LE FORT VAUBAN DE NÎMES
de la Citadelle à l'Université 
La Citadelle et son Gouverneur
de 1651 à 1704.
Par Léon Ménard,
histoire de la ville de Nîmes, 1758.
 
Les états de Languedoc délibèrent de demander au roi la construction d'une citadelle à Nîmes. Sur les sollicitations de la ville, ils révoquent cette délibération. (1651)
 
Il parait que l'émeute arrivée à Nîmes à l'occasion de cet enlèvement du jeune Coutelle par les religionnaires, fit naître l'idée de construire une citadelle en cette ville, afin d'y contenir les séditieux dans les bornes du devoir et de la tranquillité. Nous voyons du moins que les états généraux de la province avaient d'abord délibéré de le demander au roi.
 
Les habitants ne manquèrent pas toutefois de s'élever contre ce dessein. Ils firent représenter à l'assemblée des états suivants, que la construction de cette citadelle était d'une pernicieuse conséquence pour toute la province, et un motif dangereux pour en violer les privilèges.
 
Enfin, sur leurs sollicitations, et touchés de leurs moyens, les états prirent une seconde délibération à ce sujet, qui révoqua la précédente. La ville s'empressa d'en témoigner sa reconnaissance à cette assemblée. Elle lui députa le premier consul, dans un conseil de ville ordinaire qui fut tenu le mercredi 30 d'août de cette année 1651, et le chargea de lui en présenter les justes remerciements des habitants.
 
Construction d’une citadelle à Nîmes. (1687)
 
Quoique les missionnaires envoyés à Nîmes eussent extrêmement affermi le grand ouvrage de la conversion générale, la cour n'en demeura pas la. Elle craignait les menées et les mouvements tes religionnaires de cette ville. On ne douta pas qu'après un coup aussi terrible plue celui qui venait d'être porté à leur religion, ils ne lissent les plus violents efforts pour l'y faire revivre.
 
De sorte qu'afin de prévenir le mal dans sa source, et contenir ceux qui pourraient avoir de dangereuses intentions, le roi ordonna la construction d'une citadelle pour commander à la ville et la tenir en bride.
 
L'endroit qu'on choisit pour l'emplacement de cet édifice était situé hors des murailles de Nîmes, au quartier appelé Cremat, qui forme un coteau placé au nord-nord est de la ville.
 
On commença par en abattre les arbres le 9 de mai de cette année 1687. qui était le lendemain de l'Ascension. Après quoi il fut dressé un devis de cette citadelle, daté du 15 de ce mois, qui est très-détaillé, et qui m'a paru assez curieux pour être conservé et mériter d'avoir place parmi les preuves.
 
L'adjudication des ouvrages fut faite le même jour, après les formalités ordinaires, par l'intendant de Bâville, à Jean Papo, architecte du roi, sous le cautionnement de Jacques Cubizot, architecte de Nîmes. On avait cependant commencé dès le 11 d'en creuser les fondements. On en posa le 15 la première pierre.
 
Cette citadelle fut presque toute bâtie au bout d'un an. Les entrepreneurs, suivant les ordres qu'ils en avaient, y firent une diligence incroyable. Ils y employèrent des régiments entiers, et tous ceux, femmes ou enfants, qui apportaient du moellon aux ouvriers, avaient un denier pour chaque pierre. Elle est à quatre bastions, avec une place d'armes carrée au milieu, entourée des casernes des soldats et des logements des officiers.
 
Au reste, c'est sans doute du titre de citadelle qu'il faut qualifier cet édifice, ce titre du moins lui convient beaucoup mieux que celui de fort qu'on lui donne quelquefois.
 
On sait qu'une citadelle est attenante et attachée à une ville, construite même pour la commander. Celle-ci tient en effet aux murailles de Niches. Les forts au contraire sont des ouvrages de terre ou de maçonnerie, absolument détachés.
 
Dans le même temps, et par les mêmes motifs, on bâtit la citadelle d'Alais et celle de Saint-Hippolyte, deux principales villes du diocèse de Nîmes.
 
