Lazare BERNARD

1865-1903

LA FAMILLE BERNARD S’INSTALLE À NÎMES

En 1793, son arrière grand-père Marcus Lazard, né dans le Brandebourg, s’installe à Nîmes. Il abandonne son nom Lazard pour prendre celui de Bernard, à l’époque c’est une pratique courante.  

 

Marié à une juive d’origine suisse, Sage Israël, qui lui donne un enfant le 28 avril 1799, il sera prénommé Lazare, c’est le grand-père de Bernard Lazare.

 

 

1, rue des Marchands

 

Le grand-père épouse une fille de commerçant nîmois, Miriam Milhaud, à cette époque ils habitent au numéro 1 de la rue des Marchands, c’est le quartier juif de la ville. Le couple y tient une boutique de tailleur sous l’enseigne « Quatre Nations ».

 

En 1837 né un garçon, Jonas, Marié à Douce Noémi Rouget, il prendra la suite de son père, et fera prospérer le patrimoine familial. Douce, originaire de Toulouse, est née en 1844 de famille juive.

 

 

20, boulevard Victor Hugo en 2003

 

Les affaires vont bien, et la boutique est un peu à l’étroit, Jonas, s’installe au numéro 20 du Boulevard Victor Hugo, en face de l'Hospice d'Humanité (futur Lycée Daudet). Une vitrine, sur cette avenue prestigieuse, c’est la consécration de plusieurs générations de boutiquiers.

 

Jonas a de bons contacts avec les protestants et les catholiques mais il reste fidèle à sa religion.

Militant actif, il est le trésorier d’un organisme Juif.

 

 

2, rue de Bernis

 

Ils changent de quartier pour habiter une maison 2 rue de Bernis, elle est en face de l’hôtel du même nom.

 

NAISSANCE DE BERNARD LAZARE.

C’est de ce couple que naîtra, le 14 juin 1865, Lazare Marcus Manassé Bernard. Il sera l’aîné de 4 garçons.

 

C’est dans cette famille à l’esprit religieux que Lazare montrera son caractère rebelle, il refusera l’éducation juive, il est allergique aux maîtres et donneurs de leçons.

 

Scolarisé dans les établissements publics de la ville, école primaire de la Maison Carrée, ensuite Lycée public de garçons, à la Grand'rue, il va donner du fil à retordre à ses professeurs, son esprit indépendant va continuer à forcir avec sa maturité. Pas de compromis avec ses idées, il deviendra anarchiste.

 

DÉPART POUR PARIS.

En octobre 1886, il monte à Paris, d'abord répétiteur dans un pensionnat, il fréquente des poètes symbolistes et décadents, s'inscrit dans la nouvelle section des sciences religieuses de l'École pratique des hautes études. Il devient, en janvier 1891, critique littéraire du journal La Nation, puis, en août, directeur de la revue Entretiens politiques et littéraires.

 

Attaché à sa famille et à sa ville, au cours de ses visites respectueux de leur religion, il se rendra avec eux à la synagogue, c’est probablement dans ces occasions qu’il rencontrera sa future femme, Isabelle. Il l’épouse en 1892. Peut-être l’a t’il côtoyée dans sa jeunesse, en effet, elle allait à l’école juive, mitoyenne à la maison familiale.

 

Par la suite, il collabore à plusieurs grands quotidiens, ainsi qu'à la presse anarchiste, et fait paraître, en 1892, un recueil de contes symbolistes, Le Miroir des légendes. Partisan alors de l'internationalisme révolutionnaire et de la totale assimilation des juifs, il publie, en 1894, L'Antisémitisme, son histoire et ses causes.

 

La même année, il écrit pour le supplément littéraire du Figaro une série de portraits littéraires acerbes, dont un de Zola, qu'il avait souvent attaqué au cours des années précédentes.

 

PREMIER CONTACT AVEC MATHIEU DREYFUS

Le capitaine Dreyfus

Voici comment Mathieu Dreyfus (le frère du capitaine Dreyfus condamné pour trahison) nous révèle son premier contact avec Bernard Lazare. Les deux sœurs du capitaine Dreyfus avaient obtenu la permission de voir leur frère à la prison de la Santé.
 
