Sur la Septimanie et l'origine de ce nom.
Extrait de Histoire Général de Languedoc
de Dom Claude De Vic et Dom Joseph Vaissete, 1730
Tome Premier pages 562 à 566.


NOTE LVII.

I. De cinq ou six opinions différentes que nous trouvons parmi nos modernes touchant l'étymologie du nom de Septimanie, nous n'en voions que deux qui méritent quelque attention, sçavoir celles de Mrs de Marca et Valois. Le P. le Cointe a embrassé le sentiment de ce dernier : nous en parlerons dans la suite.
Zurita suivi par le P. Sirmond croit que ce nom tire son origine de Beziers appellée par les anciens Biterrœ Septimanorum, à cause que les Visigots s'y étoient d'abord établis. Mrs Catel et Valois ont déjà réfuté cette opinion. Nous pouvons ajouter qu'il est faux que les Visigots aient fixé leur première demeure à Béziers ; ils ne furent maîtres de cette ville que long-tems après leur arrivée dans les Gaules et vers la fin du V siècle. D'ailleurs la ville de Toulouse aiant été la capitale de leurs états et celle de Narbonne la métropole de la province, il n'est pas vraisemblable qu'on eût choisi le nom d'une légion, dont on ne se servoit plus alors, et celui d'une ville particulière, pour le donner à tout un pays, préferablement à plusieurs autres villes plus remarquables.

II. L'opinion de Bernard Guidonis n'est pas mieux fondée. Cet évêque tire le nom de Septimanie de celui du cap de Cette (sète) auprès d'Agde ; mais la différente manière dont les anciens ortographient ces deux noms fait voir combien cette conjecture est mal fondée. Ils ont toujours appelé le cap ou la montagne de Cette Sitius ou Setius mons , et on auroit dû dire par conséquent Setimania , et non pas Septimania ; qu'on trouve toujours écrit avec un p. dans tous les auteurs.

III. Nous ne nous arrêterons pas à réfuter le sentiment de Catel qui croit que la ville de S. Gilles auprès du Rhône portoit autrefois le nom de Septimanie, et qu'elle l'a donné à toute la province. Quand cela seroit, nous ne connoitrions pas mieux l'étymologie de ce nom. Cet auteur donne pour toute preuve de son opinion l'endroit de la vie de S. Gilles où il est dit qu'on appelle Septimanie le pays situé à la droite de l'embouchure du Rhône dans la mer ; ce qui prouve véritablement que la ville de S. Gilles étoit située dans la Septimanie, mais non pas que ce nom fût anciennement celui de cette ville.

IV. Il nous reste à examiner les opinions de Mrs de Marca et de Valois. Le premiers qui a pris la sienne de Scaliger après l'avoir rectifiée, a été suivi par le P. Pagi. Il prétend que le nom de Septimanie vient de cette ancienne partie des Gaules qu'on appeloit les sept provinces, et dont les Visigots étoient les maîtres en partie dans le tems que ce nom fut mis en usage, c'est-à-dire avant la défaite du roi Alaric II. Le nom de Septimanie, dit ce sçavant prélat, marquoit tous les pays que les Visigots occupaient alors ; il ajoute qu'après la bataille de Vougié, ces peuples aiant perdu la plupart des provinces qu'ils possédoient dans les Gaules, ce nom demeura seulement au pays qu'ils conserveront en deçà des Pyrénées, sçavoir à la plus grande partie de la Narbon noise première.
Les Sept provinces qui selon Mr de Marca donnèrent leur nom de Septimanie, étoient comme nous l'avons dit ailleurs, les deux Aquitaines, la Novempoputanie, la Viennoise, les deux Narbonnoises, et la province des Alpes Maritimes. Ainsi pour réfuter entierement son sentiment, nous n'avons qu'à fixer l'époque à laquelle on commença à se servir de ce terme, et voir si dans ce tems-là les Visigots étoient les maîtres des Sept provinces en tout ou en partie.

