LES CHEVALIERS DES ARENES
Extrait de « La revue du Midi », 1910 – pages 54 à 56, signé E. P.



Sceau des Consuls des chevaliers du château des Arènes de Nîmes
 
La Revue Historique (édition de septembre-octobre 1909) contient une intéressante étude de M. Robert Michel sur : « Les Chevaliers du Château des Arènes de Nîmes aux XII et XIIIe siècles. »
Dans son article sur La Tourmente, de notre distingué confrère M. Marius Richard, notre directeur M. Georges Maurin, a rappelé que sous la Révolution en 1794, les Arènes renfermaient encore dans leur enceinte, des maisons d'habitation.
L'auteur de l'étude que nous analysons nous apprend que ce fut sous la domination visigotique au VIe siècle que s'accomplit la transformation des Arènes qui, de lieu de réjouissances publiques devinrent une véritable forteresse.
Au Moyen-âge, de nombreux édifices antiques furent érigés en châteaux forts, en lieux de refuge, ils servirent de suprêmes réduits aux villes envahies. Les Arènes d'Arles, le capitole de Narbonne furent dans ce cas.
« Dans la cella du temple de Diane, à Nîmes, vinrent s'établir les religieuses de l'abbaye Bénédictine de Saint-Sauveur de la Font de la Maison-Carrée, on fit un Hôtel-de- Ville, de la Tour-Magne et de l'amphithéâtre romain on fit un château-fort. Tout château devint en France à l'époque féodale le centre d'une circonscription à laquelle on donna le nom de Châtellenie ; et à sa possession fut attaché l'exercice d'une partie des droits de la puissance publique dans cette circonscription. »


Le roi Wamba écrase les mutins dans les Arènes de Nîmes en 633.

Au XIIe siècle le château des Arènes était le centre d’une châtellenie, le siège de la vicomté de Nîmes, qui appartenait à la famille Bernard-Aton.

« L'amphithéâtre était entouré d'un fossé qui le séparait de la cité ; il était occupé par de nombreuses maisons ménagées dans les portiques et les galeries ou construites sur l'arène. Un clocher et deux chapelles dédiées, l'une à Saint-Martin, l'autre â Saint-Pierre s'y élevaient ; des routes y conduisaient ; quatre portes y donnaient accès. La population, qui habitait les Arènes était composée, au moins en majorité de chevaliers. »
Ces chevaliers étaient les vassaux du vicomte de Nîmes. Logés dans les Arènes ils y tenaient leurs demeures, qui sans doute, étaient plus ou moins fortifiées, en fief ou vicomté (1). En retour ils fournissaient le service de garde permanent. Au début du XIIe Siècle ils étaient 31 ; en 1226, près de cent. C'était la principale garnison du château des Arènes souvent assiégé encore au XIIe siècle.
 
(1) À Avignon, au début du XIIIe siècle, il y avait 300 maisons fortifiées, que le roi de France fit détruire.
 
En récompense le consulat était en partie entre leurs mains ; ils le partageaient avec la bourgeoisie. (4 consuls bourgeois et 4 consuls parmi les chevaliers des Arènes)
En 1185, les comtés de Toulouse acquirent la vicomté de Nîmes. Raymond V confirma leurs privilèges.
Avec ce flair qui distingue les classes ou les hiérarchies condamnées, ils profitèrent de la croisade albigeoise pour se révolter contre l'autorité seigneuriale comme si leur sort n'était pas intimement à celui de Raymond de Toulouse ! Ils s'associèrent aux bourgeois ; et ces gardiens de l'ordre firent leur petite émeute. Le représentant du comté, excommunié, fut massacré. C'était en 1207 « Raymond VI dut céder à la violence du soulèvement, pour rentrer en possession de son palais qui se trouvait dans les arènes, il lui fallut, le 15 février 1209, confirmer les chevaliers et les bourgeois dans les charges consulaires. » Très habilement, Simon de Montfort, devenu maitre de notre ville respecta ces privilèges, Raymond Vll en fit de même en 1220.
Louis VIII, roi de France en 1226, envahissant le midi de la France, trouvait à Nîmes un consulat puissant, exercé par huit consuls en possession du droit de sceau et d'attributions législatives et judiciaires, où deux classes semblaient se partager également l'influence : les bourgeois et les chevaliers.
Louis VIII occupa les Arènes, en chassa les chevaliers, qui, pour comble d'ironie furent excommuniés par le Pape.
Le 3 juin 1226, ils remirent à l'évêque de Nîmes le château et la cité. Dédaigneusement, le roi chargea son sénéchal de leur assurer un logement dans la ville.
À partir de ce moment, l'ordre des anciens chevaliers des Arènes ne fit que végéter et se perdit dans la classe bourgeoise.
 
E. P.

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