La famille de Banne

extrait de "La France Protestante de Haag", 1846 - Tome I - Pages 221 à 224

BANNE (CLAUDE DE), fils d'Antoine de Banne et de Gabrieile Aubert, seigneur d'Avéjan, baron de Ferreyrolles, épousa, en 1567, Dauphine de Montcalm. Le contrat de mariage fut signé le 7 août en présence d'Honoré de Montcalm, sieur de Saint-Véran, frère de la fiancée, de Claude de Beauvoir, seigneur de Saint-André, de Jacques de Budos, baron de Portes, de Jean de Barjac, seigneur de Rochegude, et de Hardouin de Porcelet, sieur de Maillanne ; une clause du contrat portait que le mariage serait célébré selon les rites de l'Église réformée.

Dès cette époque, Claude de Banne professait donc le protestantisme.
Il mourut dans le mois de mars 1604, laissant de sa femme qui vécut encore trente et une années, huit enfants, savoir :
PIERRE de Banne, qui continua la branche d'Avéjan ;
JACQUES de Banne, qui fonda la branche de Terris ;
Louis de Banne, qui eut d'un premier mariage DAUPHINE de Banne, mariée à Charles de Rosel, seigneur de St-Sébastien ; il épousa en secondes noces Anne de Leuze qui le rendit père de DAUPHINÉ de Banne et de JACQUES de Banne, seigneur de Méjannes. Ce dernier ne serait-il pas le père du pasteur de Méjannes, ministre de St-Hippolyte en 1659, dont le Synode national de Loudun loue « le grand
zèle et les excellentes qualités. » Aymon, qui le cite parmi les députés envoyés à celte assemblée par la province des Cévennes, l'appelle, il est vrai, Etienne Proche, seigneur de Méjannes ; mais on sait combien d'erreurs grossières cet historien a commises dans l'orthographe des noms.
Quoi qu'il en soit, nous ajouterons ici que Méjannes fut nommé plus tard ministre de Durfort, et qu'en cette qualité il présida un synode tenu à Saint-André de Valborgne, le 25 mai 1665.
Il y fut décidé "qu'on exhorterait les gentilshommes, magistrats et autres personnes en dignité de se soumettre avec respect aux ministres qui portent les clefs du royaume des Cieux, de protéger les anciens qui seront vexés par les personnes réfractaires à la discipline, de prier Dieu d'affermir la volonté du roi de maintenir les édits."
Il ordonna en même temps aux ministres et anciens qui composaient l'assemblée, de jurer d'observer cette délibération et de faire prêter le même serment aux membres de leurs consistoires.
Louis XIV vit dans cette mesure une chose inouïe, "une cabale, un monopole des ministres contre son autorité", et Méjannes, comme modérateur, fut cité à comparaître personnellement devant le Conseil. En même temps, ordre fut donné d'informer criminellement contre de Surville, pasteur du Vigan, et contre tous les ministres qui auraient exigé ce serment.
On ne nous apprend pas quel fut le résultat de cette affaire.
CLAUDE de Banne, seigneur de Cabiac. Né en 1578, il fit ses premières études au Collège royal de Nismes, dont tous les professeurs étaient à cette époque protestants. A l'âge de 14 ans, il fut mis chez les jésuites de Tournon.
Le P. Sales le convertit et lui inspira, dit Ménard, ce zèle enflammé qu'il eut depuis pour la religion catholique.
Nommé conseiller au présidial de Nismes, il occupa cette place pendant plus de 40 ans et la transmit à son fils. A l'âge de 80 ans, « son zèle enflammé » ne s'était point encore refroidi, car il composa contre les Protestants un livre intitulé : L'Écriture abandonnée par les ministres de la religion prétendue réformée, qui ne fut cependant imprimé qu'après sa mort, arrivée en 1658. Il essaie d'y prouver qu'aucun passage de l'Écriture ne justifie la croyance des Protestants, tandis que, au contraire, une foule de textes formels la combattent. C'était un tour de force bien digne d'un élève des Jésuites.
CHARLES de Banne , seigneur de Révégueys, qui épousa Jacquette de Tuffain et en eut cinq fils Antoine, Jacques, Jean, François, et Pierre.
MARGUERITE de Banne, épouse de Jean de Ribeirols, seigneur du Pont.
FRANÇOISE de Banne, femme de Jacques de Goul, seigneur de La Charrièra.
ISABEAUde Banne, qui se maria avec Jean de Gas, seigneur de Saint-Gervais.
 
I - BRANCHE D'AVÉJAN.
Pierre de Banne épousa, le 2 mai 1595, Anne de Caladon, fille de François de Caladon, sieur de La Valette et de Gabrielle de L'Estang de Pomérols. Il en eut :
1° FRANÇOIS de Banne, mort jeune.
JACQUES de Banne qui continua la descendance.
JEAN de Banne.
GABRIELLE de Banne, qui épousa Charles de Rochemore, seigneur de La Devèze.
5° MARIE de Banne, femme de Charles d'Agulhac, seigneur de Lézan et de Rousson.
6° FRANÇOISE de Banne, alliée à Joachim de Gabriac, seigneur de Saint-Paulet.
 
