des lettres patentes de Sa Majesté, qui confirment l'établissement de cette communauté, et prions Dieu qu'il daigne répandre ses grâces et ses bénédictions sur les bons desseins des personnes qui ont commencé une œuvre si louable et si sainte, et qui continueront d'y contribuer par leurs soins et par leurs bienfaits.
- Donné à Nismes, dans notre palais épiscopal, sous notre seing et sceau de nos armes et le contreseing de notre secrétaire, l'année mil sept cent quarante-sept et le vingt-neuvième jour du mois de septembre.
- Signé: C. P., évêque de Nismes ; et plus bas : par Monseigneur : signé : MALLE, secrétaire. »

Cet acte donnait aux Chassaintes une existence religieuse et légale, mais il leur manquait encore la reconnaissance royale pour que la Maison du travail devînt apte à acquérir en qualité de personnalité civile ; dès ce moment les sœurs du Sacré-Cœur de Jésus commencèrent les démarches propres à obtenir un résultat si nécessaire, elles s'adressèrent d'abord aux autorités de la ville et en reçurent une approbation dont voici le texte :

« Nous, Maire et Consuls de la ville de Nismes, après avoir vu le projet d'établissement des filles du Sacré-Cœur de Jésus, qui a été approuvé par ordonnance de Mgr l'Évêque de Nismes, du vingt-neuvième septembre mil sept cent quarante-sept, estimons que cet établissement ne peut que tendre au bien public, pourvu néanmoins que les travaux qui se fairont dans la suite dans cette maison n'apportent aucun préjudice ni changement dans les règlements et statuts des différents corps du commerce et des arts et métiers de cette ville ; déclarant au surplus, au nom de la communauté, qu'elle n'entend, sous quelque prétexte que ce soit, contribuer en aucune manière, à présent ni à l'avenir, aux frais de l'établissement, logement et subsistance des filles dont cette congrégation sera composée, à quoi elles ont renoncé par exprès, sans laquelle renonciation et promesse la présente approbation demeurera nulle et sans effet, s'obligeant en outre lesdites filles de prendre de MM. les Maire et Consuls les alignements convenables dans les bâtiments qu'elles feront construire dans leur enclos. Fait en deux originaux dont l'un a été délivré à M. Chassaing, prêtre directeur des dites filles, et l'autre déposé dans les archives de la communauté. A Nimes, le dix-septième septembre mil sept cent quarante-huit. Suivent les signatures : Dions (Pierre-Rouvière, seigneur de Dions, juge-mage et maire de Nimes) ; Deidier, 1er consul, (Pierre-Isaac, docteur en médecine) ; Joubert (Charles-Louis, chevalier de Saint-Louis et lieutenant de maire) ; Mirande (Jacques M., marchand bourgeois, 2° consul) ; Charpin (Jacques C., chirurgien, 3° consul) ; Durant (François D., tondeur de draps, 4° consul) et Gassan, greffier. »

À cette approbation fut jointe celle-ci :

« Je soussigné, lieutenant de Roy et commandant à Nismes, atteste que l'établissement ci-dessus, en faveur des pauvres filles nouvelles converties ne peut que contribuer au bien et à entretenir le bon ordre dans cette ville ; ce vint et cinquième octobre mil sept cent quarante et huit. Signé : Beaupoil de Saint-Aulaire.»

Quelques jours après, les Chassaintes obtenaient encore l'attestation des principaux personnages de la cité : cette attestation est conçue en ces termes :

« Nous soussignés, dignités et chanoines de l'église cathédrale de Nismes, magistrats et autres principaux habitants de la ditte ville, attestons que l'établissement de la maison du travail, dite du Sacré-Cœur de Jésus, en faveur des pauvres filles nouvelles converties et autres orphelines ne peut ettre que très utile à l'avancement de la Religion catholique, aux bonnes mœurs et au commerce même étably dans cette ville. Nous ne saurions trop louer et le zèle des filles pieuses qui consacrent leur soin à cette œuvre et la générosité des personnes charitables qui contribuent de leurs biens à cet établissement dont les succès commencent à se répandre dans les villes voisines. À Nimes, ce 31 octobre mil sept cent quarante-huit
Suivent les signatures de cinq dignitaires du chapitre ; Causse, prévost ; Fléchier, archidiacre ; de Meaux, archidiacre; Ferrand, précenteur ; de Mérez, trésorier du chapitre ; de quatre chanoines ; du vicaire-général et official d'Esponchès ; de Leydier, juge des conventions ; de deux avocats du roi, Massip et Carrière ; de six conseillers au Présidial ; des anciens curés de Nimes, Abausit et Teissonnier, et du curé actuel, Jacomon ; de Ginhoux, syndic du diocèse ; de Clauzel, procureur du roi ; des deux procureurs au Sénéchal, Polge et Bragouse ; du sieur de la Calmette, conseiller et lieutenant particulier ; de divers membres de la noblesse, de la bourgeoisie et du commerce ; les divers ordres de la cité étaient donc largement représentés dans cette attestation.

Muni de toutes ces pièces et de nombreuses lettres de recommandation, M. Chassaing se rendit à Paris, du conseil de son évêque et avec l'appui de M. Lenain, alors intendant de Languedoc, pour solliciter des lettres patentes du roi.

Il fut parfaitement accueilli par le ministre d’État, le comte de Saint-Florentin, qui se chargea de proposer l'affaire au conseil du roi, ce qui fut fait au mois de septembre 1749. Le Conseil, après avoir demandé son avis à l'intendant de la Province et avoir fait prendre sur les lieux toutes les informations convenables, se réunit de nouveau le 13 janvier 1750, donna son approbation à l’œuvre et la déclara très utile au public et à la religion. Le roi ordonna même au comte de Saint-Florentin d'écrire que son conseil « trouve bon que les personnes qui sont dans cette maison continuent cette œuvre avec le même zèle. » La lettre faisait espérer sous peu les lettres patentes de confirmation. Malheureusement, l'édit du 2 août 1749 qui venait d'être rendu contre les gens de main morte, fit suspendre la concession et l'expédition de ces lettres, à cause qu'on n'offrait pour soutenir la maison et fournir à l'entretien de ses directrices que des rentes foncières sur des particuliers ; le Conseil du roi voulut aussi qu'une épreuve plus longue démontrât si la maison se soutiendrait ; il fixa à 2000 livres de rentes, sur contrats ou bénéfices unis, le minimum des revenus qu'il fallait assurer à l’œuvre avant sa confirmation.