Etablissement d'un état-major en cette ville. Rippert d'Alausier en est nommé gouverneur, et Artault, major. (1688)
 
La construction du fort de Nîmes étant bien avancée et presque finie, le roi songea d'y établir un état-major, formé comme le sont ceux de toutes les places de guerre, d'un gouverneur, d'un lieutenant du roi, d'un major de la place, d'un aide-major, et d'un capitaine des portes. Il nomma pour gouverneur Balthasar Rippert d'Alausier, brigadier d'infanterie, natif de Bollène au comté Venaissin, qui avait servi avec distinction, et donné des marques signalées de bravoure et de zèle pour le service du roi dans les occasions les plus importantes. Ses provisions de gouverneur de Nîmes sont datées de Versailles le 8 d'avril de cette année 1688. Elles contiennent pouvoir de commander non-seulement à Nîmes, mais encore dans les villes et châteaux d'Alais et de Saint-Hippolyte, tant aux habitants qu'aux gens de guerre qui y seraient en garnison.
 
Ce nouveau gouverneur ne vint prendre possession qu'au mois de juillet suivant. Il reçut à son arrivée, la visite et les compliments des consuls en robe et en chaperon.
 
Par des provisions de même date que celles du gouverneur, le roi nomma le sieur Arthault pour major de Nîmes. Celui-ci arriva en cette ville le mercredi 23 de juin de la même année.
 
Les consuls allèrent aussitôt en chaperon lui rendre visite à l'hôtellerie du Luxembourg, où il était logé. Il leur remit ensuite ses provisions pour les insérer dans les registres de l'hôtel de ville, ce qui fut exécuté le 26 du mois.
 
On étend une partie des murailles de la ville au-delà de leur ancienne enceinte pour les joindre an fort, et l'on fait un cours sur la ligne des murailles abattues. (1688)
 
Comme l'emplacement qu'on avait pris pour le fort de Nîmes se trouvait  hors de la ville, on fut obligé de faire quelque changement de ce côté. Ce fut sur la fin de cette année. On abattit les deux anciennes portes de la Bouquerie et des Prêcheurs, de même que la partie des murailles de la ville qui régnait d'une de ces portes à l'autre et au-delà.
 
On construisit, en même temps, de nouvelles murailles, qui furent portées plus loin, qu'on joignit au fort, et qui renfermèrent dans leur enceinte tout le faubourg, des Prêcheurs, auxquelles on fit trois nouvelles portes, l'une appelée d’Alais, la seconde assez voisine de l'ancien château et qui prit dans la suite le nom des casernes, la troisième tout près du fort. Alors aussi, sur l'idée qu'en donna l'architecte Gabriel Dardalhion, l'on fit, des terres au terre-plein de la vieille enceinte, un cours assez étendu qu'on plaça précisément sur la même ligne que celle des murailles qu'on avait abattues, et qui se terminait dans ses extrémités du côté de l'orient à une des nouvelles portes, et du côté de l'occident à l'avenue du fort. Ce cours fut formé de trois allées d'ormes.
 
Les états généraux de Languedoc s'assemblent à Nîmes. Ils font chanter le Te Deum pour la prise de Philisbourg. La ville fait un feu de joie à ce sujet. Règlement ôte dite de Noailles sur les honneurs de la préséance à ces sortes de cérémonies, entre le gouverneur et le juge-mage. (1688)
 
On tint à Nîmes cette année 1688 les états généraux de la province de Languedoc. La nouvelle de la prise de Philisbourg par le dauphin étant arrivée pendant la tenue des états, le cardinal de Bonsi, archevêque de Narbonne, fit chanter le Te Deum en action de grâces le jeudi 11 de novembre, dans l'église cathédrale de Nîmes
 
Les consuls se rendirent chez lui, en robe et en chaperon, sur les trois heures après midi, d'où ils l'accompagnèrent à l'église avec le reste des états.
 
La ville fit ce jour-là même un feu de joie. Il devait être allumé vers les cinq heures du soir. Mais il s'éleva un différend sur les honneurs de la préséance entre le gouverneur et le juge-mage, qui le retarda de quelques heures.
 
Le premier prétendait que les consuls vinssent en robe, le prendre chez lui, pour de là aller ensemble mettre le feu au bûcher.
 
Le second voulait que le gouverneur et lui se rendissent à l'hôtel de ville, et que de là ils allassent allumer le feu. Cette contestation fût à l'instant portée devant le duc de Noailles, lieutenant général, qui se trouvait aux états.
 
