LE CHATEAU-FADAISE

ou Fadèse.
Extrait de Nîmes et ses rues, Albin Michel, 1876 – Tome I pages 163-165.
 
LE CHÂTEAU FADAISE - Situé à l'angle de la rue porte de France et la rue du Château Fadaise.
 
Malgré les minutieuses recherches auxquelles je me suis livré, il m'a été impossible jusqu'à présent de remonter d'une manière certaine à l'origine véritable de la construction et de la qualification de ce bel immeuble. Tout ce que je puis certifier c'est qu'en 1667 et le 29 juin le sieur Pierre de Serres acheta cet immeuble à la dame Louise de Baudan, veuve et héritière de M. Guillaume Brun.
Le sieur Pierre de Serres laissa deux enfants François de Serres et Marie de Serres, femme Reynaud. Celle-ci ayant hérité de son frère devint seule propriétaire de tous les immeubles de sa succession paternelle, et dans le nombre nous voyons désigné le Château-Fadèse ainsi que cela résulte d'un acte reçu Darlhac, notaire, à la date du 3 août 1729. Donc à cette date la qualification était déjà donnée.
Marie de Serres, femme d'Alexandre Reynaud, laissa une fille, Margueritte Reynaud, qui épousa Simon de Possac. Ce dernier étant mort. laissa une fille, Françoise de Possac, qui épousa le sieur Pauc ; de ce mariage naquit une fille, Marthe-Sophie Pauc, qui hérita du Château-Fadèse suivant acte de partage du 29 février 1795, et épousa Jean-Jacques Destrems de Saint-Christol.
Le 19 mars 1828, M. Liotard acquit de ladite dame veuve Destrems le Château-Fadèse, suivant acte reçu M. Gide, notaire, et le 15 juillet 1865, M. Samuel Guérin en est devenu propriétaire suivant acte reçu M. Canonge.
Le champ des suppositions reste donc complètement ouvert et l'imagination de chacun peut suppléer à l'absence de renseignements positifs.
Ce château, à la gracieuse colonnade, au pérystile rappelant l'école italienne, aux vastes salles et galeries, peut avoir été construit à la fin du XVIIe siècle, et l'on croit que c'est Gabriel Dardaillon qui en à été l'architecte. On sait en effet qu'en 1688, c'est ce même Dardaillon qui créa le boulevard du Grand-Cours.
Quant au nom de Château-Fadèse, l'étymologie qui se présente naturellement à l'esprit est celle de Château des Fées (Fadas) Le public peut avoir été impressionné soit par la rapidité avec laquelle il fut construit, soit par son élégance et la richesse de son ornementation, se trouvant isolé au milieu de vastes terrains probablement boisés, la superstition populaire peut l'avoir cru hanté par des fantômes, ou bien encore s'est-on contenté de lui donner tout simplement le nom du quarter ; il existe en effet le long du Cadereau une colline qui porte le nom de "les fades". Chacun choisira donc l'explication qui lui conviendra le mieux.
Un fait assez curieux à signaler, c'est que les différents propriétaires de ce château, tout en voulant profiter de la plus value que les terrains acquerraient chaque jour par suite de la création du quartier de la Fontaine, ont voulu conserver au château Fadèse l'avantage de son isolement et l'agrément de la vue. Aussi, dans tous les actes de vente a-t-il été stipulé que les maisons voisines ne pourraient pas être élevées de plus d'un étage. Ces diverses ventes ont été faites moyennant des rentes perpétuelles dont quelques-unes existent encore aujourd'hui. (1876)
 
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Le Château-Fadaise


Extrait du Cadastre de 1829 - Le Château-Fadaise
Dossier Inscription aux Monuments Historiques.
 
Département : GARD - Commune - NIMES
Arrondissement : NIMES - Canton - NIMES.
Monument : Maison N°12 rue de la Porte de France
Situation exacte : Entre les rues Delon -Soubeyran, du Château-Fadaise et de la Porte-de-France. - Parcelle cadastrale N° 690 section F.
Propriétaire : FLAISSIER Virgile, époux Castelnau
Adresse : 12 rue de la Porte-de-France - NIMES
Nature de la protection proposée :
Inscription à l'Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques
Façade sur la rue de la Porte-de-France, y compris la grille d'entrée, le péristyle, le double escalier d'accès, et les terrasses à balustres.
Epoques de construction Fin XVIIe - début XVIIIe
Etat de conservation : Très bon état
Réparations à prévoir d'urgence : Néant
Renseignements bibliographiques :
I) Archives départementales du Gard, G-44 (plans parcellaires du Chapitre).
2) Cadastre, Etats de sections.
3) Archives communales de Nîmes, UU-I02.
4) Archives communales de Nîmes, PP-2, compoix cabaliste de 1700-1707.
 
