Des Pénitents Blancs
de Nîmes
 à l'école Belle-Croix
 
Dissolution de la confrérie. - Vente de ses biens.
 
 - Telle était la vie de la confrérie des Pénitents-Blancs ; après avoir eu une existence mouvementée, la confrérie paraissait avoir traversé la période critique des débuts et semblait prévoir l'avenir à assez longue échéance : c'est ainsi que, en 1783, elle retenait le P. Hervier, moine grand-augustin et célèbre prédicateur parisien, pour le Carême de 1790.
 
La Révolution vint brusquement mettre un terme à son développement et la faire disparaître pour toujours.
 
Il est difficile de déterminer la date à laquelle les Pénitents-Blancs de Nimes se sont dissous. On trouve seulement sur les registres de l'œuvre la mention par laquelle à la date du 8 mai 1790 le frère sacristain Ratier retire de la sacristie un certain nombre d'objets qu'il avait donnés à la confrérie le 4 février 1781 et en donne décharge. Il est probable que cette opération coïncida avec l'inventaire ordonné par les lois de la Constituante. Le 20 avril 1790, la chapelle des Pénitents était encore ouverte, puisque les catholiques nimois s'y réunirent pour adresser à l'Assemblée nationale une pétition restée célèbre.
 
D'autre part, les Pénitents n'attendirent pas pour se dissoudre la loi du 24 août 1792, qui prononça la suppression des congrégations séculières : en effet, une lettre de Ratier, administrateur de l'œuvre des prisons, en date du 22 juin 1792, signale au directoire du district que l'oeuvre va à sa ruine depuis que la confrérie des Pénitents est dissoute (1).
 
C'est donc entre ces deux dates du 20 avril 1790 et du 27 juin 1792 qu'il faut placer la disparition des Pénitents, sans qu'il soit possible de dire comment elle s'est produite.
 
Conformément à cette loi du 24 août 1792, les biens inféodés par le chapitre aux Pénitents-Blancs devenaient propriété nationale. Par application d'une autre loi du ;28 vent8se an IV, ils furent vendus à l'amiable, sur le pied de leur valeur en 1790. Jean Tur, négociant, fit une soumission d'achat; le sieur Chambaud fut désigné comme expert par l'administration, et Jacques Archinaud par l'acquéreur éventuel.
 
Le 4 messidor an IV, un procès-verbal d'estimation fixa la valeur de l'immeuble, en 1790, à 300 francs de revenus, et en principal à la somme de 5.400 livres. Ces chiffres furent acceptés de part et d'autre et le 11 messidor an IV (29 juin 1796) le directoire exécutif du Gard, où siégeaient les citoyens Gide, président; Lagarde, Boyer-Devillas, J. Pieyre fils, administrateurs, et Rabaut le jeune, commissaire, vendait au sieur Jean Tur, négociant, de Nimes (2), « le bâtiment ayant servi ci devant d'église aux Pénitents Blancs de Nimes, ensemble les quatre pièces et un corridor en dépendant, le tout construit sur le terrain de la ci-devant église dite la cathédrale, confrontant au sud le citoyen François Puech, de l'ouest le citoyen Therme, du nord la rue et la place de Belle-Croix, et de l'est la maison du citoyen Lahondès, contenant le terrain sur lequel le bâtiment est construit, cent cinq toises 4 pieds 8 pouces carrés y compris le corridor, qui contient 8 toises carrées » (3).
 
La vente était faite au prix de 5.400 livres, avec les frais en plus, prix qui devait être payé entre les mains du receveur des domaines nationaux, en mandats territoriaux ou promesses de mandats, moitié dans la décade du jour de la vente et moitié dans les trois mois (4).
 
Après la dispersion des Pénitents, leur immeuble avait dû être loué, car l'acte de vente imposait à l'acquéreur l'obligation de respecter le bail consenti au locataire.
 
 
Poissonnerie de la Place Belle-Croix en 1880
 
La ville de Nimes fit ultérieurement l'acquisition de cet immeuble, qui servit de poissonnerie jusqu'en 1884, date de l'ouverture des nouvelles halles. II a été démoli vers 1897, lorsque sur son emplacement on a établi la nouvelle école de la place de la Belle-Croix : avec lui ont disparu les derniers souvenirs matériels, laissés dans notre ville par la confrérie des Pénitents-Blancs.
 