Pendant que se faisaient ces démarches qui ne devaient réussir que près de quarante ans après, Mgr de Becdelièvre poursuivait un autre projet, celui de doter les faubourgs de Nimes de services paroissiaux devenus nécessaires par l'augmentation de la population. Les faubourgs unis de la Fontaine et de la Madeleine avaient surtout pris une grande extension et renfermaient une population évaluée à prés de 10000 âmes ; les Récollets étaient établis dans ce faubourg; mais, en général, ces religieux manquaient des pouvoirs nécessaires pour exercer les fonctions du ministère extérieur, et il arrivait assez souvent que les malades mouraient sans les dernières consolations de l'Église, la fermeture des portes de la ville ne permettant pas aux prêtres de sortir pour les leur apporter.

La création de la maison des Chassaintes offrit au prélat l'occasion d'y placer le premier centre de la paroisse qu'il se proposait d'établir dans cette partie de la cité.

Louis Pilléol, ancien inspecteur des manufactures de la ville de Nimes, par son testament de 1746, avait légué au chapitre de la cathédrale une somme de 3000 livres, sous la condition d'une messe perpétuelle et quotidienne pour le repos de son âme et de celles de ses parents et bienfaiteurs. Le chapitre, trouvant la condition onéreuse, répudia le legs. Les exécuteurs testamentaires se pourvurent auprès de l'évêque de Nimes, lui demandant de désigner une église ou une chapelle où le legs pourrait être accepté avec la condition posée. Mgr de Becdelièvre proposa la Maison des Chassaintes ; les exécuteurs testamentaires de Louis Pilléol s'y transportèrent et furent édifiés du bon ordre et de la régularité qui régnaient en cette œuvre, et, sur leur consentement, l'évêque accepta, par ordonnance de 1749 la fondation, dont l'acte fut passé dans l'étude du notaire Tempié. Un prêtre fut attaché à la maison et put s'occuper des intérêts religieux des faubourgs circonvoisins. Les femmes du quartier commencèrent, dès lors, à s'y réunir pour les offices du dimanche.

L'inutilité des démarches faites auprès de la Cour n'arrêta pas les progrès de l’œuvre ; la communauté des directrices ne rencontra aucune difficulté à son recrutement ; chaque année, des personnes de mérite vinrent s'adjoindre aux fondatrices ; chaque année aussi la maison vit sortir des élèves parfaitement instruites ; plusieurs furent honorablement établies dans la ville, d'autres prirent le voile aux Ursulines, d'autres, rentrées dans le monde, y furent un sujet d'édification par leur bonne conduite.

D'un autre côté, la protection des grands n'abandonnait pas la maison : en 1752, elle reçut la visite de M. de Saint-Pris, intendant de Languedoc, et de Mme de Saint-Prix ; un rapport de cette époque nous apprend qu'ils furent très satisfaits de tout ce qu'ils y virent et qu'ils louèrent beaucoup cette œuvre ; c'est à la suite de cette visite que la maison fut choisie pour être une de celles où le roi envoyait, par lettre de cachet, les orphelines qui se trouvaient en danger de perdre leur religion.

On était arrivé à l'année 1762, et le conseil du Roi n'avait encore pris aucune décision, quoique des demandes plusieurs fois réitérées l'eussent saisi de la question. M. Chassaing prit alors la résolution de s'adresser directement au comte de Saint-Florentin pour savoir de lui les moyens à employer. Le ministre lui répondit par l'envoi d'une note qui indiquait les renseignements à donner. M. Chassaing laissa écouler quelque temps avant de répondre, et dans l'intervalle, il se vit frappé de maladies longues et cruelles, et l'évêque de Nimes, protecteur de la maison, commença à ressentir les premières atteintes des infirmités qui le conduisirent au tombeau. Toutes ces causes retardèrent encore l'établissement définitif et la confirmation royale de la Maison de travail et de charité.

Les réponses au questionnaire de M. de Saint-Florentin, préparées dès 1764, ne furent expédiées qu'en 1785 ; nous les donnons ici ; elles nous mettent à même de juger de l'état de l’œuvre.

La première demande était :

1° D - Si la maison que l'abbé Chassaing veut donner est en bon état, quels en sont les différents logements ; comment ils sont divisés ; quelles réparations il faudrait y faire pour les rendre habitables à un certain point ; s'ils sont suffisants ; quelle est la valeur de la maison et quelle est celle des réparations ?

R - La maison nouvellement bâtie est en bon état ; elle est composée de douze chambres, d'une grande et belle salle pour le travail, de deux grandes pièces ; on peut placer vingt-cinq lits dans la première et douze dans la seconde. On y a encore une salle de travail pour les externes, enfin une cuisine avec ses dépendances, un bucher, un jardin, un verger et une chapelle qu'on peut dire nécessaire au grand faubourg dans lequel la maison est bâtie ; on estime cette maison et cet emplacement 24000 livres et les réparations annuelles au-dessous de 50 livres.

La réponse de 1785 ajoute à ces renseignements que la division de la maison est commode et qu'on peut y faire deux dortoirs de 14 toises de long sur 4 de large, en abattant quelques cloisons qui séparent les chambres des sœurs directrices qu'on logerait facilement au bout de chaque dortoir ; qu'on pourrait à très peu de frais continuer l'aile en retour au levant ; les fondements en sont bâtis et une partie des matériaux rassemblée ; alors, la maison pourrait contenir cent élèves ; l'évaluation est, à cette époque, de plus de 34000 livres et, comme la maison a été bien bâtie, les réparations annuelles ne s'élèvent qu'à une très petite somme.

