par Georges Rivals, 1937

 

CHAPITRE SECOND

 

L'Apogée de Psalmodi

De 1004 à 1472

 

 

Ici commence l'apogée de Psalmodi. Jusqu'à présent, nous avions été dans une période de fondation, d'incertitude. Nous allons entrer maintenant dans la période du plein épanouissement qui date de l'an 1004 et va jusqu'à l'apparition de la Commende (1482).

 

Se fondant sur une exégèse trop étroite de textes apocalyptiques du Nouveau Testament (I Jean II, 18; II Cor. V; Apoc. XX, 1-4), les théologiens avaient pronostiqué la fin du monde pour les environs de l'an 1000. Mais aucune de 3 dates assignées successivement: 992, 1000 et 1033, ne vit se produire la redoutable échéance, encore que des chartes du temps eussent la formule: Appropinquante mundi termino.

 

Aucun document des archives de notre abbaye ne la contient, mais il y a recrudescence de donations: Regembaldus (Raimbaud) et sa femme Bertildis, donnent à l'abbé Varnerius (Garnier) un mas avec cour et une carterée de vignes à Teillan, proche Marsillargues. Dans la Vaunage (Val de Anagia) en 1028, Humbert fait don de l'Eglise Saint-Estienne du Désert (de Ermo). (1)

 

(1) Archives du Gard H 106, 116.

 

Mais nous allons délaisser pour cette partie de notre histoire, l'ordre purement chronologique, à la longue bien fastidieux, et nous allons examiner successivement retendue géographique de l'abbaye, la vie bénédictine de ses moines, les rapports avec le pouvoir féodal avec le roi, avec les papes.

 

LE TERRITOIRE DE PSALMODI

 

 

 

Dès l'an 1000. Psalmodi possédait la majeure partie d'un quadrilatère trapézoïdal, comprenant des îlots de pins parasols, de peupliers, des marais asséchés à peine recouverts de joncs et de tamaris. Les appellations de Sylve-réal de Sylve-godesque en témoignent. La petite base de ce trapèze était formée par le littoral; la grande base par la route du pont de Lunel à Saint-Gilles; les deux côtés non parallèles étant marques, à droite, par le cours inférieur du petit Rhône, et a gauche, par le cours inférieur du Vidourle.

 

La limite qui risquait de fournir le plus matière à querelles était celle du nord-est limitrophe de l'Abbaye de Saint. Gilles (plus jeune, nous l'avons vu, que celle de Psalmodi) C’est aussi ce qui arriva, encore que les deux couvents appartinssent à la même Règle bénédictine.

 

En 1230, une action est engagée par le Grand Prieur de Saint-Gilles contre l'abbé de Psalmodi, à propos de terrains « ribayres » ceux de la Veire, de Fontanille et du petit courtet, et aussi à propos de la Pinède. Au bout de 35 ans, Ermengaud et noble Guillaume de Gaverne délimitent la dite Pinède et le Grand Prieur de Saint-Gilles conseillé par Decan, seigneur d'Uzès, reconnaît à Guiraud, abbé de Psalmodi, la Veire et Fontanille. (1)

 

(1) Archives du Gard H 5, 183.

 

Mais cela ne devait pas finir ainsi et cette affaire renaîtra encore après la sécularisation de notre Abbaye, en 1610.

 

Toutefois, papes et rois de France traitent en frères jumeaux les deux monastères, comme il appert des bulles et chartes où les deux noms sont bien souvent côte à côte.

 

A l'intérieur du vaste trapèze, dont nous parlons, se trouvaient trois villettes : St Julien de Corneilhan (dont les vestiges iront grossir Marsillargues et Lunel), St Laurent d'Aigouze et Agalmort (Aigues-Mortes).

 

Au chapitre précédent, nous avons vu qu'en 997, le comte de Toulouse, Guillaume III, avait vendu au monastère, le quart du tènement et le droit de justice, « en la dicte Ville de Saint-Julien. ».

