Devis d’un ouvrage

Fontaine, Lavoir, Aqueduc

5 septembre 1855

 

Devis d’un ouvrage à faire pour la construction d’une fontaine et lavoir public dans la commune de Rochefort arrondissement d’Uzès, département du Gard, en conduisant les eaux du puits du quartier de Pousqueyras.

 

Les travaux qui forment l’objet du présent devis consistent à conduire les eaux du puits du quartier Pousqueyras sur la place de l’ancien lavoir public au bas du village

 

Cette conduite qui sera d’après les dispositions du plan ci-joint une pente uniforme en partant d’une profondeur de 3m25 à la prise d’eau au-dessus du sol sera conduit sous terre d’après les dispositions du plan ci-joint, jusque sur la place ci dessus désignée et ira se dégorger à une borne fontaine en fonte surmonté d’un sujet dont le jet sera placé à 50 centimètres au-dessus de la margelle de l’abreuvoir qui y sera construit au devant. L’eau de cet abreuvoir se dirigera en suite dans le lavoir public.

 

Les tranchées à opérer pour la pose des tuyaux seront solidement étayées faites en talus d’un sixième et auront 60 centimètres de largeur au fond. L’entrepreneur restera responsable des établissements qui pourraient avoir lieu pour quelle cause que ce soit ainsi que des accidents qui pourraient arriver par maladresse ou négligence de sa part ou de ses ouvriers, il lui sera permis de faire des tranchées en galerie de distance en distance pour les endroits ou il pourrait craindre des éboulements, mais sans autres indemnités que le prix du cube des déblais comme tranchée ouverte.

 

Les terres des tranchées qui momentanément auront été déposés des berges seront rejetées sur la conduite après que cette dernière aura été terminée et éprouvée. Ce remblai ne sera point payé à part, le prix sera compris dans celui des fouilles.

 

L’entrepreneur aura soin de tenir toujours libre la circulation des chemins et d’y faire placer à ses frais des lanternes pendant la nuit pour prévenir les accidents. Cette conduite sera faite en tuyau Chomeroy de huit centimètres de diamètre, sous oeuvres parfaitement assemblés et posés sur une couche de sable ordinaire de 15 centimètres épaisseur, la couverture de la même manière pour éviter les tassements inégaux des tuyaux et résister à la pression des remblais, dans la longueur de cette conduite sera placé trois tubulures pour recueillir les eaux des sources qui pourraient se rencontrer dans la tranchée.

 

Cette conduite ne sera recouverte qu’après que l’essai en aura été fait en la remplissant d’eau et éprouvée à l’aide d’une pompe à la pression de cinq atmosphères.

 

L’entrepreneur demeurera trois ans responsable de la solidité de cette conduite et en fera pendant ce délai les réparations à ses frais.

 

Au bas de cette conduite il y sera placé pour faciliter les réparations ultérieures un robinet de dégorgement en bronze de diamètre égal à celui de la conduite dont l’eau s’échappera dans le canal de dégorgement placé au-dessus du lavoir.

 

La prise d’eau du puits de Pousqueyras sera maçonnée avec soin d’une épaisseur de un mètre et portera à son extrémité une boule de bronze de 15 centimètres de diamètre, persillée pour l’introduction de l’eau, à deux mètres en dessous de cette pris d’eau, sera placé un robinet d’arrêt, aussi en bronze de même diamètre que la conduite pour faciliter les réparations ultérieures.

 

Le puits de la source sera voûté en pierre de taille et au milieu de cette voûte sera laissé une ouverture de 60 centimètres carrée, fermée par une dalle mobile en pierre dure de 10 cm épaisseur armée de 2 forts anneaux en fer le tout sera recouvert par une chape en béton de 14 cm épaisseur à 40 cm en dessous du sol de la rue.

 

Les clauses ci-dessus pour la construction, fouilles et conduites, seront rigoureusement suivies, l’entrepreneur en restera exclusivement responsable.

