Avenue Jean-Jaurès

Boulevard du Cours-Neuf
(Cors Nòu)
Allant du quai de la Fontaine au chemin de Montpellier.
Extrait de Nîmes et ses rues de Albin Michel, 1876



NDLR :  « A la révolution un arbre de la liberté, un frêne, sera planté à l'angle de la rue de Sauve. Le 10 avril 1856, première exécution capitale publique au Cours Neuf (Jean Jaurès). Avant la révolution les exécutions capitales avaient lieu sur la place de l'Esplanade. Il en fut ainsi jusqu'en 1796. A partir de cette époque l'échafaud fut dressé place des Carmes. Ce n'est qu'en 1818 que l'on exécuta place des Arènes. De 1791 à 1796, l'Esplanade a vu 82 exécutions, de 1796 à 1817, la place des Carmes en vit 43, de 1817 à 1855, il y en eut 12 sur la place des Arènes.
En 1871, le boulevard du Cours Neuf, (Jean-Jaurès), amorcé lors de la création du jardin de la Fontaine, prolongé ensuite jusqu'au premier rond-point (place Jules-Guesde), et prolongé en 1866 jusqu'au second rond-point (place Séverine), fut terminé jusqu'au chemin de fer de Montpellier
A l'avènement de la IIIe république le Boulevard du Cours-neuf, sera baptisé Boulevard de la République jusqu'au 26 septembre 1919, date où il prendra le nom de Boulevard Jean-Jaurès. En 1940, le gouvernement de Vichy remplacera son nom par avenue de la Camargue, à la libération il reprendra le nom de Jean-Jaurès mais gardera son titre d'Avenue.
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La création de ce boulevard remonte à l'époque ou Maréchal traça la nouvelle disposition des canaux et du jardin de la Fontaine. D'après cet architecte, tout ce quartier était soumis à un plan uniforme, les maisons situées le long et autour de la promenade devaient être construites sur le même modèle, et l'on voit encore à l'angle de plusieurs rues des murs établis d'après ces indications.
Le plan de Maréchal ne fut exécuté que jusqu'à la hauteur de la rue du Mail. A cet endroit, il y avait une différence de niveau assez considérable, et l'on n'avait accès dans la susdite rue qu'au moyen de plusieurs marches d'escalier.
Cette promenade est restée dans cet état jusqu'en 1848. A cette époque, et pour donner du travail aux ouvriers nécessiteux, la municipalité fit l'acquisition d'une maison qui fermait l'avenue et prolongea le boulevard.
II était dit que ce ne serait qu'une seconde révolution qui ferait continuer l'exécution d'on projet qui aujourd'hui s'impose de lui-même. En effet, en 1870, un chantier municipal fut ouvert pour les ouvriers sans travail, et, cette fois, les travaux furent poussés presque jusqu'à la route de Montpellier. (au niveau de l'actuelle place Séverine) En sorte qu'il ne reste plus que peu de terrain à acquérir pour que l'oeuvre soit terminée. Il faut espérer que, l'ère des révolutions étant finie, ce sera en pleine paix et prospérité que ce travail s'accomplira, et qu'au lieu de nom insignifiant et si mal famé qu'elle porte, cette belle promenade digne d'une grande ville recevra, dans un intérêt historique , un nom rappelant ses deux origines républicaines.
Pendant qu'on ouvrait les tranchées destinées à recevoir les aqueducs et les plantations, on a découvert une très grande quantité de vestiges de l'occupation romaine, mosaïques nombreuses , vases , lampes, tombeaux, monnaies et bronzes divers ; tout a été recueilli et décrit dans les archives de notre Académie. On sait, en effet, que le quartier de la Fontaine était alors occupé par les plus riches habitants, que le quai du Cadereau était la rue des Orfèvres, et que le champ de mars où avaient lieu les courses de chars occupait l'emplacement devenu plus tard le Jeu de Mail.
