NOTRE DAME DE ROCHEFORT
Saint Louis et Philippe le Bel.


Extrait de Notre-Dame de Rochefort-du-Gard
depuis Charlemagne jusqu'à nos jours.
Récit du Chanoine J. -B. Petitalot, 1910

Avertissement : Le livre du Chanoine de Notre-Dame de Rochefort, Jean Baptiste Petitalot, doit être abordé comme un livre pieux écrit par un homme partagé entre la rigueur de l'historien et la foi de l'homme d'église. Il n'en reste pas moins très intéressant et incontournable.   G.M.


VI


St Louis

Philippe le Bel


C'est en 1229 que Raymond VII fit cession à la France de tous les domaines du comté de Toulouse, si­tués sur la rive droite du Rhône. Alors l'abbé de Saint­ André profita des circonstances pour terminer la dis­pute. Il recourut à l'arbitrage de Pierre de Alhies, sé­néchal pour le roi de Beaucaire et de Nîmes.

Pierre de Alhies, ayant examiné mûrement l'af­faire, la termina par sentence du 28 février 1238. Les limites des terres appartenant au monastère furent reconnues et fixées définitivement, telles que les re­ligieux les avaient toujours réclamées. Quant au droit de pêche, il fut statué d'une part, que les habitants du village pourraient prendre du poisson dans la partie de leurs eaux possédées par Saint-André, mais à la condition que les Bénédictins jouiraient trois fois l'an, pendant le carême, de la levée entière des filets, aux jours de leur choix, et à trois différentes semaines. D'autre part, les moines furent autorisés à avoir per­pétuellement une barque et à pêcher dans tout l'étang de Rochefort, et de plus, quand il se desséchait, à faire paître leurs troupeaux dans leurs terres, jusqu'aux limites assignées à l'abbaye.

Saint Louis était devenu le seigneur du pays, à la place des comtes de Toulouse ; dès lors, le village de Rochefort eut ses lieutenants et ses notaires royaux. D'un autre côté, l'histoire nous montre le saint roi, pendant tout son règne dans le Midi, appliqué à pa­cifier l'Église, à éteindre les restes de l'hérésie, à ré­parer les désastres causés par elle, et à faire refleurir partout la religion et ses saintes pratiques. Il donna personnellement à nos populations les plus beaux exem­ples de piété, lorsqu'il descendit pour les deux croi­sades dont il prit la direction. De plus, par la création du port d'Aigues-Mortes, il attira des milliers de pieux croisés venus du nord et de l'est de la France.

Ce port d'Aigues-Mortes, Philippe le Bel, petit-fils de saint Louis, voulut l'agrandir. Or, la baronnie de Lunel s'étendait jusqu'à la mer, et touchait aux murailles d'Aigues-Mortes. Le roi de France proposa donc au baron de Lunel de lui céder ses possessions, offrant d'autres terres en échange. La proposition fut acceptée, et le seigneur de Lunel reçut en compensa­tion la baronnie de Rochefort, créée à cette occasion, avec plusieurs villages et châteaux en dépendant. Le contrat fut passé, en 1295, par l'intermédiaire du sé­néchal de Beaucaire.

Le baron de Lunel, au nom de qui cet acte fut signé, était un jeune, seigneur de vingt ans, non moins re­marquable par sa sainteté que par sa naissance. Ii con­vient de le présenter aux pèlerins de Rochefort comme l'un de leurs plus illustres devanciers et de leurs plus beaux modèles. C'est saint Gérard de Lunel.

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