 

M. le Maire aura la faculté d’établir un piqueur s’il était convaincu de fraude de la part de cet entrepreneur et aux frais de ce dernier, sur ordre qu’en serait donné par l’architecte.

 

Les eaux introduites dans la conduite seront mesurées ainsi qu’à leur sortie à la fontaine et devront être de même débit à un vingtième près.

 

La construction du lavoir aura lieu sur l’ancien emplacement, après avoir fait place nette et démoli l’ancien qui y existe. Le sol du nouveau lavoir sera élevé de 40 cm.

 

Ce lavoir aura la forme d’un carré long construit sur un massif en maçonnerie de chaux hydraulique de 40 centimètres épaisseur, pavé au-dessus en dalle de pierre de taille de 10 centimètres épaisseur, noyées dans la cendrée de Nîmes avec inclinaison de deux centimètres par mètre et pour le nettoyer à volonté, il y sera laissé un trou de 6 centimètres de diamètre fermé par un bouchon mobile en bois de chêne.

 

Les murs de ce lavoir seront en pierre de taille des carrières de Castillon de 45 centimètres épaisseur et 55 centimètres hauteur y compris les pierres de recouvrement qui seront en pierre dure de St Gervais ou de Tavel, taillées en pente et à rebord intérieur de sept centimètres.

 

Ces pierres de recouvrement auront une épaisseur franche de 15 centimètres taillées aripées au fin posées sur cendrée de Nîmes et réunis l’une à l’autre par des crampons en fer de trente centimètres longueur et un cm épaisseur, scellées en plomb sur le pourtour extérieur de ces pierres de taille lesquelles auront au moins une longueur de un mètre cinquante centimètres et une largeur taillée de 50 centimètres, elles formeront par ce moyen saillie à l’extérieur.

 

Les rebords proposés aux pierres de taille de recouvrement seront pour empêcher les eaux savonneuses de se jeter dans le lavoir, à ce sujet il sera fait de mètre en mètre dans la rigole formant rebord des orifices de six centimètres de diamètre traversant la pierre de recouvrement et inclinée. Cet orifice se dégorgera dans des rainures découvertes de même largeur inclinées au même degré et pratiquées dans la pierre inférieure par-là arrivant dans la petite gargouille en pierre dure posée au niveau du pavé en cailloux qui se fait autour de ce lavoir.

 

Ce lavoir sera divisé en deux parties par une cloison en pierre de Tavel de 16 centimètres épaisseur reliées sur les murs latéraux au bassin et cramponnées au-dessus. Cette cloison de séparation formera le rafraîchissement et formera chute au lavoir de 10 centimètres de hauteur, il sera placé en tête au point d’arrivé de l’eau.

 

Les pierres dure de recouvrement à ce lavoir autour de ce rafraîchisseur seront posées de niveau et sans rebord à fin d’y interdire le lavage à ce point.

 

Les eaux arriveront à ce lavoir par un siphon renversé de même diamètre que le tuyau de la conduite prenant naissance à la surface supérieure de l’abreuvoir. L’entrée et sortie de ce siphon au lavoir seront protégées par deux grilles en fonte de 15 millimètres épaisseur persillées d’un nombre suffisant de trous à l’introduction et sortie de l’eau et scellée dans la pierre par trois scellements en fer tenant à la fonte.

 

La margelle de l’abreuvoir ainsi que le socle de la borne fontaine seront aussi faites en pierre dure de Tavel (ou de St Gervais) taillées et ripées au fin.

 

L’intérieur des murs du lavoir et abreuvoir seront enduit en ciment Vassy par une couche de 15 mm épaisseur.

 

Il sera fait autour du lavoir une banquette en pierre de taille de Castillon de un mètre de hauteur et 50 cm épaisseur avec plinthe faisant saillie intérieurement est extérieurement. Cette banquette qui sera ouverte sur trois côtés servira de base aux colonnes destinées à supporter la toiture.

