Le Phylloxéra dans le midi
 
VERSION 1 - Drouin de Lhuys, Séance du 26 octobre 1874 du congrès International Viticole de Montpellier.
(1874). C’est un grand spectacle que cette vaste conspiration de toutes les forces vives de la science pour combattre le Phylloxéra, ce fléau qui menace de tarir l’une des principales sources de la richesse de notre pays. L’Assemblée Nationale en fait le sujet de ces délibérations, le gouvernement s’en émeut, l’institut de France ouvre une enquête solennelle. La grandeur de l’effort n’est que trop justifiée par l’importance des intérêts qu’il s’agit de sauver. Mais quel est donc le terrible ennemi qui les met en péril et provoque de notre part de si formidables préparatifs de guerre ? Mesurez sa taille, examinez ses armes, visitez ses remparts : Que trouvez-vous ? Un puceron minuscule, une imperceptible tarière, une étroite fissure du sol. Parcourons ses lugubres étapes : En 1865, l’insecte apparaît pour la première fois sur un seul point du Vaucluse ; En 1867, on remarque une large tache dans ce département. En 1868, les deux rives du Rhône sont attaquées, en 1869, l’épidémie arrive aux portes de Nîmes, d’Aix, de Montélimar, des vignes sont atteintes dans l’Hérault et le Var. En 1870, le mal prend un développement, et en 1871, toute la vallée du Rhône, de Valence à la mer, est sous le coup du Phylloxéra, les taches deviennent de plus en plus larges dans l’Hérault et le Var ; en 1872, le fléau gagne du terrain dans ces deux départements.
 
Au premier rang des procédés curatifs se place la submersion hivernale, dont les résultats sont incontestables. L’inventeur de cette méthode (Planchon) a déjà de nombreux imitateurs, et personne n’hésite à recouvrir à la submersion partout où elle est possible. Elle noie le Phylloxéra, sans porter préjudice à la vigne. Seulement, ce système ne peut être étendu aux terrains éloignés des cours d’eau. On propose, il est vrai, de faire dériver par un canal, les eaux du Rhône dans plusieurs de nos départements viticoles (Dumont).
 
Suite du congrès international Viticole de Montpellier, compte rendu de Léon Marès en 1874.
 
Jusqu’à présent, une seule opération a réussi, c’est la submersion, parce que l’eau joue le rôle d’insecticide. Si nous ne pouvons pas trouver d’insecticide, une seule planche de salut nous reste, ce sont les plans américains, assez robustes pour vivre avec le Phylloxéra, que nous cultiverons comme on cultive en Amérique, ou comme porte-greffe de nos plants français.
 
VERSION 2 - L’Uzège et la Région Bagnolaise - Alfred Chabaud - 1967.
Les premières taches de Phylloxéra apparaissent à Roquemaure d’abord, puis à Saint Victor la Coste, en 1866. En 1868, la maladie se propage à Laudun, Connaux, Tresques, Cavillargues, Gaujac, Remoulins ; en 1869, à Bagnols-sur-Cèze, Valliguières, Le pin ; en 1870, à Saint-Siffret, Pouzillac ; en 1871, à Uzès, Saint-Quentin, Sanilhac, Blauzac, Montaren, La Bruguière ; en 1873, à Aigualiers.
 
Les vignes plantées dans les terrains sablonneux et limoneux et limoneux résistent quelques temps à la maladie ; mais celle-ci se propage vite dans les sols caillouteux ou argileux, comme l’attestent les nombreuses enquêtes.
 
Voici ce qu’écrit le maire de Tresque en 1874 : « Le cépage dit Alicante ou Grenache a été le plus particulièrement frappé dans notre commune ; on ignore comment et de quelle manière le fléau s’est répandu dans le territoire, mais ce que nous savons positivement, c’est que les vignes du côté Est du terroir ont été les premières atteintes par le mal, celles complantées principalement dans les terrains forts et argileux. Les terrains sablonneux résistent le plus au fléau dans notre localité : Le Phylloxéra ayant déjà fait quelques apparitions dans les vignobles complantés dans ces sortes de terrains paraît stationnaire et y exerce peu de ravage, mais sur ce sol seulement ».
 
Dès 1871, à Saint Victor la Coste, « la maladie a fait périr presque toutes les vignes, la récolte est presque nulle… ». Cependant à cette date, à Uzès, les pertes sont encore peu sensibles : « Dans ma commune, écrit le maire, cette maladie n’a donné en 1871 que quelques rares et faibles marques de présence. Il n’en sera pas de même en 1872, la maladie ayant fait alors des progrès considérables ».
 
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