Procès Verbal de vérification

des travaux relatifs à la Fontaine.

Le 15 septembre 1821

 

L’ingénieur du pont et chaussé en retraite soussigné, architecte des travaux de la fontaine de Rochefort prévenu par M. le Maire de cette commune que les travaux étaient terminés, et qu’il nous invitait à venir faire la reconnaissance en réception définitive s’il y avait lieu.

 

Nous étant transporté à cet effet dans le village. Nous nous sommes occupé le jour suivant de la vérification de l’ouvrage dont-il s’agit et nous n’avons pas été peu surpris de voir que la fontaine qui lorsqu’elle fut terminée coulait à plein tuyau ne donnait en tout qu’une fourniture extrêmement minime et qui ne pouvait pas être évalué à un pouce de fontainier.

 

Ayant pris des renseignements à ce sujet, il nous a été montré trois petites parties de la dite conduite où de petits suintements prouvant bien qu’en effet il peut se faire par là une déperdition, mais comme cette déperdition est trop peu de chose comparée à celle que la fontaine ne fournit plus, nous avons pensé qu’il devait y avoir une autre cause.

 

Nous nous sommes à cet effet transporté avec M. le Maire aux deux principaux déversoirs de la source où après avoir examiné leur structure qui est bien conforme au devis nous avons reconnu à notre grand étonnement, qu’il se ferait une déperdition d’eau considérable par les ouvertures qui dans le principe avaient été conservés autour du dit bassin pour s’assurer une plus grande quantité de manière que les ouvertures par lesquelles on croyait augmenter le volume d’eau de chaque source au lieu d’en donner enlèvent au contraire celle du dit bassin.

 

Ce que nous avons reconnu très positivement et que nous avons fait reconnaître à M. le Maire au moyen de corps flottants que nous avons jeté dans le bassin, et qui au lieu de se diriger du côté de la conduite faite pour recevoir les eaux se sont tous dirigés du côté de la dite ouverture par où l’eau s’est ouvert des issus souterraines qu’on avait pas pu prévoir.

 

Nous avons à cet effet donné l’ordre à l’entrepreneur de fermer bien hermétiquement la dite ouverture, de manière qu’il n’en eut plus d’autres que celle par lesquelles les sources arrivent dans le réservoir et celle par lesquelles elle est dirigée dans la conduite qui la transporte à la fontaine, et nous ne doutons pas que du moment que la dite opération sera faite les eaux en double de volume à la dite fontaine qui fournit bien en ce moment toute celle contenue dans la conduite ce dont nous nous sommes assuré par des ouvertures que nous avons faites aux dites conduites sur plusieurs points par leur jaugeage.

 

Nous avons le jour suivant parcouru avec M. le Maire toutes les conduites, réservoir et autres ouvrages dont nous avons pris la mesure pour servir de base au règlement de compte ci-après.

 

Il résulte de cette vérification que toutes les rigoles en tuyaux de fonte employées aux conduites sont de bonne qualité, bien posées et recouvertes de la manière indiquée dans le devis, que les réservoirs sont de même bien exécutés ainsi que la fontaine et les accessoires, mais que les maçonneries des conduites en général n’ont pas été faites avec tous les soins qu’on pourrait désirer qu’il n’y a cependant rien à craindre pour la solidité pendant les dix années de responsabilité voulue par la loi. Cependant vue que cette négligence dans les constructions peut occasionner un entretien plus considérable, nous avons cru de notre devoir de faire supporter à l’entrepreneur une perte de quatre cent francs à ce sujet.

 

Il résulte encore de cette vérification en de divers changements sur l’emplacement des conduites pour les établir avec plus de solidité qu’en suivant la direction ordonnée à cet effet par nous pour le bien de l’établissement et à fin que la fontaine puisse être placée au point désiré, il a été construit une longueur de conduite plus considérable que ce qui était prescrit dans le devis et que d’un autre côté l’entrepreneur ayant pour les mêmes motifs établi la fontaine moins loin que ce qu’elle devait être de la maison commune les tuyaux de fonte étaient moins long.

 

Nous avons vérifié également le souterrain de la butte (paterne) en nous étant convaincu que les filtrations qui peuvent arriver dans le dit souterrain à travers la maçonnerie de ses murs et de sa voûte peuvent être la cause de ce que les eaux arrivent trouble à la fontaine lors de fortes pluies, nous avons pensé avec M. le Maire qu’il devenait très prudent de couvrir la rigole de cette partie de conduite qui avait été laissée découverte par une tablette de pierre jointe en abreuvée avec un cendré comme le restant de la dite conduite, objet qui sera porté au compte dans le montant des augmentations.

 

Nous avons également reconnu que le dessin de la fontaine que nous avons cru devoir faire plus élégant qu’elle n’était dans le principe à raison de son nouvel emplacement ayant exigé une dépense plus considérable de la part de l’entrepreneur, il y avait lieu de lui en tenir compte avec d’autant plus de facilité que toutes les augmentations peuvent se compenser soit avec les diminutions à faire sur les articles, rétabli aux frais imprévus nous allons en démontrer le résulta par les mesures prises sur les lieux...

 

Les dépenses relatives à la fontaine se portaient d’après le devis à la somme de huit cent francs en bloc sans détermination de l’ouvrage à faire pour son exécution l’emplacement fixé par M. le Maire au devant de la maison commune exigeait un monument plus considérable.

 

Le détail estimatif s’est élevé à quatorze cent francs nous avons pensé que le reste de la somme devait être pris sur les six cent francs de dépenses imprévues ce qui fait que le présent article et porté ici que pour mémoire...

 

Durand, architecte

 

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