2° D - M. de Saint-Florentin demandait ensuite : Combien y a-t-il de filles-maitresses dans cette maison, combien y a-t-il de pensionnaires, quel est le nombre qu'on peut se flatter d'y voir entrer ou à quel nombre peut-on se fixer ?

R. - Il y a cinq filles-maitresses dans la maison et deux autres qui font l'école gratuite à Villevieille dans le diocèse et quinze pensionnaires ; il y en a souvent un plus grand nombre ; on peut en recevoir et en loger cinquante ; le nombre s'augmentera en proportion des revenus, et on espère arriver au chiffre de cent élèves que demande la population de la ville et du diocèse. Il n'est pas ici question des filles externes qui viennent s'instruire à travailler ; la ville et les faubourgs en fournissent encore davantage.

3° D - Quelles ont été jusqu'à présent les ressources pour la subsistance des unes et des autres ? à quoi s'est portée annuellement la recette des profits provenant du travail des maitresses et des pensionnaires et à quoi s'est portée la dépense de leur nourriture et de leur entretien ? quelle est l'espèce de travail auquel on occupe ces filles, et s'il n'est pas à craindre que ce travail manque en tout ou en partie ?
La réponse de 1764 fut : Les maitresses ont fourni à leur propre subsistance et entretien par le travail de leurs mains, travail assidu, relatif au commerce de la ville, fait avec fidélité et porté à une perfection qui leur procure la préférence et l'abondance ; les pensionnaires sont aidées par des personnes charitables et par le produit de leur travail qui varie selon le nombre. Le produit de celui des maitresses peut monter, année commune, à 500 livres ; on espère que le travail ne leur manquera pas ; on en fournit aujourd'hui à des anciennes élèves de la maison devenues mères de famille ; l'économie et le travail soutiennent cette maison.

En 1785, des ressources nouvelles avaient été créées et la réponse portée :

1° environ 200 livres données annuellement par M. Chassaing en blé, vin, huile, etc.;
2° 100 livres que la marquise de Villevieille paie chaque année en vertu du testament de Mme de Génétine, sa tante, pour l'école gratuite qui se fait deux fois par jour aux petites filles du quartier;
3° 100 livres de même provenance pour la pension d'une jeune fille des terres de la testatrice, nourrie et entretenue dans la maison ;
4° environ 250 livres que produit l'enclos qui environne l'établissement ;
5° quelques profits que l’œuvre fait sur les enfants du quartier qui ajoutent au travail de l'école l'apprentissage du travail des mains, à raison de 30 sols par mois ;
6° quelques profits sur des pensionnaires qui payent 100 livres par an et travaillent pour leur compte ;
7° 500 livres, produit du travail des directrices et des pensionnaires ;
8° quelques secours temporaires ;
9° 155 livres d'intérêt d'un fond de 6000 livres sur le roi et 150 livres d'intérêt d'un autre fond de 3000 livres sur la province de Languedoc pour l'école de Villevieille, qui occupe deux des sœurs directrices ;
10° un contrat de 123 livres 14 sols 9 deniers que les sœurs directrices se sont procuré et qu'elles cèderont à l’œuvre dès qu'on aura obtenu les lettres patentes confirmatives.

L'article dépenses porte à 100 livres le coût de la nourriture d'une élève ; dans le jeune âge, son travail ne suffit que pour son entretien ; la maison est dédommagée lorsque l'élève plus avancée en âge peut fournir une plus grande somme de travail.

4° D - Si cet établissement se soutient avec édification et s'il n'a pas dégénéré depuis ses commencements ? s'il est fort utile à la ville de Nimes ? quelles sont les obligations qu'on impose tant aux maitresses qu'aux filles qu'on y reçoit et sous quelles conditions elles sont reçues les unes et les autres ?

R. - La ferveur des commencements est la même après une longue existence, et l'ardeur de l'évêque de Mines â solliciter les lettres patentes du Roi est une preuve qu'il considère, l'établissement comme intéressant grandement l'honneur de la religion, la propagation de la foi, le maintien des bonnes mœurs et l'édification publique. Les filles pauvres, orphelines, sont nombreuses dans une ville de plus de 30000 habitants qui ne vivent qu'au jour le jour ; on les forme à tous les travaux convenables à leur état et aux différents métiers auxquels leur aptitude les rend plus propres ; on facilite leur établissement en leur ménageant des dots ; les parents sont heureux de voir leurs enfants, dont ils sont déchargés, recevoir une si parfaite éducation, et la ville et le diocèse se félicitent de voir s'accroitre le nombre des bonnes mères de famille dont l'influence est si grande sur les bonnes mœurs.

L'obligation imposée aux maitresses est de se consacrer gratuitement à l'instruction des jeunes filles et à leur apprentissage en travaillant avec les pensionnaires dans l'intérieur de la maison et avec les externes dans une salle extérieure. Les statuts ont prévu les conditions auxquelles sont reçues les unes et les autres.

5° D. - Comment cette maison est-elle dirigée pour le temporel, et qui est chargé du détail des comptes et des arrangements qu'il faut faire ?

R. - C'est M. Chassaing, fondateur et principal bienfaiteur de l’œuvre, qui la dirige sous l'inspection de l'Évêque ; c'est à lui que la sœur supérieure, élue chaque trois ans, rend compte de la dépense journalière ; c'est lui qui prend les arrangements convenables. L'évêque s'en repose entièrement sur lui et n'a pas même nommé de trésorier pour faire la recette ; quand les lettres confirmatives auront été expédiées, M. Chassaing se déchargera de ces soins sur le bureau qui sera créé.