Ce commandant ayant entendu les raisons réciproques des deux parties, ordonna que le premier consul irait en chaperon prendre le gouverneur chez lui et l'accompagnerait à la maison de ville, que le second consul en ferait de même envers le juge-mage, que l'un et l'autre étant arrivés, les quatre consuls prendraient leur robe, et qu'alors tous partiraient ensemble pour aller mettre le feu au bûcher, que dans leur marche le gouverneur serait entre le juge-mage à sa droite et le premier consul à sa gauche, sur une même ligne, que les trois autres consuls viendraient après, et que le conseil de ville suivrait, qu'après qu'ils auraient tous ensemble mis le feu au bûcher, ils reviendraient à l'hôtel de ville dans le même ordre, et qu'enfin en cas d'absence du gouverneur, ce serait le second consul qui irait chercher le lieutenant de roi, et le troisième consul le juge-mage.
 
Ce règlement ayant été prononcé par le duc de Noailles aux deux parties, elles y acquiescèrent toutes deux. De manière qu'on commença de l'exécuter ce jour-là même, et le feu fut allumé sur les sept heures du soir.
 
On achève et l'on perfectionne le nouveau cours de Nîmes. Le roi accorde trois mille livres à l'hôpital général de cette ville, à prendre annuellement sur la ferme de la boucherie. (1689)
 
II restait encore pour la perfection du nouveau cours, à transporter les massifs des terres des vieilles murailles de la ville depuis la porte de la Bouquerie devis celle des Prêcheurs.
 
Le devis de ce reste d'ouvrage avait été dressé par l'ingénieur des ouvrages du roi à Nîmes, nommé du Plessis, et l'entreprise adjugée par l'intendant, à un architecte nommé Lyon, pour la somme de deus mille cent cinquante livres.
 
Sur quoi, le conseil de ville ordinaire s'étant assemblé le dimanche 2 de janvier de l'an 1689, il fut délibéré d'emprunter cette somme. On chargea en même temps les consuls de faire observer à l'ingénieur les endroits du cours qui se trouvaient défectueux, soit à cause des murailles bâties par les entrepreneurs, et dont les fondements n'étaient pas bien faits, soit par un trop grand transport de terres qu'ils avaient fait dans le chemin, qui se trouvait plus élevé que le sol des maisons voisines, ce qui pouvait occasionner des ravages dans le temps des pluies.
 
La médiocrité des fonds de l'hôpital général de cette ville mettait les administrateurs hors d'état de pourvoir à la subsistance et à l'entretien du grand nombre de pauvres qui étaient enfermés dans cette maison. Sur leurs représentations, le roi, toujours zélé pour le soutien d'un si pieux établissement, fit rendre un arrêt en son conseil d'état le 15 de ce mois de janvier, portant que la ville donnerait annuellement pour cet objet la somme de trois mille livres, à prendre sur les deniers de la ferme de la boucherie.
 
Différend survenu entre l'abbé Fléchier et le gouverneur de Nîmes, sur la préséance aux assemblées de ville. Le roi décide en faveur du dernier.
 
Il s'était alors élevé un différend entre le gouverneur d'Alausier et l'abbé Fléchier, au sujet de l'assistance et préséance aux assemblées de ville, et surtout à celles où se font les élections consulaires, que Fléchier disputait au gouverneur. Celui-ci en écrivit à la cour et envoya un mémoire contenant ses demandes.
 
Le marquis de Châteauneuf, ministre d'état, en ayant fait le rapport au roi, ce prince donna un règlement, daté de Versailles le 25 de janvier, portant que le gouverneur de Nîmes pourrait se trouver aux assemblées générales de la ville et principalement à celles qui se tiennent pour l'élection des consuls, où il aurait la préséance sur quelque personne que ce pût être, qu'après que les consuls auraient été élus, ils prêteraient le serment entre les mains de leurs prédécesseurs dans la place publique et devant le peuple, ainsi qu'on avait accoutumé de le pratiquer, et qu'ensuite ils iraient rendre la première visite au gouverneur.
 
Le ministre écrivit le même jour à d'Alausier, pour lui donner connaissance de la décision du roi. Il lui marqua en même temps qu'on n'y parlait nommément ni de lui ni de l'abbé Fléchier, nommé à l'évêché de Nîmes, parce que le règlement était pour l'avenir aussi bien que pour le présent et qu'il avait été beaucoup mieux de n'y faire aucune mention de leurs prétentions respectives. Il ajouta qu'il l'avait adressé à l'intendant pour le faire passer à Nîmes. Ce magistrat l'ayant envoyé aux consuls, on en fit l'enregistrement dans l'hôtel de ville le 6 de février suivant.
 
