![]() Marika Cuciniello * *
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QUAND
TALENT
SE
CONJUGUE
AVEC
TENACITE Roland
Rapin,
artiste
peintre,
démontre
grâce
à
ses
oeuvres
-
où
l'encre
de
chine
prédomine
-
qu'il
lui
a
été
possible
de
transcender
sa
maladie. "Je
suis
né
avec
un
crayon" Ce
personnage,
originaire
de
la
Broye,
a
toujours
eu
la
passion
de
la
peinture.
Enfant,
il
s'amusait
déjà
à
dessiner
ses
propres
BD. Il
a
tout
naturellement
choisi
d'être
décorateur
et,
dans
le
cadre
de
son
apprentissage,
il
a
suivi
des
cours
de
dessin
pendant
trois
ans,
à
raison
de
trois
soirs
par
semaine.
Il
s'est
perfectionné
dans
les
différentes
techniques
de
dessin
sous
l'égide
d'un
professeur
des
beaux-arts,
qui
lui
a
enseigné
que
"seule
la
maîtrise
parfaite
du
dessin
permet
de
s'ouvrir
à
d'autres
formes
d'art
pictural." Le
creux
de
la
vague Employé
par
la
maison
Jakob-Suchard
et
évoluant
pendant
des
années
au
sein
d'une
équipe
dynamique,
il
a
fait
partie,
malheureusement,
d'une
des
"charrettes"
de
licenciement
engendrées
par
les
trop
célèbres
restructurations
d'entreprises. Il
semble
alors
bien
"accuser
le
coup".
Peu
de
temps
après
cette
mise
à
pied,
il
reprend
un
petit
commerce
de
Tabac.
Mais
une
rage,
une
révolte
intérieure
le
rongent
et,
deux
ans
plus
tard,
c'est
l'infarctus
suivi
de
plusieurs
opérations
très
délicates. Il
recouvre
une
santé
physique
acceptable,
mais
le
fait
d'habiter
et
d'évoluer
à
proximité
de
son
ancien
lieu
de
travail
l'affecte
à
tel
point
qu'il
prend
conscience
que
seul
un
éloignement
est
à
même
de
l'aider
psychologiquement. C'est
dans
le
Sud
de
la
France,
sur
les
hauteurs
de
Nîmes,
qu'il
décide
de
s'établir. Cependant
l'artiste
n'a
aucune
envie
de
couper
définitivement
les
ponts
avec
cette
Broye
qui
l'a
vu
naître.
Il
laisse
donc
ses
papiers
en
Suisse
et
y
revient
régulièrement,
ne
serait-ce
que
pour
retrouver
sa
famille
et
régler
ses
factures.
L'idée
d'un
exil
définitif,
sans
aucune
possibilité
de
retour,
lui
est
insupportable. Le
jour
où
ses
yeux
le
trahirent Alors
qu'il
se
remet
à
peine
de
ses
opérations
successives
et
qu'il
essaie
de
reprendre
le
dessus,
le
destin
en
décide
autrement
et
s'acharne
à
nouveau
sur
lui. Quelques
années
plus
tard,
la
cataracte
-
hantise
de
tout
peintre
-
va,
petit
à
petit,
tisser
un
voile
sur
les
yeux
de
l'artiste,
brouillant
irrémédiablement
sa
vue
jusqu'à
ce
que
ce
dernier
ne
distingue
plus
les
couleurs. C'est
à
cette
époque
que
l'encre
de
chine
est
devenue
sa
"bouée
de
sauvetage". Aujourd'hui,
grâce
à
une
opération
heureusement
réussie,
Rol.
Rapin
a
recouvré
une
vue
suffisante
lui
permettant
de
s'adonner
à
nouveau
à
l'aquarelle. Voyages,
voyages... Ni
sédentaire,
ni
vraiment
nomade,
l'homme
aime
à
voyager
et
ses
terres
de
prédilection
sont
sans
nul
doute
les
grands
espaces
lapons. Cet
amour
du
Grand
Nord,
Rol.
Rapin
l'exprime
avec
force
et
conviction
dans
un
ouvrage
où
l'écriture
devient
le
support
des
sensations
et
les
mots
l'expression
de
moult
sentiments.
"Trente-cinq
ans
de
Laponie"
vit
le
jour
alors
que
l'auteur
était
astreint
à
vivre
dans
un
monde
de
contraste,
un
monde
fait
uniquement
de
noir
et
de
blanc.
La
palette
des
mots
se
substitue
alors
à
celle
des
couleurs. "Ni
pour
la
gloire,
ni
pour
l'argent..." L'exposition
qui
s'est
tenue
à
la
galerie
Hristinka,
à
Neuchâtel,
était
consacrée
à
ces
"années
troubles"
où
Rapin,
affecté
physiquement
et
moralement,
a
su
trouver
en
lui
des
ressources
qui
l'ont
aidé
à
réagir.
"En
grattant
sous
la
maladie,
j'ai
découvert
une
force
et
des
motivations
qui
m'ont
permis
de
lutter."
Et
de
poursuivre:
"Pour
moi,
les
oeuvres
exposées
ici
sont
le
résultat
concret
de
ce
combat
mené
au
quotidien." Il affirme: "Je n'expose ni pour la gloire, ni pour l'argent car, quand on a côtoyé la mort d'aussi près, on prend conscience des vraies valeurs de l'existence et ni le fric, ni les honneurs n'en sont; ne plus exposer, c'est refuser d'affronter la critique, on ne se remet plus en question, on stagne, on plafonne, bref on cesse d'évoluer! " Pour contact : Roland RAPIN Artiste-peintre
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