6° D. - En quoi consistent les biens dont cet établissement jouit déjà ? quels sont ceux qu'il est en droit de se promettre de la libéralité de ses bienfaiteurs ? quelles sont les précautions qu'il y a à prendre pour lui assurer la propriété des uns et des autres, en attendant que les lettres patentes soient expédiées, de manière qu'il n'y ait pas à craindre de l'en voir privé après leur expédition ?
R.- Outre les ressources provenant du legs de M. de Génétine, et dont mention a déjà été faite, la maison jouira de 556 livres de revenus en bonnes rentes ou pensions foncières que M. Chassaing cédera par donation entre-vifs, ainsi qu'une maison de 350 livres de rente. L’Évêque donnera aussi 6000 livres qui produiront 300 livres de rente et il y a lieu d'espérer que des personnes charitables concourront avec ce prélat à une aussi bonne œuvre. Les sœurs directrices s'engagent de leur côté à donner à la maison un contrat de 123 livres 14 sols 9 deniers qu'elles ont pu acquérir. En outre, une somme de 150 livres d'intérêt annuel était assurée pour le service et l'entretien de la chapelle : cette somme provenait du legs Pilléol dont il a été question ci-dessus.

Les difficultés que lui créaient les circonstances et un certain mauvais vouloir qui, à cette époque, poursuivait à la Cour la plupart des fondations nouvelles, ne purent jamais décourager M. Chassaing ; nous en trouvons la preuve dans un testament qu'il fit à Toulouse, le 13 septembre 1770. Après avoir déclaré qu'il veut être inhumé dans le caveau de ses confrères et avoir réglé les dépenses de ses funérailles, il lègue cent livres aux pauvres de Courbessac, deux cents livres ont ceux de Bezouce, cent livres à l'Hôpital-Général et cent livres à l'Hôtel-Dieu. Puis, arrivant à son œuvre, il s'exprime ainsi : « Je donne et lègue à l'école gratuite de charité et de travail de la ville de Nismes, les maisons, jardins, enclos et rentes ci-après désignés, pour en jouir en l'état que le tout se trouvera a compter du jour de mon décès seulement, savoir : 1° la maison où cette école est ouverte depuis son établissement, ensemble les enclos et jardins contigus et autres dépendances quelconques, le tout situé sur le faubourg Saint-Laurent, prés la Fontaine de Nismes ; 2° la maison et jardin contigus à l'enclos de la précédente, anciennement occupée à vie par M. l'abbé de Guyon, ancien chanoine d'Uzès ; 3° une autre maison et jardin que j'ai acquis par décret, située dans le même quartier que les précédentes et qui n'en est séparée que par la maison du nommé Martin ; 4° quatre cents livres de rente locaterie qui me sont dues sur une maison située dans la dite ville de Nismes, quartier dit l'ancien faubourg des Prêcheurs, savoir cent cinquante livres par le sieur Roux, négociant ; cent livres par les héritiers du sieur Escalier, fabriquant en bas et cent cinquante livres par le sieur Roques, ouvrier en soye, suivant les contrats retenus par divers notaires de ladite ville, en tout 545 livres de rente ; 5° cent seize livres, seize sols, cinq deniers de rente-locaterie qui m'est due, savoir : par les ayant cause de Bousanquet douze livres dix-sept sols sept deniers, suivant le contrat retenu par Pontier, notaire, en 1757 ; par le sieur Colom, praticien, dix-huit livres, dix-huit sols, dix deniers, suivant le contrat retenu par ledit Pontier en 1763 ; par M. Roques, advocat, neuf livres, suivant le contrat retenu par M. Nicolas, notaire, en l'année 1764 ; vingt-six livres par les ayant-cause du sieur Sebastien, suivant le contrat retenu par Fontaines, notaire, en l'année 1764 et parle nommé Besuit cinquante livres, suivant le contrat retenu par ledit Nicolas en l'année 1765 ;
6° quinze livres douze sols d'autre rente locaterie qui m'est due par les ayant cause du nommé Rouville, suivant le contrat passé devant l'un des notaires de la ville de Nismes ; 7° Et enfin douze livres neuf sols neuf deniers de rente-locaterie qui m'est due par le nommé Martin, suivant le contrat passé devant l'un des notaires de ladite ville ; desquelles rentes locateries je veux que les administrateurs de ladite École de charité se fassent payer chaque année, comme j'ai droit de le faire moi-même ; et dans le cas que faute de payement desdites rentes, l'École de charitée reprendrait la possession des maisons et terres baillées moyennant les rentes ci-dessus dites, mon intention est qu'à raison de ce les administrateurs se conforment à la déclaration du Roy, du 20 juillet 1762 pour l'employ et remploy de produit, s'il y échoit. Desquelles maisons, jardins, enclos et rentes, je veux que les administrateurs payent les charges royales, ainsi que l'amortissement et autres frais, il y a lieu, notamment ceux de l'homologation au Parlement, qui doit être faite du legs ci-dessus, en exécution de l’Édit du mois d'aout 1749 et déclaration du Roy dudit jour 20 juillet 1762.

Suivent divers legs particuliers à des parents et à des serviteurs ; puis M. Chassaing institue pour son héritier universel et général M. Joseph-Marie-Charles Magne, son neveu, conseiller au Présidial de Nimes.

Mgr de Becdelièvre, l'un des puissants promoteurs de l'Œuvre des Chassaintes, mourut le 1 février 1784 et fut remplacé par Mgr Pierre-Marie-Magdeleine Cortois de Balore, auparavant évêque d'Alais, qui n'arriva à Nimes que le 3 janvier 1785. Le premier acte important de son épiscopat fut la consolidation de l’œuvre qui nous occupe, et à laquelle son prédécesseur avait porté le plus tendre intérêt, sans avoir pu cependant en assurer l'existence légale.