 

En 1054. Gaucelm de Lunel et Pétronille sa femme, avaient fait des legs, que les rôles de 1171 et de 1271 nous détaillent. L'abbé y a droit de justice: en 1279, le vicaire Calcadel, au nom du doyen, Guillaume Cathalan, cite à comparaître devant le tribunal de Corneillan, le fils de Cadelle et Pons de Cazal qui se sont rendus coupables de violences. En 1280, le chapitre de Psalmodi proteste énergiquement contre le seigneur de Lunel. Roscelin qui, sans sa permission, a fait préparer « quaedam ligna et quoddam palum », pour brûler vive une malheureuse sorcière sur le territoire de Saint-Julien. En 1294, le Sénéchal de Beaucaire rend sentence contre Jacques de Mauvoisin et Estienne de Piel, d'Aigues-Mortes, parce qu'ils se sont permis, sans l'autorisation de l’abbé de Psalmodi, de détacher d'une potence et d'enterrer le cadavre d'un voleur à Saint Julien. L'abbaye, comme toute seigneurie, devait donc avoir des fourches patibulaires sur le territoire de Saint-Julien. Naturellement, selon l'adage constant au Moyen-Age Ecclesia abhorret a sanguine, elle ne les « meublait » pas elle-même. Ce sont juges laïques (Guillaume Pinchinat en 1259 ; Bernard Baudin en 1260, sous le contrôle de la Sénéchaussée de Beaucaire), qui y procèdent.

 

Mais si nous avons noté qu'au nord-est, Psalmodi se heurtait à l'abbaye de Saint-Gilles, au nord-ouest, c'était le baron de Calvisson. Elle avait fait élever sur le territoire de Saint-Julien, une « église de belles pierres de taille », ayant deux voûtes, deux autels de marbre, extérieurement construite en forme de château et de forteresse. » (1).

 

(1) Le 7 Mai 1568 une « inquisition », menée par Jean Fabry, lieutenant particulier du Gouverneur, signale les démolitions faites par les huguenots (G. 813). Pendant quinze jours trente ou quarante charrettes furent employées à voler les matériaux. Près de cent ans plus tard, l'évêque de Nimes, Denys Cohon, dans sa visite du 10 octobre 1659 devant les ruines qu'il voyait déclarait que cet édifice eût pu «servir de cathédrale». Archives du Gard, G. 1298, folio 46 ss.

 

Guillaume Louet, seigneur de Calvisson, envahit au XVe siècle, le territoire, y fait bâtir plusieurs maisons et installe une garnison dans cette église fortifiée, le Parlement de Toulouse, en 1480, condamne le noble Louet à rendre à l'abbaye les blés et autres fruits qu'il a enlevés, à retirer ses gens d'armes. Mais, les Calvisson qui, de tout temps, firent figure d'ardents « anticléricaux », ont la tête dure; en dépit de confirmation de Charles VIII, des droits du monastère, ils se font décréter de prise de corps. Mais le pouvoir royal est faible et en 1496, Calvisson se voit reconnaître ce qu'il voulait : « le droit de tenir capitaine, en l'église forteresse de Saint-Julien, dont la garnison sera entretenue aux frais de l'abbaye, pendant que les maisons appartiendront à l'Abbé à charge de payer au baron 300 livres tournois pour dépenses par lui faites; et pour le vivier, l'abbé donnera en compensation, 12 quarterées de terre. »

 

Quand Marsillargues se fut développé, Saint-Julien déclina rapidement et ce ne furent guère, que des pierres sans âme que la rapacité des huguenots des environs s'appropria en 1568.

 

MARSILLARGUES, en effet, appartenait aussi à Psalmodi. Ce prieuré avait été constitué par des dons de particuliers : dame Aldiarde, veuve de Bernard de Bannières; plus tard. Anthoine de Coderc et Dieudonné Maurin. Sur ce prieuré, le seigneur-abbé percevait, par exemple, en 1362, la dîme des agneaux. (De Marcillanicis, H. 162.-163).