Parmi les découvertes les plus intéressantes, on peut signaler une grande mosaïque rencontrée à plus de deux mètres de profondeur, entre la rue Hôtel-Dieu et la rue de la Placette, plus près du coin de cette dernière. Elle forme le sol d'une pièce dont voici les dimensions en mesures romaines : longueur , 27 pieds ; largeur, 15 pieds; espace compris entre le mur (encore debout sur une hauteur variant de vingt-cinq à quarante centimètres, avec sa plinthe et son enduit) et la bordure (formée d'une simple bande noire) 2 pieds. Au milieu de l'espace circonscrit par cette bordure, on voit un caisson de quatre pieds en carré, dont le centre est occupé par une tête colossale de Mercure, parfaitement, reconnaissable à l'ailette de son pétase.
Cette tête est entourée d'une torsade circulaire de cinq pouces de largeur. Les angles sont remplis par quatre vases, tous de forme variée. A l'exception de la torsade, où on remarque ce caractère d'élégante simplicité qui est le cachet des œuvres de la bonne époque, le reste de ce caisson accuse un travail qui est loin d'être en rapport avec la richesse des matériaux employés.
- Un des vases, celui qui occupe l'angle inférieur de gauche, est en partie caché par une base de colonne qui empiète ainsi sur te caisson. Cette base est-elle là à sa, place primitive ? Il n'est guère permis de le penser. On a trouvé, reposant sur la mosaïque, une pioche, oubliée sans doute par les démolisseurs. La couche de terre la plus voisine de ce pavé était entremêlée d'assez grandes plaques de stuc peint en rouge .(Mémoires de l'Académie du Gard, 1872, page 103)
Le tout a été recouvert de terre et pourra donner lieu plus tard à de nouvelles fouilles.
Au rond-point du Cours-Neuf (actuelle place Jules Guesde) entre le grand séminaire et la rue Traversière, on a rencontré d'énormes constructions et notamment une voûte en très grand appareil. Malheureusement encore les fouilles n'ont pas été poussées assez loin pour qu'on puisse se rendre compte de la destination de cette construction ; il est cependant probable que c'était une partie du grand aqueduc qui recevait les eaux de la Fontaine et qui à cet endroit devait se diviser en plusieurs branches secondaires. Une découverte intéressante au point appelé quartier de la Galère, est celle d'une voie secondaire, latérale au Cadereau et qui, descendant du nord au sud, allait aboutir à la voie domitienne, représentée aujourd'hui par le chemin vieux de Montpellier. C'est sur les bords de cette voie dont l'empierrement était parfaitement reconnaissable, que l'on a trouvé un certain nombre de sépultures. On sait en effet que les Romains avaient l'habitude d'ensevelir leurs morts le long des routes.
La municipalité nîmoise vient de faire établir vers l'extrémité du Cours un lavoir public alimenté par les eaux du Rhône et qui rend de très grands services à ce quartier très populeux. A l'angle de la rue du Mail du Cours, il existe encore aujourd'hui un ancien cimetière juif dont la communauté s'est servie depuis le moment où la révolution de 1789, en déclarant l'égalité des cultes devant la loi, leur permit de rentrer en France ; ce n'est qu'en 1810 que ce local fut remplacé par celui actuel du chemin de Saint-Gilles. A ce sujet on peut rappeler que ce nouveau cimetière fut créé avec les fonds de la communauté ; la ville ne donna que l'autorisation de prendre pour faire les murs de clôture les pierres provenant de la démolition des maisons existant autrefois dans les Arènes.
Le cimetière de la rue du Mail a donc été fermé à cette époque et depuis lors personne n'y a plus pénétré ; la loi juive s'oppose à ce que ce terrain ne soit jamais aliéné.