La visite eut lieu dans le cabinet du directeur, en sa présence. Lorsqu’elle eut pris fin et que Dreyfus fut sorti, le directeur de la prison, Forzinetti, dit aux deux sœurs que la situation du prisonnier était effroyable et que deux hommes seuls, à son avis, pouvaient faire quelque chose, Drumont (rédacteur en chef du journal Libre Parole) et Bernard Lazare,
 
Une tentative auprès de Drumont était impossible. Mais le beau père de Mathieu connaissait des membres de la famille Lazare domiciliés à Carpentras. Ces derniers fournissent une lettre d’introduction auprès de l’écrivain nîmois et c’est la première rencontre en février 1895 entre Mathieu Dreyfus et Bernard Lazare.

Ce dernier est convaincu de innocence du capitaine, après plusieurs rencontres une stratégie est élaborée. Le 6 novembre 1895, c’est la publication de la brochure signée par Bernard Lazare.

 

« Une Erreur judiciaire. La vérité sur l'affaire Dreyfus ».

 

Imprimée à Bruxelles, « imprimerie Vve Monnom s.d. » La brochure est tirée à 3000 exemplaires et coûte 16856fr.

 

Pour déjouer une saisie éventuelle, les 7 et 8 novembre, tous les parlementaires, les principaux journalistes parisiens et diverses notabilités du monde littéraire et scientifique trouvent dans leur courrier cette brochure de 24 pages, elle est signée Bernard Lazare.

 

Bernard Lazare, qui faisait œuvre de polémiste et nom d’historien, avait à dessin donné dans la brochure l’impression qu’il était bien renseigné, quitte à glisser habilement sur les énormes lacunes de ses informations…

 

Le 18 novembre 1895, le député Castelin demande, à la tribune de la Chambre, des poursuites contre Bernard Lazare; mais le gouvernement y renonce.

 

Le 2 novembre 1897, mise en vente du deuxième mémoire de Bernard Lazare, Une Erreur judiciaire. L'affaire Dreyfus, chez Stock. A peu près à la même date, le coulissier M. de Castro reconnaît l'écriture du bordereau comme étant celle d'Esterhazy, dont il possède plusieurs lettres. Averti, Mathieu Dreyfus communique la nouvelle à Scheurer-Kestner, qui savait déjà la vérité par Leblois.

 

Portrait de Bernard Lazare, journaliste parisien.

Il mena de front, dès lors, la production d'oeuvres purement littéraires, d'une haute tenue, telles que Le Miroir des légendes, La Porte d'ivoire, Les Porteurs de torches, et de très vives polémiques de critique littéraire et sociale. Il dirigea les Entretiens politiques et littéraires et collabora à La Revue bleue et à plusieurs journaux quotidiens, à L'Evénement, à L'Echo de Paris, au Journal. En 1893, il donna au Figaro une série de portraits, réunis plus tard sous le titre de Figures contemporaines.

 

Mais sans abandonner les lettres proprement dites, il travaillait simultanément à une oeuvre historique qui demeura inachevée et dont il donna en 1894 la première esquisse. L'Antisémitisme, son histoire, ses causes, ouvrage qui a obtenu le suffrage de Drumont lui-même, son adversaire et son contradicteur, ouvrage qui a été réimprimé récemment. C'est ainsi qu'en 1896 il se trouva engagé dans une polémique et appelé à se battre en duel avec Edouard Drumont.

 

Puis, en cette même année 1896, avec un courage, une conscience et une passion de justice qui ne faiblirent pas un instant dans la suite, il commença sa campagne de l'affaire Dreyfus par une première brochure: La Vérité sur l'affaire Dreyfus, qui fut bientôt suivie de Comment on condamne un innocent, et en 1897, d'un considérable Mémoire augmenté d'expertises en écritures: Une erreur judiciaire, l'Affaire Dreyfus, suivi des opuscules: Les Quatre Faces, Contre l'antisémitisme, ces cinq dernières oeuvres éditées par moi.

 

Pendant toute la durée de l'Affaire, il collabora à L'Aurore. Il avait fait le sacrifice absolu de son présent et de son avenir littéraire à ses idées d'humanité et de justice. Il avait, avant d'être atteint par la maladie qui l'a emporté, publié aux Cahiers de la Quinzaine une étude très complète et très documentée sur les Juifs de Roumanie. D'autres oeuvres restèrent inachevées.

 

Bernard Lazare, par son entière abnégation, par la parfaite dignité de sa vie, avait obligé à l'estimer et à le respecter des hommes dont il heurtait le plus violemment les sentiments et les préjugés.

 

Il avait une vision négative des hommes politiques, il répétait cette phrase à qui voulait l'entendre :

 

"Les anciens opportunistes, disait Bernard Lazare, les opportunistes se sont corrompus en quinze ans, les radicaux en quinze mois, les socialistes en quinze semaine."