La lieutenance de roi de Nîmes est donnée au sieur de la Mothe-Bailly. Il arrive en cette ville. Les consuls lui rendent visite. (1689)
 
Cependant la cour n'avait pas encore nommé à la lieutenance de roi de cette ville. Mais elle ne tarda pas à la conférer. Ce fut au sieur de la Mothe-Bailly, capitaine au régiment de la marine, que le roi la donna par des provisions, datées de Versailles le 21 du même mois de février.
 
Ce nouveau lieutenant de roi arriva à Nîmes le mardi 2 d'avril suivant et alla loger au fort. Les consuls en chaperon, accompagnés de plusieurs conseillers de ville, l'y allèrent aussitôt complimenter.
 
Construction d'une nouvelle porte au bout du cours, à laquelle on donne le nom de la Bouquerie. On ferme par une balustrade les avenues du cours. (1689)
 
On ne tarda pas cependant à s'apercevoir que la nouvelle porte qu'on avait construite près du fort, du côté de l'occident, était extrêmement incommode, soit parce qu'elle était trop éloignée des maisons des habitants, soit parce qu'elle se trouvait trop voisine de l'entrée du fort, ce qui faisait que les étrangers qui apportaient des marchandises n'osaient point entrer par ceste porte de crainte d'être insultés par les soldats de la garnison. Il tut donc jugé beaucoup plus avantageux plus convenable môme à l'embellissement de faire faire une autre porte plus bas vis-à-vis du cours, qui ferait face et répondrait à celle qu'on avait faite à l'autre extrémité, près de l'ancien château.
 
En conséquence, le conseil de ville extraordinairement assemblé le jeudi 26 du môme mois de juin, auquel présida Pierre Chazel, lieutenant principal délibéra de présenter requête à l'intendant, pour avoir la permission de faire faire cette nouvelle porte, et fermer celle qui était à côté du fort, pour n'être ouverte qu'en cas de nécessité, ce qui fut permis et exécuté de même. C'est la porte qu'on appelle maintenant de la Bouquerie.
 
De plus, on remédia au dommage que causait journellement aux jeunes ormes du cours le passage des carrosses et des voitures. Ce fut sur la plainte de l'entrepreneur, qui s'était chargé non-seulement de planter ces arbres, mais de les entretenir. Le conseil de ville ordinaire délibéra donc, le dimanche 3 de juillet suivant de faire fermer par des balustrades de bois les avenues dit cours.
 
Premières solennités pratiquées dans le fort de Nîmes, à l'occasion de la fête de saint Louis. Elles sont suivies d'un feu de joie. (1689)
 
Cette année aux approches de la fête de Saint-Louis 25 d'août jour de la fête du roi, on se disposa à faire, dans la chapelle du fort de Nîmes, des solennités, qu'il ne parait pas qu'on y eût encore pratiquées depuis la construction de cet édifice.
 
L'abbé Fléchier devait y célébrer la messe ce jour là, et Gilles Begault, son aumônier, y prononcer le panégyrique du saint. Le lieutenant du roi fut à l'hôtel de ville le mardi 23, du même mois, pour prier les consuls de se trouver à  cette solennité. Il leur représenta en même temps qu'il était convenable de faire un feu de joie a l'honneur de la fête. Ce qui fut entièrement exécuté le 23.
 
On dressa ce jour-là le feu à l'esplanade qui fut allumé sur les huit heures du soir par ce commandant, avec Juge-criminel le Fèvre, et les consuls en robe et en chaperon. Les canons qu'on avait depuis peu placés au fort tirèrent au même instant, et ensuite toute la mousqueterie.
 
Mort de Balthazar d'Alausier, gouverneur de Nîmes. (1689)
 
Bientôt après arriva la mort de Balthasar d'Alausier, gouverneur de Nîmes. Il avait été mandé à la cour pour recevoir des ordres particuliers sur le fait de son gouvernement. Il était parti de Bollène, son pays, et arrivé au Pont-Saint-Esprit le 12 d'octobre de la même année.
 
Ce jour-là, le duc de Noailles avec qui il avait un rendez-vous passa en cette dernière ville. Alausier s'étant avancé sur le pont pour saluer ce commandant y fut attaqué d'un accident d'apoplexie, dont il mourut au même instant. Le duc de Noailles qui l'avait toujours honoré d'une estime particulière et qui faisait un grand cas de son habileté dans l'art de la guerre, témoigna un extrême regret de cette mort.
 
