Paul Soleillet

L'explorateur nîmois

(1842-1886).

 

 

 

A côté de l'Esplanade, à Nîmes, en face des Arènes, s'élève un buste modeste. Quel est le nom gravé sur le socle ? c'est celui de Jean-Joseph-Marie-Michel-Paul Soleillet, né à Nîmes, le 29 avril 1842.

 

NDLR : Le buste de Soleillet, inaugurée à la fin du XIXe siècle ne reposera pas en paix, après la grande Guerre, en 1923, un monument aux morts sera érigé en lieu et place de la statue de l'explorateur.

La municipalité décide alors d’installer Soleillet au centre du bosquet triangulaire du jardin de la Fontaine, près de la loge du gardien, le maire Hubert Rouger aura cette phrase savoureuse, « c’était un explorateur, il aimait bien voyager… »

Mais l’histoire ne s’arrête malheureusement pas là...

Le bronze sera désigné le 2 décembre 1941, sur un ordre de mobilisation des métaux non ferreux, est enlevé pour être fondu le 5 février 1942 ; une demande de la municipalité pour obtenir une copie de l' oeuvre en pierre fut transmise à Vichy mais resta sans suites.

A ce jour, il reste peu de souvenirs dans la ville natale de notre explorateur Nîmois, seulement une copie plâtre dans les caves d'un musée de la ville, et... une carte postale qui représente son buste sur son emplacement initial.

Soleillet n'est pas à proprement parler un soldat ; mais la vie de dangers qu'il a menée comme explorateur le fait l'égal des plus vaillants hommes de guerre. Il peut figurer à côté d'eux. Il a été l'un des plus remarquables parmi ces hardis voyageurs qui, à la suite de Livingstone ou de Stanley, s'aventurent dans les régions les moins connues du continent africain et grâce auxquels la géographie de ces pays n'aura bientôt plus de secrets pour nous.

 

Quoique né à Nîmes, Soleillet fit ses études à Avignon. Un jour les livres des voyages de Mungo Park, et de René Caillé lui tombent sous la main. Il les lit et les relit. Sa jeune imagination s'enflamme à cette lecture ; il ne rêve plus que de courir lui aussi les aventures sur le continent noir. En attendant, il remporte tous les premiers prix d'histoire et de géographie.

 

Au sortir du collège, il entre comme son père dans l'administration des Contributions indirectes. Mais la vie monotone, l'horizon étroit de l'employé, ne répondent pas à son besoin d'activité, à son goût pour les lointains voyagea.

 

Un deuil profond achève de le déterminer. Il part pour l'Algérie et la Tunisie qu'il parcourt dans tous les sens, apprenant l'Arabe, étudiant même le coran, se familiarisant, en un mot, avec les mœurs, les coutumes, la civilisation des peuples qu'il visite.

 

Il se trouve à Tunis au moment du choléra en 1867. On lui recommande prudemment de retourner en France. Il hausse les épaules en souriant, reste, fonde des ambulances et prodigue aux malades des soins dévoués.

 

Trois ans plus tard, la nouvelle arrive que la France est envahie, que le sol de la patrie est foulé par des hordes étrangères. Soleillet interrompt ses voyages, saute dans le premier navire en partance pour la France, débarque à Marseille et s'engage comme simple soldat. Il se bat en brave à la bataille de Coulmiers et fait toute la campagne de la Loire.

 

La guerre finie, Soleillet repart pour l'Afrique, il avait réussit à se faire donner par le ministre âne mission pour explorer les régions du Sahara, où jamais un Européen ne s'était encore aventure.

 

Il adopte le costume arabe, le plus commode pour ces climats, n'emporte, en fait de provisions, que du couscous ou, de la farine, du café, du thé, du sucre, du savon et des bougies. Point de lit, point de tente : il couche dans son burnous, à la belle étoile, la tête sur sa selle, vivant de biscuit, de lait et de thé. Par ses manières franches et simples, il gagne l'amitié des Musulmans qui le reçoivent et le traitent comme un des leurs. Cependant à mesure qu'il s'enfonce dans le désert, les nouvelles deviennent de plus en plus alarmantes. Des tribus sont en guerre et ne le laisseront pas passer ; des brigands infestent la contrée et pillent les caravanes.

 

Soleillet ne s'émeut point de ces bruits. Il part avec une faible escorte de quatre hommes, qui n'étaient qu'à demi rassurés, sur une route semée d'ennemis du nom français ; il franchit heureusement ces déserts de sable encore inexplorés, et ouvre de nouvelles voies au commerce de la patrie.

 

Grâce à lui, et à d'autres explorateurs, le chemin de fer transsaharien n'est plus une chimère et l'on peut entrevoir le moment où il sera une réalité.

 

Soleillet formait encore de beaux projets quand la mort, en 1886, est venue le surprendre à un âge où il aurait pu rendre encore à la patrie et à la civilisation de nombreux services. Saluons en lui l'homme d'énergie et de courage qui a fait flotter le drapeau de la France dans des régions jusqu'alors inexplorées, qui a su faire aimer et respecter au loin le nom français.

 

 Extrait du Gard par V. Ricquet - 1895 - Page 28-31

 

EN SAVOIR PLUS

> Soleillet par de Rivoyre

Les Voyages et découvertes de Paul Soleillet 

Racontés par lui même, 1881 -  Textes de Jules Gros

> Sa biographie

> Premier voyage

> Deuxième voyage

> Troisième voyage

> Quatrième voyage

 

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