 

Mort de Bernard Lazare.

Il est mort à trente-huit ans, le 2 septembre 1903, sans laisser aucune fortune. Un groupe d'amis s'est formé après sa disparition pour assurer une existence matérielle modeste à sa veuve.

 

Bernard Lazare a succombé à la suite d'une opération chirurgicale, occlusion de l'intestin, disait-il; cancer de l'intestin, a-t-on chuchoté à la clinique où il se trouvait, le 31 août, quelques jours après l'opération, celle-ci ayant réussi, on l'avais cru sauvé...

 

Il y eut peu de personnes à ses obsèques, le 4 septembre 1903; si Mathieu Dreyfus était parmi les assistants, son frère, en Suisse avec les siens, malade, n'a pu faire le voyage et les journaux hostiles, méconnaissant les raisons de son absence, l'ont commentée de façon désagréable.

Le Testament de Bernard Lazare.

 

Paris, 27 juin 1903.

 

Je subirai mardi une opération dont l'attente ne me cause aucune appréhension et ne m'anime au contraire que du proche espoir d'une guérison trop attendue. Mais mon plus strict devoir aussi bien vis-à-vis de celle qui m'est chère plus que tout, que de moi-même, est de prévoir une éventualité malheureuse quelqu'improbable qu'elle paraisse.

En ce qui me concerne je désire si je meurs être enterré sans aucune cérémonie religieuse et le plus simplement possible, la dernière classe, sans fleurs et sans couronnes. Je veux que nul ne prononce de discours sur moi. Je possède un titre de concession perpétuelle au cimetière Montparnasse qu'on trouvera dans mon coffre. Je désire qu'il y soit bâti par Cahen le marbrier, un caveau à deux places, où je serai inhumé avec, plus tard, elle.

Je ne laisse aucune fortune, je n'ai pas amassé d'argent. Quand mon terme de juillet et mes contributions auront été payés, il me restera un millier de francs déposés au Crédit Lyonnais. Je n'ai à moi que mon mobilier, ma bibliothèque et la propriété de mes livres. Je prie qu'on mette ma bibliothèque en vente, le montant permettra de payer ce que je puis devoir. Je lègue tout ce que je possède à ma femme bien aimée, celle qui a illuminé, réjoui, embelli et charmé ma vie. Je prie tous les membres de ma famille de renoncer, devant ma volonté formelle, à tous les droits que la loi leur donne. Je connais assez leur affection pour moi pour savoir que mon désir exprimé suffira. Je prie ma chérie de leur donner à chacun un souvenir de moi. Je veux qu'autant soit donné à mon fraternel ami Meyerson.

Les livres dont je laisse la propriété à ma femme sont :

L'Antisémitisme, son histoire et ses causes (Stock, propriétaire du reliquat, une édition peut en être refaite, on mettrait cependant en tête que sur beaucoup de points mon opinion s'était modifiée);

Le Miroir des Légendes (Stock, propriétaire du reliquat);

Mes deux brochures sur l'affaire Dreyfus, quelques brochures de propagande contre l'antisémitisme (Stock, éditeur);

Figures contemporaines (Perrin et Cie, éditeurs);

Les Portes de Torches (A. Colin, éditeur);

La Porte d'lvoire (A. Colin, éditeur).

Il y a dix ans que je travaille à un livre sur les Juifs dont le titre devrait être: Le Fumier de Job. On trouvera toutes mes [126] notes à peu près classées dans mon coffre. Je crois que si un de mes amis voulait reprendre cette classification, il pourrait tirer de là un volume d'observations essentielles sur les Juifs, leur histoire, leur mentalité, leur philosophie. Si Meyerson et Lucien Herr voulaient se charger de cette tâche je les en remercierais et ce serait le meilleur souvenir qu'ils pourraient donner à ma mémoire.

La propriété de ce livre posthume reviendrait également à ma femme.

En terminant, il me reste à recommander à mes amis celle que je laisse sans ressources et sans soutien, sans fortune, mais sans doute avec l'orgueil de mon nom. Je la prie de vivre et d'agir autour d'elle et de prolonger mon action. Si au moment de m'endormir à jamais une pensée encore peut m'effleurer, une image se pencher sur moi, ce sera sa pensée et ce sera son image.

 

Fait à Paris le 27 juin 1903. (Signé) Bernard Lazare.

LE MONUMENT DU SCULPTEUR ROGER BLOCHE

Si vous abordez le jardin de la Fontaine de Nîmes par la porte Est, juste après un bâtiment sanitaire, sur votre droite il y a un rocher, au milieu de la végétation et à moitié cachée vous apercevrez une plaque commémorant l’emplacement de l’ancienne stèle de Bernard Lazare.