Le lendemain 13, le corps du gouverneur d'Alausier fut transporté à Bollène pour y être enterré dans le tombeau de la chapelle de ses ancêtres.
 
Le roi donne le gouvernement de Nîmes au marquis de Sandricourt, qui vient en prendre possession, honneurs que la ville et l'académie lui rendent. Réjouissances faites en cette ville à l'occasion de la journée de Fleurus. (1690)
 
Le gouvernement de Nîmes venait d'être donné à François de Saint-Simon, marquis de Sandricourt. Ce nouveau commandant arriva le mardi 27 de juin de la même année en cette ville. On lui rendit tous les honneurs publics.
 
L'Académie royale lui rendit les siens en particulier. Cinq commissaires nommés de sa part,  allèrent le complimenter le jour même de son arrivée. Ce fut l'abbé Ménard prieur d'Aubora, qui porta la parole. Le nouveau gouverneur lui répondit dans les termes les termes les plus polis et les plus affectueux, qui marquaient toute l'étendue de ses sentiments et pour l'Académie en général et pour ceux qui la composaient en particulier. Il prit son logement dans une des belles maisons de Nîmes, qui appartenait à l'avocat Guiraud, située près du marché au blé.
 
La première action publique où assista le nouveau gouverneur, fut celle des réjouissances qui se firent à Nîmes le dimanche 30 de juillet suivant, à l'occasion de la victoire remportée par le duc de Luxembourg à la bataille de Fleurus sur l'armée des alliés.
 
Le marquis de Sandricourt se trouva au Te Deum qui tut chanté ce jour là en actions de grâces dans l'église cathédrale. Il alluma le soir du même jour, avec le lieutenant criminel et les consuls, le feu de joie qui se fit à l'esplanade pour ce sujet.
 
On pose des treillis de fer aux entrées des aqueducs de la Fontaine et des eaux pluviales dans la ville ainsi qu'à leur sortie. (1691)
 
Les soins du nouveau gouverneur de Nîmes pour la sûreté et la tranquillité de la ville l'obligèrent d'en vérifier les murailles et les portes. II trouva sans fermetures les entrées et les sorties des aqueducs souterrains destinés à la conduite ou du canal de la fontaine ou des eaux pluviales, ce qui pouvait avoir de dangereuses conséquences, et occasionner des entreprises la nuit.
 
Sur quoi il proposa au conseil de ville ordinaire le 29 de janvier de l'an 1691, de faire faire des grilles ou treillis de fer dans tous ces endroits dangereux. L’assemblée le délibéra de même, et ajouta que la chose se ferait aux dépens de la communauté.
 
Le chevalier d'Aguine, lieutenant de roi de Nîmes, passe au gouvernement d’Alais. Le roi nomme Montfalcon à sa place. (1695)
 
La lieutenance de roi de Nîmes que le sieur de la Mothe-Bailli avait le premier occupée depuis la construction du fort de cette ville, était alors possédée par Jean-Louis Gautier d'Aiguine, des barons de Senez en Provence, chevalier de Malte, mais il ne tarda pas à la quitter pour passer au gouvernement du château d'Alais, que le roi Louis XIV venait de lui donner. En même temps, ce prince, par des lettres datées de Versailles le 23 d'août de cette adnée 1695, nomma Balthasar Azemar de Montfalcon, exempt des gardes du corps, à la lieutenance de roi de Nîmes. Celui-ci servait avec distinction depuis trente-cinq ans. Il en avait passé vint-huit parmi les gardes du roi.
 
Montfalcon prend possession de la lieutenance de roi de Nîmes, on enregistre à l'Hôtel de ville la harangue faite par l'ancien consul la Baume, en présentant au roi le cahier des états de Languedoc. (1696)
 
Au mois de juin suivant Balthasar Azemar de Montfalcon vint à Nîmes prendre possession de la lieutenance de roi. II se rendit à l'hôtel de ville le lundi 25 de ce mois-là, pour y demander l'enregistrement des lettres du roi qui contenaient sa nomination, ce qui fut au même instant exécuté.
 
II est à remarquer, et ce trait mérite d'être connu qu'on enregistra aussi dans l'hôtel de ville, vers la mi-septembre suivant, la harangue qu'avait faite au roi cette année l'ancien consul de Nîmes en lui présentant le cahier des états de la province de Languedoc, comme député du tiers-état, qui était Charles-Joseph de la Baume, conseiller au présidial de Nîmes.
 