Dès qu'il se fut rendu compte de l'utilité de l'Œuvre, du bien qu'elle avait déjà produit, de celui qu'elle pourrait produire à l'avenir pour l'amélioration de la classe ouvrière, si elle parvenait à prendre tous ses développements possibles, le prélat ordonna au chanoine fondateur de reprendre les démarches interrompues, lui promettant toute sa protection et toute son influence auprès du Roi. M. Chassaing s'empressa d'obéir à un ordre qui comblait tous ses vœux et se mit aussitôt à recomposer le dossier qui devait être présenté au Conseil.

Outre les pièces que nous avons déjà mentionnées, ce dossier se composa des suivantes :

1° Une requête adressée à l'autorité municipale de la ville ; après avoir rappelé toutes les péripéties de l'affaire, M. Chassaing dit que l'évêque de Nimes ayant bien voulu prendre la maison de travail sous sa protection spéciale et l'aider de ses bienfaits, il était résolu à consommer l’œuvre qu'il avait entreprise et s'adresser de nouveau au Roi pour l'obtention de lettres-patentes et qu'en conséquence il demandait à MM. les Maire et Consuls le renouvellement de leur consentement et approbation, persuadé, ajoute-t-il, qu'une expérience de plus de quarante années aurait convaincu les magistrats de la ville de l'utilité de l'Œuvre, vu surtout la réussite d'établissements analogues dans plusieurs villes circonvoisines où ils étaient moins nécessaires, telles que Villeneuve-lès-Avignon, Montpellier, Uzès et Alais.

2° La réponse approbative de la municipalité. En effet, le mardi, 5 juillet 1785, le Conseil ordinaire s'assembla dans la salle de l'Hôtel-de-Ville, sous la présidence de Jean Martin, avocat, premier consul-maire, et en présence de Jean Étienne, procureur, second consul, lieutenant de maire; de Joseph Cabrit, marchand de peaux, troisième consul ; de Claude Saunier, jardinier, quatrième consul, et de Jacques-Michel Troussel, avocat, procureur du roi à l'Hôtel-de-Ville.

M. Martin fit part au conseil de la requête à lui adressée par M. Chassaing relativement à sa fondation et à l'approbation qu'il se proposait de demander au roi. Après lecture de la requête, le conseil renouvela l'acte de la municipalité de 1748 « estimant que cet établissement ne peut qu'être avantageux à la ville et au diocèse ». L'assemblée déclara consentir à ce que M. Chassaing s’adressât au roi et s'unir à lui en tant que besoin, pour le supplier d'accorder les lettres-patentes nécessaires pour consolider une œuvre aussi utile, à condition néanmoins que la Communauté ne serait jamais obligée, directement ni indirectement et sous quelque prétexte que ce fût, de contribuer en aucune manière, ni pour le présent ni pour l'avenir, aux frais d'établissement, logement et subsistance des filles dont cette congrégation serait composée, ni autrement, et que ces filles seraient, en outre, tenues de prendre de MM. les Consuls les alignements convenables pour les constructions qu'elles pourraient entreprendre.

3° Une demande d'approbation adressée au bureau d'administration de l'hôpital-général de la ville, dans laquelle M. Chassaing déclare tenir d'autant plus à cette approbation que ce bureau est plus à même que tout autre d'apprécier le mérite d'un établissement qui vient à son aide dans l'éducation des pauvres orphelines.

4° La délibération approbative des administrateurs de l'Hôpital-général, datée du 12 juin 1785 ;

5° Une supplique dans laquelle Mgr de Balore rappelle toutes les démarches déjà faites et constate que au moment où l'on comptait être à même de remplir toutes les conditions exigées par le conseil du roi, le principal bienfaiteur de la maison avait été attaqué de paralysie, son prédécesseur dans le siège de Nimes, avait commencé à ressentir les infirmités qui l'avaient conduit au tombeau, et le duc de la Vrillière s'était retiré du Gouvernement ; tout autant de circonstances qui avaient obligé de surseoir à la reprise de l'affaire. Le prélat fait ensuite ressortir toute l'utilité de l’œuvre, tant au point de vue des jeunes filles qu'elle recueille, instruit et établit ensuite, qu'à celui de la ville et du diocèse. Il serait à souhaiter, ajoute-t-il, qu'une double œuvre se formât pour nourrir et élever chrétiennement tous les malheureux enfants de l'un et de l'autre sexe que les administrateurs de l'Hôpital Général gémissent de laisser abandonnés à la plus affreuse misère et à la dépravation, suite nécessaire du défaut absolu d'éducation. Un jour peut-être quelque personne charitable sera inspirée de créer une école gratuite de garçons, comme le chanoine Chassaing l'a été d'en créer une pour les filles. Ne pouvant embrasser l'une et l'autre à la fois, il avait cru devoir donner la préférence à un sexe plus faible, plus timide et plus exposé à tous les dangers de la séduction et il tous les besoins de la misère. L’œuvre du vénérable chanoine sera, d'ailleurs, pour l'Hôpital général, une sorte de décharge qui lui procurerait à l'avenir le moyen d'étendre sur un plus grand nombre de garçons ses soins charitables et paternels.
Répondant ensuite à l'objection qu'on pouvait tirer de l'existence d'une maison de Providence créée par Mgr Cohon, l'évêque de Nimes faisait remarquer que l’œuvre de la Providence avait un but également utile, mais différent de la maison de Charité qui, outre le soin des orphelines et la préservation des jeunes nouvelles converties, s'occupait de l'instruction gratuite et de l'apprentissage d'un grand nombre d'élèves externes qui ne rencontraient dans ce quartier éloigné du centre de la ville aucun autre moyen de suppléer à l'enseignement donné, deux fois par jour, dans l'une des salles de la maison.
Le prélat terminait sa supplique par l'énumération des diverses ressources assurées à l’œuvre et qui se montaient à prés de 2400 livres auxquelles il promettait d'ajouter un revenu annuel de 300 livres, produit d'un capital de 6000 livres qu'il verserait lui-même dans la caisse de l’œuvre dès que les lettres-patentes auraient été expédiées.