V. Sidoine Apollinaire est le premier que nous connoissions qui ait appellé Septimanie les états des Visigots dans les Gaules. Il emploie ce nom dans une épitre dont Mr de Tillemont a fixé l'époque au plus tard à l'an 473, que ces peuples n'étoient pas encore maîtres de l'Auvergne. Cette lettre peut être même antérieure ; mais quand elle seroit absolument de l'an 473, il est du moins vraisemblable qu'on se servoit déjà depuis quelque tems du nom de Septimanie, et que cet auteur ne l'inventa pas précisément alors. Or, pour peu que ce nom ait été en usage avant l'an 473, il l'aura été par conséquent avant la conquête que firent les Visigots de la plus grande partie de la Narbonnoise. Il ne fut donc pas d'abord emploié pour désigner cette seule province. Cette remarque détruit le système de Mr de Valois dont nous parlerons bientôt, ainsi que celui des autres auteurs qui prétendent que ce nom a pris son origine de la Narbonnoise. et affoiblit beaucoup l'opinion de Mr de Marca.
Il est certain en effet qu'en 473, les Visigots n'avoient rien dans la Viennoise, la Narbonnoise, et les Alpes Maritimes qui étoient du nombre des Sept provinces, et qu'ils ne possédoient alors qu'une partie de l'Aquitaine. Aussi n'est-ce qu'après l'an 480, qu'étant depuis peu maîtres de l'Auvergne, ils passeront le Rhône et s'emparèrent d'une portion de la Viennoise et de la Narbonnoise. Ils ne pénétrèrent dans les Alpes Maritimes que long-tems après : d'où il est aisé de conclure que dans le tems qu'on donnoit au pays occupé par ces peuples le nom de Septimanie, ils régnoient à peine sur trois des Sept provinces, sçavoir sur l'Aquitaine II. et la Novempopulanie, et sur une partie de la Narbonnoise et de l'Aquitaine, ce qui détruit le système de Mr de Marca.
On pourroit dire peut-être qu'il suffisoit que le pays occupé par les Visigots fit partie de ce qu'on appeloit auparavant les Sept provinces, pour qu'on lui donnât le nom de Septimanie : mais dans ce cas-là cette étymologie parottroit très-fausse, puisque le pays que les Visigots ne possédoient pas de cette partie des Gaules, étoit beaucoup plus étendu que celui qui leur étoit soumis.

VI. Examinons à présent le sentiment du P. le Cointe et de Mr de Valois qui est celui qui paroit le plus vraisemblable. Selon ces auteurs le nom de Septimanie vient des sept citez ou peuples qui composaient la Narbonnoise. dans le tems que les Visigots s'en rendirent les maîtres ; de même que la Novempopulanie prenoit son nom des neuf peuples qui la composaient. Les sept citez de la Septimanie étoffent, selon Mr de Valois, les villes et diocèses de Toulouse, Béziers, Nismes, Agde, Maguelonne, Lodève et Usez ; mais il n'a pas pris garde qu'il obmet une huitième cité, sçavoir celle de Narbonne métropole de la province, ce qui ruine entièrement son système.
On pourroit le rectifier en retranchant Maguelonne du nombre des anciennes citez de la Septimanie ; car si cet auteur et Mr de Marca ont fait voir que Carcassonne et Elne n'ont été citez ou évêchez qu'au VI siècle, long-tems après que le nom de Septimanie fut en usage, on pourroit le dire de Maguelonne et se servir des mêmes raisons. Par là il n'y aura eu que sept citez dans la Narbonnoise, en y comprenant la métropole , dans le tems que les Visigots se rendirent maîtres de cette province vers la fin du V siècle ; ce qui paroit aisé à prouver.

VII. 1°Suivant la notice des citez des Gaules qu'on met sous l'empire d'Honoré, il n'y avoit alors que six citez ou évêchez dans la Narbonnoise, sçavoir Narbonne, Toulouse, Lodeve, Béziers, Nismes et Usez. Agde n'est pas comprise dans cette notice ; mais cette ville fut bientôt après honorée d'un siège épiscopal, comme nous l'avons fait voir ailleurs.
2° Au concile d'Agde tenu l'an 506 où les seuls évêques de la domination des Visigots se trouvèrent, soit par eux-mêmes, soit par leur députez, nous trouvons bien les noms des évêques des sept citez dont nous venons de parler ; mais on n'y trouve point ceux des évêques de Maguelonne, de Carcassonne et d'Elne. Si ces trois villes eussent été alors épiscopales, étant si voisines de celle d'Agde et sous la domination d'un même prince, leurs évêques ou leurs procureurs n'eussent pas manqué d'assister à ce concile ; puisque les évêques de la domination des Visigots les plus éloignez, tels que ceux de Tours, de Bourdeaux, de Bourges, d'Antibe, etc. s'y trouvèrent ou en personne ou par leurs députez. Mais ce qui prouve que ces trois villes de Maguelonne, de Carcassonne et d'Elne n'ont été évêchez ou citez que dans le VIe siècle, c'est que nous n'avons aucun monument avant ce tems-là où il soit fait mention de leurs évêques, et que les premiers dont nous trouvons les noms , sont bien avant dans le Ve siècle.