Les autres députés s'étaient trouvés absents, savoir l'évêque de Béziers et le marquis de Caylus, de manière que tout l'honneur de la députation et des harangues avait roulé sur l'ex-consul de Nîmes. Celui-ci s'en acquitta très bien, et le souvenir ne s'en est pas encore perdu. On jugea donc à propos d'insérer sa harangue au roi dans les registres publics, afin d'établir et de constater à jamais le droit qu'a le député du tiers-état de présenter au roi le cahier de la province et de le complimenter, au défaut des députés du clergé et de la noblesse.
 
Ce commandant fait désarmer tous les nouveaux convertis du pays. Il commence par ceux de Nîmes. (1703)
 
Quelques jours après, le maréchal de Montrevel cherchant à assurer le repos public contre les entreprises des rebelles et de leurs adhérents, jugea à propos de faire désarmer tous les nouveaux convertis. Il commença par ceux de Nîmes, et fit ce désarmement le mardi 10 du même mois d'avril. Il ordonna que les portes de la ville fussent fermées toute la matinée, et que des commissaires fissent chacun séparément la recherche des armes. Ces commissaires furent les officiers du présidial et les consuls, à chacun desquels on assigna l'un des quartiers de la ville.
 
Pendant leur recherche, le maréchal parcourut les principaux endroits, pour faire lui-même de son côté les perquisitions nécessaires. Il était accompagné du gouverneur de Sandricourt, et des officiers qui servaient à sa suite.
 
Les rues étaient bordées par les troupes de la garnison, et par les compagnies de la bourgeoisie. Quelque exacte que fût la recherche qu'on fit dans toutes les maisons, on n'y trouva qu'une petite quantité d'armes, dont la plupart étaient même hors d'état de service. Ce qui fit juger ou que les nouveaux convertis les avaient trop bien cachées pour pouvoir les découvrir ou qu'ils les avaient déjà remises aux fanatiques.
 
 
 
Entrevue de ce chef de rebelles avec le maréchal de Villars, l'intendant de Bâville et le gouverneur Sandricourt dans le jardin des récollets de Nîmes. (1704)
 
Le maréchal et l'intendant s'y rendirent ce jour-là les premiers, avec le marquis de Sandricourt gouverneur de la ville. Cavalier arrive ensuite, accompagné du baron d'Aigaliers et du marquis de la Lande. Il était escorté de douze cavaliers, ayant Catinat à sa droite, et Daniel Billard, de Nîmes, son grand prophète, à sa gauche, qui le quittèrent à la porte du couvent. Tous les environs étaient gardés par des soldats, la foule y était prodigieuse. Cavalier s'étant respectueusement approché du maréchal, se jeta à ses pieds, et voulut lui remettre son épée. Mais ce seigneur la lui laissa, et le fit relever.
 
Alors Cavalier lui dit en termes soumis, qu'il le suppliait de trouver bon qu'il se rendit avec sa troupe dans tel lieu qu'il voudrait ordonner, pour y attendre les effets de la bonté du roi, qu'il souhaitait avec ardeur de sacrifier sa vie pour le service de sa majesté.
 
Le maréchal lui répondit qu'il avait envoyé sa requête à la cour; qu'il attendait les ordres du roi pour lui déclarer sa volonté. Il l'assura cependant qu'il avait employé ses bons offices auprès de sa majesté, afin qu'elle écoutât plutôt sa clémence que sa justice. Il fut ensuite convenu qu'en attendant il se rendrait à Calvisson avec ceux de sa troupe.
 
Cavalier se retira, et eut dans le jardin même quelques moments de conversation avec diverses personnes que la curiosité y avait attirées.
 
Léon Ménard
 
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La Citadelle, prison politique en 1790
 

A la révolution de citadelle devint une prison politique de sécurité. La bagarre de Nîmes de juin 1790, où un affrontement sanglant opposant des catholiques à des protestants fut le coup d'envoi d’une répression de la part de militants patriotes qui en profitèrent pour affirmer leur domination.

Les prisons du palais de justice, de l’hôtel de ville et de la citadelle étaient quasi remplies. Une législation d’exception fut progressivement mise en place.

Le schisme des prêtres lié à la procédure du serment constitutionnel augmentât la population carcérale, tous ne partirent pas en exil en Italie certains revinrent trop tôt.