6° Une supplique du chanoine Chassaing, dans laquelle il exposait le passé et le but de sa maison, les accroissements successifs de l’œuvre, les approbations qu'elle avait déjà reçues des divers corps de la ville, les promesses qu'on lai avait faites lors de ses voyages à Paris, les encouragements et la protection que lui avaient accordées les deux évêques qui s'étaient succédé sur le siège de Nimes, les avantages qui résultaient de l’œuvre pour les jeunes filles qu'elle recueillait soit dans la maison de travail, soit dans l'école annexée à cette maison; il s'engageait ensuite à donner à l’œuvre la maison grande, spacieuse et bien bâtie dans laquelle elle était installée et divers contrats de rente s'élevant à 2400 livres environ.
En conséquence, il demandait au roi de permettre à l’œuvre : 1° de recevoir donation de la maison que le suppliant lui avait destinée ; 2° de recevoir un capital de 4000 livres destiné, par les intérêts qu'il produirait, à payer la pension d'une pauvre fille des terres de Madame de Génétine et à contribuer à l'école gratuite ; 3° de recevoir de la charité des fidèles, la somme nécessaire pour produire trois mille livres de rente, qu'on emploierait à l'entretien et à l'établissement des pauvres filles élevées dans la maison ; 4° de permettre à l'évêque de Mines, de réunir à l’œuvre, en bénéfices simples, jusqu'à la concurrence de 3000 livres ; ce qui donnerait le moyen d'élever jusqu'à cent le nombre des enfants recueillis.

7° Une déclaration par Iaquelle le chanoine Chassaing s'engage à faire donation entre-vifs, pure et simple, et à jamais irrévocable : 1° d'une maison située au faubourg de la Fontaine, quartier Saint-Laurent, d'une contenance, avec ses cours et jardins, d'environ 1300 toises carrées dont 120 en bâtiments, le tout évalué 30000 livres ; 2° d'une autre maison contiguë dont l'entrée est sur le Cours Neuf et qui vaut 7000 livres ; 3° de diverses pensions foncières, représentant un capital d'environ 12000 livres, à la condition que le donateur jouira, sa vie durant, de la deuxième maison où il habile, et que M. Magne, conseiller au présidial et ses successeurs, nommeront à perpétuité et à leur choix, une pauvre fille ou orpheline, pour être élevée dans la maison de charité et que si, par la suite, quelqu'une de ses parentes tombait dans l'indigence, elle serait reçue de préférence dans la maison. Cette pièce est signée et datée du 26 mars 1786.

8° Une autre déclaration de la même date, par laquelle M. Chassaing, en sa qualité d'administrateur délégué par l'évêque de Nimes, justifie que la maison est pourvue de toutes les denrées et provisions nécessaires, et qu'il reste en caisse 300 livres, outre les pensions échues ou u échoir des pensionnaires.

9° Une déclaration, datée du 22 mars 1786, par laquelle les dames directrices de la maison affirment que, depuis qu'elles sont chargées de l'Œuvre, non seulement elles n'ont jamais manqué de travail, mais qu'elles ont été souvent obligées d'en refuser, et que le produit moyen du travail a été de cinq cents livres par an. Cette pièce est signée de Marie Auzéby, dite Marie-Rose, de Suzanne Daradi, dite Suzanne-Joseph ; de Jeanne Ducros, dite Jeanne-Élisabeth et de Françoise Malboux, dite Françoise-David.

10° Une promesse des mêmes dames directrices, de donner en faveur de l'établissement un contrat à elles appartenant de 123 livres 14 sols 9 deniers de rente.

11° Une promesse de M. Chassaing de remettre une somme de 3000 livres déposée entre ses mains en faveur de l’œuvre.

12° Un extrait du testament de Madame de Lafare, veuve de M. de Charpin, comte de Génétine, portant legs de 4000 livres, dont Madame de Villevieille, héritière de ladite dame de Lafare, paye annuellement 200 livres d’intérêt, avec promesse de remettre le capital après l'obtention des lettres parentes.

13° Les statuts et règlements de la maison.

