Etang, Péages, Forêts et Tasques.

à ROCHEFORT (Gard)

par Eugène Trinquier, 1852

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Nous avons déjà parlé, dans notre notice sur St Bonnet, d'un premier échange de Philippe le bel (année 1290), relatif à l'acquisition des salines qui avoisinaient le port d'Aigues-Mortes. Le roi de France avait évidemment à cœur l'agrandissement de ses propriétés littorales, et l'acte passé, l'an 1295, par son sénéchal, Alphonse de Rouvrai, en est une preuve convaincante.

 

Sceau de Philippe le Bel

 

La rédaction succincte du traité devint la source fatale de tous les procès qui s'agitèrent entre les seigneurs et les habitants, de Rochefort. Les objets litigieux furent l'étang, les péages, les forêts et les tasques.

 

Ordonnance de Henri IV du 10 avril 1599

 

L'Etang. En vertu d'une ordonnance de Henri IV, 10 avril 1599, concernant les marais et les palus, les consuls obtinrent des lettres patentes et résolurent le dessèchement de leur étang. Les oppositions des seigneurs en ajournèrent l'entreprise jusqu'en 1603 ; Montconis se chargea- alors des travaux, moyennant le tiers en jouissance des fonds desséchés. Les ressources de l'entrepreneur ne lui permirent que l'exécution de la moitié de l'ouvrage.

La communauté, forcée d'y suppléer, les perfectionna à peine, et ne recueillit d'autre avantage que celui d'avoir accru ses dettes.

 

Péages. La commune avait deux péages : l'un dit de Rochefort, et l'autre connu sous le nom de La Cabane ou Bégude Blanche. Nous avons trouvé dans les archives un tableau du prix des marchandises soumises à la taxe dans le courant de l'année 1325 ; il est rédigé en idiome languedocien et donne une idée curieuse des transactions de l'époque. La Cabane était située à la naissance de la montée du chemin d'Avignon, près le four à chaux. L'an 1628 le seigneur y fit défricher de vastes propriétés. Les habitants voulurent le contrecarrer ; mais cette possession n'en finit pas moins par s'élever à 145 salmées 8 émines.

 

La forêt de La Rouvière. Cette forêt contenait 83 salmées 5 émines; elle est désignée dans les décisions juridiques sous les noms de Roveria cautalis ou Rouvière et bois cottal. Dans les passages des actes relatifs aux réserves des seigneurs, l'on trouve souvent celles d'un quartier du derrière des chevreuils, la hure des sangliers, le droit de tasque du neuvième sur le produit des bans et la totalité des lapins (cirogrillos).

 

La forêt de Malmont. Ce bois, d'une étendue de 488 salmées 5 vestisons, fut séparé par des bornes d'avec les terres cultes de Valliguières, le 14 avril 1293. Les seigneurs en possédaient la moitié ; ils la cédèrent aux habitants l'an 1254, à condition d'une redevance de douze livres dix sous tournois et une charge de bois par bête de somme. Le même acte parle du transfert la dite montagne de Signargues, moyennant le cens d'une demi livre de poivre.

 

Droit de tasque. Le terroir de Rochefort comprenait plusieurs classes pour la perception de la tasque ou champart. La première, d'une étendue de 60 salmées, supportait la taxe du septième des fruits ; la seconde, de 386 salmées, payait le dixième ; le même droit s'appliquait à la troisième, appelée Gissac ; la quatrième, enfin, était exempte de tout tribut. La seigneurie tenait les deux tiers du quartier de Gissac de la dame Albaron, qui les avait achetés à Joachim de Montagut, l'an 1526. De Brancas lui adjoignit le troisième tiers, par un acte d'aliénation que lui en passa le vicomte de Baune, le 30 avril 1712.

 

L'an 1706, les habitants traitèrent de l'abonnement des droits seigneuriaux au prix de 350 livres.

 

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