 
(1) Archives départementales, 4-L-4 n°74
(2) Jean Tur se rendit également acquéreur d'une maison appartenant aux Doctrinaires, sise rue Porte-d'Alais, et du prieuré de de Vestric (Rouvière, Aliénation des biens nationaux, page 376, n° 2567).
(3) Archives départementales, 2-Q-4, n° 1
(4) La vente fut enregistrée le même jour par le receveur Jacob, qui perçut 216 livres, dont 200 en mandats territoriaux et 480 en assignats pour l'appoint de 16 livres.
 
M. de Pougnadoresse - extrait des Mémoires de l’Académie, 1916-1917.
 
Ecole Belle-Croix
 
Le 1er octobre de l’année 1898, le groupe scolaire flambant neuf du Chapitre et de Belle-Croix ouvre ses portes pour la première fois.
Avec le transfert de 4 classes de l’école de filles de la rue des Flottes, et 3 classes de celle de la rue Dorée, cette nouvelle école de filles abritera 6 classes du primaire et deux maternelles.
C’est la fin d’une histoire atypique hors du commun pour ce quartier.
En voici la chronologie :
Au même emplacement se trouvait jadis le réfectoire des chanoines de la cathédrale. En 1745, la confrérie des Pénitents Blancs s’entendit avec eux pour prendre, à titre d’inféodation, ces locaux pour y construire une chapelle. Les travaux de construction furent terminés l’année suivante. L’office divin y fut célébré le 3 décembre 1746.
La Révolution vint brusquement mettre un terme au développement de cette confrérie et la fit disparaître pour toujours.
Les Pénitents n'attendirent pas pour se dissoudre la loi du 24 août 1792 qui prononça la suppression des congrégations séculières. En effet, en juin de la même année, elle était déjà dissoute. Dans un premier temps l’immeuble sera loué.
Conformément à cette loi, la chapelle devenait propriété nationale. Le 11 messidor an IV (29 juin 1796) le directoire exécutif du Gard, où siégeaient les citoyens Gide (président; Lagarde, Boyer-Devillas, J. Pieyre fils, administrateurs, et Rabaut le jeune, commissaire) vendait au sieur Jean Tur, négociant, de Nimes, « le bâtiment ayant servi ci devant d'église aux Pénitents Blancs de Nimes, ensemble les quatre pièces et un corridor en dépendant, le tout construit sur le terrain de la ci-devant église dite la cathédrale, confrontant au sud le citoyen François Puech, de l'ouest le citoyen Therme, du nord la rue et la place de Belle-Croix, et de l'est la maison du citoyen Lahondès, contenant le terrain sur lequel le bâtiment est construit, cent cinq toises 4 pieds 8 pouces carrés y compris le corridor, qui contient 8 toises carrées »
La ville de Nimes fit ultérieurement l'acquisition de cet immeuble, qui servit de poissonnerie jusqu'en 1884, date de l'ouverture des nouvelles halles.
 
Voici une description de ce quartier sous le second Empire :
Le 18 août 1861, la municipalité décide le maintien des marchés sur leur emplacement. Le 28 février 1868, elle vote les fonds pour la construction d’un marché couvert place du chapitre. A cette époque la place du chapitre et la place Belle-Croix sont reliées par une galerie spacieuse, les hautes et fraîches voûtes de la poissonnerie, (héritées de l’ancienne chapelle), percées au nord et au sud, sont constamment traversées par de forts courants d’air qui l’assainissent et la purifient, et les deux places sur lesquelles elle débouche sont marquées en quelques sorte pour être le rendez vous normal des vendeurs et leurs chalands…
 
Douze années passent pendant lesquelles ce bâtiment aura divers usages mais le 3 avril 1897, le Conseil décide de construire sur ce même emplacement un groupe scolaire, il sera livré à l’académie dix sept mois plus tard.
 
NDLR : La version complète de ce document est en cours de préparation. Elle sera extraite des Mémoires de l'Académie de Nîmes, 1916-1917, texte de M. de Pougnadoresse, pages 55 à 98. 
GM oct 2013.  
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> La Place Belle-Croix et les Pénitants Blancs
> La Place Belle-Croix par Albin Michel et l'école Belle-Croix
> Article du MIDI LIBRE du 7 novembre 2004
 
 
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