 

emplacement de la plaque commémorative à la Fontaine

 

Cette stèle était contre le rocher, qui représentait un buste en pierre dans excavation et au-dessus d'un bas-relief en pierre, l’architecte est Raphel Max, les deux sculpteurs qui ont réalisés l’œuvre sont, Bloche Roger et Lefebvre Hippolyte Jules.

 

            

monument en place à la Fontaine de mars 1908 à 1940/45

 

A l'instigation de M. Jules Adler, en septembre 1908. une souscription avait été ouverte entre les amis de Bernard Lazare pour lui ériger un buste sur sa tombe, mais Madame Bernard Lazare, sa veuve, d'abord consentante, est revenue sur l'autorisation qu'elle avait donnée.

(Ce monument est élevé à la mémoire de Marcus Bernard Lazare, grâce à une souscription et une subvention de l'état de 5.000 francs en avril 1908 ; son emplacement est décidé en mars 1908.)

Il est inauguré le 4 octobre 1908, à dix heures du matin, sous la présidence de Frédéric Desmons vice président du sénat.

Extrait du discours de Pierre Quillard, délégué du comité central de la ligue des droits de l’homme.
« Il n’est pas vrai qu’il y a cinq ans, Bernard Lazare soit mort : sa parole survit, impérieuse et persuasive, elle nous enseigne les fortes et nécessaires vertus, la haine de la laideur et de la férocité ; elle nous détourne des indignes abdications qui déshonorent jusqu’à la noblesse des actes qui les précédèrent ; et, voyez, elle nous invite à la béatitude et à la joie : sur la stèle, la jeune femme bondit victorieuse ; elle secoue vers le ciel la torche qui se disperse en étincelles éperdues et si la flamme en jaillit si ardente et si pure, c’est qu’elle nourrit de sa propre flamme intérieure et qu’avec elle sa propre vie se consume, en jetant parmi les froides ténèbres humaines les impérissables semences de lumière et de beauté. »

Quelques semaines plus tard, le 14 juillet 1909, une main inconnue, cassa à coups de marteau le nez de Bernard Lazare pour l'offrir à Charles Maurras, (*) comme presse-papier. Depuis lors la statue profanée est connue à Nîmes sous le nom de desnasa...

 

(*) Sources : Site du Ministère de la culture

 

Ces mutilations imbéciles vont se poursuivre au fil du temps. Elle sera dynamitée selon certains ou bien démontée selon d'autres, pendant l’occupation allemande.

 

Cet espace du jardin de la Fontaine était voué aux écrivains nîmois :

Lazare Bernard, journaliste, juif, anarchiste, écrivait en français.

Jean Reboul, catholique, monarchiste, écrivait en provençal.

Antoine Bigot, protestant, républicain, écrivait en patois de Nîmes.

 

Ces trois personnages rappelaient la pluralité de la population nîmoise, l’absence de Lazare souligne son intolérance…

…Intolérance et oublie de notre « élite locale », l’auteur de « Nîmes sans Visa » dans son paragraphe concernant cet espace réservé aux écrivains nîmois n’écrit pas un mot sur Bernard Lazare, pas un mot sur l’absence de la statue et la présence de cette plaque commémorative…

 

monument-pyramide du boulevard Jean-Jaurès

 

Les ruines du monument seront conservées dans un entrepôt. Après la guerre en 1949, elles seront incorporées dans la construction du monument-pyramide, des héros et martyrs du combat pour la liberté, boulevard Jean-Jaurès.

 

plaque au jardin de la Fontaine, apposée en 1966

 

Une plaque commémorative est scellée à l'emplacement originel du monument Bernard Lazare au jardin de la Fontaine, ainsi qu'une plaque avec un médaillon 2, rue de Bernis, sa maison natale.

 

plaque 2, rue de Bernis, apposée en 1995.

 

L’origine de l’affaire Dreyfus, 1894.

Un agent français infiltré dans l’ambassade Allemande à Paris, fait parvenir aux services de renseignements français, un document manuscrit non signé (bordereau) qui prouve qu’un espion opère à l’Etat Major général de l’Armée.

 

Après une enquête bâclée, l’écriture et la teneur du document (bordereau) le font attribuer au capitaine Alfred Dreyfus.

