CLAUDE BADUEL

extrait de "La France Protestante de Haag", 1846 - Tome I - Pages 212 à 214

NDLR : En 1824, une rue de Nîmes fut baptisée rue Baduel. Dans son livre "Nîmes et ses rues", édité en 1876, Albin Michel nous décrit la vie de Claude Baduel, pages 63 à 66. Nous en donnons l'intégralité du texte à la fin de cette page.

Pourquoi a t'on baptisé une rue de Nîmes "Baduel" ? - Claude Baduel fut le premier recteur en titre de la nouvelle université de Nîmes ouverte en octobre 1539. (Lire l'extrait des Mémoires de l'académie de Nîmes, 1942 à 1950, publié dans nemausensis : Création du collège et l'Université de Nîmes en 1539, par Marcel Gouron (1900-1983).

BADUEL (CLAUDE), né à Nismes, vers la fin du XV siècle, de parents d'une condition médiocre, s'éleva par ses seuls talents à un rang distingué parmi les humanistes qui illustrèrent le règne de François 1er.
Marguerite de Valois qui, toute sa vie, se montra la protectrice éclairée des savants, lui prodigua en maintes occasions des marques de sa bienveillance. Il paraîtrait même qu'elle lui avait fourni les moyens de se perfectionner dans ses études ; c'est au moins ce qui semble résulter d'une lettre de recommandation qu'elle lui accorda en 1539. Lorsque Baduel accepta la place de recteur du collège des arts récemment fondé dans sa ville natale, "Je l'ai entretenu aux études", écrivait-elle aux consuls de Nismes.
En celle circonstance, Baduel fit preuve d'un désintéressement fort rare. Il n'hésita pas à quitter Paris, où il professait avec distinction les lettres humaines pour se charger, avec un traitement moindre de moitié, de la direction d'un établissement où tout était à créer et à organiser. Ce qui le détermina à ce sacrifice, ce fut uniquement le désir d'être utile à sa patrie.
Son installation eut lieu le 12 juillet 1540. La réputation méritée dont il jouissait déjà à cette époque, attira à Nismes un grand nombre d'étudiants, et la nouvelle université se trouva en peu d'années dans l'état le plus florissant.
Les services qu'il rendit ne le mirent pas cependant à l'abri des persécutions.
Il dut s'enfuir à Genève, très vraisemblablement en 1555. Ménard, qui le perd de vue depuis cette époque, suppose qu'il mourut vers 1556; mais c'est une erreur. Sénebier nous apprend qu'en 1557, il était pasteur d'une église dans les environs de Genève ; qu'en 1560, il professait les mathématiques et la philosophie, et qu'il ne mourut qu'en 1561.
Les nombreux ouvrages que Baduel a publiés, tous écrits dans un latin fort pur, prouvent suffisamment son érudition ; nous pouvons ajouter qu'il ne se fît pas moins estimer par sa piété que par son savoir. Ménard, qui l'appelle la gloire et l'ornement de Nismes, lui rend ce témoignage, qu'il fut un des premiers et un des plus zélés à les soutenir.
Nous ignorons si Jean Baduel, pasteur à Mirambeau en 1657, descendait de la même famille.

Les écrits de Claude Baduel sont :