14° Une estimation faite par l'architecte Rollin du bâtiment et du sol sur lequel il est assis et des réparations que le tout peut exiger. L'évaluation se monte à 34000 livres 18 sols 5 deniers et les réparations d'entretien annuel à 38 livres, vu le bon état des constructions. La maison sise sur le cours, avec son écurie et sa remise, est en bon état et vaut 7000 livres. Cette pièce fut accompagnée d'un certificat du maire de Nimes, déclarant que foi doit être ajoutée à la signature de Rollin.
Toutes ces pièces furent envoyées au Conseil du roi, accompagnées des plus chaudes recommandations ; elles y furent minutieusement examinées et discutées ; enfin, les lettres confirmatives si longtemps postulées furent accordées au mois d'aout 1788. En voici la teneur :
« Louis, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre, à tous présents et à venir, salut.
Notre amé et féal conseiller en nos conseils, le sieur Pierre-Marie-Madeleine Cortois de Balore, évêque de Nismes, nous a fait exposer que, s'étant occupé de procurer aux pauvres enfants orphelins de la classe du peuple une éducation convenable à leur état, il n'en a pas trouvé de plus propres à y parvenir, que de rassembler ces enfants dans des maisons d'école gratuite et de les confier à des personnes capables de seconder ses vues ; que le sieur Chassaing, prêtre, chanoine de l'église de Nimes, conduit par le même zèle, a, depuis plusieurs années, fait construire une maison, dans laquelle il a rassemblé des pauvres filles orphelines et nouvelles converties, sous la direction d'une association de filles pieuses et appelées les sœurs du Sacré-Cœur de Jésus ; qu'il y a dans ladite maison une chapelle desservie par un prêtre, auquel on a déjà assuré un revenu de 150 livres et que cette chapelle est de la plus grande utilité pour les habitants de ce quartier qui est éloigné de toutes autres églises ; qu'il se fait en outre dans ladite maison deux établissements d'une école gratuite également utiles aux habitants de ce quartier ; que cette maison est assez grande pour contenir jusqu'à cent filles, qui seront de bonne heure formées aux ouvrages propres à leur sexe et à leur condition ; que, pour premiers fonds de cet établissement, ledit sieur abbé Chassaing ; est dans l'intention de donner, outre ladite maison, deux autres objets qui sont le produit de ses économies ; que ledit exposant offre aussi de donner une somme de 6000 livres, et qu'il a lieu d'espérer que la dotation de cet établissement sera d'autant moins difficile que tous les ordres des citoyens y ont applaudi et ont montre le désir de contribuer à son établissement, s'il nous plaisait eu le confirmant, lui permettre d'accepter tant ladite, maison dudit sieur Chassaing que tous autres dons qui peuvent lui avoir été faits ou qui pourront lui être faits à l'avenir, jusqu'à concurrence de 6000 livres de revenu, et autoriser ledit exposant à y réunir également jusqu'à 6000 livres de revenu des bénéfices simples de son diocèse, réguliers ou séculiers, pour quoi ledit exposant nous a très humblement supplié de lui accorder toutes lettres patentes à ce nécessaire.
À ces causes, de l'avis de notre Conseil, nous avons confirmé et, par ces présentes signées de notre main, confirmons l'établissement de la Maison d'école gratuite du travail, formée en ladite ville de Nismes pour les filles pauvres, les orphelines et pour les nouvelles converties ; permettons audit sieur abbé Chassaing de donner audit établissement la maison qu'il a fait construire à cet effet ; ordonnons que le service de la chapelle qui est établie dans ladite maison sera fait par un prêtre qui sera nommé par ledit sieur évêque de Nimes, et par ses successeurs audit évêché, lesquels seront seuls supérieurs immédiats de ladite maison et des Sœurs directrices qu'ils nommeront et commettront pour l'instruction et éducation des filles qui y seront reçues et élevées conformément aux règlements qui seront faits par ledit sieur évêque de Nismes ; permettons, en outre, audit établissement de recevoir tous les dons et legs qui pourront lui être faits, jusqu'à concurrence de 6000 livres de rente, y compris les sommes qu'il peut avoir déjà reçues ; desquelles nous avons validé et validons la donation, à la charge par ledit établissement de se conformer à ce qui est prescrit à cet égard par les articles 10, 11 et 12 de la déclaration du 20 juillet 1762, aux dispositions desquels nous avons néanmoins dérogé et dérogeons pour ce qui concerne le don de la maison où est placé ledit établissement ; - comme aussi autorisons ledit sieur évêque de Nismes à réunir a ladite maison des bénéfices simples, réguliers ou séculiers, de son diocèse, pareillement jusqu'à concurrence de 6000 livres de revenu, en observant à cet égard les règles prescrites par les saints canons et par les ordonnances de notre royaume; - Dérogeons pour raison de ce à l'édit du mois d'août 1749 et à tous autres édits, déclarations et règlements contraires.
Si donnons en mandement à nos amés et féaux conseillers, les gens tenant notre Cour et Parlement de Toulouse, que ces présentes ils aient à enregistrer et du contenu en icelles faire jouir et user ladite maison d'éducation, pleinement, paisiblement et perpétuellement ; car, tel est notre plaisir ; et afin que ce soit chose ferme et stable à toujours, nous avons fait mettre notre scel à ces dites présentes.
Donné à Versailles, au mois d'août, l'an de grâce mil sept cent quatre-vingt-huit et de notre règne le quinzième. - Signé Louis. Visa Barentin, et plus bas : Par le roi : Laurent de Villedeuil. »

Le parchemin porte encore le grand sceau de cire jaune suspendu à des lacs de soie verte et rouge.

Dès que ces lettres parvinrent à Nimes, Mgr de Balore mit tous ses soins à les faire enregistrer au Parlement de Toulouse. Cette Cour rendit, le 13 décembre 1788, au premier arrêt qui fut suivi, le 4 janvier 1789, d'un autre jugement ordonnant une enquête Le commodo et incommodo et confiant le soin de la diriger à Auger, juge-mage au Sénéchal de Nimes. En même temps, les lettres- patentes furent signifiées le 9 février aux officiers municipaux de la ville de Nimes et aux syndics, recteurs et administrateurs de l'Hôpital général.

Les procès-verbaux de l'enquête étaient arrivés à Toulouse dès la mi-février, et sur la requête de l'évêque de Nimes, l'arrêt d'enregistrement fut rendu le 26 du même mois : cet arrêt homologuait en même temps les statuts et règlements de la maison.

Les frais exposés pour arriver à ce résultat dépassaient mille livres qui furent payées, quoique un mémoire de Mgr de Balore en eût demandé la décharge, au directeur général des finances.

À cette époque, l'établissement des Chassaintes avait pour supérieure la sœur Jeanne-Élisabeth Ducros et pour aumônier l'un des vicaires de la paroisse Saint-Paul.

L’œuvre ne put pas jouir des faveurs qu'elle avait enfin obtenues du roi ; la Révolution s'avançait à grands pas et bientôt elle détruisit toutes les fondations religieuses, dissipant ainsi toutes les ressources des pauvres. La Maison des Chassaintes ne trouva pas grâce à ses yeux ; en 1793, les orphelines furent dispersées et les directrices obligées de se retirer dans leurs familles. Le chanoine Chassaing, au milieu des perturbations de cette époque, ne s'était pas encore dessaisi, par acte authentique, de la propriété de sa maison ; aussi retourna-t-elle entre les mains de la famille Magne, son héritière. Cette famille servit à chacune des anciennes religieuses une pension annuelle de trois sacs de blé, une canne d'huile, du bois et une somme d'argent.