VIII. Nous croions donc avec Mrs de Marca et de Valois que les villes de Carcassonne et d'Elne n'ont été citez ou évêchez qu'après l'an 507, et même après l'an 533, lorsque les Visigots ayant perdu les deux villes de Lodève et d'Usez, ils firent, à ce qu'il paroit , ériger celles là en évêchez pour se dédommager de la perte des autres. Pour ce qui est de Maguelonne, elle ne parlait pas véritablement dans les plus anciennes notices ; mais elle se trouve dans les postérieures qui peuvent être du commencement du VIe siècle, et elle y parait avant que les villes de Carcassonne et d'Elne y fussent comprises ; ce qui nous donne lieu de croire qu'elle fut érigée en évêché avant les deux dernières et vraisemblablement peu de tems après la bataille de Vouglé en l'an 507. Il semble par là que les Visigots voulurent toujours conserver dans la Narbonnaise le nombre des sept citez, et qu'à mesure qu'ils en perdaient quelqu'une, ils en faisaient ériger une nouvelle. la ville de Lodève étant retombée dans la suite sous la domination de ces peuples, elle devint une huitième cité de la partie de la Narbonnaise soumise aux Visigots, qu'on appella cependant Septimanie.

IX. On voit par ce que nous venons de dire que nous n'admettons que sept citez dans la Narbonnoise, jusqu'au Vie siècle, en y comprenant la métropole ; ce qui peut servir à rectifier le système de Mr de Valois touchant l'origine du nom de Septimanie. Nous sommes pourtant obligez de l'abandonner,
1° Parce qu'il n'est pas constant que dans le tems que le nom de Septimanie fut en usage, toute la Narbonnoise. ou ces sept citez, fussent au pouvoir des Visigots ; et qu'il paroit au contraire qu'ils n'en possédoient alors qu'une partie.
2° Parce que Sidoine Apollinaire qui s'est servi le premier de ce terme, n'a pas voulu signifier par là la Narbonnaise. mais plûtôt l'ancien domaine des Visigots dans les Gaules qui leur fut cédé par l'empereur Honoré, comme nous l'allons faire voir en proposant notre sentiment sur l'étymologie du nom de Septimanie.

X. Sidoine s'est servi de ce terme dans une lettre qu'il écrivit vers l'an 473, à Avitus son parent pour l'exhorter à venir au secours de l'Auvergne que les Visigots vouloient envahir : Quippe si vestra crebrò, lui dit-il, illud pœsentia invisat, vel Gothis credite, qui sœpenumero etiam septimaniam suam fastidiunt vel refundent , modo invidiosi hujus anguli etiam desolata proprietate potiantur... Quia etsi illi, veterum finium limitibus effractis, omni vel virtute vel mole, possessionis turbidœ metas in Rhodanum Ligerimque proterminant : vestra tamen auctoritas pro dignitate sententiœ, sic partent utramque moderabitur, ut et nostra discat quid debeat negare cum petitur, et poscere adversa desinat cum negatur. Il est clair par ce passage et par l'époque de la lettre, que Sidoine entend par la Septimanie ce qu'il appelle dans le même endroit les anciennes limites des Visigots , veteres fines Gotorum, que ces peuples avaient franchies depuis quelques années pour se rendre maîtres de la plus grande partie de l'Aquitaine, et de la Narbonnaise. et qu'ils vouloient étendre jusqu'au Rhône et à la Loire. Septimaniamsuam fastidiunt vel refundunt, etc. veterum finium limitibus effractis, etc. metas in Rhodanum Ligerimque proterminant etc. Or Sidoine explique ailleurs ce qu'il entend par les anciennes limites des Visigots, sçavoir le pays des Gaules qui avait été cédé anciennement à ces peuples par les empereurs, et dans les bornes duquel ils s'étaient auparavant tenus renfermez, conformément aux traitez qu'ils avaient faits avec les Romains jusqu'aux nouvelles entreprises d'Euric : Ecarix rex Gothorum quod limitent regni sui, rupto dissolutoque fiedere antiquo, vel tuteur armorum jure vel promovet, et dans un autre endroit parlant du même roi : Modo per promotœ timitem sortis , ut populos sub arrois, sic frcenat arma sub legibus. La lettre d'où le premier de ces passages est tiré, fut écrite au commencement de l'an 475 et l'autre, l'année suivante On voit dans cette derniere que ces termes limes promotœ sortis ou le pays qui étoit échû en partage aux Visigots dans les Gaules, et dont Euric avait fort étendu tes frontieres, est la même chose que ce qu'il appelle dans la lettre à Avilus, veteres fines, les anciennes limites, ou limes regni Gothorum, les limites du roiaume Visigotique. Paul diacre s'exprime de la même maniere ; car il renferme l'ancien domaine des Visigots dans les Gaules avant Euric, à ce qui leur avoit été d'abord cedé par les empereurs, c'est-à-dire à l'Aquitaine. et à la ville de Toulouse. Gothi quoque non contenti provincia quant superius à Romanis habitandam penes Gaulant acceperant, Arvernos et Narbonam cum suis pnibus captas invadont , etc.