 

La toiture de ce lavoir sera supportée par une charpente assemblée en pavillon c’est à dire reposant sur douze colonnes de l’ordre Paestum. Les bois de charpente seront en sapin écaris à visse arrêtées et franches assemblées à tenons et mortaises, boulonnées aux angles et aux pignons. Les fermes maîtresses seront exécutées avec des pièces de bois de 30 cm en carré, ainsi que les arbalétriers poinçons arretiers, les pannes et sablières auront 22 cm au carré et les clavettes qui seront aussi à arrête vices et franches auront 8 cm largeur et neuf de hauteur.

 

Sur ces clavettes seront placées des briques dites de couvert recevant la couverture composée d’un double rang de tuiles dont tout, gorges que couvertes seront noyées complètement dans le mortier hydraulique et se recouvriront de un tiers de leur longueur. Les tuiles d’acrins et arretiers seront du grand moule.

 

Les clavettes seront fixées par des fortes fiches en fer et les pannes reposeront à la rencontre des arretiers de la toiture sur de forts étriers en fer fixés sur les dits arretiers avec solidité. Les vides laissés entre les gros bouts des tuiles de toiture n’excèderont pas deux centimètres. Ceux d’acrins et arretiers seront du grand moule.

 

Les deux anciennes conduites d’eau qui alimentent le lavoir actuel seront jointes à la nouvelle fontaine afin d’en augmenter le volume, l’une et l’autre de ces conduites se réuniront par des tuyaux en plomb de quatre centimètres de diamètre à une civette hermétiquement soudée à laquelle seront soudés les trois canons jaillissants à chacun de ces tuyaux en plomb sera placé un robinet en bronze de même diamètre afin de faciliter le jaugeage ou débit de chaque conduites.

 

Le pavé en cailloux de la place sera raccordé avec le sol des nouvelles constructions pour ces divers raccordements il sera fait une surface de 140 m carré de pavés. Les cailloux à employer auront au moins quinze centimètres épaisseur et enfoncé à la hié (masse pour enfoncer les paves ou les pilotis, appelé aussi demoiselle) jusqu’à refus.

 

La cage en pierre de taille d’une ancienne pompe existant au milieu de la place étant inutile et gênant la circulation sera démolie et reconstruite à la pompe du quartier Pousqueyras avec les mêmes matériaux et avec soins.

 

Clauses et conditions générales sur les constructions.

 

Les matériaux de toute nature seront de la meilleure qualité, leur façon et mise en oeuvre devront recevoir toute la perfection dont ils sont susceptibles, suivant les règles de l’art. Ceux qui seraient jugés par l’architecte n’avoir les qualités requises ou n’être convenablement façonné ou posés seront démolis et enlevés de l’atelier au frais de l’entrepreneur.

 

A la fin des travaux l’entrepreneur sera obligé de faire place nette de tous matériaux ou décombres restés sans emploi et les transporter à ses frais dans les décharges publiques désignées par M. le Maire et n’excèderont pas quatre cent mètres de distance.

 

Toute chaux employée pour ces constructions sera de Nîmes ou du Theil, le sable sera de la rivière, bien lavé, le mortier sera composé de un tiers de chaux nouvellement éteinte et de deux tiers de sable. (cet article est de rigueur)

 

Il est de condition expresse que l’entrepreneur ne pourra faire travailler, ni transporter aucun de ces matériaux les jours de fête et dimanches. Il lui est même interdit de sous-traiter aucune partie de son entreprise.

 

Tous les travaux en général seront terminés dans le délai de quatre mois à compter du jour de l’approbation de l’adjudication par l’autorité supérieure.

 

Descriptif estimatif...

 

Total 6355,13 fr.

 

Dressé à Uzès

Architecte soussigné, Bègue Aimé le 26 mars 1855

Le maire Valadier le 11 mai 1855

Vu et approuvé le Préfet du Gard, le 4 décembre 1855

Adjudication le 30 décembre 1855.

par Court Ambroise fils, entrepreneur à Rochefort.

avec un rabais de 1%, soit 63,55, reste 6291,58 fr.

 

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