Jacques de Banne, baron de Fereyrolles, seigneur d'Avéjan, de La Nuéjols, etc., suivit la carrière des armes. En 1631, il était guidon de la compagnie de gendarmes commandée par le comte de Tournon. Il servit ensuite en Italie sous le maréchal de Créqui. En 1655, il obtint un congé dont il profila pour visiter son pays natal et épouser Marguerite de La Fare. A peine son mariage fut-il célébré, qu'il retourna sous les drapeaux; mais il n'y passa que quelques mois. En 1657, il accourut au rendez-vous donné à Béziers par le maréchal de Schomberg à toute la noblesse du Languedoc, pour de là marcher contre les Espagnols qui assiégeaient Leucate. Pendant qu'il combattait les ennemis de la France, sa maison de La Nuéjols fut pillée par des rebelles. Deux ans plus tard, les Espagnols ayant fait une nouvelle tentative sur Salces en Roussillon, il s'empressa de reprendre les armes. On ignore en quelle année il mourut, mais on sait qu'il vivait encore en 1694. Il comptait alors 81 ans, et l'âge n'avait diminué en rien son zèle pour sa religion. Un exemple suffira pour prouver à quel point il y était attaché.
Son fils aîné DENYS, né le 7 août 1659, ayant fait abjuration, en 1655, à La Fère, où il avait suivi Louis XIV comme page de la petite écurie, il en conçut un ressentiment que rien ne put calmer, pas même une lettre du roi qui lui écrivit à cette occasion :
"Je me promets de votre justice et bon naturel que désormais vous n'aurez nul égard à ce changement, nous assurant que vous conformant à ce qui est en cela de ma volonté, qui n'est point contraire à celle de Dieu ni aux avantages de votre maison, vous me ferez un singulier plaisir que je reconnaîtrai par les effets de ma bienveillance aux choses que vous aurez à désirer de moi." Jacques de Banne ne tint aucun compte de cette lettre. Trois ans après, lorsqu'il fit son testament, il ne légua à son fils aîné que 8,000 livres, instituant pour héritier universel de tous ses biens son second fils JACQUES, à qui il substitua son troisième fils CHRISTOPHE, et à celui-ci Denys "à condition de professer la religion réformée, sans quoi ils seraient privés de la substitution, et ses biens passeraient aux deux puinées de ses quatre filles". On peut conclure de ces dispositions que les deux aînées de ses filles étaient déjà à cette époque catholiques ; elles se firent l'une et l'autre religieuses. Des deux autres, l'une, GABRIELLE, épousa en 1674 Jean-Joseph de Rocquart, seigneur de Vinsobres ; l'autre se convertit comme ses sœurs aînées et fut nommée, en 1704, abbesse d'Hières. Quant aux deux fils, Jacques servit avec le grade de capitaine dans le régiment Dauphin et mourut en Irlande où il était allé combattre sous les drapeaux du roi Guillaume ; et Christophe fut tué en Flandre à la tête d'une compagnie de ce même régiment.
 
II - BRANCHE DE TERRIS.
Le fondateur de celle branche, Jacques de Banne, fut chargé, en 1621, par Châtillon de lever un régiment de gens de pied qui devait agir dans le Bas-Languedoc.
Il fut marié deux fois, la première, en 1605, avec Louise de Brignon, fille unique de Claude de Brignon et de Marguerite de Carlat ; la seconde, en 1615, avec Louise de Grimoard de Beauvoir du Roure, fille de Jacques Du Roure et de Susanne d'Isarn ; par contrat passé devant André Couroi, ministre aux Vans. Cette Louise Du Roure était veuve de Gédéon d'Ilaire, seigneur de Champvert, et en avait un fils nommé Charles.
De son premier mariage naquirent PIERRE de Banne, seigneur de Cavennés, qui mourut sans enfant de Louise de Rocher, et MARGUERITE de Banne qui épousa Charles d'Ilaire, fils de sa belle-mère.
De Louise du Roure, il laissa quatre fils, JEAN, seigneur de Montgros ; HERCULE; CHARLES, seigneur de Terris, capitaine dans le régiment de Montpezat par commission du 24 juin 1649, qui épousa, en 1655, Perrette Imbert ; HENRI, seigneur de Châteauvieux.
L'aîné, Jean, fut marié en premières noces avec Susanne de Rosel dont il n'eut pas d'enfant. En 1649, il épousa Gabrielle de Chalas, fille de Daniel de Chalas et de Diane de Brueïs, et mourut en 1654, laissant un fils âgé de 4 ans, PIERRE de Banne, qui vécut jusqu'en 1729. Rien ne nous indique si ce dernier persista dans la profession de la religion de ses pères; tout ce que d'Hosier nous apprend, c'est qu'il avait eu deux fils et trois filles de sa femme Françoise de Barre.
 

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