Documents graphiques et photographiques connus : Néant
Matériaux de construction : Pierre de Beaucaire. Parties sculptées en pierre de Barutel.
Historique : Ce faubourg occidental de Nîmes était jadis uniquement occupé par des jardins ; les habitations, modestes, se groupaient, plus au Sud, autour du Puits de L'Olivier, et les constructions de quelque importance s'élevaient, à partir du XVIIIe siècle, en bordure des nouvelles Promenades (par exemple, à la limite Ouest de faubourg, le Nouveau Cours, actuelle Avenue Jean Jaurès).
La construction, en cet endroit, d'un hôtel important et somptueusement aménagé, constituait donc une singularité, et, en fait, cet exemple grandiose n' a pas été suivi.
Le plan féodal du Chapitre nous apprend que les jardins compris entre les rues Saint-Pierre (Delon-Soubeyran), du Château-Fadaise, et de la rue de la Porte-de-France, appartenaient, en 1480, à Jeanne Bonhomme, veuve de Pierre Campagnan, un riche propriétaire de moulins situés dans Nîmes, sur l' Agau, près de l'actuelle rue Xavier Sigalon. En 1671, ces jardins, morcelée, étaient la propriété, dans l'angle qui nous intéresse, de Marguerite Guirarde, veuve d' Etienne Bon ; celle-ci vendit, en 1693, à Louise de Baudan, qui recéda à Pierre SERRES, seigneur de Saint-Côme. Par la suite, l' ilôt porta le nom (dès 1700) d' "Ile du Pavillon de M. Serres", ce qui indique suffisamment l'importance de la nouvelle bâtisse.
On manque malheureusement de renseignements sur cette famille de Serres ; les généalogistes locaux, encouragés par un prix fondé par l'Académie du Gard, ont surtout recherché les ascendances et descendances du fameux Olivier de Serres, sieur du Pradel. L' étude des Serres de Saint-Côme reste à faire ; nous signalerons seulement qu'un Serres de Saint-Côme, et sa femme née Guiran, de religion protestante, présentèrent au baptême, en 1678, leur fils Daniel.
Nous ne savons rien de plus sur ce remarquable "pavillon" qui, probablement construit peu de temps après le acquisition de 1693, n'a pas encore attiré l'attention des historiens locaux.
 
DESCRIPTION SOMMAIRE : L' immeuble est délimité par un trapèze, dont la petite base mesure 14 mètres en façade sur la rue Porte-de-France, la grande base 18m et chacun des côtés latéraux environ 25 mètres, en bordure des rues Delon-Soubayran et du Château Fadaise. La partie la plus intéressante est la façade sur la rue de la Porte de France.
Cette façade, encadrée par deux tours carrées, est précédée par une cour d'entrée, limitée par deux pavillons à terrasses, contre lesquels prend appui la grande grille en fer forgé. Le portail, en ferronnerie, à deux vantaux, s'ouvre dans l'axe de cette grille, entre deux pilastres, sous un fronton dont le dessin est un peu masqué par les débris d' une plante grimpante.
Le mur de façade et les tourelles sont surmontées, comme les pavillons d'entrée, par une balustrade continue, à balustres de plan circulaire. Des balustres semblables couronnent la terrasse qui s'étend entre les deux tourelles, au niveau du premier étage.
                                   Date : 5-3-1953 - Signature : illisible
 
Fiche 2
Maison, N°12 rue de la Porte-de-France
Cette terrasse est supportée par un péristyle à quatre colonnes, aux fûts cannelés, sans galbe, sur haute stylobates, portant des chapiteaux composites.
La frise est décorée de rinceaux, et une rangée de denticules souligne les modillons de la cimaise.
A l'ombre de cette colonnade classique, un escalier d' accès se développe en deux degrés droits, de sept marches chacun, resserrés entre les retours de façade, au droit des colonnes extrêmes.
La rampe, à balustres de pierre, part de pilastres surmontés de lions assis.
Tout ce décor classique est dans un bel état de conservation et sans aucun remaniement.
                                   Le 5-3-1953 - Signature : illisible
 
