Histoire Générale du Languedoc

1730

St Ferréol Evêques d’Uzès.

 

par Dom Joseph VAISSETTE

(1685-1756)

 

 (553). Saint Ferréol évêque d’Uzès était le fils, à ce qu’on prétend, du fameux Ansbert et de Blitilde, et avait succédé dès l’an 553, à St Firmin, évêque d’Uzès son oncle paternel. L’un et l’autre avaient été envoyés par leurs parents à Uzès pour y être élevés sous les yeux et la discipline de l’évêque Rorice oncle de Firmin et grand-oncle de Ferréol.

 

Celui-ci fut élu évêque d’Uzès à l’age d’environ trente-deux ans, et sacré par l’évêque d’Arles alors son métropolitain, assisté des évêques d’Avignon et d’Orange ses com. provinciaux. Il avait outre, le don de la parole dont-il se servait avec fruit, un zèle particulier pour la conversion des juifs dont-il avait un assez grand nombre dans son diocèse. Il les traitait avec beaucoup de douceur et de ménagement pour les attirer à J.C..

 

Et pour avoir l’occasion de les instruire plus facilement ils les faisaient venir chez lui, et ne faisait pas de difficulté de les admettre à sa table. Cette conduite si digne d’un bon pasteur donna lieu cependant à ses ennemis de l’accuser la troisième année de son épiscopat auprès de Childebert son souverain, d’avoir des liaisons suspectes avec ces ennemies de la foi. Ce prince écouta trop facilement cette accusation, manda Ferréol à sa cour, et lui ordonna de demeurer en exil à Paris capitale de ses états.

 

La manière édifiante avec laquelle ce prélat se comportât durant tout le temps qu’il séjourna dans cette ville aurait dû détromper Childebert et lui faire connaître l’injustice des accusateurs, si ce prince eût été moins prévenu. Ce prélat était dans la troisième année de son exil en 558, lorsque Childebert fut convaincu de son innocence à l’occasion d’un événement singulier dont il fut le témoin. Ferréol au commencement de son épiscopat avait fait bâtir dans la ville d’Uzès une église, sous l’invocation de St Paul.

 

Et comme il s’entretenait un jour avec Childebert, une des voûtes de cette église tomba. Ferréol à qui dieu révéla cet accident dans l’instant, changea tout à coup de visage, et parut si triste, que le roi qui s’en aperçut ne put s’empêcher de lui en demander le sujet. Le saint le lui expliqua avec sa candeur ordinaire. Et le prince s’étant assuré ensuite de la vérité du fait, il conçut des lors une si grange vénération pour lui, et fut si convaincu de la calomnie de ses accusateurs qu’il le renvoya aussitôt dans son diocèse, après lui avoir donné des marques publiques de son estime, lui avoir fait divers présents, et s’être recommandé à ses prières.

 

Ferréol fut reçu par son clergé et par son peuple avec de grandes démonstrations de joie. Peu de temps après son retour il convoque un synode dans sa cathédrale de S. Théodoride et fit appeler tous les juifs de son diocèse. Là avec le secours de ses ecclésiastiques il les catéchisa avec tant de succès, qu’il eut la consolation de voir la plupart d’entre eux se convertir à la foi et recevoir de saint baptême. Les autres qui refusèrent de renoncer au judaïsme furent chassés du pays avec défense d’y revenir.

 

Ce saint prélat fonda un fameux monastère dans sa ville épiscopale, sous l’invocation de S. Ferréol martyr son patron. Il composa après une règle particulière pour ce monastère dans lequel on vit fleurir par ses soins la discipline régulière. Il soumit cette règle à l’examen de Lucrèce évêque de Die, personnage célèbre par sa rare piété. Elle se trouve dans le recueil ou code des règles, et à beaucoup de conformité avec celle de S. Césaire d’Arles.

 

Il est fait mention des serfs qui appartiennent au monastère. Ferréol après avoir gouverné saintement son Eglise pendant près de vingt-huit années d’épiscopat mourut à l’âge de soixante ans, le 4 du moi de janvier de l’an 581. S. Grégoire de Tours qui fait l’éloge de ses vertus et de sa sainteté, nous apprend qu’à l’exemple de S. Sidoine Apollinaire il avait fait un recueil de ses lettres. Mais ce précieux monument n’est pas venu jusqu’à nous. On lui donne pour frère, mais sans aucune preuve certaine, S. Mondri ou Mondéric évêque du pays d’Arsat, et pour sœur sainte Tharsicie vierge. L’église d’Uzès honore publiquement sa mémoire.

 

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