 

SAINT-LAURENT D'AIGOUZE est mentionné pour la première fois (1) dans une donation de Raimon Gaucelm et de Pétronille en 1054. Comme pour Saint-Julien, l'accumulation des dons particuliers finit par créer une continuité sujette a bornage en 1292. L'abbé exerça les droits complets de « directe seigneurie foncières » (Cahier de 1447), droits de haute et basse justice (en 1274, l'abbé réclamait quatre soldats croisés ayant tué ou blessé plusieurs manants de Saint-Laurent), droits exclusifs de chasse et de pêche dans le terroir (en 1305, tout contrevenant sera condamné à 50 livres d'amende). Néanmoins, en 1384 et 1388, une transaction interviendra entre le monastère et la communauté de St-Laurent, touchant le pâtus, pêcheries et tènements de Leyran, Boucan et Banouse. (1).

 

(1) Archives du Gard, H. 148-156.

(2) Archives du Gard, G. 761.

 

A l'époque de la Réforme, les saint-Laurentais essayeront bien de secouer le joug de Psalmodi, mais il faudra qu'ils s'inclinent tout aussitôt devant le Chapitre d'Aigues-Mortes héritier des droits de l'Abbaye dissoute.

 

Enfin la troisième villette appartenant entièrement aux religieux fut AIGUES-MORTES. L'histoire de ce lieu célèbre ne serait pas ici à sa place. Les moines ne durent pas attendre le don de la « turris Matafera » par Charlemagne pour ériger église et cellules et sans doute aussi, contre les pirates de mer, des embryons de remparts que Philippe le Hardi ne fera qu'améliorer. Ce qui frappe en tout cas, dans l'acte de vente de 1248, c'est la petitesse du prix offert par le roi Louis IX, pour l'achat de la ville. A peine, en contrepartie, quelques lopins de terre aux portes de Sommières. Il s'agissait d'un royal quémandeur à auréole de sainteté, c'était l'heure enthousiaste des Croisades... D'ailleurs l'abandon d'Aigues-Mortes ne fut jamais total puisque Psalmodi y conserva des privilèges jusqu'au jour où l'abbaye devint « le Chapitre d'Aigues-Mortes ».

 

Deux documents nous montrent toutefois que les moines ne possédaient pas la Tour Carbonnière: en 1264, P. Darboux, juge à Saint-Laurent, inflige une amende de 400 sols tournois à des pêcheurs non autorisés qui ont pris des poissons dans un marais sous la Tour Carbonnière (1 ), en 1312, Gérard de Nonville, habitant la dite Tour, reçoit de l'abbé permission de ramasser bauque (boxam) et joncs nécessaires chaque fois qu'il voudra cuire du pain pour lui et les siens à son four, qui est « infra turrim dicti pontis Carbonariae ».

 

(1) Archives du Gard, G. 760.

 

Ainsi les moines n'avaient pas la Tour mais ses alentours. (1).

 

(1) Archives du Gard, G. 761

 

A cette énumération il importe d'ajouter la Ville de Ports (villa portus, dit d’Aigrefeuille) « cité considérable » du diocèse de Nîmes composée de deux paroisses dépendantes de Psalmodi, l'une sous l'invocation de la Vierge et l'autre sous celle de St-Pierre. Elle était située sur la côte de l'étang de Mauguio à l’embouchure du Vidourle. Il s'y tint deux conciles, le 17 novembre 887 et le 19 avril 897.

 

En dehors de ces agglomérations, notre monastère possédait encore la Pinède, l'Étang dit de l'Abbé et les Salins.