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MINISTÈRE DE L'ÉDUCATION NATIONALE
RECENSEMENT des ÉDIFICES ANCIENS de la FRANCE
 
Département : Gard - Commune : Nîmes
Édifice : Maison, N°12 rue de la Porte de France
 
Documents annexés
Fiches 6 - Photographies 8 - Plans 1
 
Avis de  l'Architecte en chef
La proposition d'inscription à l'inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques pourrait être retenue pour la façade sur la rue Porte de France, l'état de la maison est bon. Il faudrait simplement prévoir le remplacement de quelques balustres sur les avant-corps et une vérification de la couverture, soit environ 100 000 francs                                  Signature illisible
 
Avis de l'inspecteur Général sur la protection à prévoir
IS - Façade sur rue et couverture
Le 19 juin 1962
                                   Signé Jullien
 
Avis du Comité des Monuments historiques en date du 19-2- 62
IS - Façade couverture sur mur
 
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COMITÉ DE RECENSEMENT DES MONUMENTS HISTORIQUES
Séance du 19 février 1962
 
Gard - NIMES - 12 rue de la Porte de France
Rapporteur M. Jullien
Après avoir entendu le Rapporteur, le Comité de Recensement donne un avis favorable à l'inscription sur l'Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques de la façade sur rue et de la couverture correspondante.
 
                                   Pour extrait conforme
                                   La Secrétaire du Comité,
                                   Th. Imbert
 
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Délégation permanente de la commission supérieure
des Monuments Historiques
Séance du 25 février 1962
Procès-verbal
 
GARD - Édifices divers.
Rapporteur : M. Jullien
M. Jullien rend compte des travaux du comité de recensement des Monuments Historiques dans la séance du 19 Février 1962.
Au cours de cette séance, le comité de recensement a examiné des propositions de protection concernant divers édifices sis dans le département du GARD.
Sur 122 dossiers examinés, le comité a proposé 56 inscriptions sur l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques et 56 mentions au Casier Archéologique. Tour cinq dossiers, le comité a demandé une documentation complémentaire. Enfin cinq dossiers ont été écartés, les propositionsqu'ils comportaient ayant été jugées sans intérêt.
Conformément aux conclusions du rapporteur, la Délégation Permanente approuve les propositions formulées par le comité de recensement dans sa séance du 19 février 1962.
Pour extrait conforme
l'Administrateur Civil
secrétaire de la Commission Supérieure
signé : G. VAUQELIN
       
Relevé par Georges Mathon, octobre 2015

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Le Château Fadaise
Diagnostic Architectural par Philippe Ritter
12, rue Porte de France et 3, rue Château Fadaise
Section EX - Parcelle 1232


Le « Château FADAISE ». Très belle maison de maître fin XVIle - début XVllle s. Ses façades et sa toiture sont inscrites aux Monuments Historiques depuis le 27/02/1964. Sa construction serait due à l'architecte nîmois Gabriel Dardailhon, vers 1683, pour Pierre de Serres seigneur de Saint-Côme. Entre les colonnes cannelées, les chapiteaux corinthiens, et la frise du péristyle, on peut y voir un hommage à la Maison Carrée.

Description faite par la « Base Mérimée » :
La façade sur rue, encadrée par deux tours carrées, est précédée par une cour d'entrée, limitée par deux pavillons à terrasses contre lesquels prend appui la grande grille en fer forgé. Le portail en ferronnerie, à deux vantaux, s'ouvre dans l'axe de cette grille, entre deux pilastres sous un fronton. Le mur de façade et les tourelles sont surmontés, comme les pavillons d'entrée, par une balustrade continue.
La terrasse du R+2 est supportée par un péristyle à quatre colonnes cannelées, sur hauts stylobates, portant des chapiteaux composites. La frise est décorée de rinceaux. A l'ombre de cette colonnade classique, un escalier d'accès se développe. La rampe à balustres de pierre, part de pilastres surmontés de lions assis.
Les ferronneries et les sculptures sont remarquables.

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