LES TROIS PILIERS de la route de Sauve
Comme les Trois Mousquetaires ils étaient quatre !
 
NÎMES - Les Trois Piliers de la route de Sauve.
Carte Postale la plus connue, du début du XXe siècle, avec pour légende « Les trois piliers Romains » ce qui est faux, ce monument date du moyen-âge.
  
Les  Trois Piliers route de Sauve sont pour beaucoup une interrogation, ils ont fait plancher tous nos historiens nîmois et chacun y est allé de sa théorie. Même les cartes postales s’en mêlent, la reproduction la plus connue, du début du XXe siècle, a pour légende « Les trois piliers Romains » ce qui est faux, ce monument date du moyen-âge.
 
 Une certitude ce monument comptait encore au début du XIXe siècle 4 piliers et se dénommait « Les quatre pilons ». Ce monument fut pendant deux siècles l’objet d’une confusion totale, était-ce des fourches patibulaires ou bien un monument religieux.
 
Si pendant un temps ce monument passa pour des fourches patibulaires c’est à Ménard, historien du XVIIIe siècle que nous devons cette méprise, dans son ouvrage « Histoire de Nîmes » à la page 239 du second tome de l’édition originale il écrit : «  En 1362, les routiers s’étaient approchés de la ville et avaient poussé leur avance jusqu’aux Fourches patibulaires de Nîmes, appelées Carafrach. Il parait au reste que ces anciennes Fourches qui depuis longtemps ne servent plus au gibet existent encore, elles sont à quatre piliers sur une hauteur à l’entrée de Nîmes à Sauve, c’est ce qu’on appelle aujourd’hui les quatre pilons. »
 
C’est une grossière erreur, l’emplacement exact des Fourches de Carafrach ou Carafrac, est sur la route d’Alès, en face du bois des Espeisses, du côté de la route opposée à l’eau bouillie. Le lieu s’appelait alors « Les trois pilons » et il est mentionné dans le compoix de 1671 de la ville de Nismes.
 
Il ne reste plus qu’à situer ce monument dont les trois piliers seraient les ruines, par rapport à trois édifices qui sont des accessoires de l’architecture religieuse médiévale : le Calvaire, la lanterne des morts, la Croix Couverte, édifices différents mais qui ont en commun d’être tous de piété, non de prière encore moins de culte.
 
Le Calvaire et la lanterne des morts ne satisfont pas à la structure de cet édifice seule la croix couverte convient, c’est un édifice couvert mais ouvert à tous les vents et centre duquel  était une croix devant laquelle brûlait le soir une lampe. Les croix couvertes sont très rares et ne se voient guère que dans le midi, il y avait dans la région plusieurs monuments de ce style les croix couvertes de d’Annot (Alpes Maritimes), Pernes les Fontaines (Vaucluse) et bien sur celle de Beaucaire sur la route de Trinquetaille.
 
Un élément vient renforcer cette hypothèse, dans le plan des archives communales de Nîmes SS12 de 1766-1784 figure les 4 pilons de la route de Sauve, et au centre de ces piliers et représenté un socle qui pourrait être le piédestal d’une croix. L’hypothèse de la croix couverte se trouve renforcée par un creux dans le premier pilier, d’après certains historiens ce serait l’emplacement d’une armoire destinée à contenir l’huile pour la lampe qui brûlait devant la croix.
 
En 1959 l’administration décide d’agrandir la route de Sauve, le conseil municipal d’alors donne son accord un peu hâtivement et les trois piliers sont démontés et la restauration de cet édifice n’est pas prévue.
 
Tout le monde s’interroge, n’y avait-il pas un autre moyen de procéder à cet élargissement sans démonter ce monument ? Il était parti intégrante de tout un quartier, il y a aussi le chemin des trois piliers, la montée des trois piliers !
 
L’Académie de Nîmes émet un vœu pour la reconstruction du monument, quelques personnalités ainsi que la presse locale battent la rappel, la municipalité de Nîmes octroie les fonds nécessaires à la reconstruction, à la requête du curé Thibon, l’évêque de Nîmes a bien voulu donner par écrit l’autorisation de le cession du terrain en vue de sa reconstruction dans l’angle Ouest du terre plein de l’église St Joseph à quelques mètres de son ancien emplacement.
 
Les piliers seront reconstruits dans de parfaites conditions, presque sur le lieu même où ils se trouvaient. Ils prennent rang parmi les cinq ou six rares monuments semblable existant encore en France.  
 
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> Article MIDI LIBRE du 23 mai 2004

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