 

Un fragment de testament, paraissant remonter au IXe siècle mais où le nom du donateur a disparu, lègue le bois de la Pinède (Pinetum) (1) par opposition aux «sylves» (silva gothica Sylve godesque) et Silva regalis, (Sylve réal) ou des peupliers et d'autres arbres se mélangent aux pins. Nous situons la Pinède entre le Bourgidou (Roubine de Boson, roi légendaire d'Arles) (2) la fin du canal de Peccais, la mer et les étangs d'Aigues-Mortes (3). A partir de l'époque de la Commende elle appartenait en propre à l'abbé (4) et les religieux devaient lui payer une albergue de 16 livres tournois. Dès 1558, elle fut déboisée pour la construction des galères royales à Marseille ; en 1566 Montmorency-Dampville l'abandonna à ses corps de garde ; en 1593, habitants et soldats d'Aigues-Mortes accentuent le « défrichement » ; enfin en 1634, les chanoines la vendent à des marchands de bois. C'est le coup de grâce.

 

(1) Arch. du Gard, H. de 133 à 135, 183.

(2) Archives du Gard, G. (page 148 répertoire de A de Lamothe)

(3) Arch. du Gard, H. 167.

(4) Nous en jugeons par les transactions de Gui Laurel (1498), de Barnabé de Fayolle (1552), de François de Fayolle (1571) et d'Antoine de Calvières (1651).

 

En droit, néanmoins, elle demeura propriété de l'évêché d’Alais, successeurs de l'Abbaye, jusqu'en 1789.

 

L'Abbé Pierre V arrente, en 1301, à Guill, Borel et Guill. Pélegrin la pêche de l'Étang de l'Abbé (1), à condition que les dits pêcheurs donneront au couvent le quart et au Roy le vingtième du poisson pris, ou le cinquième de l'argent. Cet arrentement a cela de précieux qu'il donne les bornes de l'étang sus-mentionné ; celui-ci s'étendait jusqu'au Canal-Viel qui aboutissait au Grau Louis mais qui est ensablé depuis longtemps (ad canalem veterem ubi applicantur tartanae).

 

(1) Archives, du Gard, H. 167-170.

 

Un arrêt du Parlement de Paris (10 janvier 1376) relatif à la construction d'une martelière à l'Étang de l'Abbé dit : « aultrement appelé Stagnum Regium ou de Roca maura ». (1). Le bail de 1299, fixant le droit de « sixain » avait au préalable indiqué pour limites : média peda matauta ; pedam vocatam Roquam mauram veterem ; le lieu dit Bourboussel ; celui dit consoam calvam près le Château et la Tour Matafère (?), Castrum magnam Turrim Aquarum Montuarum, Ce droit de sixain concernait poissons et oiseaux.

 

(1) Archives du Gard, H. 172.

 

Les Salins (1), et particulièrement le Salin de Peccais, appartenaient sans conteste à Psalmodi. Cela ressort d'une sentence de messire Guy, arch. de Narbonne, adjugeant au monastère toutes les eaux du territoire d'Aigues-Mortes (1262) ; sentence confirmée par Patentes de Louis IX (1264 et de Philippe IV (1294). Une série de procès allait s'engager sur la question de la Gabelle ; le commerce du sel étant devenu monopole d'Etat en 1340.

 

(1) Archives du Gard, H. de 171 à 182.

 

En 1313, le sénéchal de Nimes et Beaucaire, P. de Macherin, avait permis à l'abbé d'enlever et vendre le sel dans les Salins du monastère. Mais en 1332, le procureur royal exige la perception de droits pour le transport du sel sur les ponts de l'Abbaye. C'était déchirer des privilèges. Aussi, en 1387 le sénéchal Hugues de Froideville est-il contraint de reconnaître que « le monastère a toujours joui du privilège de faire saler, sans payer aucun droit de gabelle les poissons pris dans ses étangs au Palus comme la Resclause, Leyran, Boucan ». Bien mieux, le dit monastère a droit de faire des gorgues (ouvertures) pour introduire l'eau salée ou la renvoyer.