 

C’est le coupable rêvé, stagiaire il ne fait pas parti du personnel permanent du service. Il ne compromet pas l’Etat Major et de plus juif c’est la tête de turc idéale  Pourquoi poursuivre l’enquête et comparer toutes les écritures du personnel du service avec le bordereau. Le capitaine Dreyfus est arrêté, une instruction orientée, avec d’énormes lacunes couvertes par le secret défense est verrouillée le tout terminé par un procès à huis clos qui fera du capitaine le traître juif. (22 novembre 1894)

 

La famille Dreyfus qui connaît bien Alfred est convaincue de l’innocence de celui-ci. Il ne pouvait avoir trahis ni pour l’argent ni par conviction, sont loyalisme était profond. L’obstination à rechercher des preuves va porter ses fruits, le mur du silence autour des initiés de l’affaire, commence à se lézarder.

 

Des fuites parviennent aux proches de la famille. Une stratégie de communication intelligente avec le verbe, la plume et les convictions de Bernard Lazare (1895), vont mettre de l’agitation dans le ministère, des personnes vont parler, l’opinion publique sera informée et le 13 janvier 1898 l’Aurore publie sous le titre « J’accuse » une lettre ouverte d’Emile Zola.

 

La France est coupée en deux, mais à partir de ce jour la famille Dreyfus n’est plus seule elle peut compter sur une grande partie de l’opinion publique qui demandera des comptes et les mensonges de l’instruction seront progressivement dévoilés et la justice passera.

 

L’affaire Dreyfus suite et fin

Bernard Lazare ne connaîtra pas l’heureux épilogue de l’affaire Dreyfus.

 

Le mouvement de protestation en faveur de la révision du procès du capitaine Dreyfus aboutit à une annulation de sa condamnation par la Cour de Cassation, le 3 juin 1899. Un deuxième procès s'ouvre pour lui à Rennes, du 7 août au 9 septembre 1899, à l'issue duquel il est condamné de nouveau, mais avec des "circonstances atténuantes". Le 19 septembre, il est gracié par le président Loubet.

 

Alfred Dreyfus vit à Carpentras, chez une de ses soeurs, puis à Cologny, près de Genève. Le 5 mars 1904, la Cour de Cassation déclare acceptable sa demande en révision du jugement de Rennes. Le 12 juillet 1906, le jugement est cassé sans renvoi, et, le lendemain, la Chambre vote une loi le réintégrant dans l'armée, avec le grade de chef d'escadron. Le 21 juillet 1906, il est nommé Chevalier de la Légion d'honneur. Il est ensuite nommé à la direction d'artillerie de Vincennes ; le 15 octobre, il est désigné pour commander l'artillerie de l'arrondissement de Saint-Denis.

 

Admis à la retraite en octobre 1907, il est mobilisé pendant la Grande Guerre. Il est affecté d'abord à l'Etat major de l'artillerie du camp retranché de Paris, puis, en 1917, à un parc d'artillerie divisionnaire.

 

Il meurt le 12 juillet 1935. Le cortège funèbre, pour rejoindre le cimetière Montparnasse, traverse la place de la Concorde au milieu des troupes célébrant la fête nationale, au garde à vous.

Charles Mauras (1)

 

(...le nez de Bernard Lazare pour l'offrir à Charles Maurras...)

En 1940, il saluait comme une « divine surprise » l’arrivée du maréchal Pétain au pouvoir. Pendant l’Occupation, il se fit, avec toute sa vigueur polémique, l’apologiste du gouvernement de Vichy et l’inspirateur de la politique de Collaboration.

Condamné en 1945 par la haute cour de justice de Lyon à la réclusion à perpétuité et à la dégradation nationale, il fut interné à Riom, puis à Clairvaux. En 1953, sa santé déclinante le fit admettre à la clinique de Saint-Symphorien-lès-Tours, où il devait s’éteindre.

Charles Maurras, après un premier échec contre Jonnart en 1924, avait été élu à l’Académie française le 9 juin 1938 au fauteuil d’Henri-Robert, par 20 voix contre 12 à Fernand Gregh ; il était reçu le 8 juin de l’année suivante par Henry Bordeaux.

Sa condamnation entraînait automatiquement sa radiation de l’Académie (article 21 de l’ordonnance du 26 décembre 1944) ; il fut en fait décidé, lors de la séance du 1er février 1945, qu’on déclarerait vacant le fauteuil de Maurras, sans pour autant voter la radiation. Ainsi, Charles Maurras, comme le maréchal Pétain, mais à la différence d’Abel Hermant et Abel Bonnard, ne fut remplacé sous la Coupole qu’après sa mort.

Article documenté Georges Mathon, 2003

 

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