Xl. Il résulte de ce que nous venons de rapporter que par le nom de Septimanie Sidoine entend seulement l'ancien domaine des Visigots dans les Gaules, (veteres fines ,) domaine dans lequel la Narbonnaise L à la réserve de 'avilie de Toulouse et de son territoire, n'était pas comprise. Et en effet dans le Lems que ce prélat se servait du mot de Septimanie, les Visigots n'étaient pas encore entierement les maîtres de toute cette province, puisqu'il dit dans le même endroit que ces peuples faisaient tous leurs efforts pour étendre leurs frontieres jusqu'au Rhône. Ce ne pouvait être que par la conquête de la Narbonnaise, limitrophe de ce fleuve : par conséquent ils ne la possedoient pas encore en entier. Il faut donc chercher la Septimanie dans les anciens états des Visigots dans les Gaules, c'est-à-dire dans l'Aquitaine, qui avec la ville de Toulouse et son territoire fut d'abord cédée à ces peuples l'an 419 par le patrice Constance au nom de l'empereur Honoré : or nous trouvons la Septimanie dans cette province en y joignant le Toulousain.

XII. L'Aquitaine dont la ville de Bourdeaux était la métropole, ne renfermait anciennement que six peuples ou citez, sçavoir le Bourdelois, le Poitou, la Saintonge, l'Angoûmois, le Périgord et l'Agenois, ou les diocèses de Bourdeaux, de Poitiers, de Saintes, d'Angoulême, de Périgueux et d'Agen ; à quoi si l'on ajoute la cité ou le diocèse de Toulouse qui fut cedé aux Visigots par le même traité, on trouvera les sept citez ou les sept peuples qui peuvent avoir donné le nom à la Septimanie dont parle Sidoine.
On pourrait croire que la Novempopulanie, ou du moins une grande partie fut cedée aux Visigots par l'empereur Honoré avec l'Aquitaine, et Toulouse : mais les anciens historiens qui font mention de cette cession n'en disent rien. Idace rapporte seulement que cet empereur leur ceda l'Aquitaine depuis Toulouse jusqu'à l'Ocean, et S. Prosper, auteur contemporain suivi par Isidore la seconde Aquitaine avec quelques villes des provinces voisines. Or l'un de ces auteurs explique l'autre ; car en supposant, comme nous faisons, qu'Honoré ne ceda aux Visigots que l'Aquitaine, avec le Toulousain, on entend très-bien ce qu'ldace a voulu dire, puisque tout ce pays s'étend depuis Toulouse jusqu'à l'Ocean ; et par les villes des provinces voisines dont parle S. Prosper, on peut entendre seulement le Toulousain qui était alors d'une très-grande étendue, et pouvait comprendre plusieurs petites villes outre la capitale. Quoi qu'il en soit, il est du moins certain par le texte de cet auteur que toute la Novempopulanie ne fut pas alors cedée aux Visigots : nous sçavons d'ailleurs qu'ils ne s'étendirent dans l'Aquitaine, que long-teins après.