I. - C. Baduelli oratio funebris in funere Floretoe Sarrasioe habita : epitaphia nonnulla de eâdem, Lugd., 1542 ; trad. en franc, par Charles Rozel et impr. dans la même ville en 1546. Cette oraison funèbre est dédiée à la reine de Navarre, Marguerite, qui avait honoré Florette de Sarras de son affection.
II. - De ratione vitoe studiosoe ac litteratoe in matrimonio collocandoe ac degendoe, Lugd. 1544, in-4°; Lips. 1577 et 1581 in-8°; trad. en franc, par Guy de La Garde sous le titre : Traité très utile et fructueux de la dignité du mariage et de l'honneste conversation des gens doctes et lettrés, Paris, 1548, in-8°. Baduel y vante l'excellence du mariage et signale les désordres ordinaires du célibat, même parmi les gens de lettres.
III. - Oratio funebris in morte Jacobi Albenatii.
IV. - Liber de officio et munere professorum et eorum qui juventutem
erudiendam suscipiunt.
V. - Annotationes in Ciceronis orationes
pro Milone et Marcello.
VI. - Oratio ad instituendum gymnasium Nemausense de studiis litterarum.
VII. - Orationes duoe de iisdem studiis. Nous pensons que, sous ce litre, Ménard a voulu désigner la dissertation De Collegio et universitate Nemausensi, imprimé à Lyon, en partie en 1552 et en partie en 1554.
VIII. - Orationes duœ comparationem habentes vita
IX. - Orationes quatuor hoc est natalitiœ, de ortu Jesu Christi.
X. - Oratio de Ecclesiœ christianœ nobilitate.
XI. - lnstituta litteraria , quibus demonstratur quemadmodùm disciplina juventutis in gymnasio sit instituenda.
XII. - Orationes duœ consulares, hoc est pro consutibus designatis habitœ.
XIII. - Oratio de laudibus artis medicœ.
XIV. - Epistola parcenetica ad Paulum filium , de vero patrimonio et hœreditate quant Christiani parentes suis liberis debent relinquere.
XV. - De morte Christi meditandâ oratio.
Aucun biographe ne nous donne le lieu et la date d'impression de ces divers écrits : Ménard se contente de nous apprendre qu'ils parurent à Lyon de 1544 à 1552.
Après avoir quitté la France, Baduel a encore publié :
XVI. - Proefatio Thesauri linguœ grœcce à Jolianne Crispino editi. Préface mise en tête du Lexique de Budé, imprimé par Crespin en 1554.
XVII. - Acta martyrum nostri sceculi, Gen. 1556.
XVIII. - Conciones quoedam J. Catvini ex gallicâ linguâ in tatinam translatœ, Gen. 1557, in-8°.
XIX.-  Libri apocryphi juxt à editionem Complutensem, Gen. 1557. - Ne serait-ce pas le même ouvrage que celui que Robert Watt et le Catal. de la Bibl. d'Oxford attribuent encore à Baduel sous le titre : Annotationes in libros apocryphos, Lond. 1660, in-fol.
XX. - Epistoloe familiares C. Baduelli à Joann. Fontano collectoe, in-4°. Mss. conservé à la Bibliothèque de la ville d'Avignon.
Claude Baduel avait un fils, PAUL, dont aucun biographe ne parle quoiqu'il ait joué un certain rôle dans l'histoire des églises réformées. Il paraît qu'il exerça d'abord les fonctions pastorales à Bergerac vers la fin du XVIe siècle. Un acte du Synode de Gergeau lui défend, sous peine de déposition, ainsi qu'à son collègue Chauvelon, de demander à être rétabli dans l'église de cette ville, sans nous donner d'ailleurs les motifs de cette injonction. Baduel s'y soumit sans doute, puisqu'en 1605 nous le trouvons qui remplissait les fonctions du ministère à Castillon. En 1607, la province de la Basse-Guyenne le députa au Synode national de La Rochelle.
Cette assemblée, prenant en considération l'espèce de misère où l'avait réduit la confiscation des biens de son père, lui accorda trois portions. Dans la liste des pasteurs et des églises présentée au Synode d'Alais en 1620, se trouve un Paul Baduel qui desservait alors l'église de Castel-Gironde, nous ne doutons pas que ce ne soit le même ; il serait encore possible que le nommé Bauduel qui était pasteur à La Roquette-St-André en 1626 et notre Baduel ne fussent qu'un seul et même individu.

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 Biographie Universelle, tome premier, page 224, 1841

 BADUEL (CLAUDE), littérateur studieux, d'abord recteur du collège de Nîmes sa patrie, fut ensuite ministre à Genève, où il s'était retiré pour professer librement le calvinisme, et où il mourut en 1561. Parmi ses ouvrages, dont Senebier donne la liste entière dans son Histoire littéraire de Genève, on ne cite plus que De ratione vitœ studiosœ ac litteratœ in matrimonio collocandœ ac degendœ,iSte, in-8, trad. par Guy de la Garde, 1548, in-8; Oratio funebris in fuhere Florettœ Sarrasiœ habita, etc.

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RUE BADUEL
extrait de "Nîmes et ses rues"
d'Albin Michel, 1876, pages 63 à 66.
 