 

Avouons, en passant, que nos religieux doivent consommer beaucoup de sel chaque année, puisqu'ils ne sont alors que 26 moines « qui prient sept fois par jour pour la conservation du Roy » et ils font 200 muids de sel dans les Salins de l'abbaye ; chaque muid pesant 60 quintaux, cela donne environ 12.000 quintaux de sel par an. Rien d'étonnant, par suite, à ce que le visiteur des Gabelles de 1406 veuille empêcher l'écoulement des eaux salantes. D’ailleurs si Psalmodi a échappé à la Gabelle, elle n'échappera pas à la blanque. La blanque était un droit de cinq sols, par muid de sel, prélevé pour les réparations des robinnes et des ponts. Comme à partir de 1668, les Salins seront mis en Société, cette blanque sera supportée par tous les actionnaires jusqu'à ce que, au début du XVIIIe siècle, l'évêque d'Alais demande au roi l'autorisation de vendre tous les Salins, devenus pour lui cause de tracas et source de pertes.

 

-oOo-

 

Sceau de l'Abbaye de Psalmodi en 1317.

 

Ici s'arrêtent les principales propriétés directes et rattachées géographiquement les unes aux autres, mais nous avons relevé une soixantaine de prieurés (1) situés dans les diocèses de Béziers, d'Aix et de Valence, de Maguelone. La plupart étaient desservis par un prieur, assisté ou non d'autres prêtres Toutefois certains d'entre eux comme Saint Ruf de Valence, Saint Romain de l'Aiguille (S. Romanus de Aquilia) (2), S. Génies des Mourgues (au D. de Maguelonne) étaient de véritables monastères réduits à une sorte de vassalité religieuse.

 

(1) Voici la nomenclature de ces prieurés par ordre chronologique. Ste-Marie de Dassargues, Ste Marie de Baulis, St-Jean de Nozet, St-Jean et St-Julien de Salinelles, Parignargues, St-Thomas de Beauvoisin Saint-Jean de Cornus (Hérault). Saint-Agathe et St-Vincent (près du Rhône) St Laurent d'Aigouze. St-Nazaire d'Aubais, St-Vincent de Cannois, Ste Marie de Urbano, St-Sixte, St-Pierre et St-Etienne de Tarascon, Ste-Marie et Ste Cécile de Loupian, Saint Bonnet (près de Remoulins), Ste-Marie de Laval, St-Pierre de Candiac, Védrines, Anglos, Villenouvette, St-Sébastien: St-Sylvestre de Teillan, St-Romain de Malespels, La Malgue, St-Michel de Dassargues, St-Julien, Ste-Marie et St-Pierre du Port, Puecht-Redon, Aspères, Vabres. Souvignargues, Mauressargues, St Pierre d'Aigues-Vives, Codognan, St-Cosmes et St-Damien de Candillargues, St Asiscle de Mudaison, Valjouine (D. d'Aix), St-Pierre de Pomairols (Aix), St-Etienne du Désert (près Nages), Villeveyrac, Saint-Paul et Saint-Martin de Crau, St-Pierre de Cabrilles (près Béziers), Marsillargues et Gardiol, Cucuron, Valergues, St-Geniès des Mourgues, St-Christol.

(2) Histoire générale du Languedoc, Devic, Vaissette, Preuves V, col. 775.

 

Nous ferons mention spéciale de trois de ces prieurés a cause de leur importance : S. Sylvestre de Teillan, Ste-Cécile de Loupian et Saint-Bonnet.

 

En 1082 confirmation est faite par P. Ermengaud, évêque de Nimes, de la donation de Saint Sylvestre de Teillan (1) adressée à l'abbé Arnaud 1er. En revanche, le dit abbé payera 60 sols à chacun des enfants et 20 à leur mère, Rexinde, d’Aimargues. Les vaunajols donnèrent de tout temps fil à retordre aux abbayes, en premier lieu, noble Guillem Arnaud héritier dé dame Rexinde peu satisfait du legs vexait les religieux ; il ne fallut rien moins que deux assemblées épiscopales (Narbonne, Arles et Maguelonne) pour appuyer le droit de Psalmodi (1094 et 1119); la seconde même était présidée par le pape Calixte II. Des différents analogues s'étaient élevés avec le prieuré de S. Romain de Malespels où le Seigneur de Posquières (Vauvert) faisait voler par ses paysans les pourceaux de l'Abbaye. Il y avait à Teillan un autre sanctuaire que celui de Saint Sylvestre ; il était dédié à Saint Sébastien et limitrophe de celui de Saint Saturnin.