C'est le 17 thermidor (4 août 1794) que parvint à Nîmes, la première nouvelle de l'exécution de Robespierre et de ses principaux complices. Le lendemain, le Directoire du département reçoit le « Bulletin de la Convention » qui confirme officiellement la tragique nouvelle. On comptait alors 304 prêtres du Gard bannis de France, 3 condamnés à la déportation, mais retenus à la Citadelle à cause de leur infirmité, 8 exécutés sur l'échafaud, 48 reclus à la Citadelle, exemptés du bannissement à cause de leurs infirmités ou de leur âge. Ces derniers ne furent pas élargis. A peine pouvons-nous compter la mise en liberté des chanoines Lenoir, Tempié, Verrot, du frère ignorantin Bariba. Les prêtres de la Lozère, traduits à la Citadelle de Nîmes par Borie, reçoivent un secours du département pour rentrer à Mende, mais ne sont pas libérés. (3 brumaire an III, 24 octobre 1794)

Des prêtres sont malades, le district les fait transférer à l'hôpital pour y être soignés, mais ils restent sous la surveillance des autorités et devront réintégrer la Citadelle après leur guérison.

Pour l’exemple voici un court récit de l’ Abbé Goiffon qui narre l’histoire d’un membre de la famille de l'auteur de ce site.

« Benoît Mathon, ordonné prêtre en 1789, fut nommé vicaire à Russan. Deux ans après, la persécution l'obligeait à fuir en Italie, où il eut à supporter toutes les privations de l'exil et de la misère, mais sa vertu sut l’élever au-dessus de la souffrance, et l'on raconte qu'il devint l'ange consolateur de ses compagnons d'infortune. M. Mathon rentra en France en 1797, et put pendant quelque temps reprendre ses fonctions à Russan; la persécution ayant recommencé, il fut arrêté par une bande armée, le 2 décembre 1799, et traîné dans les prisons de la citadelle de Nimes, où il resta seize mois. »

 
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La Citadelle, prison Centrale à partir de 1820
 
L’ordonnance royale du 30 mars 1820, affecte les bâtiments de l’ancienne citadelle de Nîmes à la maison centrale de détention.
Ce bâtiment abritait auparavant une maison de correction ainsi que le dépôt de mendicité.
Au départ la maison centrale est prévue pour loger 750 détenus, l’effectif passera progressivement de 250 en 1820, 742 en 1825 et 1226 en 1835. Il y aura des détenus des deux sexes.
Dans le projet initial il était prévu des espaces destinés aux divers cultes, ce n’est qu’en 1826 que sera construite la première chapelle.
Des ateliers de manufactures seront mis en place tout au début. Un entrepreneur ayant soumissionné était chargé d’organiser les ateliers, d’assurer les fournitures et de commercialiser les produits. Un main-d’œuvre bon marchée et quasi sans charges lui permettait de réaliser de substantiels bénéfices.

Les conditions de détention étant très rude, la mortalité était de 10% annuel de la population carcérale. Un condamné à une peine supérieure à dix années n’avait, statistiquement parlant, aucune chance de sortir vivant de cet établissement, c’était la plus terrible des réalités. Mais était-il au courant de son futur sort ?

 
En 1842, le 20 janvier, on installait les frères des Écoles chrétiennes, en remplacement des gardiens dans la maison centrale de détention.
Cette dernière occupait depuis 1820 l'ancien fort (Fort Vauban). Le samedi 11 octobre 1845, un crime horrible fut commis. Un détenu s'empara en cachette d'un tire-point, puis frappa mortellement un frère en pleine poitrine. Le détenu fut jugé en cour d'assises le 27 novembre 1845. Condamné à mort le meurtrier ne subit sa peine que l'année  suivante. Il avait dix-neuf ans. Quelque temps après ce crime affreux, les frères furent retirés de la Centrale.
  
Entrée Fort Vauban en 1890 - Collection Musée du Vieux Nîmes
 
Cour intérieure Fort Vauban en 1890 - Collection Musée du Vieux Nîmes
 
Vue intérieure Fort Vauban en 1890 - Collection Musée du Vieux Nîmes
 
Cellules Fort Vauban en 1890 - Collection Musée du Vieux Nîmes
 
Salle discipline Fort Vauban en 1890 - Collection Musée du Vieux Nîmes
 
Réfectoire Fort Vauban en 1890 - Collection privée
 
Chaiserie Fort Vauban en 1890 - Collection Musée du Vieux Nîmes
 
A partir du Ier novembre 1852, la Maison Centrale (Citadelle, Fort Vauban) est administrée par voie de régie économique. L’action du directeur s’étend à toutes les parties du service de la régie, comme à toutes les branches de l’administration.
Des travaux sont organisés conformément au décret du 25 février 1852.
Un atelier considérable de cardage occupe 3 à 400 personnes, on organise dans de vastes proportions l’atelier de la cordonnerie, ainsi que des ateliers de tissage de coton.
L’administration s’applique surtout à n’introduire dans l’établissement que des industries qui ne causent pas un préjudice sérieux aux ouvriers de la localité.
 
