LA STATUE DE L'EMPEREUR AUGUSTE
Toute une histoire !


Photo collection Gérard Taillefer
 
AUGUSTE - Caius Julius Caesar Octavianus Augustus, 27 av. J.-C. - 14 ap. J.-C.
 
NÎMES - Origine de la statue de l'Empereur Auguste installée derrière la porte du même nom.
Le 14 juillet 1933, M. le Commandant Émile Espérandieu (1857-1939) faisait parvenir au Maire de Nîmes une lettre qui sera lue lors de la séance du Conseil Municipal du 17 octobre 1933 :

« Il n’est pas de Nîmois cultivé qui ne sache que Nîmes soit une colonie d’Auguste. Les armoiries ne sont qu’une allusion aux victoires qui lui donnèrent le pouvoir. Il serait souhaitable que la ville possédât une statue de ce souverain, qui rappellerait à ses habitants et aux visiteurs son antique origine. En ce moment surtout, il semble bien que la municipalité ne puisse la demander à un artiste de notre époque. Elle coûterait fort cher et, sans doute pas bien loin de 100 000 francs. Mais une occasion inespérée de présente, dont serait, peut-être possible de profiter. Il existe à Rome, au Musée du Vatican, une statue authentique d’Auguste, qui est universellement connue et qui passe pour un chef-d’œuvre de l’art sculptural. Une fonderie de Naples, la Société LAGANA est autorisée à la reproduire et possède, dans ce but un moulage de l’original qu’elle a fait exécuter pour la décoration de la ville de Rome.
Elle consent à se servir gratuitement de ce moulage pour la statue que la ville de Nîmes pourrait lui commander. Aucune autorisation du gouvernement italien ne parait nécessaire. Il s’agit d’une œuvre antique qui se trouve dans la Cité du Vatican. La fonderie s’engagerait à nous la fournir avec tous les permis d’exportation, pour le pris de 11 350 livres, soit environ 17 500 francs. La statue aurait 2,04m de haut et serait de bronze patiné, comme savent le faire les Italiens. Elle pèserait de 500 à 550 kilogs. La même statue, agrandie à 2,82m, coûterait 30 000 francs, mais il ne semble pas utile de dépasser l’original de 2,04m.
Si le principe de cette statue était admis, les Musées Archéologiques pourraient contribuer à la dépense, sur leur budget annuel, pour une somme de 3000 frs environ. Au besoin, les droits d’entrée dans les monuments fourniraient le surplus.
Il ne resterait alors à fixer l’emplacement de la statue. Je suggèrerais à défaut de mieux, l’espace compris entre la Porte d’Auguste et l’habitation du côté de la Ville. La statue aurait comme fond, les cyprès qu’on a planté, il y a deux ans, contre cette habitation. Elle ne causerait aucune gêne et serait parfaitement à sa place puisque la Porte est une œuvre d’Auguste datée de l’an 16-15 avant notre ère…  »
Après lecture la Commission des Finances a estimé qu’il s’agissait d’une occasion qu’il convenait de ne pas laisser échapper. M. Desmonteix, Conseiller Municipal suggère de tapisser le mur de fond derrière la porte Auguste par un rideau de lierre et M. Le Colonel Blanchard, ayant régulièrement son avis à donner dans les discutions du Conseil, exprime sa différence avec cette phrase : « Je ne pense pas que la statue soit très bien à sa place dans le trou de la Porte d’Auguste ! »
M. Le Maire arrête cette discussion par ces mots, « l’emplacement sera établi ultérieurement. » Personne n’étant opposé à ce projet le Conseil décide d’adopter l’achat de la statue. La ville Nîmes passera commande de cette copie d'antique le 20 mai 1934 à Fiorence Pagliano, administrateur de la société LAGANA à Naples, pour le prix de 17.500 francs.
 

... la statue aurait comme fond, les cyprès qu’on a planté, il y a deux ans, contre cette habitation...
 
Dans la matinée du 11 novembre 1939, la Municipalité de Nîmes procèdera à l’érection de la statue d’Auguste, fondateur de la « Colonia Nemausensis. » À l’issu  de cette cérémonie, M . Hubert Rouger, maire de Nîmes remettra à chacune des personnalités qui y participaient, un « As » de Nîmes, enclos dans un écrin aux couleurs de la Ville. Cet « As » est la médaille qui fut frappée en l’honneur d’Auguste par la colonie nîmoise (Colonia Nemausensis), trente-trois ans avant l’ère chrétienne, médaille qui devint bientôt monnaie courante.
La statue de l'empereur Auguste d'après une œuvre conservée au Musée du Vatican, sera posée sur un socle constitué de blocs de pierre récupérés d'une des tours de la porte romaine.


Buste d'Emile Espérandieu réalisé en pierre de son vivant en 1937 par le sculpteur André Méric.
Il est exposé dans le jardin du musée archéologique de Nîmes.


Décédé le 14 mars 1939, le commandant Émile Espérandieu n’assistera pas cette érection. N’en déplaise au Colonel Blanchard, cette dernière sera installée à l’arrière de la Porte Auguste juste devant les cyprès plantés en 1931, emplacement désigné par Émile Espérandieu dans sa lettre datée du 14 juillet 1933. (voir biographie d’Émile Espérandieu)

 
Suite à un ordre de réquisition, la statue doit être fondue. La population se mobilise.
Le 2 décembre 1941, la statue fut frappée par l'ordre de réquisition des métaux non-ferreux et démontée en février 1942. Suite à de fortes pressions de la population et de nombreuses personnalités, le bronze ne prendra pas le chemin des fonderies, il sera conservé en lieu sûr. Le 1er septembre 1942, un Comité supérieur siégeant au Secrétariat Général des Beaux Arts dans une séance tenue à la Préfecture décide, que la statue d’Auguste échappera à toute récupération. Cet avis transmis par le Préfet au maire de Nîmes le 29 janvier 1943, mettra fin à plusieurs mois d’incertitudes sur le devenir de la statue.

 
À ce jour les archives n’ont pas encore parlé, sur la date précise de la remise en place de la statue d’Auguste sur son socle. Les recherches continuent.

Photocopie de l'avis préfectoral décidant de la conservation de la statue.

     

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