XIII. Ces peuples demeureront long-tems renfermez dans les limites de ces sept pays ou citez qu'ils possedoieut légitimement. L'an 462, le comte Agrippin leur aiant livré la ville de Narbonne au nom de l'empereur Severe, ils s'étendirent depuis peu à peu, et firent successivement des conquêtes dans la Narbonnoise, et les provinces voisines ; de sorte que l'an 473, qui est l'époque de la lettre de Sidoine Apollinaire dont il s'agit, il ne restoit plus aux Visigots qu'à s'emparer de l'Auvergne pour être manses de toute la partie des Gaules située entre la Loire , le Rhône , les Pyrenées et les deux mers. Il est vrai que ces peuples non contens des pays qui leur avoient été cedez par timoré, avoient fait diverses tentatives depuis cette cession pour étendre leurs frontieres, et qu'il y a lieu de croire qu'ils s'emparerent de divers pays voisins de leur demeure ; c'est aussi ce que Sidoine fait entendre par ces termes : Scepenumero Septirnaniam suam fastidiunt et refundunt. Mais il pariait en même-tems que les empereurs les obligerent de restituer leurs conquêtes et de se renfermer dans leurs anciennes limites par les nouveaux traitez qu'ils firent avec eux ; jusqu'à ce qu'enfin ces mêmes peuples profitant de la décadence et des troubles de l'empire qui suivirent la mort de Majorien, ils franchirent impunément les bornes de leurs anciens états et s'approprierent les provinces voisines que l'empereur Nepos fut obligé de leur ceder par un traité.

XIV. Selon ce que nous venons de dire, l'Aquitaine, avec la ville de Toulouse auront d'abord porté le nom de Septimanie avant que les Visigots fissent des progrès dans les provinces voisines ; à moins que Sidoine Apollinaire n'ait inventé ce terme pour designer les anciensétats de ces peuples dans les Gaules : états qui en effet étoient composez de sept citez.
Depuis cet évêque de Clermont jusqu'à Gregoire de Tours nous no trouvons aucun auteur ni aucun monument qui fassent mention de la Septimanie ; car il est faux que ce nom soit emploié en 533 dans le testament de saint Remi, comme quelques auteurs l'ont avancé ; ainsi nous ignorons si on se servit de ce terme depuis Sidoine pour désigner la partie des Gaules sAmise aux Visigots. On pourroit seulement conjecturer qu'on appella ainsi les pays qui resterent à ces peuples tant en deçà qu'en delà du Rhône après la bataille de Vouglé en 507. sur ce que l'Anonyme de Ravenne comprend la Provence dans la Septimanie ; ce qu'aucun autre auteur n'a fait ni avant ni après lui. Mais comme on ignore le lems auquel ce geographe a vécu, on ne peut rien dire de positif sur son autorité. Tout ce qu'il y a de certain, c'est que depuis Gregoire de Tours on a toûjours appellé Septimanie la partie de la Narbonnoise, qui demeura aux Visigots, et qu'on continua de donner ce nom à cette province jusques sous la troisieme race de nos rois , soit que cet historien l'ait empi unté de Sidoine Apollinaire, et qu'il l'ait appliqué aux états que les Visigots possedoient de son lems dans les Gaules ; ou que lui et les autres auteurs qui l'ont suivi aient ainsi appellé cette province, parce qu'elle comprit d'abord sous les Visigols sept citez ou diocèses, comme nous l'avons dejà dit.
Du reste les auteurs et les monumens posterieurs à Gregoire de Tours donnent indifferemment le nom de Septimanie et de Gothie à la partie de la Narbonnoise, qui demeura aux Visigots depuis la bataille de Vouglé ; mais nous ne trouvons aucun ancien auteur Goth ou Espagnol qui ait donné le nom de Septimanie à cette province Elle est appelée seulement la province des Gaules ou la Gaule Gothique dans les actes des conciles de Tolede ou dans les auteurs qui ont écrit dans les pays situez au-delà des Pyrenées ; ce qui nous fait conjecturer que les historiens Gaulois ou François qui se sont servis du nom de Septimanie, l'ont pris de Gregoire de Tours, et celui-ci de Sidoine Apollinaire ; et que les Visigots n'ont jamais ainsi appellé cette province pendant tout le tems qu'ils en ont été les maîtres.

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En savoir plus sur la Septimanie
> Septimanie - Neustrie - Austrasie
Origine de la Septimanie par Dom Vaissete, 1730
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Extrait des MEMOIRES DE L'HISTOIRE DU LANGUEDOC (pages 33 à 57)

Le document original compte 1138 pages, écrit par Pierre Bosc en 1633. (en vieux Français)
> Chapitre sur l'origine de la SEPTIMANIE   (version PDF)
 
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