HISTOIRE DE NIMES.

Par Adolphe Pieyre.

Projet D’aménagement du triangle de la Gare

en 1868.

 

 

UNE HISTOIRE A REBONDISSEMENT

PAULIN TALABOT, LE TRIANGLE DE LA GARE

ET LA SUITE EN 2001

 

 

NOTA G.M. :

En 1868, l’avenue Feuchère nouvellement aménagée bute sur la gare, les quartiers situés côté sud se développent.

Pour assurer une continuité, la municipalité décide, avec l’accord de Talabot, d’ouvrir 5 arcades de la gare dans l’axe de l’avenue Feuchère, et, dans son prolongement, construire un boulevard (route d’Arles).

Le projet de la route d’Arles est réalisé, on couvre le Vistre jusqu’au moulin Rey, mais en 1870 « dans cette ville de Nîmes », Talabot, sera exclu du Conseil Général.

 

Ce dernier échec lui fut particulièrement sensible. On lui savait moins gré des services rendus, qu’on lui en voulait à propos de ceux qu’il n’avait pas eu le pouvoir ou le temps de comprendre ! - Paulin Talabot, sa vie son œuvre par le Baron Ernouf, 1886.

 

Déçu, il sanctionnera la ville en retirant ses ateliers de réparation (P.L.M.) pour les installer à Arles et ne donnera pas suite au projet d’ouverture de la gare.

La municipalité se contentera de contourner cet édifice, elle décide alors, la construction de deux nouvelles rues, qui forment ainsi :

LE  TRIANGLE DE LA GARE

 

 

Chronologie de l’histoire par Adolphe Pieyre.

 

1868 - Les quartiers nouveaux de la ville et particulièrement celui du chemin de fer avaient, dans les années précédentes, pris une rapide extension. Depuis leur création la population n'avait cessé de s'accroître dans des proportions considérables, et on en jugera puisque le chiffre total du recensement en 1834 s'élevait pour Nîmes seul à 41 409 habitants et que le recensement de 1868 en accusait 53 323. La neuvième section qui ne comptait en 1834 que 2807 habitants en possédait en 1868, 4 022. Je cite plus particulièrement cette section parce qu'elle constitue en très grande partie le quartier du chemin de fer. La note ci-dessous permettra de suivre nettement quel était le sens de l'extension de la ville.

 

L'accroissement de la neuvième section comportait non-seulement une augmentation notable de la population, mais surtout à raison du mode des constructions, un développement considérable de la surface bâtie. Le viaduc du chemin de fer qui, en 1842, était complètement dans la campagne avait été rapidement atteint et se trouvait même dépassé, créant une barrière continue à la ville vers le sud.

 

Cette situation préoccupait non-seulement le Conseil municipal mais beaucoup de Nîmois qui étudiaient les combinaisons diverses pouvant sinon détruire du moins annuler cet obstacle. Des négociations s'engagèrent entre la Ville et la Compagnie du chemin de fer. L'idée la plus simple était celle du recul de la gare et par suite le déplacement du Viaduc. C'était là un projet grandiose que les finances de la ville, engagées dans le projet Dumont pour une somme considérable, ne permettaient pas de réaliser. La Compagnie du chemin de fer n'avait aucun motif pour exécuter à ses frais un remaniement de sa ligne.

 

On conçut alors un projet intermédiaire. Précisément à ce moment le département étudiait la réfection de la route d'Arles, presque toujours submergée à l'époque des fortes pluies. Partant de cette idée, on imagina que la ville, prenant à sa charge une partie de la dépense, pourrait fixer le tracé de la nouvelle route, et pour obéir aux exigences créées par l'extension de la ville vers le sud, on pensa que si on ne pouvait déplacer la gare, il serait peut-être facile de passer au-dessous. Dans l'idée des auteurs du projet, des rampes devaient faciliter l'accès de l'embarcadère, et l'Avenue Feuchères, trouverait son prolongement naturel dans la nouvelle route d'Arles qui serait construite en ligne droite et dans l'axe même de notre grande promenade.

 

C'est sur ces bases qu'un accord intervint après de longues discussions entre le département et la ville. Il fut résolu que Nîmes fournirait une subvention de 50 000 francs et prendrait à sa charge la couverture du lit du Vistre depuis le Viaduc jusqu'au moulin Rey. La route trouvait sur la voie nouvelle ainsi créée un débouché convenable jusqu'au. jour où pourrait se réaliser le projet consistant à traverser la gare. Malheureusement il n'y fut pas donné suite et les choses sont restées en l'état ou les ont laissées les travaux de voirie exécutés à frais commun par le département et la ville. La mise à l'étude et la réalisation partielle de ce nouveau plan d'alignement n'en est pas moins le fait du conseil municipal de 1868.

 

 

Conseil municipal du 19 mai 1870.

 

1870 - Avec la compagnie du chemin de fer les difficultés n'étaient pas moins grandes. Nous avons déjà vu le Conseil participer pour une large part à la construction de la nouvelle route d'Arles à la condition que cette route, formant avenue, serait tracée dans l'axe de l'avenue Feuchères. Ce projet visait notamment l'intention manifestée parla compagnie P.L.M., d'accroître la gare devenue insuffisante pour le trafic. Au commencement de 1870, le projet d'agrandissement fut soumis à une enquête et le Conseil municipal fut appelé à formuler son opinion. Il consacra à l'examen du projet et de tous les projets subsidiaires plusieurs séances, et enfin le 19 mai émit le vœu suivant :

 

1° Que la gare ne soit dans aucun cas déplacée et que les agrandissements jugés nécessaires soient exécutés sur l'emplacement actuel.

2° Que des passages suffisamment larges et commodes et éclairés pur le haut soient pratiqués au droit de chaque voie publique.

3° Que spécialement les cinq arceaux faisant face h l'axe de l'avenue Feuchères soient livrés à la circulation.

4° Enfin que le chemin existant au midi du Viaduc et parallèlement à sa direction, soit consacré ou rendu en équivalent par la Compagnie partout où elle l'aura occupé.

 

On sait quel compte a été tenu de ce vœu dans l'exécution du projet.

 

N'est-il pas permis de supposer que l'échec de M. Talabot, directeur de la Compagnie P.L.M., lors des élections départementales des 11 et 12 juin, fut pour quelque chose dans la suite que la Compagnie a donnée à son projet d'agrandissement ?

 

On peut, je crois, admettre sans difficulté, qu'il était impolitique pour Nîmes d'écarter de l'assemblée départementale un homme de la valeur de M. Talabot, au moment même où la ville avait besoin de le ménager afin de mener à bonne fin la question si importante de la gare.

 

Le 3e canton, plus particulièrement lésé, porte là la peine de son imprudence. Ceci dit sans porter aucunement atteinte en quoi que ce soit à l'honorable M. de Crussol, concurrent heureux de Talabot, Nîmes avait en ce moment plus de profit à retirer du succès de ce dernier que de l'élection du premier.

 

La campagne contre M. Talabot avait été menée par la Gazette de Nîmes, journal fondé depuis quelques jours à peine, au moment où s'ouvrait la campagne électorale. Les nécessités de la politique compromirent ce jour-là les intérêts immédiats de notre cité.

 

C'est de cette époque que, date le changement des ateliers du chemin de fer à Arles.

 

EN SAVOIR PLUS
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