Comme souvenirs de l'ancienne Maison de Charité, il reste dans la ville le nom donné à une rue de la cité et une confrérie religieuse de femmes, sous le titre du Sacré-Cœur de Jésus, et dont la fondation remonte à l'époque où le zélé M. Bragouze, premier curé de Saint-Paul, réunissait pour les instructions religieuses les femmes de sa paroisse dans la chapelle des Chassaintes.

La maison de charité servit longtemps d'atelier pour le blanchiment des toiles. En 1822, à Mgr de Chaffoy cherchant un local convenable pour l'établissement de son séminaire diocésain, jeta les yeux sur cette maison que M. l'abbé Magne, petit-neveu de M. Chassaing, lui céda pour une somme relativement minime. Des constructions considérables, exécutées au moyen des souscriptions des catholiques de la ville et du diocèse, avec le secours du gouvernement, rendirent ce local propre à sa nouvelle destination.

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Origines des Chassaintes à Nîmes
 
Extrait de Histoire de la Ville de Nîmes
tome I, pages 103-104.
Adolphe Pieyre, 1886,
 
Le grand séminaire, sis actuellement entre la rue des Chassaintes et la rue Saint­Laurent, a été fondé par Mgr de Chaffoy.
L'histoire de cet établissement mérite d'être rappelée en peu de mots. Sous l'administration curiale de l'abbé Peu, curé de la paroisse Saint-Castor (12 juillet 1738 - 17 novembre 1741) le chanoine Antoine Chassaing résolut de fonder avec le curé de Saint-Castor, un asile pour les jeunes filles d'artisans protestants qui voudraient se faire instruire dans la religion catholique. Ces jeunes enfants devaient se former là à des travaux qui leur permettraient de gagner honorablement leur vie.
Mgr de Becdelièvre, alors évêque de Nîmes, approuva ce projet et mit à la tête de cet établissement pieux les sœurs du Sacré-Coeur de Jésus.
L'œuvre réussit dès le commencement ; la maison qui avait été tout d'abord choisie dans l'intérieur de la ville ne put suffire, et il fallut s'occuper de trouver un autre local.
C'est alors que le chanoine Chassaing fit construire une grande et belle maison dans le faubourg de la Fontaine, sur l'emplacement du séminaire actuel. C'est en 1747 que fut inaugurée cette nouvelle retraite.
Mgr de Becdelièvre érigea cette communauté en communauté séculière, sous le titre de Maison du travail pour les pauvres filles nouvelles converties et autres orphelines. En août 1788, le successeur de Mgr de Becdelièvre obtint du roi, sur le vu des délibérations favorables du bureau de l'Hôpital général de Nîmes et du Conseil de la ville, des lettres patentes confirmant, l'établissement d'une maison d'école gratuite de travail à Nîmes. Dès lors, la fondation du chanoine Chassaing avait existence légale.
Mais lorsque la Révolution et avec elle la Terreur arrivèrent, les orphelines furent dispersées et les religieuses obligées de se retirer dans leurs familles. Les héritiers du chanoine Chassaing reprirent possession de leur immeuble, s'engageant à servir à cha­cune des anciennes religieuses une pension annuelle de trois sacs de blé, une canne d'huile, du bois ci une somme d'argent.
Jusqu'en 1822, cette maison fut transformée en atelier pour blanchir les toiles. L'abbé Magne connaissant les intentions de son chef spirituel, Mgr de Chaffoy, touchant la création d'un séminaire diocésain, céda cet immeuble à Mgr l'évêque, pour une somme minime.
Le 25 août 1822, Mgr de Chaffoy en posa solennellement la première pierre et bientôt les constructions considérables que nous voyons aujourd'hui, furent exécutées au moyen des souscriptions des catholiques de la ville et du diocèse et avec le secours du gouvernement.
Lorsqu'il en consacra la chapelle, Mgr de Chaffoy manifesta le désir d'y être inhumé, au pied de cet autel qu'il venait de dresser, qu'il appelait la pierre fondamentale de l'Église de Nîmes.
Nous avons vu que ses dernières volontés furent respectées. La dépouille mortelle du prélat repose encore dans son caveau de prédilection.
Lorsqu'on 1882, la basilique cathédrale fut consacrée après la magnifique et intelligente restauration de M. Révoil, architecte diocésain, on eut la pensée de réunir aux cotés des restes précieux des Fléchier et des Plantier ceux de Mgr de Chaffoy. On y a renoncé pour les laisser à cet établissement qui fut une des plus belles inspirations de ce long épiscopat.
Voici l'inscription qui couvre la pierre tombale de ce pieux évêque :
 
HIC JACET
ILL. AC RR. DD.
CLAUDIUS FR. MARIA
PETIT-BENOIT de CHAFFOY
EPISCOPVS NEMAUSEN.
POSVIT SEMINARIVM.
RESTIVIT DIŒCESIM
VIXIT  LXXXVI ANNOS
OBIIT III CAL. OCTOBRIS
ANNO Dni M.DCCC.XXXVII
___________
 
Deusin fide lenitate ipsius
Sanctum fecit illum.
                         Ecc. 45.

Traduction

Ici repose l'illustre Claude-François Marie-Petit-Benoit de Chaffoy, évêque de Nêmes. II fonda le séminaire, releva le diocèse, vécut 86 ans et mourut le 3e jour des Calendes d'octobre, l'an du Seigneur 1837.


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Des Chassaintes aux Archives départementales
> I - Les Chassaintes
> II - Le Grand Séminaire de Nîmes
> III - Les Archives dépatementales
Suite d'articles sur les immeubles du diocèse de Nîmes.
> Épiscopa du Gard
> Rapport du Préfet, 1908, affectation à donner à l'ancien Palais Episcopal
> Historique du Musée du Vieux Nîmes, ancien Palais Episcopal
> Le Petit Séminaire de Beaucaire
> Attribution des biens des anciens Etablissements diocésains, 1910
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