Rue de la Madeleine
berceau du protestantisme à Nîmes
par Philippe Ritter


La préparation du 450ème anniversaire de la création du « Consistoire de la ville de Nîmes » a été pour moi l’occasion de partir à la recherche du bâtiment ayant abrité l’assemblée du 23 Mars 1561. Lors de cette commémoration, il est prévu d’apposer une plaque sur cet immeuble que tous les « historiens de Nîmes » s’accordent à situer dans la Rue de la Madeleine ; Oui, mais lequel ?

Pour répondre à cette question, il est impossible, aujourd’hui d’être affirmatif sur l’implantation exacte de la maison du Sieur Jean MAURIN, serrurier à Nîmes en 1561.

Dans ce sens, j’annexe à cette étude une bibliographie spécifique à ce sujet, issue de ma seule bibliothèque personnelle, et sur laquelle je me suis appuyé pour tenter d’y répondre. Elle vous donnera quelques axes de recherches, négations ou confirmations, mais les travaux d’investigation doivent aller beaucoup plus loin pour identifier définitivement cette « Maison MAURIN ». Après les Archives Municipales, il sera primordial de consulter les Archives Départementales du Gard. Le travail est laborieux et de plus, chacun sait que les ADG sont inaccessibles à tous, en ce moment, pour des raisons de « Déménagement ». Il pourrait être intéressant aussi, de consulter les archives familiales de Mr Raoul LHERMET. Il est impératif enfin de sortir de mes propres archives personnelles et de consulter d’autres auteurs, comme Mr le pasteur BORREL en 1856, et la « Société d’Histoire du Protestantisme de Nîmes et du Gard », la SHPNG qui a fêté ses trente ans en 2007. Pour être complet et terminer sur le sujet, il faudrait s’entourer des connaissances éclairées de spécialistes, comme Corine POTAY, qui a réalisé un travail remarquable, sur les immeubles n°24 et n°30 de la rue de la Madeleine. A ce jour, ses études datent de 2007 et 2008, et ne portent que sur les façades Nord de notre rue ; peut-être a-t-elle des indications sur les bâtiments Sud ?

Aujourd’hui, les seules informations avérées que j’ai pu rassembler, se résument sur les points suivants :
La date : En 1564, l’édit du roi Charles IX fixe le commencement de l’année un 1er Janvier. A Nîmes, l’année débutait le 25 Mars. La nouvelle réglementation fut donc observée le 1er Janvier 1565 (Voir : France, Nîmes. Population et démographie – par Laurent GATUMEL – Imprimerie Notre-Dame, à Nîmes – 1987 –Page 11). Même Mr MENARD hésite encore en 1753 ; il donne 1560-1561. Aujourd’hui le doute est levé : il s’agit bien du 23 Mars 1561. Mais, comme on peut le constater, il fallait tenir cette réunion avant la « Fin de l’année », officielle à l’époque ; Et puis, les Papistes préparent les fêtes du « Nouvel-an », leur surveillance est relâchée !
La rue : Celle que nous connaissons de nos jours, sous le nom de La Madeleine n’est pas celle de 1561. Elle était plus étroite, plus sinueuse et portait plusieurs noms, de tronçons en tronçons, de la Porte de la Madeleine jusqu’à la Place de l’Horloge. La partie qui nous intéresse, située entre le Boulevard Victor Hugo et la Rue Fresque portait les noms de Rue Na Buade, puis Rue de la colonne de Buade. Ses alignements de façades ont été modifiés mais son tracé reste sensiblement le même. Au XVIIIème, du temps de Mr Ménard, les nîmois la nommaient : Rue de la Fleur de Lys. Même si Léon Ménard ne cite pas son nom en 1753, les historiens s’accordent pour confirmer que la « Réunion fondatrice du Consistoire de Nîmes » a bien eu lieu chez un particulier de la Rue de la Madeleine. A l’époque, pour des raisons de sécurité, les assemblées se tenaient chaque fois, par quartier, dans des lieux différents et surveillées par les coreligionnaires des quartiers voisins. Par ailleurs, la zone Nord de la rue nous est bien identifiée par les compoix et cadastres ; la zone Sud est beaucoup plus obscure.
La maison : En ce qui concerne le n°35, cette maison date de la fin XVIIIème. Son balcon aux deux clés et à la devise de la corporation des serruriers n’ont rien à voir avec Mr Maurin et l’année 1561 ; Deux siècles les séparent. La seule hypothèse plausible aujourd’hui est la maison du n°25. En effet, elle est donnée par le Pasteur Raoul LHERMET, qui n’est pas du genre à écrire et publier une information sans la vérifier. Il serait bon de contacter sa famille pour avoir accès à ses notes. Il est à noter par ailleurs, que cette maison possède 3 gargouilles en pierre, en bas de toiture. Pour avancer, procédons par élimination sur les autres maisons : les n°27 et n°29 sont « modernes », les n°31 et n°33 sont à l’emplacement précis de la chapelle et de l’Hôpital des « Quatre Chevaliers ».
Le serrurier Jean Maurin : A Nîmes, la 1ère réglementation officielle de cette corporation date de Décembre 1696. Les premières archives recensées aux ADG, datent de 1563 ; nous aurons du mal à faire le lien avec Mr Jean MAURIN, en 1561. Là aussi un travail énorme de recherches est à faire ; là aussi le temps nous manque pour la date anniversaire.

De mon côté, je poursuis mes recherches avec Georges Mathon, mais il est évident que nous ne pourrons apporter des certitudes avant le jour retenu pour matérialiser l’évènement, prévu le 19 Mars 2011. Dans tous les cas, il est impensable de ne pas être authentiques et formels sur cette commémoration. A mon sens, dans le pire des cas, il vaudrait mieux la reporter ou l’envisager différemment. Le n°30 Rue de la Madeleine est situé juste en face, et lui, est bien l’entrée du « Temple de la Calade » depuis sa construction en 1565. Là, tous les historiens sont d’accord !

Notre conclusion ce 27/02/2011 : Seul le n°25 de le Rue de la Madeleine pourrait être retenu, sous réserve de confirmation à la lecture des notes « Raoul LHERMET ». Dans tous les cas, les autres immeubles Sud ne peuvent être étudiés, à l’exception des n°27 et n°29, au travers des « compoix et cadastres »  du XVIème, et des archives de la « Corporation des serruriers » ; Au mieux : rien avant juillet ou août 2011.

Comme vous le savez, je travaille en équipe avec Georges Mathon et un ensemble de « Passionnés d’Histoire Régionale ». La « Machine » est en route ! Au fur et à mesure de nos découvertes, nous publions régulièrement les résultats de nos recherches sur le site : www. nemausensis.com.

Cette « quête du Graal », autour du 450ème anniversaire en est l’illustration !

Vous ne tarderez pas à en savoir plus !

Philippe RITTER, février 2011

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