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Le Château de Nîmes en 1391
Le roi Charles VI ordonne la
construction d'un château à Nîmes. Cependant les gens du conseil du roi préposés au
gouvernement de Languedoc ne cessaient de s'occuper de leurs
fonctions. De toutes les opérations que ces commissaires firent dans
cette province, pour remédier aux entreprises des ennemis de l'état,
il n'en est point de plus intéressante pour la ville de Nîmes que la
construction d'un château qu'ils y entreprirent. Ce fut sur un ordre
exprès du roi Charles VI qui, en passant à Nîmes l'année
d'auparavant, avait jugé par lui-même que cette ville méritait par
sa situation d'être soigneusement mise en défense. Ce prince en donna la commission particulière à
Pierre de Chevreuse. Celui-ci, après en avoir conféré avec le maréchal
de Sancerre. Charles de Hengest, sénéchal de Beaucaire, et autres
gens du conseil du roi, ordonna, étant à Carcassonne le 20 de
juillet de cette année 1391 que ce château serait bâti près de la
porte des Carmes, en certain lieu de cette ville, disent les lettres
que ce commissaire donna sur ce sujet, appelé le sonal des Carmes,
auquel sont deux grosses tours, accouplées de gros murs. On commença donc à bâtir le château de Nîmes
peu de temps après la date de ces lettres. On y travaillait du moins
dès le milieu de l'année suivante, il fut construit en forme carrée
et flanqué de quatre fortes tours, dont deux faisaient face à la
ville et les autres deux à la campagne. Au milieu de l'édifice était
une grande cour, avec un beau puits très-profond et solidement bâti,
qui subsiste encore. Il paraît que les oncles du roi Charles VI eurent
quelque part à la construction de ce château, soit par l'autorité
qu'ils avaient dans le conseil de ce prince, soit par l'attention
qu'ils apportèrent peut-être à faire exécuter le projet de cette
construction. Il nous en reste une preuve par les armoiries qui
paraissent encore au-dessus de l'ancienne porte, placée entre les
deux tours qui tournent vers la campagne. On y voit cinq écussons
rangés sur une même ligne, dont le premier contient les armoiries du
duc d'Anjou, le second celles du duc de Berri, le troisième qui est
au milieu des cinq et qui est plus grand que les autres contient les
armes de France, le quatrième celles du duc de Bourgogne, et le
dernier celles du duc de Bourbon. On sait que ces quatre princes étaient
oncles du roi Charles VI, les trois premiers par son père et le
dernier par sa mère. Observons au reste que le château de Nîmes fut
construit sur les ruines d'un ancien monument des Romains, comme en
font foi plusieurs quartiers de pierre qu'on a trouvés dans la suite
parmi les démolitions de cet édifice, tous de la beauté et de la
grosseur de ceux qu'on voit employés aux autres bâtiments qui
restent à Nîmes de ces anciens peuples. Il parait encore que dans
des temps plus récents on avait aussi bâti un château, presqu’au
même endroit. Qu'on se rappelle ici la bulle dont j'ai déjà eu
occasion de donner le détail, qui fut accordée par le pape Adrien IV
en 1156, en faveur d'Aldebert, évêque de Nîmes. Par cette bulle, le
pape confirme à ce prélat et à ses successeurs le château appelé
la porte d'Arles, castrum quod
dicitur porta Arelatensis. Or, comme c'était à peu près en cet endroit-là même, que fut autrefois placée la porte d'Arles, ainsi appelée parce qu'elle conduisait au chemin d'Arles on peut croire que le château de ce nom fut bâti en l'endroit qu'avait indiqué Pierre de Chevreuse pour y en construire un nouveau. Ses lettres le disent d'une manière qui ne parait pas équivoque, puisqu'elles en marquent l'emplacement là où étaient encore deux grosses tours accouplées de gros murs, ce qui ne pouvait convenir qu'à des restes d'un ancien château. WEBMASTER
: Georges
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