 

(1) Archives du Gard, H. de 164 à 166.

 

Le prieuré de Sainte Cécile de Loupian (1), bien loin de Psalmodi, et plus proche de Valmagne (étant situé dans le diocèse d'Agde) donna aussi beaucoup de mal à nos religieux. En effet, en 1086, ce prieuré comprenant prairies, jardins et cimetière avait été légué par les châtelains de Lupianus (Bérenger, Guilhem et Lupiana) au monastère de Joncels. Ce dernier en 1104 passe ledit prieuré et celui de Ste Marie de Folpiano à Psalmodi; mais l’abbé de Valmagne, au diocèse de Maguelone, revendiquait Ste-Cécile de Loupian. L'antipape d'Avignon Clément VII, par trois bulles (1379, 1380, 1392) suivies d'une sentence d'excommunication contre le prieur et les moines de Valmagne les condamne à restituer à Psalmodi les fruits de Ste-Cécile de Loupian évalués a « 630 francs d'or » et à 6 gros 1/2 d'argent. En 1398 intervention d'un autre antipape, Benoît XIII (Pierre de Lune) ; enfin Charles VI doit à son tour défendre notre abbaye contre l’évêque d’Agde.

 

(1) Archives du Gard, H, de 157 à 161.

 

Mais au début du XVIIe siècle ce prieuré n'est plus qu'une ferme attribuée par le Parlement de Toulouse au chapitre d'Aigues-Mortes.

 

Tout autre fut le .sort de Saint Bonnet, (1) proche Remoulins au diocèse d'Uzès, qui garda jusque la fin du règne de Louis XIV son organisation monastico-féodale avec ses droits de justice particulière. Nombreuses terres, moulin, véritable petite place forte « dont les consuls doivent apporter chaque soir les clefs à messire Barthélémy Bizac, prieur et seigneur de Saint-Bonnet ». Ce sire de Bizac avait les droit de moyenne haute et basse justice jusqu'au crime d'adultère inclusivement « et, ajoute le Parlement de Toulouse, on ne le doit trousbler a peine de cinq cens livres d'amende » (1612) A partir de Jean Verandat (1634) le prieur de Saint-Bonnet fut en même temps prévoit du Chapitre d'Aigues-Mortes ; nous connaissons deux de ses successeurs : Pierre Roudil et Jean Dassas.

 

(1) Archives du Gard, H. de 139 à 140. Il y avait un autre St-Bonnet de Thoiras (près Lasalle), dépendent de l'Abbaye de Saint-Gilles (H. 23).

 

On notera que si nous avons fait une rapide esquisse de chaque prieuré, c'est pour n'y point revenir. Du XIe au XV siècle ils sont tous en plein développement et constituent la richesse du monastère.

 

Comment de simples moines ont-ils pu conserver dans des temps très durs pour les faibles un aussi vaste domaine ?

 

Pourquoi Raimon de Saint-Gilles (1094) Guillaume Arnaud d'Aimargues (1138), Guillaume Louet de Calvisson (1480) sont ils « allés à Canossa ?»

 

La raison la meilleure nous en sera fournie par l’examen de la vie monastique à Psalmodi,

 

à suivre…

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> Chapitre Premier : L’Aurore de Psalmodi (du Ve Siècle à 1004)

                D’où vient le nom de psalmodi

                Le faux diplôme de 791

> Chapitre Second : L’Apogée de Psalmodi (de 1004 à 1472)

                Le territoire de Psalmodie

> Chapitre Second :(suite)

                La vie Monastique

                Les Abbés et l’indépendance de Psalmodi

                Liste des Abbés de Psalmodi de 791 à 1482

> Chapitre Troisième : Le crépuscule de Psalmodi

                La Commende (de 1482 à 1537)

                La sécularisation (de 1537 à 1782)

                Conclusion.

 

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