Allant du boulevard du Grand-Cours à la Maison Centrale 2° canton. Section 2. Niveau, 48m01, 54m99.

Claude Baduel, né à Nîmes en 1499, dut, à ce qu'on assure, aux bienfaits de la reine de Navarre, sœur de François Ier une éducation libérale que l'humble position de sa famille ne lui aurait pas permis d'acquérir. On sait du moins que cette princesse lui donna en diverses circonstances des marques de sa bienveillance.
Claude Baduel, fit honneur à sa protectrice ; il se distingua de bonne heure par ses connaissances, et un des premiers il fut professeur royal au collège de Paris, connu plus tard sous le nom de collège de France.
Lorsqu'en 1539 François Ier approuva rétablissement à Nîmes d'un collège des Arts, la place de recteur fut offerte à Baduel, et quoique les honoraires ne fussent que de 200 livres, c'est-à-dire moindres de moitié que le traitement qui lui était accordé à Paris, il ne balança pas à se rendre aux vœux de ses compatriotes.
La reine de Navarre avait recommandé elle-même le savant professeur au Conseil de la ville de Nîmes. Ménard nous apprend que sa lettre, datée de Compiègne du 8 octobre 1539, était conservée dans les archives de l'Hôtel de Ville.
Baduel n'arriva à Nîmes que vers le milieu de l'année suivante. Pendant cet intervalle, Jean Bergès fut chargé de remplir les fonctions de recteur et de professeur ; ce fut le 12 juillet 1540 que le savant Nîmois entra en possession de sa charge et prononça à cette occasion un discours qui fut imprimé. C'est surtout à l'excellence de son enseignement que le collège des Arts de Nîmes dut ses premiers accroissements, et la réputation justement méritée de cet érudit attira à Nîmes un si grand nombre d'étudiants, que le Conseil de ville fut bientôt obligé d'augmenter le nombre des professeurs.
L'un des premiers à Nîmes, Claude Baduel embrassa le protestantisme. En 1555, il se démit de ses fonctions et se retira à Genève pour pouvoir professer en paix ses croyances religieuses. Il se fit même recevoir ministre et on lui donna une église à desservir en même temps qu'une chaire de philosophie et de mathématiques. À Genève comme à Nîmes, il partagea son temps entre les charges qui lui étaient confiées et la composition d'ouvrages de littérature savante. Tous ses écrits sont en latin très pur et très élégant ; la plupart ont été traduits on français ; la liste en est longue et a été donnée par Ménard et par Senebier dans son histoire littéraire de Genève.
En 1542, il fit imprimer à Lyon, chez Dolet, une oraison funèbre qui fut traduite par Charles Rozel, avocat de Nîmes, sous ce titre : Oraison funèbre sûr le trépas de vertueuse dame Morelle Sarrasin, fille du Premier Président du Parlement de Toulouse et femme du sieur de Saint-Veran. Cette dame, fille de Jean Sarra et femme de Jean de Montcalm, sieur de Saint-Veran, Juge-mage à Nîmes, avait été honorée de l'affection particulière de la reine de Navarre et ce fut principalement sans doute pour faire sa cour à cette princesse que le recteur du collège des Arts composa ce discours qu'il lui dédia comme un hommage public de sa reconnaissance. La traduction de Rozel a été réimprimée à Montpellier en 1829.
Claude Baduel mourut à Genève en 1581; il laissa un fils nommé Paul qui fut successivement pasteur à Bergerac, Châtillon, à Castel-Gironde et à la Roquette Saint-André. C'est à ce fils que Claude Baduel adressa sa lettre sur le véritable héritage que les chrétiens doivent laisser à leurs enfants. Il parait que le recteur du collège des Arts avait consciencieusement suivi les préceptes qu'il développait dans cet ouvrage, car il sacrifia sans regret pour obéir à ses convictions religieuses, la fortune qu'il avait acquise par ses travaux littéraires et qui fut confisquée quand il passa à Genève.
Paul Baduel était dans une position voisine de la misère, lorsque le Synode national de La Rochelle, prenant en considération les pertes qu'il avait éprouvées pour cause de religion, lui accorda, comme indemnité et peut-être aussi comme hommage aux talents de son père, trois portions sur les fonds destinés à l'entretien des ministres.

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