 
Le Docteur Perrier avec 3 prisonniers de la prison centrale - Collection Musée du Vieux Nîmes
 
En 1888, le docteur Charles Perrier (1862-1938)  sera médecin à la prison Centrale de 1888 à 1911. Il effectua deux études d'anthropométrie, publiée en 1900 et en 1905.
A ne pas confondre avec le docteur Perrier Louis Eugène, né en 1835 à Domessargues et mort en 1913 à Nîmes, qui se rendit acquéreur de la source des Bouillens à Vergèze et la mit en exploitation en lui donnant son nom. Il sera Conseiller général et fera fonction de maire de Nîmes de janvier à mars 1871.
 
 
Chapelle et synagogue Fort Vauban en 1890 - Collection Musée du Vieux Nîmes
 
Temple Fort Vauban en 1890 - Collection Musée du Vieux Nîmes
 
Eglise Fort Vauban en 1890 - Collection Musée du Vieux Nîmes
 
Les trois cultes étaient pratiqués, dans l'enceinte de la prison il y avait une synagogue, un temple, une église ainsi qu'une chapelle dédiée à la vierge.
 
Plans de la Maison Centrale
Nîmes, 1879.
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Plan Général

Plan Sous-Sol et Caves


Plan 1er étage

Plan Rez-de-Chaussée

Plan 2e étage

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La Citadelle, Université Fort Vauban à partir de 1995
 
En 1991, en juin fermeture de la Maison Centrale « Fort Vauban », la ville de Nîmes rachète l'ensemble des bâtiments pour créer une faculté de Lettres. Les travaux d'aménagements seront réalisés par l'architecte Andrea Bruno.
En 1995, le11 octobre Inauguration du nouveau centre universitaire sur le site du fort Vauban.
 
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LE PUECH FERRIER
L'une des sept collines, par M. IGOLEN, 1935
 
Nous donnerons comme limites au Puech Ferrier les rues Rangueil et du Crémat, à l'est, et à l'ouest, la rue de la Lampèze.
La rue Démians actuelle en Jalonne la crête dans toute sa longueur.
    Cette colline a porté successivement les noms de :
    Podium Crematum, en 1145 et 1185, suivant Ménard.
    Podium Ferre, en 1380, d'après le compoix de Nîmes.
    Podium Ferrarium, en 1463, suivant Ménard.
    Pied Ferrier, en 1671, d'après le compoix de Nimes.
    Puech Ferrier, sive Puech des Moulins à Vent, en 1695, suivant les archives des hospices de Nîmes.
C'est sur un rocher de cette colline que fut construit en 1687, le Fort ou Citadelle, que nous appelons aujourd'hui la Maison Centrale.
 
L'étymologie du mot Ferrier est mal connue ; ce mot viendrait, dit-on, des Forges qui existait jadis dans les parages du mont Ferrier ; il viendrait, d'autre part, du mot Ferrier nom quelconque aujourd'hui, mais qui aurait pu avoir autrefois une signification bien définie, comme, par exemple, le nom d'un des principaux propriétaires de cette portion de nos Garrigues. Pour Maruéjol, qui tire l'étymologie de nos collines de l'action que les rayons solaires exercent sur elles, le Puech Ferrier « tire son nom du roc dénudé, bien connu de nous tous, qui s'illumine au choc des rayons solaires comme le fer sous l'éclat de ses grisailles aux reflets métalliques ».
 
Disons ici que ce qu'on appelle « Mont Margarot » aujourd'hui, c'est tout simplement la petite plantation de pins qui se trouve derrière la Maison Centrale, entre la rue Maucomble et la rue de la Porte Cancière ; il doit son nom à M. Margarot, ancien maire de Nimes, qui créa ce joli coin sur les pentes du Puech Ferrier
 
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Une journée de détention à la Maison centrale de Nîmes en 1932

> Un incroyable reportage photographique sur la vie au Fort Vauban en 1932.