L'assemblée de la Grotte aux fées

du 14 Janvier 1720.

 

 

Le soir du 14 janvier 1720, un grand nombre de personnes suivaient la route de Sauve jusqu’aux Trois Piliers, d’autres longeaient le Cadereau de Vacquerolles, jusqu’au pied des collines qui semblent un sanctuaire disposé par la nature pour la célébration d’un culte proscrit.

C’était une nuit de pleine lune qui répandait sa lumière sur le paysage et ses promeneurs nocturnes.

Ils allaient accomplir un acte religieux interdit par le pouvoir qui en faisait un crime…

 

Quelques prédications données en ville vers Noël, avaient ranimé le zèle de la religion réformée. A l’occasion de cette assemblée secrète soigneusement préparée devait se célébrer la Cène en présence de deux ministres du Culte réformé, Court et Corteix, assistés de quatre Proposants connus des nîmois, Jean Rouvière, Bonbonnoux, Pierredon, et Deleuze, tout l’état-major du désert.

Les fidèles au nombre de cinq à six cents, se glissaient un à un dans la caverne de « la Baune des Fées », cette dernière semblait leur offrir un asile sûr, il n’en était rien…

 

« Par une curieuse coïncidence, le domaine de Vacquerolles, situé prés du lieu de l’assemblée, était, en 1720, la propriété de M. d’Adhémar de Montfalcon, gouverneur par intérim de Nîmes et persécuteur avéré des réformés. »

 

L’assemblée trahie par un chasseur est réduite à se disperser après les premières prières, pour échapper aux troupes de la citadelle de Nîmes (fort Vauban) dont on signale l’approche.

Ces dernières se contentent de tendre des embuscades un peu partout, ils bloquent aussi l’entrée des portes de la ville.

Plus de cinquante personnes seront faites prisonnières, hommes, femmes, enfants, vieillards. Ils seront rassemblés au temple de Diane jusqu’au petit matin, dans la matinée ils seront regroupés dans la cour de la Forteresse. On séparera les hommes des femmes et on les enferma dans les prisons

 

Après que les capitaines se furent assurés de leur première capture, ils retournèrent aux aguets avec tout leur détachements, ils fouillèrent les maisons et les métairies des environs, ils interrogèrent les habitants des villages voisins, ils feront ainsi de nouveaux prisonniers qui ne firent aucune résistance.

Après quelques interrogatoires la plupart des prisonniers seront envoyés à Montpellier pour subir le jugement du duc de Roquelaure alors gouverneur de la province. Certains seront traînés de prisons en prisons, comme de vils malfaiteurs, d’autres se retrouveront emprisonnés à Aiguemorte à la Tour de Constance ou bien ils finiront leurs vies aux galères, très peux bénéficieront d’une grâce tardive.

 

Par la suite le Présidial de Nîmes se rendit à la montagne où est située la caverne pour faire un procès à cet antre rocher. Cet édifice formé par la nature fut condamné à une éternelle solitude.

Des maçons furent chargés de mettre hors d’état de servir d’asile aux disciples de la religion réformée. L’entrée fut comblée et murée avec de la terre mêlée de grosses pierres, qu’on fit rouler à force d’hommes. Les frais de comblement de la Baume ou Caverne des Fades seront facturés 751 livres, 5 sols à la communauté.

 

« La grotte des fées (la baoume di Fado) est située  au nord de la route de Sauve, derrière Castanet, sur les pentes du Serre du Buis qui descendent vers le Cadereau de Vacquerolles. On peut s'y rendre facilement par le chemin qui suit le Cadereau, s'amorce à la route d'Alès et longe le mur du cimetière protestant ; après avoir parcouru celui-ci sur une longueur de 1500 mètres, on aperçoit, à gauche, à mi hauteur de la colline, l'entrée de la grotte formant une large tache noire sur le paysage environnant. Au bas entre la route et la colline une place publique a été récemment aménagée.

 

En 1881, la société d’Etude des Sciences Naturelles organisa une véritable exploration scientifique de la grotte ; plus tard M. Mazauric en dégagea l’entrée après avoir fait sauter des quartiers de roches et des stalagmites qui recouvraient des ossements de l’époque quaternaire, à la suite de ces travaux il put en dresser un plan complet que l’ouvrage du docteur Doumergue reproduit.

 

La Baume des Fées se compose de trois parties :

1° Une salle d’entrée, de près de 30 mètres de long sur autant de large, et que nous appelerons « le vestibule ».

2° Une succession de passage très étroits s’étendant sur une longueur de 30 à 40 mètres.

3° Une galerie longue de 100 mètres et large de 4 à 6 mètres. »


Georges Mathon, mai 2005
 
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