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La foire de la Saint-Michel
boulevard de la République

 

- En 1755, dans son Histoire de Nîmes, Léon Ménard nous donne l'origine de la foire Saint-Michel :
"En 1392, la ville de Nîmes se trouvait alors en un état de désolation qu'il serait difficile de dépeindre. Les guerres, les pestes fréquentes, les subsides qu'elle essuyait depuis si longtemps l'avaient appauvrie, dépeuplée, et réduite à deux doigts de sa ruine.
Dans la vue de la relever et de lui donner les moyens de se repeupler par le rétablissement du commerce, le roi Charles VI ordonna qu'on y tiendrait une foire tous les ans, qui durerait quatre jours, à commencer au jour de Saint-Michel, avec les mêmes privilèges, libertés et franchises dont jouissaient les autres foires du royaume.
Ce prince fit cet établissement par des lettres données à Paris au mois de février de l'an 1391 (1392), qui furent enregistrées à la chambre des comptes de Paris le 18 de mars suivant."

- A la fin du XIXe siècle, les foires seront déplacées suite aux plaintes des riverains et à l'établissement des tramways. En 1881 les foires qui se tenaient auparavant sur l'Esplanade s'installent quai de la Fontaine. En 1890 elles s'installent autour des boulevards, entre 1899 et 1905 sur le boulevard de la République (avenue Jean-Jaurès), mais à cause du peu de fréquentations elles reviennent au centre-ville, place des arènes de 1906 à 1908. La foire toujours en baisse de fréquentation cherche un emplacement idéal, au fil des ans elle s'installe  et se partage entre la place des Carmes, le Boulevard Amiral Courbet, le Gambetta, place des Casernes. Après la guerre, en 1920 reprise de la foire boulevard Gambetta et place des Carmes. Ce n'est qu'en 1921 qu'elle s'installera pour plusieurs décennies avenue Jean-Jaurès.


- Lors de la réunion du Conseil Municipal du 19 juin 1929, il est décidé de remettre à plat les divers règlements qui régissent la Foire de Saint-Michel, cette dernière attirant à Nîmes de nombreux établissements forains, il y a lieu de réglementer les conditions d'occupation de la voie publique et de leur imposer toutes les mesures de sécurité, salubrité et moralité publique. La tranquillité des habitants riverains devant être assurée.
Ce règlement est aussi applicable à la foire de Mars et aux installations foraines qui en sont l'occasion. Il annule toutes les précédentes règlementations :
"La foire se tiendra sur le Boulevard Jean-Jaurès (actuellement avenue) les établissements forains seront installés aux places désignées par l'Administration. La foire dure un mois depuis le troisième samedi de septembre, jusqu'au troisième samedi d'octobre.
Le champ de foire est divisé en deux parties : Première partie, les deux ronds-points du boulevard, réservés aux installations circulaires et aux très grands établissements. Deuxième partie, l'allée centrale, réservée aux autres installations. Elles seront placées sur le côté droit de l'allée en descendant et seront face à l'Est sur un alignement fixé par l'Administration.
Les emplacements seront distribués huit jours avant l'ouverture de la foire. Un droit de préférence pourra être accordé aux forains domiciliés à Nîmes, ensuite aux forains qui participent régulièrement aux foires de Nîmes. Tout forain qui ne se sera pas présenté à la distribution et n'aura pas à ce moment versé le total du droit sera déchu.
L'heure de fermeture des établissements est fixée à minuit. Il ne pourra être fait usage d'instruments bruyants : porte-voix, haut-parleurs, etc.. à l'extérieur de l'établissement après 22 heures.
Les chevaux et voitures ne devront stationner sur les trottoirs longeant les maisons que le temps nécessaire au déchargement du matériel destiné au montage de l'établissement.
Tous les jeux de hasard, autre que les loteries tolérées par les circulaires ministérielles sont rigoureusement interdits.
S'il était donné des spectacles immoraux affectant la décence contraire à l'ordre public, la fermeture de l'établissement serait ordonnée."

Extrait de Nîmes au XXe siècle.  

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Rond-point de la résistance en 1965


Un monument représentant un bovidé est exposé au Trocadéro, à l’occasion de l’exposition universelle de Paris de 1937, il sera offert à la ville de Nîmes, grâce à la ténacité de son maire, Hubert Rouget.

Robert Clément, membre de la société d’Histoire de Nîmes écrit : 
« Les édiles parisiens furent heureux d’acquiescer à sa demande et le Bœuf du Trocadéro pris le chemin de Nîmes…mais le problème, lorsqu’il fut dans nos murs, était de le transformer en taureau de combat…ce n’était pas facile, car toujours ce soc de charrue et cette satanée gerbe de blé lui enlevaient toute velléité de méchanceté… il fallait le mettre à une hauteur convenable, pour que l’on ne puisse plus voir ce qu’il avait aux pieds. »
La statue sera exposée provisoirement dans divers quartiers de Nîmes, après consultation de la population, la décision est prise, elle sera érigée sur une colonne au rond point de Camargue, et placée à une hauteur suffisante pour que le public ne puisse remarquer le soc de charrue et la gerbe de blé.

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